Accueil > Assurance > Assurance numérique & collaborative > Comment Allianz France s’est engagé dans une transformation Data et Cloud Comment Allianz France s’est engagé dans une transformation Data et Cloud Afin de franchir un nouveau cap de maturité dans l’industrialisation de produits basés sur les données, l’assureur Allianz France refond sa plateforme data, combinant analytics, Big Data et cloud. Cette évolution, qui s’échelonnera jusqu’en 2024/2025, s’intègre à la stratégie groupe de la compagnie. Par Christophe Auffray. Publié le 30 mars 2022 à 9h40 - Mis à jour le 17 mai 2023 à 11h40 Ressources Allianz, acteur mondial de l’assurance présent dans plus de 70 pays, a dégagé un chiffre d’affaires de 152,7 milliards d’euros en 2022. La compagnie basée à Munich emploie plus de 150 000 collaborateurs dans le monde, dont près de 8 500 en France, où elle totalise plus de 5,5 millions de clients. Pour orchestrer ses activités au niveau mondial, Allianz s’est engagé il y a plusieurs années déjà dans une consolidation de ses plateformes. L’objectif : fédérer ses filiales autour de socles technologiques communs, comme dans le domaine du marketing digital. Les actions de marketing web sont ainsi gérées depuis la solution cloud Adobe. Un partenaire industriel sur le cloud pour industrialiser Adopter du cloud public pour des fonctions support telles que le marketing ne se heurte pas – ou dans une moindre mesure – à des contraintes réglementaires. Il en va autrement en ce qui concerne la migration de ses applications cœur de métier et de leurs infrastructures sous-jacentes. C’est néanmoins la trajectoire que souhaite prendre Allianz. Comme pour le marketing digital, cette politique s’inscrit dans une stratégie groupe axée sur la convergence. L’objectif à terme est de déployer des services sur les plateformes de cloud public Azure de Microsoft et AWS d’Amazon, fournisseurs cloud privilégiés pour le groupe Allianz. Le cloud n’est pas nouveau pour l’assureur, même si le passage au cloud public représente bien un changement profond. Sa plateforme Big Data a ainsi été historiquement développée dans le cloud. Il s’agit toutefois d’un cloud externe dédié et non d’une infrastructure mutualisée comme un cloud public. “Nous sommes partis au départ sur une démarche assez expérimentale. Le passage sur un cloud provider standard du marché s’inscrit dans une logique d’industrialisation. Nous passons d’une approche de type test & learn à une nouvelle étape plus industrielle, qui requiert donc un partenaire industriel”, explique le DSI d’Allianz France, Romaric Hatit. Un tel projet ne couvre cependant pas seulement des enjeux technologiques. Réglementation, sécurisation et accès aux données sont des sources de complexité, voire des freins. S’y ajoutent en outre des problématiques de montée en compétences des équipes IT et de formation. Rationaliser le décisionnel et converger avec le Big Data L’objectif est néanmoins de parvenir à des déploiements dans le cloud public d’ici à 2024 et 2025. Ce vaste chantier de convergence comprend plusieurs volets, dont un consacré à la plateforme Data. En matière d’exploitation des données, notamment pour alimenter des modèles d’intelligence artificielle, Allianz ambitionne en effet d’accélérer, d’industrialiser le socle technique pour développer les usages par les métiers de l’assureur. L’entreprise dispose d’un framework : Ask. Cet ensemble d’outils prépackagés est au service des data scientists et data engineers pour concevoir des produits d’IA permettant d’automatiser des tâches, dont le traitement des e-mails. En 2020, Allianz France revendiquait 5 millions d’actes de gestion assistés par l’IA. L’ambition : atteindre des dizaines de millions d’actes d’ici les prochaines années. L’industrialisation de la plateforme Data – et son passage sur le cloud public – répond notamment à cet enjeu. Le projet est plus large toutefois. À ce jour, Allianz France dispose de deux plateformes distinctes : le décisionnel classique ou BI d’un côté et le Big Data de l’autre. Cette distinction ne se justifie plus, et s’avère même coûteuse et limitative avec des stockages différenciés, par exemple. “Nous sommes dans une logique de convergence des deux types de plateformes”, indique le DSI. Cela passe par une revue des usages décisionnels et de la plateforme sous-jacente. Une fois opérée, cette rationalisation, qui passe par exemple par des décommissionnements applicatifs, permettra un rapprochement avec la plateforme Big Data. En découlera la consolidation autour d’un entrepôt de données unique. L’alimentation de ce dernier depuis les systèmes opérationnels et de gestion s’effectuera également de façon unique. “Cela nous permettra de positionner sur la nouvelle plateforme des technologies pour de l’analyse de données, via entre autres de l’intelligence artificielle, ainsi que des reportings classiques ou des analyses déterministes comme on l’attend de nous d’un point de vue réglementaire”, détaille Romaric Hatit. Pas de transformation Data sans gouvernance des données Comme indiqué précédemment, la plateforme Big Data est actuellement hébergée dans un cloud dédié externe. Elle comprend notamment un data lake ou lac de données, ainsi que des capacités d’analyse – développées en interne en langage Python ou reposant sur de l’outillage du marché. C’est par l’intermédiaire de cette architecture que data scientists et data engineers d’Allianz déploient les cas d’usage Big Data. La convergence de l’infrastructure Data en France est en cours. “C’est un projet de longue haleine”, rappelle le DSI. Outre la dimension technique, il s’accompagne d’une évolution des usages du côté des métiers. “Beaucoup de choses se sont construites au fur et à mesure des besoins et de manière unitaire. Pour homogénéiser et standardiser, il convient d’identifier les redondances, de pointer vers des entrepôts de données mutualisés. La donnée doit également être qualifiée et sa définition partagée. Le sujet de sa gouvernance est important”, souligne Romaric Hatit. En parallèle des actions techniques, Allianz France mène donc des initiatives dans le domaine de la gouvernance des données. Celles-ci se positionnent aussi bien à l’échelle de l’ensemble de l’entreprise qu’au niveau du data lake. Ce travail sur le lac de données permettra d’informer précisément les utilisateurs sur les données stockées dans celui-ci et de renseigner le data catalog. En complément de ces travaux hexagonaux, la DSI participe au chantier de convergence du groupe. La finalité : éviter que chaque entité ne reconstruise ses propres manières d’opérer, par exemple en ce qui concerne l’ingestion de données, etc. Cette concertation vise à une harmonisation à l’échelon du groupe Allianz. Cette étape explique d’ailleurs en partie la prudence d’Allianz dans la migration vers le cloud public. Avant de l’engager, la multinationale doit déterminer quels usages elle prévoit de faire des technologies standards fournies par les fournisseurs cloud et, par déduction, quelles briques pourraient être redéveloppées afin d’en conserver la maîtrise. Ces réflexions visent notamment à mesurer le niveau de dépendance vis-à-vis des géants du cloud public. Par conséquent, la convergence groupe est en phase de “design”. Les étapes “opérationnelles” sont prévues autour de 2024 et 2025. Enjeu majeur des compétences dans la cloudification “Ces échéances n’empêchent cependant pas Allianz France d’avancer sur ses usages des données. Par ailleurs, ce temps sera exploité aussi pour mener l’évolution des compétences. Cette problématique des compétences est de fait capitale”, témoigne Romaric Hatit, sur le volet Data et désormais aussi cloud. En matière de data science, Allianz dispose déjà d’une “académie”. Elle permet de délivrer des formations de longue durée pour former de nouveaux data scientists et assurer aussi la formation continue de ces experts. Ces profils sont réunis au sein d’un centre de compétences, et dans certains métiers les plus matures, dont les directions techniques de l’assurance. En ce qui concerne les data engineers, ils sont centralisés dans les équipes Data de la DSI. Ces compétences sont particulièrement recherchées, et pas uniquement chez Allianz. Leur recrutement en est complexe. Pour les faire progresser et aussi pour les fidéliser, Allianz développe une filière d’excellence Data. Ces différents experts recevront de la formation à la fois sur les soft skills et les hard skills. L’assureur devra aussi consacrer une attention soutenue au développement des compétences cloud. “Le sujet des compétences liées à la cloudification est majeur. C’est un changement dans la manière de travailler, et ce même si nous étions embarqués dans des dynamiques DevOps”, déclare le DSI. La transformation cloud comprend en conséquence un “chantier dédié” à la transformation des compétences. Pour Romaric Hatit, il s’agira d’une des clés de la réussite de la cloudification. Et les métiers techniques ne sont pas les seuls à devoir anticiper et contribuer à cette évolution. Une adoption maîtrisée du cloud requiert également une mutation des compétences financières, qui se concrétisera par la mise en place d’une approche FinOps. “C’est fondamental ! Les volumes d’information sont colossaux et, potentiellement, les traitements peuvent être extrêmement consommateurs. Il est dès lors indispensable que nous sachions exactement quels types de ressources doivent être alloués pour en faire le meilleur usage possible par rapport aux bénéfices pour l’entreprise, mais naturellement aussi par rapport aux coûts”, conclut le patron de l’IT d’Allianz. Christophe Auffray big datacloud Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind