Accueil > Assurance > Comment Acheel fait de son agrément un levier compétitif pour un nouveau rapport à l’assurance Comment Acheel fait de son agrément un levier compétitif pour un nouveau rapport à l’assurance Positionné à la fois en BtoC et en BtoB, Acheel est parti d’une feuille blanche pour simplifier, accélérer et moderniser l’expérience client. Après l’habitation, le chien-chat et la santé, l’assureur s’attaque au segment de l’auto. Retour sur le parcours d’une insurtech qui revendique plus de 80 000 contrats en moins d’un an d’existence. Par Antoine Duroyon. Publié le 11 mai 2022 à 14h41 - Mis à jour le 21 septembre 2023 à 10h59 Ressources Les points clés Certaines fintech rencontrent des difficultés à ouvrir des comptes de cantonnement auprès des banques ou subissent leur fermeture brutale. Elles critiquent aussi un manque d’offres d’assurances pour couvrir les activités DSP2. Ces pratiques de derisking ont aussi été constatées par l’Autorité bancaire européenne. La Commission européenne a introduit plusieurs dispositions pour y remédier dans la DSP3 et le PSR. Parmi elles : permettre aux banques centrales d’ouvrir des comptes de cantonnement aux fintech, obliger les banques à justifier leurs refus, créer un droit d’appel auprès des autorités de régulation, proposer une alternative à l’assurance avec des fonds propres… Plusieurs de ces propositions, actuellement discutées par le Conseil et la Commission, font débat. Les banques avancent leur droit à refuser de servir les fintech pour des motifs commerciaux tandis que ces dernières critiquent des pratiques anticoncurrentielles. C’est doté d’une solide expérience dans le marketing digital (Place des Leads), la comparaison d’assurances (MisterAssur) et le courtage en ligne (Empruntis) que Ralph Ruimy cofonde Acheel en mars 2020, avec Francky Défossé (Dragon Investors, Axion Network…). Objectif : construire de zéro un assureur full-stack en s’appuyant sur leur connaissance du secteur et leurs compétences techniques en matière de distribution et d’acquisition de trafic. “Si c’était pour refaire la même chose que tout le monde, cela ne nous intéressait pas, se souvient Ralph Ruimy, PDG d’Acheel. Pour commencer à disrupter le secteur de l’assurance, il faut être maître de son IT et de ses produits”. Pour optimiser l’acquisition, Acheel a monté un plateau téléphonique qui rappelle environ 70 % des prospects. La société décroche en mai 2021 un agrément d’assureur pour les branches 1 (accidents), 2 (maladie), 8 (incendie et éléments naturels), 9 (autres dommages aux biens) et 13 (responsabilité civile générale). En comparaison, la complémentaire santé Alan est agréée pour les branches 1 et 2, tandis que Seyna l’est pour les branches 8, 9, 13, 15 (caution) et 16 (pertes pécuniaires diverses). Dans la foulée, Acheel annonce une levée d’amorçage de 29 millions d’euros, un montant record en France. Xavier Niel prend 20 % du capital via sa holding NJJ, aux côtés de Serena Capital et Portage Ventures. Un produit cyber pour Stoïk Au début de l’été 2021, Acheel vend ses premiers contrats avec trois produits en portefeuille : habitation, santé et chien-chat. L’assurance propriétaire non occupant (PNO), qui constitue le quatrième produit de la gamme Acheel, arrive en septembre 2021. L’assureur se positionne sur le marché à deux niveaux. En BtoC, il développe un site internet et des partenariats de distribution. En BtoB, Acheel fabrique des produits pour le compte de courtiers-grossistes, en santé (Wazari, Entoria, SPVIE Assurances), chien-chat, MRH ou encore cyber. Sur ce dernier segment, c’est Acheel qui a conçu le produit de Stoïk. “Des réassureurs qui ont un programme ou un produit viennent aussi nous solliciter comme porteur de risques. Alors qu’un assureur traditionnel met en moyenne entre 10 et 18 mois pour intégrer un produit, nous déployons l’ensemble des processus (tarification, produit, éditique…) en 2 mois”, souligne Ralph Ruimy. Auprès des clients particuliers, Acheel pousse la modularité de ses offres, avec la possibilité de personnaliser les garanties et niveaux de couvertures, dont les prix sont décomposés, la transparence, la simplification – la documentation précontractuelle (DIP), par exemple, n’affiche que les garanties demandées – la réactivité et la fluidité des parcours. L’entreprise porte aussi une grande attention à son positionnement tarifaire. “En habitation, nous ressortons systématiquement sur les comparateurs parmi les trois premiers dans 85 % des cas, à garanties égales [il faut noter que les nouveaux entrants proposent dans l’ensemble la garantie vol et vandalisme en option, ce qui a un impact important sur le tarif, NDLR]”, assure Ralph Ruimy. L’assureur évoque en outre un coût d’acquisition inférieur à 50 euros par client. Reprise en main de la gestion en habitation En ce qui concerne la gestion, le nerf de la guerre dans la modernisation de l’expérience client, Acheel fait évoluer sa stratégie. Pour son produit chien-chat, l’assureur assure la gestion depuis le premier jour grâce à Ceebel, une solution OCR de traitement automatisé des sinistres qu’il a développée en propre et qui traite 85 % des cas. “En tant qu’assureur, cela nous permet de détecter plus de fraude, d’indemniser moins de sinistres qui ne devraient pas l’être et d’avoir moins de gestionnaires”, énumère Ralph Ruimy. Pour l’habitation, la compagnie avait délégué la gestion, mais a choisi de la reprendre en main afin de garantir ses standards de qualité de service. Cette mesure sera effective au cours du mois de mai. La société prévoit de déployer à l’avenir une solution de vidéo expertise, en collaboration avec Polyexpert. Moins d’un an après son entrée sur le marché, la société compte 45 salariés, plus de 80 000 contrats en portefeuille et a engrangé quelque 30 millions d’euros de primes. Elle émet entre 5 et 6 millions d’euros de primes par mois. “En nombre, nous faisons autant de contrats en BtoC qu’en BtoB. Mais en termes de primes, le montant est nettement plus élevé en BtoB, car il y davantage de contrats santé, avec une prime moyenne à 1 100 euros, contre 150 euros en BtoC”, précise Ralph Ruimy. Assurance auto avec Allianz Acheel prépare le lancement courant mai d’une offre d’assurance automobile. Une campagne de mailing effectuée auprès de 10 000 clients a généré 1 000 préinscriptions. Acheel n’ayant pas l’agrément pour l’auto – il s’agit de la branche 3 – la société intervient en tant que courtier et fait appel à Allianz. “La particularité de notre offre, c’est qu’elle propose une couverture très large. En fait, nous avons intégré quatre produits au lieu d’un seul afin de pouvoir fournir un large panel de solutions [y compris aux malussés ou résiliés, NDLR]”, indique Ralph Ruimy. Acheel prévoit d’entamer son développement européen à la fin de l’année 2022, début 2023. La société n’a pas encore obtenu de passeports sortants à ce jour. Une première étape envisagée serait d’aller distribuer des produits via des courtiers locaux afin d’acquérir une connaissance fine des marchés, avant un déploiement en direct. Pour financer ses ambitions, l’assureur devrait annoncer prochainement une levée de fonds. Antoine Duroyon assurance dommagesassurance santéinsurtech Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire L’insurtech cyber Stoïk devient courtier grossiste Assurance emprunteur : Assurly place son offre en marque blanche chez Lovys