Accueil > Assurance > E-santé > Assurance santé : premiers retours de la téléconsultation chez EY Assurance santé : premiers retours de la téléconsultation chez EY Le cabinet de conseil EY a installé une cabine de téléconsultation dans ses locaux pour améliorer les conditions d'accès à un médecin pour ses salariés. Un projet permis par la prise en charge de la mutuelle de l'entreprise. Quelques mois après la mise en place, les différents acteurs dressent un premier bilan. Par . Publié le 16 mai 2018 à 15h04 - Mis à jour le 16 mai 2018 à 15h04 Ressources “Dans le cadre de notre programme sur la qualité de vie et le bien-être au travail, nous étudiions la téléconsultation quand nous avons été contactés par H4D qui nous a proposé une cabine de téléconsultation”, se remémore Audrey Deconclois, directrice des ressources humaines d’EY en France. Après un projet débuté à l’été 2017, le cabinet d’audit et de conseil a finalement opté pour le système de la société française et installé une cabine de téléconsultation dans ses locaux parisiens en décembre. “A Paris, EY compte plus de 4 000 collaborateurs sur le même site. Ce sont des gens qui travaillent beaucoup dans un environnement très contraint. Nous avons la volonté qu’ils se sentent le mieux possible dans l’entreprise”, témoigne Audrey Deconclois. L’idée première pour la DRH était donc de proposer aux salariés un service leur “permettant d’avoir un accès facile et immédiat à la santé en évitant de prendre une journée pour aller chez un médecin généraliste”. Obtenir la prise en charge de la mutuelle Pour mener à bien ce projet, l’entreprise a dû obtenir le soutien de sa mutuelle, dont le nom reste confidentiel, par l’intermédiaire du courtier Aon. “Nous intervenons en tant que courtier et gestionnaire de l’ensemble des programmes de santé et de prévoyance”, précise Fabrice Benharroche, directeur du département Health & Benefits d’Aon France. S’il identifie bien la dimension sociale et d’innovation du projet, il note également celle économique, “non neutre”. “En tant que conseil sur ce dossier, nous voulons contribuer au contrôle des dépenses de santé. Nous y voyons un intérêt pour, par exemple, endiguer un risque de pandémie grippale. Le salarié peut consulter et le cas échéant rentrer chez lui avant de contaminer ses collègues. Le deuxième intérêt de la cabine est de pouvoir prendre des constantes plus précises que via une solution web”, observe Fabrice Benharroche. Deux téléconsultations annuelles par salarié EY et Aon ont obtenu de la mutuelle une prise en charge de deux téléconsultations par an par salarié. “A ce jour, les téléconsultations ne sont pas remboursées par l’Assurance maladie. Pour accompagner le collaborateurs, ce service est intégré, sans surcoût, dans le contrat de frais de santé pour la première année. En fonction de la consommation, nous serons peut-être amené à faire évoluer la garantie”, note Assia Dahamna, directrice clientèle d’Aon en charge du contrat EY. La mutuelle prend donc en charge le coût de la téléconsultation, facturée 25 euros par H4D. Un service qui ne concerne pas toutes les personnes couvertes par la mutuelle, puisque seuls les salariés en bénéficient et pas leurs ayants droits. “Le risque est donc assez marginal. A la sortie des comptes de résultats, nous pourrons faire des préconisations”, estime Assia Dahamna. “Il est rare qu’une personne vienne deux fois ou plus. Si c’est le cas, le médecin lui indique d’aller voir son médecin traitant. Notre dispositif est dédié aux besoins ponctuels et n’est pas là pour supplanter un suivi régulier”, indique Franck Baudino, fondateur et dirigeant d’H4D. Cette prise en charge par la mutuelle est indispensable, selon Audrey Deconclois. “Nous sommes sollicités par d’autres entreprises qui viennent voir la mise en place, le fonctionnement… Mais toutes les mutuelles n’ont pas bien perçu l’intérêt et sans leur soutien, les projets ne se font pas”, souligne-t-elle. Franck Baudino renchérit : “ce sont les mutuelles qui prennent en charge les actes de téléconsultation. Elles définissent en amont un nombre de consultations dans l’année et le patient ne paie rien. C’est pourquoi, pour le moment, l’essentiel de nos dispositifs est installé dans des entreprises ou des résidences étudiantes, où le payeur est le même pour une communauté d’usagers”. Des frais de location mensuels à la charge d’EY Si la mutuelle prend en charge les consultations, EY finance les frais associés (installation de la cabine, sa location mensuelle ainsi que la gestion en interne). “Le coût d’installation représente un peu plus d’un mois de loyer. L’investissement de départ est donc relativement limité”, indique Audrey Deconclois, avant de préciser que le contrat de 3 ans prévoit une location mensuelle de 3 000 euros, quel que soit le nombre de consultations. La location comprend la coordination de la prise des rendez-vous, la présence de médecins pendant les créneaux quotidiens définis et le SAV de la cabine. L’équipement a été installé dans les locaux d’EY à la Défense à Paris dans une pièce dépendante de la médecine du travail. “L’installation d’une cabine ne requiert, sur site, qu’une prise de courant et une connexion Internet”, signale Franck Baudino. Avant de préciser qu’il s’agit d’un dispositif médical de classe IIa, disposant du marquage CE et de l’agrément de la FDA. Pour sa mise en place chez EY, il a également fallu intégrer le logiciel de prise de rendez-vous d’H4D à l’intranet d’EY, avec la gestion de la confidentialité des données renseignées. “Tout est anonyme. Nous ne savons pas qui a fait une consultation”, souligne la DRH d’EY. “Au moment de la prise de rendez-vous, le patient renseigne des éléments afin de s’assurer qu’il n’est pas concerné par les critères d’exclusion. Par exemple, une plaie ouverte et qui saigne abondamment, nous renvoyons vers le 15”, indique Franck Baudino. Pour la prise de rendez-vous, des créneaux ont été définis par EY. Il faut une personne, appelée référent cabine, pour accueillir le patient et l’installer puis pour réaliser le protocole d’hygiène à la fin de la consultation. Chez EY, ce sont les infirmières du travail qui ont été formées par H4D. L’équipe de médecine du travail est composée d’un médecin et de quatre infirmières salariés par EY. H4D SE DÉPLOIE EN FRANCE ET À L’INTERNATIONAL Créée en 2008, la société française est positionnée sur une offre de téléconsultation reposant sur une cabine médicalisée, dispositif médical de classe II. H4D compte une cinquantaine de salariés et plus de 60 médecins partenaires, “en France et à l’étranger”, indique Franck Baudino, fondateur et dirigeant d’H4D. Il ajoute : “ils reçoivent une formation initiale de 10 heures puis des formations continues tous les six mois sur des cas cliniques”. Avec une cinquantaine de cabines installées dont une dizaine à l’international, le dirigeant revendique une présence dans l’Hexagone, en Italie, au Portugal, aux Emirats arabes unis et des pilotes aux Philippines et aux Etats-Unis. Si il ne communique ni le chiffre d’affaires, ni les soutiens financiers, Franck Baudino se montre confiant et indique “plusieurs levées de fonds réalisées depuis la création”. Il affirme ainsi son objectif de devenir “d’ici trois ans, un acteur de référence avec le déploiement à l’étranger”. Il mise également sur l’essor de la télémédecine en France pour enregistrer “une accélération, avec l’intégration de projets d’organisation des soins au niveau des territoires”. “Nous recevons en moyenne deux à trois demandes de collectivités chaque jour, ainsi que des demandes de GHT (groupement hospitalier de territoire, ndlr)”, indique le dirigeant. Le modèle économique de la société repose sur un abonnement incluant l’accès au service de télémédecine. Les consultations étant facturées séparément. Franck Baudino affirme que la cabine permet de diagnostiquer 91 % des 271 pathologies les plus fréquemment rencontrées par un médecin généraliste dans son cabinet, selon la thèse de Thibaud Letellier de 2016. La télécabine permet ainsi de prendre un certain nombre de constantes avec la présence d’un tensiomètre, un thermomètre, un système mesurant la fréquence cardiaque et la saturation, un ECG, un dermatoscope, un otoscope ainsi qu’un stéthoscope. A la fin d’une consultation, un compte-rendu est imprimé pour le médecin traitant tandis qu’une ordonnance peut être délivrée. Premiers retours d’utilisation Après quelques mois d’utilisation, EY se montre satisfait du service. Le lancement a été accompagné de communication auprès des salariés. “Nous voulions que cela parte d’EY mais avons été accompagnés par H4D car c’est un dispositif médical et donc la communication est très réglementée”, indique Audrey Deconclois. Aujourd’hui, elle se félicite de l’utilisation : “dès le mois de décembre, nous avons eu des prises de rendez-vous. En trois mois, nous avions déjà une cinquantaine de consultations réalisées. Et le questionnaire de satisfaction témoigne de l’intérêt des salariés qui se montrent contents de la rapidité de prise de rendez-vous et de son déroulement”. Le cabinet d’audit prépare actuellement une communication plus globale sur les services de santé proposés, dont fait partie la téléconsultation. Prochain rendez-vous en fin d’année, pour un bilan d’Aon sur le contrat de frais de santé. chiffres clés du projet 4 000 salariés parisiens d’EY concernés Un peu plus de 3 000 € d’investissement initial (financé par EY) 3 000 € de loyer mensuel auprès d’H4D (financé par EY) 2 consultations par an et par salarié prises en charge par la mutuelle Ce contenu a été réalisé par la rédaction de mind Health, service d’information professionnelle consacré à la mutation des industries de santé et édité par Frontline MEDIA. assurance santétéléconsultation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Premier bilan pour l’offre de téléconsultation d’Axa Entretien Patrick Brothier (Adréa Mutuelle) : "Le modèle d’inclusion de la téléconsultation dans nos contrats est forcément transitoire" Téléconsultation : comment se structure le marché français ?