Accueil > Services bancaires > Paiements > Que pèse le Banking-as-a-Service dans l’activité d’Adyen ? Que pèse le Banking-as-a-Service dans l’activité d’Adyen ? Si l’activité de finance embarquée représente encore une contribution minime aux résultats d’Adyen, elle devient de plus en plus stratégique pour le spécialiste néerlandais du paiement. Présentée en 2022, elle est progressivement déployée sur ses plus grands marchés. Par Aude Fredouelle. Publié le 18 septembre 2025 à 6h00 - Mis à jour le 18 septembre 2025 à 16h29 Ressources Pour la première fois, en août 2025, le prestataire de services de paiement (PSP) néerlandais Adyen a communiqué dans sa lettre aux actionnaires les revenus nets issus de son activité de paiement et de finance embarquée à destination des plateformes et marketplaces, baptisée “Platforms”. Ceux-ci atteignent 120,5 millions d’euros pour le premier semestre, en hausse de 55 % sur un an, “portés par un momentum fort sur le segment du SaaS”, et représentent 11 % des revenus nets totaux de la société sur la période (1,09 milliard d’euros). Ressource data : Les indicateurs financiers des paytech cotées L’activité de BaaS naît en 2022 Fondé en 2006, le spécialiste avait fait part en mars 2022, lors d’une journée investisseurs, de son intention de structurer et développer son activité de Banking-as-a-Service (BaaS), promettant ainsi à des plateformes et marketplaces d’intégrer, via une API, une suite de produits financiers (“embedded payments and financial products for platforms”). Au-delà d’une solution de gestion des paiements, déjà proposée depuis 2016 avec Market Pay (renommée Adyen for Platforms ou AfP en 2020), Adyen prévoyait ainsi d’ajouter des services de change (FX services), des comptes (Accounts), des avances de trésorerie (Capital) et l’émission de cartes de paiement (Issuing). Cette dernière activité existait en réalité déjà depuis 2019. Avec Platforms, et par le biais de plateformes ou marketplaces clientes, Adyen sert “la masse des petites et moyennes entreprises qui n’ont pas accès aux mêmes services que les grandes, lesquelles ont accès à l’innovation et aux produits financiers avec leurs partenaires bancaires, explique à mind Fintech Virginie Melaine-Christensen, country manager France. Ces TPE et PME souhaitent pourtant pouvoir bénéficier de l’émission de cartes, d’avances de trésorerie… Et elles pourront y accéder grâce aux services SaaS qu’elles utilisent, qui leur donnent accès à un logiciel pour gérer leurs opérations mais aussi, désormais, à des comptes bancaires, des terminaux de paiement, des financements… Le SaaS devient une coopérative des petites entreprises qui donne accès à tous les services, tout-en-un.” Déploiement très progressif de Capital Le lancement d’Accounts, qui permet aux plateformes de proposer à leurs clients des comptes bancaires professionnels, et de Capital, avances de trésorerie automatisées, a effectivement été annoncé pour l’Union européenne et les États-Unis (où Adyen dispose de licences bancaires) en octobre 2022. Ensuite, le déploiement de Capital a aussi été annoncé en 2023 pour l’Australie et en juillet 2025 pour le Canada. Au Royaume-Uni, où la licence bancaire a été obtenue en septembre 2023, il est disponible “sur invitation”. Cette brique démarque d’ailleurs l’offre d’Adyen de celles de plateformes de Banking-as-a-Service concurrentes ne disposant pas de l’agrément d’établissement de crédit – comme Swan ou Treezor en France – et ne pouvant donc pas proposer de financements sur leur bilan. Les résultats financiers des BaaS en France Dans les faits, l’activité de BaaS a mis bien plus de temps à voir le jour en Europe. En France, Adyen a d’ailleurs réannoncé le lancement de Capital en juin 2025, en même temps qu’en Finlande. Si Sébastien Constant, cofondateur de L’Addition, une plateforme SaaS pour les restaurateurs, évoquait dès 2022 la possibilité de recourir aux services de finance embarquée du PSP, la société ne propose des avances de trésorerie instantanées que depuis juin 2025. Quant à FX Services, évoqué début 2022, le service n’a pas encore été lancé à ce jour mais des offres d’emploi pour une équipe dédiée sont actuellement ouvertes, notamment pour travailler sur un service de finance embarquée. “Nous lançons les produits en fonction de l’appétence du marché”, évoque Virginie Melaine-Christensen. Commercialement, l’offre de finance embarquée a pour l’instant surtout été déployée “en Europe, sur nos trois grands marchés [France, Allemagne, Royaume-Uni, Ndlr], étape par étape, et aux États-Unis, confirme la country manager. Et nous regardons d’autres pays européens. Adyen s’occupe de toute la conformité et de la régulation, et c’est très lourd. Nous sommes audités de façon permanente sur le sujet par la banque centrale des Pays-Bas.” AdP est devenu l’un des trois piliers d’Adyen Si toutes ses briques ne sont pas encore déployées sur l’ensemble de ses marchés, l’activité Platforms est désormais présentée par Adyen dans ses rapports financiers comme l’un des trois piliers de son activité, aux côtés de “Digital”, qui désigne son activité de PSP en ligne, et de “Unified Commerce”, offre ciblant les entreprises omnicanales en englobant le paiement en ligne et en magasin. Il s’agit du “pilier le plus jeune, mais celui à la croissance la plus rapide, avec des volumes en hausse de 44 % en glissement annuel au second semestre 2024”, notait aussi Adyen dans sa lettre aux actionnaires au deuxième semestre 2024. “Certes, Platforms est encore loin des volumes de paiement, puisque cette activité historique a été lancée en 2006, mais c’est une verticale de croissance”, confirme Virginie Melaine-Christensen. Des revenus nets d’intérêts encore anecdotiques Il faut cependant noter que les résultats d’Adyen for Platforms (AfP) comprennent à la fois les produits les plus récents mentionnés précédemment (Issuing, Accounts, Capital…), mais surtout l’activité plus ancienne d’Adyen de PSP pour les marketplaces et plateformes (un segment sur lequel sont plutôt concurrents, en France, des prestataires de services de paiement comme Lemonway ou Mangopay, et non des plateformes de Banking-as-a-Service). Adyen opère ainsi les paiements d’eBay, Vinted, Oracle, Revel, Leboncoin… La société ne précise pas le nombre total de plateformes et marketplaces clientes, mais le nombre de celles traitant plus de 1 milliard d’euros de paiements par an est passé de 10 fin 2022 à 28 fin 2024. Il a encore progressé pour atteindre 32 à la mi-2025. Dans le détail, les produits les plus récents de finance embarquée ne représentent donc encore probablement qu’une fraction des volumes d’AfP. Preuve du poids de la gestion des paiements des marketplaces : au premier semestre, “le volume géré [par AfP] est en hausse de 20 % comparé à la même période de l’année précédente, ou de 59 % en excluant eBay”, ajoute Adyen. Par ailleurs, la société a communiqué pour la première fois, au titre de l’exercice 2024, sur les revenus net d’intérêts issus d’Accounts (revenus d’intérêts sur les dépôts) et de Capital. Adyen précise qu’elle perçoit aussi des intérêts sur la vente des terminaux assortis d’un accord de financement. Ces revenus atteignent 8,3 millions d’euros en 2024, “principalement en provenance de l’offre Accounts” – puisque le déploiement de Capital est encore embryonnaire – dont 5,8 millions réalisés au second semestre. Au premier semestre 2025, le montant s’élève à près de 6 millions d’euros. Accounts : 193 000 clients finaux mi-2025 Adyen compte parmi ses clients la plateforme londonienne de réservation de rendez-vous beauté Fresha, qui revendique 130 000 entreprises clientes. Avec Accounts, Adyen lui a permis d’ouvrir des comptes professionnels pour 30 000 d’entre elles à la fin du premier semestre 2025 (+ 10 % en six mois) et a traité 153 millions d’euros de transactions sur la plateforme sur la période (en hausse de 12 % en glissement annuel). “Cela ne représente encore que 23 % de la base totale de Fresha, ce qui montre un potentiel de croissance significatif”, commente Adyen dans sa lettre aux actionnaires du premier semestre 2025. Fresha élargit la collaboration en intégrant Adyen Capital, ajoute la société. Parmi ses clients, Adyen cite également le fournisseur SaaS britannique pour les PME Epos Now qui, après avoir adopté Adyen pour traiter ses paiements, “a rapidement élargi son offre pour proposer des comptes professionnels, émettre des cartes, ainsi qu’octroyer des avances de trésorerie (…). En un peu plus d’un an, Epos Now a accordé des prêts à des milliers de clients sur trois continents. (…) 80 % des utilisateurs reviennent pour plusieurs prêts”, mentionne la lettre aux actionnaires du premier semestre 2025. Le partenariat a été prolongé jusqu’en 2030. Au total, Adyen comptabilise, à la fin du premier semestre 2025, 193 000 entreprises clientes finales utilisant un produit de finance embarquée sur Platforms (dont 30 000 pour Fresha). En France, en novembre 2024, Doctolib a annoncé remplacer Stripe, son partenaire de longue date, par Adyen pour le paiement en ligne des téléconsultations en France et en Italie. À long terme, l’objectif est aussi de proposer aux professionnels de santé “de nouveaux services financiers qui simplifient leur quotidien“. Sur le segment des comptes (Accounts), la néobanque pour les pros Tide, qui a annoncé son lancement en France le 16 septembre 2025, a prévu de s’appuyer sur Adyen pour proposer des comptes professionnels, selon les mentions légales de son site consultées par mind Fintech, comme en Allemagne depuis 2024. L’activité Platforms permet par ailleurs à Adyen de commercialiser 225 000 terminaux de paiement à la mi-2025 – contre 402 000 pour son pilier de commerce unifié. “Nous voyons le plus grand potentiel du côté des plateformes SaaS, en particulier celles qui souhaitent intégrer un élément présentiel [des transactions en présentiel avec un TPE, Ndlr] à leur offre”, indique la lettre aux actionnaires du second semestre 2024. Quant à l’activité “Issuing”, Adyen rapporte un volume d’émissions de plus de 2 milliards d’euros au premier semestre 2025 et “un nombre de clients qui a presque doublé en un an”. Le Français Spendesk fait, par exemple, appel à elle au Royaume-Uni depuis 2024 pour la gestion des paiements, mais aussi l’émission des cartes physiques et virtuelles de dépenses de ses clients. Le Banking-as-a-Service est-il un modèle risqué ? Pour démarquer son offre de finance embarquée de celle de ses concurrents, Adyen met en avant son agrément bancaire, gage de confiance, ainsi que son empreinte européenne. “En parallèle des paiements intégrés qu’apporte AfP, Adyen prend en charge la gestion complexe de la conformité aux réglementations locales en constante évolution”, peut-on lire dans sa lettre aux actionnaires portant sur le second semestre 2024. Selon Virginie Melaine-Christensen, les modalités de délégation peuvent ensuite varier. Deux modèles existent en France : celui d’agent de la plateforme de BaaS (préféré par Treezor ou Xpollens) et celui, plus léger, d’intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP), pour lequel a opté Swan. “Les modalités choisies dépendent complètement de l’intégration, indique la country manager France. Certains clients sont agents, d’autres non. Mais nous réalisons systématiquement un KYC [vérification d’identité, Ndlr], quel que soit le modèle”. Aude Fredouelle banking-as-a-servicefinance embarquéepaiement en lignerégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Tide s’appuie sur Adyen pour son lancement en Allemagne Confidentiel Résultats financiers des BaaS : Treezor leader, Swan challenger Adyen bondit en Bourse après l’annonce de ses résultats Doctolib va s'appuyer sur Adyen pour intégrer des services financiers