Données ESG : WeeFin accueille BlackFin à son capital

La plateforme SaaS dédiée aux données ESG des institutions financières WeeFin a réalisé une augmentation de capital de 25 millions d’euros en Série B. À cette occasion, BlackFin Capital Partners, qui dirige le tour, entre au capital de la fintech. Les investisseurs existants remettent au pot. 

“En seed [2 millions d’euros, en mai 2022, Ndlr], nous avions fait entrer des fonds à impact, Asterion et Investir&+. Pour la Série A [7 millions d’euros, en novembre 2023, Ndlr], nous avions misé sur un investisseur du monde de la tech, Iris, et sur un autre fonds à impact, Ring Capital. Nous accueillons désormais BlackFin, spécialiste du secteur financier, qui est la troisième composante de WeeFin et nous permet, par conséquent, de compléter au mieux notre gouvernance”, analyse le cofondateur et président Grégoire Hug (ex-BNP Paribas Securities Services).

Le cofondateur ne souhaite pas partager la nouvelle répartition du capital. “Nous sommes sur des niveaux de dilution standards. WeeFin reste une société indépendante, dirigée par son management et son staff, avec une gouvernance équilibrée entre les investisseurs.” WeeFin complètera ce tour d’equity par un financement non-dilutif d’ici la fin de l’année.

Ajout d’un outil d’attribution des performances de durabilité

Les capitaux frais serviront notamment à l’amélioration du produit existant. Lancée en 2021, la plateforme ESG Connect de WeeFin permet le pilotage des données ESG des sociétés financières. Ses clients peuvent y intégrer leurs données internes et externes, y contrôler leurs évolutions grâce à des règles automatisées, réaliser les calculs nécessaires pour répondre aux législations en vigueur, etc. 

Prochain développement : la création d’une fonctionnalité d’attribution des performances de durabilité. Demandée par ses clients, “cet outil doit aider les gestionnaires à expliquer l’évolution de l’empreinte carbone des actifs. Son ajout est représentatif de la sophistication des investisseurs sur les données climatiques, qui veulent plus d’informations que la simple fourniture de l’empreinte carbone des investissements”, observe Grégoire Hug.

30 % du chiffre d’affaires à l’étranger

La levée de fonds servira également au développement commercial de WeeFin, notamment en Europe. Alors que la société affirme que son chiffre d’affaires à l’étranger est passé de 0 % à 30 % entre sa Série A (novembre 2023) et sa Série B, avec des revenus en provenance “d’Italie, du Luxembourg et du Royaume-Uni”, liste Grégoire Hug, le dirigeant souhaiterait arriver à 70 % “d’ici deux à trois ans”.

Dans le cadre de sa stratégie d’expansion à l’international, WeeFin a ouvert un bureau à Londres il y a près d’un an, dirigé par la cofondatrice et ex-CPO de WeeFin, Marion Aubert. “Nous y avons désormais une dizaine de salariés”, indique Grégoire Hug. “Il n’est pas impossible que nous ouvrions un troisième bureau en Europe dans les prochaines années”, ajoute le président de WeeFin.

Les clients de WeeFin gèrent plus de 6 900 milliards d’euros d’actifs

En 2024, WeeFin a ajouté l’Italien Generali Asset Management à sa liste de clients, qui en compte plus de 45 au total, contre “plus de 35” lors de la Série A. Parmi eux, “le groupe BPCE, la Caisse des Dépôts sur la partie gestion d’actifs – division qui gère les plus gros investissements de l’État -, mais aussi La Financière de l’Échiquier”. Sur le site web de WeeFin, Natixis, Sycomore Asset Management, Ostrum Asset Management et Lonvia Capital sont également mis en avant.

“Nous commençons à avoir plusieurs gros clients – cinq d’entre eux gèrent plus de 500 milliards d’euros d’actifs -, et ils nous recommandent”, assure Grégoire Hug. L’ensemble des clients de WeeFin comptabilise plus de 6 900 milliards d’euros d’actifs sous gestion, contre 4 454 milliards d’euros en novembre 2023, selon la société. Ce sont autant d’actifs qui sont analysés sur la plateforme.

Un ARR multiplié par cinq en deux ans

En termes de revenus, l’acquisition de nouveaux clients et l’upsell auprès des clients existants ont permis à WeeFin de doubler son panier moyen en deux ans. “Entre début 2023 et maintenant, quasiment tous nos clients utilisent davantage nos services, observe Grégoire Hug. Notre modèle commercial est un abonnement récurrent [de type SaaS, Ndlr]. Son prix dépend du nombre de modules souscrits par le client.” Ces évolutions se répercutent directement sur les revenus annuels récurrents (ARR) de la start-up, qui ont quintuplé en l’espace de 24 mois. La société ne communique pas sur les montants.

Pour accompagner sa croissance, WeeFin prévoit une centaine de recrutements durant les trois prochaines années et compte passer la barre des 100 collaborateurs d’ici fin 2025. La société en dénombre actuellement 85, dont “la moitié est dédiée à la R&D et au développement produit, un quart à l’expertise ESG et l’accompagnement client, et un quart à la vente et au marketing”, détaille le dirigeant.

À plus long terme, WeeFin se projette comme une solution mondiale, moyennant quelques modifications de son produit pour s’adapter aux normes sociales et environnementales locales. Grégoire Hug veut profiter de l’avance de l’UE sur les sujets de finance durable – “il est rare que l’Union européenne soit en avance concernant la finance de marché, qui est davantage le domaine des États-Unis et du Royaume-Uni”, précise-t-il.

Contexte réglementaire incertain

Le contexte incertain lié aux législations extra-financières (volontés de “simplification” au niveau européen, élection de Donald Trump…), notamment matérialisé par le paquet omnibus sur la durabilité, n’inquiète pas le dirigeant. Bien que la société ait vu le jour en parallèle de l’introduction du Green Deal européen (ou Pacte vert en français) de 2019, Grégory Hug estime que sa proposition de valeur n’est pas directement liée à la réglementation. Avec l’augmentation des risques environnementaux, “la durabilité est désormais au cœur du métier d’investisseur”, estime-t-il. 

Selon l’édition 2024 de la cartographie des risques de l’Institut des Actuaires, “le changement climatique et les catastrophes naturelles sont les [risques potentiels les] plus cités pour les assurances de particuliers et de professionnels”, sur un horizon d’un à trois ans.