Accueil > Médias & Audiovisuel > [Étude mind Media] 65 % des éditeurs de sites français utilisent Google Analytics [Étude mind Media] 65 % des éditeurs de sites français utilisent Google Analytics Malgré la non-conformité de la configuration optimale de l’outil au RGPD, et les dizaines de plaintes déposées auprès de la Cnil depuis le début de l’été, la grande majorité des éditeurs de sites de marques, de petites annonces, d’e-commerçants et de médias continuent d’utiliser Google Analytics sous son ancienne version Universal Analytics ou via la nouvelle, GA4. Cette proportion est relativement semblable qu’il s'agisse de marques ou de médias. Par Paul Roy et Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau. Publié le 25 novembre 2022 à 9h39 - Mis à jour le 13 juin 2024 à 14h07 Ressources Fin septembre, mind Media mettait en évidence, grâce aux données de l’activiste Pascal Vautrin, que sur un panel de 115 sites en ligne en France, seulement la moitié avait entièrement désactivé Google Analytics (GA) sur leur site. La Cnil a pourtant confirmé en février que la configuration classique de GA dans sa version d’origine, Universal Analytics (UA) n’a plus de base légale. Concernant Google Analytics 4 (GA4), elle a indiqué au média Ccongiontexte jeudi 24 novembre qu’aucun changement dans cette version ne lui permettait de changer sa position sur l’outil au global. Pour rappel, le groupe américain a confirmé qu’UA sera définitivement remplacée par Google Analytics 4 à compter de juillet 2023. Google Analytics : au moins 30 nouvelles plaintes auprès de la Cnil contre des sites en ligne français Mise à jour du 26/11/2022 Dans le briefing numérique de Contexte du 24 novembre, la Cnil, interrogée par le média, a indiqué ne pas avoir “identifié de différences entre les versions [de Google Analytics] qui la conduiraient à modifier sa position sur cet outil”. Ce qui signifie que rien ne permet pour le moment de déterminer que GA4 est conforme au RGPD. Nous avons développé notre propre méthode de collecte de ces informations et l’avons appliquée à 435 sites dont 222 sites de médias, 203 sites de marques, e-commerçants, petites annonces et 10 sites de services et d’institutions (lire notre méthodologie en fin d’article). Dans un nouveau relevé du mardi 22 novembre, nous avons ainsi pu déterminer que seulement 35 % des sites de notre panel n’utilisent pas l’outil sous son ancienne version Universal Analytics, ou via la nouvelle, Google Analytics 4. Cette proportion est de 36 % pour les marques et sites e-commerce et 33 % pour les éditeurs médias. Mais parmi la dizaine d’institutions et services publics étudiés, seule la RATP utilise encore l’outil du groupe américain. Universal Analytics encore plébiscité par les sites médias Pour rappel, c'est l’ancienne version de Google Analytics, baptisée Universal Analytics, dont la configuration a été jugée illégale par la Cnil en février. Sur le total des sites (utilisateurs de GA ou non), 58 % utilisent encore la version Universal Analytics, une proportion qui est de 63 % chez les sites médias. Parmi les sites médias utilisateurs de GA, 57,7 % utilisent uniquement la solution Universal Analytics (potentiellement avec une autre alternative comme AT Internet ou Wysistat), et seulement 6 % d’entre eux ont complètement migré sur GA4, le reste utilisant les deux versions de l’outil. Sur le marché français, certains éditeurs le conservent en espérant que la Cnil leur donnera raison, d’autres attendent une réelle notification de l’autorité pour exploiter l'outil le plus longtemps possible. Ceux qui ont pu rapidement le retirer avaient déjà installé une solution performante depuis longtemps, à l’image du Monde et de 20 Minutes. Ce dernier est en contrat depuis de nombreuses années avec Piano Analytics (anciennement AT Internet) et n’utilisait GA que partiellement. La bascule peut effectivement être très complexe et coûteuse (plan de taggage, conseil, etc.) et n’est pas possible à court terme pour les médias chez qui la solution est fortement ancrée dans l’infrastructure et les pratiques, sauf à repartir d'une page blanche en matière d’historique de statistiques d'audience et de publicité ciblée. "Si un éditeur est sur Universal Analytics, la meilleure option reste de migrer vers GA4 en mettant en place un double-tracking. Il faut commencer 2023 avec une nouvelle vision, voir quelles sont les différences entre les deux versions, et avoir préparé une solution de "back-up" en fonction de ses revenus et possibilités", recommande Benoit Oberlé, CEO et fondateur de Sirdata. Pourquoi certains éditeurs de site conservent encore Google Analytics Cette tendance pourrait aussi s’expliquer par le fait que la solution n’est pas nécessairement pertinente pour eux. “Aujourd’hui, Google Analytics est pour nous un outil d’aide à la décision plus qu’un simple Analytics, et GA4 est très mauvais sur les problématiques de temps réels et sur le niveau de finesse qu’on recherche sur du contenu. Il est beaucoup plus adapté pour le e-commerce”, déplorait un cadre dirigeant de média en ligne fin septembre. La société a tenté de répondre à ces critiques en annonçant fin octobre plusieurs changements pour faciliter le suivi en temps réel, la migration de UA à GA4 et l’intégration dans les outils publicitaires. Les sites de marques et d'e-commerce sont passés progressivement à GA4 A l'opposé, les sites de marques et d’e-commerce qui utilisent Google Analytics sont quasiment 70 % à utiliser GA4 seul, à l’image d’Adidas ou Cultura, ou en même temps qu’Universal Analytics. Cette différence peut s’expliquer, en plus de la pertinence de la solution GA4 pour ces acteurs, par une plus forte dépendance du secteur du e-commerce aux outils de Google. “Ce secteur a beaucoup connecté Google Analytics à ses leviers d’investissements publicitaires, où YouTube et Google Ads occupent une place importante”, explique Erwan Lohezic, CEO et fondateur de l’agence digitale 3qtz, qui souligne par ailleurs la difficulté pour ces acteurs de trouver une alternative solide à des prix comparables. Google Analytics 4 : quelles implications pour le marché publicitaire ? On note également que certains secteurs marques utilisent peu l’outil : parmi la petite dizaine de banques de notre panel, seulement deux étaient équipées de Google Analytics au 24 novembre. ”Le secteur bancaire a très tôt pris la décision de ne pas partager ses données d'audience avec Google, notamment parce qu’ils craignaient que le groupe se lance sur le secteur plus tard”, nous indiquait Erwan Lohezic (3qtz). Beaucoup d’acteurs du secteur banques et assurances utilisent d’ailleurs les solutions d’AT Internet (Société Générale, Banque Postale) et Piwik Pro (MAAF, GMF, MMA). Dans l’attente d’un nouvel accord entre l’Union Européenne et les États-Unis sur le transfert de données, annoncé par la Commission européenne et espéré par le marché courant 2023, de plus en plus de sites seront amenés à passer à d’autres solutions. Nous suivrons régulièrement les données issues de notre panel, et avons prévu dans un second temps de publier une étude des alternatives utilisé par les éditeurs de sites français. [Étude mind Media] Google Analytics : quelles sont les alternatives utilisées par les éditeurs de sites français ? Méthodologie Cette méthodologie a été mise au point en s’appuyant sur l’expertise de plusieurs acteurs du secteur de la publicité. Pour déterminer si un site utilise ou non Google Analytics (GA), nous avons développé un crawler qui visite automatiquement la page d’accueil des sites de notre panel. Ce script appuie sur le bouton “Accepter” de leur CMP, puis vérifie dans les requêtes réseau si un appel JavaScript “analytics.js” est déclenché. En effet, pour que leur interface de GA affiche leurs données de fréquentation, les sites configurés avant août 2017 devaient avoir installé au préalable un bout de code (ou “balise”) sur chacune de leurs pages (voir l’assistance de Google). La présence de cette balise “analytics.js” seule ne signifie toutefois pas que l’outil est actif. Le site peut avoir cessé de l’utiliser sans enlever la balise de ses pages. Pour s’assurer de son activité, nous avons donc recherché le paramètre “collect” dans les requêtes de Google Analytics (google-analytics.com, analytics.google.com, region1.google-analytics.com pour Google Analytics 4, etc.). Lorsque “collect?v=1” apparaît, le site utilise Universal Analytics. Lorsque c’est la mention “collect?v=2” qui apparaît dans les requêtes, alors l’éditeur du site utilise Google Analytics 4. Les deux versions de l’outil peuvent être utilisées en même temps. Google Analytics 4 ne nécessite plus l’installation de la balise JavaScript “analytics.js”. Nous avons utilisé la même méthodologie pour des solutions les plus présentes chez les éditeurs de sites selon nos échanges avec des acteurs du marché, et pour lesquelles la récupération des mentions dans les requêtes est relativement simple : AT Internet (Piano Analytics), en repérant les mentions “hit.xiti” ou "ati-host.net" Matomo, en repérant la mention “matomo.php”, Wysistat (ID.fr), en repérant la mention “compteur.php”, SmartProfile (Net Solution Partners), en repérant la mention “sp_tracker_v3”, Piwik Pro, en repérant la mention “ppms.php”. Notre script n’est pas toujours parvenu à identifier le bouton “Accepter” des CMP des sites visités. Dans ces cas-là, nous avons vérifié manuellement les paramètres décrits précédemment dans la console de développement de Google Chrome. Limites Plusieurs biais sont possibles. Lorsque les sites ont opté pour une solution hébergée côté serveur, qu’ils passent par le procédé de proxyfication (utilisation d’un serveur mandataire pour éviter tout contact direct entre le terminal de l’internaute et les serveurs de l’outil de mesure, ici expliqué par la Cnil), ou qu’ils utilisent une délégation de sous-domaine à un tiers via une redirection (ou ”CNAME cloaking”), le repérage d’une solution peut-être plus complexe, et celle-ci a pu nous échapper. Par ailleurs, certains sites mettent en place des configurations spécifiques de leurs outils, à l’image de 20 Minutes et Le Monde avec AT Internet, qui rendent leur solution indétectable pour notre méthode fondée sur les requêtes réseau. Beaucoup d’éditeurs testent régulièrement des solutions d’Analytics ; nous ne pouvons pas certifier que lorsque certaines des mentions citées précédemment apparaissent sur le site d’un éditeur, cela signifie que la solution est utilisée de manière active par ces derniers. D’autres solutions d’attribution très présentes sur le marché français, à l’image d’Eulerian (qui compte parmi ses clients Sofinco, Fnac Darty...) ou Wizaly ne sont pas uniquement utilisées pour de l’analyse d’audience, c’est pourquoi nous avons choisi de ne pas les intégrer à notre analyse. Comment est constitué le panel de sites ? Notre panel est constitué de 435 sites - dont 222 sites de médias, 10 sites de services et d’institutions et 203 sites de marques, e-commerçants, distributeurs, et petites annonces. Vous pouvez consulter la liste ici. Pour les 222 sites médias présents dans la base de données, nous nous sommes appuyés sur une base de sites déjà utilisée dans le cadre de notre baromètre des CMP. Elle repose sur le classement unifié des sites grand public de l’ACPM de novembre 2021, fondé sur le nombre de visites totales de leurs sites web fixes et mobiles ; et sur la base de données que nous utilisons pour notre baromètre annuel des médias payants. Pour les 203 sites de marques, e-commerçants, distributeurs, petites annonces, nous nous sommes appuyés sur le top 100 annonceurs de l’institut Kantar pour l’année 2021 (publié par Stratégies), et le top 100 e-commerce publié par la société E-commerce Nation, en partenariat avec Similarweb. Nous avons ensuite sélectionné une dizaine de sites d’institutions et de services publics. Pour certains groupes dont le nom est peu visible aux yeux du grand public, nous avons choisi d’intégrer le site d’une marque significative : Braun pour Procter & Gamble par exemple. Nous mettrons cette étude régulièrement à jour, et intégrerons de nouvelles solutions alternatives. Une question, un commentaire, une précision ? Contactez-nous : datalab@mind.eu.com Paul Roy et Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau Audiences et diffusionCNILCookiesRGPD Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Google apporte plusieurs changements à Google Analytics 4 Les données d’utilisateurs européens de TikTok sont accessibles depuis l’étranger Pourquoi certains éditeurs de site conservent encore Google Analytics Analyses Entretiens Sylvain Le Borgne (MediaMath) : "Les marketplaces représenteront rapidement 50 % des investissements sur notre plateforme" Analyses Confidentiels [Info mind Media] Google Analytics : au moins 30 nouvelles plaintes auprès de la Cnil contre des sites en ligne français Le gouvernement américain va publier un texte pour remplacer le Privacy Shield Des annonceurs américains suppriment le bouton Facebook Connect Analyses La France prend la présidence de l’IAB Europe Des plaintes déposées auprès de la Cnil contre 42 médias pour utilisation illégale de Google Analytics essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 Intégrer la transition écologique dans les performances des médias et de la publicité Les enjeux réglementaires de la publicité en ligne en 2023 2023 : la transformation du marché publicitaire analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Etude mind Media - 366 (2/5) : Les usages des abonnés numériques de la PQR Une année faste pour Havas Play, portée par les Jeux olympiques Fin d’Oracle Advertising : un impact limité sur le marché français Etude mind Media - 366 (1/5) : Les attentes des abonnés numériques envers les médias d’information INFO MIND MEDIA - Google condamné à verser plus de 26 millions d’euros à Equativ pour pratiques anticoncurrentielles dans la publicité en ligne Comment les agences médias indépendantes se différencient des grands groupes de communication Quels acteurs de la mesure figurent dans les applications Android des éditeurs français ? mind Media Day : ce qu'il faut retenir de notre conférence consacrée à la mesure publicitaire Quels acteurs de la mesure figurent dans les sites web des éditeurs français ? 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