Accueil > Assurance > Assurance numérique & collaborative > Comment GoodsID embarque l’assurance dans un certificat d’authenticité digital Comment GoodsID embarque l’assurance dans un certificat d’authenticité digital Afin de lutter contre la contrefaçon et le vol des biens de valeur, GoodsID a développé une solution de sécurisation des données sous la forme d’un certificat digital. Mais l’objectif est aussi d’enrichir la relation entre la marque de luxe et son client en rendant ce certificat dynamique et en y associant des services complémentaires, dont une solution d’assurance. Par Antoine Duroyon. Publié le 13 janvier 2022 à 14h44 - Mis à jour le 26 janvier 2022 à 13h51 Ressources Le secteur des produits de luxe traite de biens durables qui peuvent être revendus et légués. Les enjeux d’authenticité, de sécurité et de traçabilité sont donc prépondérants sur ce marché qui a généré un chiffre d’affaires de 283 milliards d’euros en 2021 (+19 % par rapport à 2020), selon Bain & Company et Altagamma. Depuis sa création en 2017, GoodsID s’appuie sur la technologie blockchain pour développer une solution de sécurisation des biens de valeur, qu’ils soient neufs ou de seconde main. “L’acquéreur d’une montre ou d’un sac de valeur reçoit une carte en papier avec un numéro unique. Ce certificat papier peut être perdu, falsifié, dupliqué… Notre solution permet aux maisons de luxe d’émettre un certificat digital, de l’enregistrer dans la blockchain, et de bénéficier de services associés”, résume Loÿs de la Soudière, cofondateur et directeur général de GoodsID. Certificat dynamique Pierre angulaire de la solution, le certificat digital contient un ensemble de données qui caractérisent tout objet doté d’un numéro unique (montre, bague, diamant, meuble de luxe, sac, etc.). Ce certificat est la combinaison de deux éléments : le numéro unique du bien et l’identifiant du propriétaire, composé d’une adresse mail. Précision importante : ce certificat est dynamique. Cet attribut permet d’enregistrer des événements tout au long de la vie du bien : réparation, déclenchement de la garantie, transfert de propriété…). “Il y a quatre ans, nous avons fait le choix d’exploiter la blockchain comme une technologie pour certifier et horodater des données et non pas comme un écosystème impliquant un token. Cela nous permet d’être agnostique en termes de protocole”, souligne Loÿs de la Soudière. Pour l’heure, GoodsID a porté son dévolu sur Iota, un réseau open-source qui recourt à la théorie des graphes. Iota n’est pas à proprement parler une blockchain, comme Bitcoin par exemple, mais un réseau qui repose sur un graphe orienté acyclique. Son protocole baptisé Tangle réussit à atteindre un consensus de validation en imbriquant le processus de transaction et sans impliquer de mineur. Résultat : une absence de frais de transaction et une scalabilité redoutable qui en font une architecture idéale pour l’orchestration des objets connectés. Au-delà de ce certificat digital infalsifiable, la proposition de valeur de GoodsID intègre également des services pour le vendeur et l’acheteur. Le premier d’entre eux est un service marketing. La maison de luxe peut ainsi envoyer au propriétaire de l’objet des messages liés à la vie de son bien. Le deuxième service offert est un module d’exercice de la garantie en un clic. Vu que les données (numéro unique, date de vente de l’objet, date d’expiration de la garantie, etc.) ont été horodatées, un call-to-action permet d’exercer sa garantie directement depuis l’interface GoodsID et de communiquer avec le service concerné. La maison de luxe peut ainsi prévenir la fraude à la garantie, typiquement lorsqu’un revendeur s’entend avec un acheteur pour ne pas tamponner le certificat de garantie, et piloter la garantie à distance en la prolongeant par exemple. Assurance embarquée Enfin, GoodsID propose depuis environ un an un produit d’assurance contre le vol caractérisé. Le joaillier de la place Vendôme Courbet est le premier client de cette offre d’assurance embarquée, dans la mesure où le service est inclus pour tout achat d’une bague de fiançailles avec pierre de centre de plus de 0,5 ct. La couverture, développée avec l’assureur Wakam, est offerte par Courbet pour une durée de deux ans, le client pouvant la conserver à ses frais par la suite. En cas de vol, le propriétaire déclare le sinistre dans son portefeuille digital et télécharge la plainte déposée au commissariat. L’indemnisation se fait sous la forme de la fabrication d’une nouvelle bague de fiançailles aux caractéristiques identiques à celles du bijou dérobé. “Notre système limite les risques de fraude puisqu’en cas de déclaration de vol, le certificat de l’objet concerné est flagué, et supprime le besoin d’expertise post-sinistre puisque toutes les caractéristiques du bien sont déjà connues”, relève Loÿs de la Soudière. À ce jour, aucun sinistre n’a été enregistré par Courbet. Assurance embarquée : une passerelle vers les écosystèmes numériques Pour commercialiser ce produit d’assurance, GoodsID est devenu courtier d’assurance en août 2020. “Nous réfléchissons à d’autres produits d’assurance de types casse réparable pour les montres, casco (assurance tous risques) ou perte en Suisse. L’idée est de définir un produit d’assurance quasiment sur mesure. Nous travaillons par exemple sur un produit entretien/réparation avec un fabricant de meubles de luxe”, indique Loÿs de la Soudière. GoodsID s’est lancée avec quatre clients et en comptait une dizaine fin 2021. Si l’entreprise ne communique pas son chiffre d’affaires, elle indique avoir vendu environ 4 000 certificats l’an dernier. Son business model repose sur une facturation à l’unité lors de l’émission d’un certificat. “C’est du one shot récurrent, car on intègre l’ensemble de la production chaque année”, note Lloÿs de la Soudière. GoodsID se concentre aujourd’hui sur l’industrie du luxe, au travers de la joaillerie (Courbet, Loyal.e), des montres (Watchfid, Fugue) ou encore du mobilier (Maison Leleu). La société adresse depuis début 2022 le marché de seconde main avec la marketplace 58 Facettes, spécialisée dans les bijoux d’exception. “En plus d’authentifier le bijou, le certificat dynamique développé sur mesure par GoodsID réunira prochainement toutes les informations facilitant sa revente éventuelle : son entretien, sa réparation ou encore son assurance ; autant de services complémentaires que 58 Facettes proposera dans les prochains mois”, indique la société dans un communiqué. D’autres verticales sont à l’étude. Il s’agit notamment des vins et spiritueux (bouteilles de collection, séries limitées) et de l’aéronautique (pour le marché secondaire des jets privés). L’entreprise compte 6 collaborateurs, dont la moitié travaille sur la technologie. Elle prépare une levée de fonds après avoir réuni en 2018 environ 1 million d’euros auprès de business angels et de Bpifrance. Face à la concurrence, GoodsID estime se démarquer par ses choix technologiques et son approche du marché. Ainsi, le consortium Arianee, qui cible les secteurs du luxe et de la mode, développe un dispositif intégrant un token et revendique l’exploitation de NFT. Aura, la blockchain créée en avril 2021 par LVMH en partenariat avec Prada et Richemont, travaille également sur une solution NFT. Antoine Duroyon assurance embarquéeblockchain Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Assurance embarquée : Sure lève 100 millions de dollars Assurance embarquée : SPB recrute un chief data officer Assurance embarquée : une passerelle vers les écosystèmes numériques