Accueil > Financement > Crédit > Comment October tire parti de sa technologie en marque blanche Comment October tire parti de sa technologie en marque blanche La plateforme de prêts aux PME October a lancé en 2020 une activité en marque blanche. Elle commercialise auprès de banques et de fonds d’investissement sa technologie de vérification de la cohérence d’un dossier de demande de prêt. Olivier Goy, président du conseil de surveillance, revient sur le développement de l’offre pour mind Fintech. Par Aude Fredouelle. Publié le 31 janvier 2022 à 15h31 - Mis à jour le 31 janvier 2022 à 16h55 Ressources Comme bien d’autres fintech avant elle, la plateforme de prêts aux PME October a décidé en 2020 d’emprunter la voie de la commercialisation de sa technologie en SaaS, pour diversifier ses revenus. “Dès le début de l’année, nous avons vu beaucoup d’argent arriver sur les marchés avec la crise du Covid-19 et les prêts garantis par l’État (PGE) – que les plateformes de prêt comme October ne pouvaient pas distribuer, se souvient Olivier Goy, fondateur de la société et président du conseil de surveillance. Et nous avons assisté à la multiplication de deux cas : des sociétés trafiquant leurs chiffres pour améliorer la réalité de leur situation économique afin d’obtenir un prêt, et des fraudes organisées, dénoncées par Bercy. Alors que beaucoup de banques ont financé ces cas sans détecter les fraudes, nous avons constaté que nos outils technologiques les bloquaient automatiquement. C’est ainsi qu’a germé l’idée de permettre à d’autres institutions de s’en équiper pour vérifier plus rapidement la cohérence d’un dossier. C’est la suite logique de notre métier de prêteur, basé sur la qualité de notre technologie.” Concrètement, October ne propose pas de réaliser un score de crédit, mais plutôt d’indiquer si les relevés et documents transmis par l’entreprise sont cohérents. “Nous analysons les dossiers et nous indiquons s’il s’agit d’un feu vert, rouge ou orange, explique Olivier Goy. Et nous leur expliquons en toute transparence pourquoi nous relevons telle incohérence, tel document suspect… Cela laisse la possibilité de poser la question au client final. Par exemple : pourquoi ne payez-vous pas la TVA ? Cela peut être parce que le client dispose d’un moratoire accepté par l’administration.” Banques et fonds d’investissement October Connect propose deux offres distinctes. D’abord, une offre intégrée qui a pour objectif de “remplacer l’existant” et cible avant tout les banques. “Mais ce sont des cycles de vente très longs et complexes, pour des cas d’usage massifs, qui nécessitent de passer par des appels d’offres”, note Olivier Goy. Seconde option : une offre modulaire, qui a pour but “d’améliorer l’existant”, “plus simple à commercialiser”. La première offre a pour l’instant séduit Bpifrance, qui a annoncé en novembre 2021 qu’elle allait utiliser la technologie d’October pour l’analyse de risque en ligne des entreprises, afin d’accélérer le déploiement des crédits, pour le Prêt Rebond en ligne. Lancé en mars 2020, ce dernier permet aux TPE et PME de souscrire à un prêt de 10 000 à 50 000 euros 100 % en ligne. “Bpifrance accède à une analyse risque, enrichie de plusieurs scores, permettant ainsi un croisement des données, et offrant une vision globale de la trésorerie de l’entreprise, de sa gestion et de son évolution”, indiquait alors la banque. “Nous sommes connectés via des API et nous vérifions l’intégrité des dossiers en bout de parcours”, ajoute Olivier Goy. October traite ainsi 8 000 à 10 000 dossiers par an pour Bpifrance. Certaines banques souhaitent également externaliser le processus de constitution de dossier – mais là encore, ce sont elles qui prendront la décision d’octroyer ou non le crédit. Outre Bpifrance, October a signé avec une banque italienne et s’est positionné sur plusieurs appels d’offres en phase finale. La seconde offre, modulaire et plus simple à commercialiser, a déjà convaincu davantage de clients. “Il s’agit de petites ventes qui peuvent se faire en quelques jours, auprès d’acteurs qui souhaitent s’assurer que les documents sur les dirigeants, les comptes de résultats et les comptes bancaires d’une entreprise sont cohérents”. Par exemple, pour un fonds d’investissement qui s’apprête à investir dans une société. Parmi les clients sur ce segment : Tikehau, Eurazeo, Partech, Zencap, 123 IM… “Cela peut leur permettre d’éviter des cas dramatiques comme celui de la start-up américaine cyber NS8, qui a levé 123 millions de dollars début 2020 , raconte Olivier Goy. Les comptes en banque ne correspondaient pas au compte de résultat, et nous l’aurions vu tout de suite en nous connectant aux comptes bancaires.” October a rencontré un cas similaire en Espagne : “une entreprise qui venait de lever 100 millions d’euros auprès d’un fonds anglais, qui avait pourtant dépensé des centaines de milliers d’euros pour la due diligence, a demandé sur October un prêt de 3 millions d’euros. Nous avons vite détecté une fraude, car les comptes ne correspondaient pas à la réalité du chiffre d’affaires.” October a déjà signé une trentaine de clients avec cette seconde offre, principalement en France, mais aussi en Espagne et en Italie. Le marché transalpin est particulièrement dynamique pour October, qui y réalise 45 % de son chiffre d’affaires total. “Nous avons aussi des prospects en Allemagne et aux Pays-Bas”, dévoile le président du conseil de surveillance. Baisser le taux de fraude et accélérer l’analyse “Nous permettrons à nos clients de baisser leur taux de fraude, assure Olivier Goy. Durant le PoC réalisé avec Bpifrance, nous avons par exemple passé leur ancien portefeuille au crible et détecter des cas de prêts qui n’auraient pas dû être accordés.” Pour y parvenir, la société s’appuie sur son expérience de prêteur. “Chez October, nous avons divisé par deux le taux de défaut et multiplié par cinq le taux d’acceptation des dossiers depuis deux ans”, assure le dirigeant. L’activité principale d’October permet par ailleurs, complète-t-il, “d’améliorer en permanence la tech grâce aux idées et remontées de nos équipes commerciales”. Pour parvenir à ces résultats, October a notamment développé en interne une brique d’OCR (reconnaissance optique de caractères). “Au début, nous reprenions des technologies externes pour la reconnaissance de caractères des relevés bancaires ou d’autres documents, mais souvent avec des délais de lecture qui allaient jusqu’à 48 heures”, se rappelle Olivier Goy. Désormais, précise-t-il, “nous sommes capables de retranscrire 1 500 pages de relevés de comptes en quatre minutes.” October propose aussi aux sociétés de connecter leurs comptes bancaires via la plateforme agréée DSP2 Bridge (Bankin’) pour récupérer les données. “Open banking et crédit : de premiers acteurs généralisent leurs scores DSP2” Autres atouts mis en exergue par le dirigeant : “les données accumulées dans le data lake depuis des années par October”, et “les règles mises au point, comme les mots-clés recherchés dans les documents, les croisements d’informations…”. Une dizaine de collaborateurs dédiés À qui October s’oppose-t-il dans les appels d’offres des banques ? “Beaucoup de consortiums, par exemple composés d’un spécialiste de la lecture OCR associé à un spécialiste KYC et un spécialiste du scoring crédit, car il n’y a pas vraiment de concurrent à October Connect qui puisse proposer une solution de bout en bout en Europe”, défend Olivier Goy. “Mais notre pire concurrent, ajoute-t-il, ce sont plutôt les équipes qui veulent développer la technologie en interne. L’option a souvent la préférence de la direction générale, alors que les développements n’aboutissent pas ensuite.” October facture un abonnement annuel englobant un certain nombre de requêtes. “Cela peut osciller entre 12 000 euros par an pour les plus petits cas d’usage à plus d’un million d’euros pour les plus importants”. Pour développer l’offre, October va s’appuyer sur davantage de commerciaux spécialisés – actuellement, 2,5 ETP (équivalents temps plein) s’y consacrent en France et en Italie. “Nous allons recruter dans tous les pays des forces de vente dédiées, prévoit Olivier Goy. Une dizaine de personnes seront actives sur le sujet.” October, qui compte 104 collaborateurs, ouvrira 54 postes en Europe cette année. 50 % du CA dans 18 à 24 mois October Connect représentait déjà à fin 2021 15 % du chiffre d’affaires de la société – qui “n’est pas loin d’une dizaine de millions d’euros”, glisse Olivier Goy, et affiche une hausse de 72 % en 2021. Les ambitions de la société sur ce créneau sont élevées. “Nous visons une croissance de notre chiffre d’affaires global d’au moins 50 % par an, notamment grâce aux accords de finance embarquée, comme celui avec Qonto, qui nous apportent davantage de dealflow sur l’activité de prêts, indique Olivier Goy. Et en parallèle, d’ici 18 à 24 mois, nous espérons qu’October Connect représentera environ 50 % du chiffre d’affaires, ce qui représente une forte croissance en perspective”. Aude Fredouelle banking-as-a-servicecrédit en lignefinancement des entreprisesscoring Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire October Connect représente 15 % du chiffre d’affaires d’October Octroi de crédit : Bpifrance adopte la technologie October Connect Qonto propose des prêts aux entreprises avec October