Comment l’IA peut-elle contribuer à l’efficacité des stratégies de monétisation publicitaires des régies ?

À l’occasion de la conférence mind Media Day, qui s’est tenue mercredi 15 octobre, mind Media a exploré des cas d’usage de l’IA au sein des régies publicitaires avec Media.Figaro, FranceTV Publicité et Smartclip, la branche adtech de RTL AdAlliance. L’objectif, pour chacune des régies, est de valoriser les inventaires et données internes, en créant davantage d’interconnexions et de dynamisme entre services, outils et équipes, tout en optimisant le temps de travail des collaborateurs en interne et vis-à-vis des clients.

Face à ces constats, l’IA peut-elle se révéler un atout pour les éditeurs dans la gestion de leurs régies publicitaires, et non seulement une menace pour leurs droits d’auteur ? Comment l’IA peut-elle renforcer leur souveraineté et la performance commerciale ? Comment identifier les cas d’usage les plus pertinents et les industrialiser ?

Media.Figaro passe à la 2e étape de la construction de son outil de mediaplanning

En début d’année, Media.Figaro a développé, en collaboration avec Google et en utilisant son IA Gemini, un outil d’amélioration du media planning, avec l’objectif de capitaliser sur la richesse de données de Media.Figaro. La première brique de ce dispositif, baptisé Ad Planning Intelligence, et lancé en février, permet de personnaliser et automatiser les bilans de campagne en intégrant l’ensemble des données de campagne (qualitatifs et quantitatifs), afin d’offrir aux agences et annonceurs une analyse plus profonde du mediaplanning, avec de nouveaux insights, et des recommandations adaptées à chaque type d’annonceur. Pour les données utilisées, la régie s’est appuyée sur les 1,6 milliard d’impressions mensuelles générées sur les supports médias qu’elle commercialise pour le groupe Figaro (Le Figaro, Le Journal du Net, Gala, Meteo Consult, etc.). 

Désormais, Media.Figaro passe à l’étape d’après. En plus de personnaliser et d’automatiser les bilans de campagne en intégrant l’ensemble des données (qualitatives et quantitatives), l’objectif est d’enrichir l’outil “avec la totalité de notre offre commerciale et de nos produits publicitaires”, a déclaré Karine Rielland-Mardirossian, directrice générale déléguée digital de Media.Figaro. La régie réfléchit également à l’intégration d’une brique dédiée à la création publicitaire, avec l’hypothèse d’un développement en interne ou d’une collaboration avec un partenaire externe.

De son côté, FranceTV Publicité s’est lancée plus récemment dans l’IA, avec le lancement, le 22 septembre, d’un module baptisé ADSpace.ia au sein de sa plateforme d’achat en self-service, ADSpace, lancée en 2019. L’objectif, dans ce cas d’application, est d’utiliser l’intelligence artificielle pour générer automatiquement des recommandations personnalisées aux acheteurs publicitaires de ses campagnes ‘total vidéo’, en fonction de leurs objectifs de campagne, leurs cibles, KPI, formats et budgets.

Il est encore trop tôt pour parler de ROI, mais avec ADSpace.ia “l’idée est de franchir un nouveau cap en misant sur la richesse de données à disposition de la régie, en accompagnant les quatre étapes d’un bon mix médias avec une approche totale vidéo”, a détaillé Vincent Salini, directeur du digital de FranceTV Pub.

Il a ensuite précisé les quatre étapes clés de la plateforme : “AdSpace IA a pour vocation sur la première première étape, qui est la connaissance client, de récolter au travers de notre data plateform l’ensemble des données commerciales et toutes les données relatives à l’activation des campagnes. Cela permettra de passer à la deuxième étape, celle de la recommandation, qui va être personnalisée et basée sur nos inventaires disponibles en instantanée, que ce soit en linéaire ou digital. Dans ce cas, l’objectif est de s’appuyer sur d’autres KPI, dont l’attention total vidéo, ou encore l’empreinte carbone”. Ensuite, la troisième et quatrième étape consistera en l’activation et la création automatisée des bilans de campagnes. 

Plus largement, ADSpace.ia veut répondre à un besoin clé des agences ; définir la meilleure recommandation média de façon instantanée, en dépassant les silos qui séparent la TV linéaire et la CTV, a conclu Vincent Salini (FranceTV Pub).

Smartclip (RTL AdAlliance) a développé ses propres agents IA

En juillet, Smartclip, branche adtech de RTL AdAlliance, a annoncé le lancement d’une plateforme d’IA agentique intégrée dans les workflows opérationnels des médias. Baptisé Sidekicks, cet outil vise à répondre à des cas d’usages concrets, afin de fournir des solutions d’IA agentique intelligentes et sécurisées pour les opérations cross-médias. Au contraire des autres solutions, plutôt qu’intégrer l’IA au sein d’une solution ou un cas d’utilisation précis, la régie de RTL a choisi de développer des agents IA agnostiques, pouvant être utilisés dans tous les outils déjà existants.

“Quand nous avons commencé à réfléchir à l’intégration de l’IA dans nos outils, on s’est avant tout demandé si on pouvait utiliser l’IA pour améliorer notre produit. Mais, ensuite, on est plutôt passé à s’interroger sur comment on pouvait utiliser l’IA pour résoudre au mieux les problèmes de nos clients. Nous avons ainsi trouvé que l’IA pouvait être le bon moyen pour améliorer plus largement l’intégralité des processus de nos clients”, a expliqué Thomas Servatius, Co-CEO de Smartclip.

À partir de ce constat, Smartclip a développé une plateforme propriétaire produisant des agents IA, ainsi que des éléments agentiques agnostiques pouvant s’appliquer et s’adapter à une pluralité d’écosystèmes pour répondre, chacun, à des problèmes très spécifiques.

Pour l’instant la plateforme avait fait uniquement l’objet d’un pilote au sein de RTL Deutschland et AdAlliance, depuis mi-octobre Smartclip a lancé son propre serveur, afin d’héberger son IA propriétaire dans son propre data center. L’objectif est de “ne pas partager les connaissances de nos clients avec des modèles d’IA externes et de répéter les erreurs passées de notre industrie ; ceci afin de protéger la connaissance de nos clients”, argumente Thomas Servatius (Smartclip). 

Smartclip est désormais entré dans une phase de tests avec un premier groupe de clients qui va utiliser sa technologie agentique, cela afin d’en observer la performance et son adaptation à l’écosystème de chaque client. Ensuite, à partir de 2026, Smartclip s’ouvrira à une phase de test plus large, ouverte à l’ensemble de ses clients.