Vivendi veut acquérir les 20 magazines de Prisma Media : quels sont les résultats du groupe ?

Les groupes Vivendi et Bertelsmann ont annoncé lundi 14 décembre leur entrée en négociations exclusives pour l’acquisition de 100 % du capital de Prisma Media par le groupe de Vincent Bolloré. Depuis 18 mois, des rumeurs faisaient état de la volonté de Bertelsmann, qui détient par ailleurs le groupe M6-RTL en France, de céder ses magazines en France.

Le groupe allemand, présent notamment dans l’édition, la presse et les activités audiovisuelles, entend ainsi se délester d’une activité qu’il a du mal à relancer, tant le secteur de la presse magazine est difficile à transformer et ses modèles économiques encore très fortement dépendant des revenus papier et de la publicité, deux leviers en déclin.

Prisma Media a dû gérer ces dernières années une contraction de son chiffre d’affaires (- 5 % en 2019), mais le groupe dépasse encore les 300 millions d’euros de revenus annuels et réalise un résultat d’exploitation à périmètre constant d’environ 30 millions d’euros (42 millions en 2019 avec des effets comptables positifs).

Les 304 millions d’euros de chiffre d’affaires du Groupe Prisma Media en 2019 se composent de 289 millions d’euros de revenus sur son coeur de métier historique – ses marques médias rassemblées au sein de l’UES Prisma Media – et d’environ 15 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le groupe de pure players Cerise (Gentside, Ohmymag). 

Les revenus de Cerise affichent une hausse de près de 20 % en un an et son résultat d’exploitation a été très nettement amélioré l’an dernier.

Les activités historiques de Prisma Media (UES) affichent, elles, une légère baisse, de 4 % en un an, à 289 millions d’euros en 2019 (300 millions en 2018), pour un résultat opérationnel d’environ 33 à 34 millions d’euros, stable par rapport à 2018 hors effets comptables positifs. 

Ce sont des chiffres à périmètre constant – c’est-à-dire en excluant les activités d’Advideum et Mobvalue : les deux régies publicitaires, dédiées à la vidéo pour l’une et au mobile pour l’autre, en déclin, on sans doute apporté entre 8 et 12 millions d’euros de revenus cumulés en 2018 avant leur fermeture début 2019.

Prisma Media réalise de très larges audiences, avec 34 millions de VU mensuels et 8 millions chaque jour sur le numérique (Médiamétrie//NetRatings, septembre 2020) et 42 millions de Français au contact de l’un de ses supports chaque mois (ACPM, One Next).

Mais il est confronté au défi que représente la transformation des modèles économiques de la presse magazine – notamment la presse féminine : ses fortes audiences en ligne et les revenus publicitaires qui en découlent ne compensent pas suffisamment le déclin de l’activité papier (publicité, ventes et abonnements). 

Les activités papier représentaient ainsi entre 75 et 80 % des revenus du groupe hors Cerise en 2019. Rolf Heinz, président de Prisma Media, visait d’ailleurs ces 12 derniers mois la création de nouvelles offres et services payants, notamment sur le numérique.

Prisma Media a été durement affecté par les difficultés financières de Presstalis depuis 2019 et par l’impact de la crise sanitaire sur le marché publicitaire en 2020.

Mais via une politique de réduction des coûts drastique cette année, l’activité pourraît de nouveau être rentable en exploitation à un niveau proche de ceux des années précédentes, hors effets comptables positifs.

Vivendi veut développer les synergies entre médias, communication et musique

En acquérant Prisma Media, Vivendi complèterait ses activités médias par un pôle de magazines d’une vingtaine de titres, dont certains sont bien implantés : Geo, National Geographic, Harvard Business Review, Capital, Femme Actuelle, Gala, Télé-Loisirs, etc., ainsi que des pure players (Gentside, ohmymag).

Le groupe dirigé par Vincent Bolloré a pour objectif de multiplier les synergies et les partenariats commerciaux de ses activités médias, culturelles, de production et divertissement. Il veut aussi lancer de nouveaux produits communs. Vivendi détient déjà le Groupe Canal+ et Cnews (TV), Dailymotion (vidéo en ligne), Havas (communication), Editis (maison d’édition), Gameloft (jeux vidéo) et Universal Music Group (musique).

S’y ajoutent une série de participations dans d’autres grandes entreprises du secteur du contenu et des télécoms, en France et en Europe : Banijay, Lagardère, Telecom Italia, Mediaset…

Prisma Media lui apporterait une surface média encore plus importante. L’opération pourraît être conclue à la fin du premier trimestre 2021 ou lors du deuxième trimestre.