L’olivier Assurance va coexister avec Luko

Sous pression, le néoassureur Luko confie son destin à Admiral. Le groupe britannique coté, qui détient la marque L’olivier Assurance dans l’Hexagone, rachète l’essentiel des activités françaises de Luko. Autrement dit, les activités espagnoles et celles issues des deux rachats signés en 2022 (Coya en Allemagne, qui a permis à Luko de mettre la main sur une licence d’assureur, et Unkle sur le segment de l’assurance loyer impayé (GLI), ne sont pas concernées par cet accord.  

Depuis plusieurs mois, Luko naviguait en eaux troubles. Une levée de fonds en Série C, initiée à l’été 2022 et pour laquelle Lazard avait reçu un mandat, n’a pas abouti dans un contexte de marché chahuté. Un camouflet pour l’insurtech qui devait honorer un versement de 12 millions d’euros au profit des actionnaires d’Unkle, dont le rachat avait été négocié en partie en obligations convertibles. 

L’insurtech s’est retrouvée acculée, avec une dette de 45 millions d’euros, et a obtenu en juin 2023 l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée. Parmi ses créanciers figurent notamment TriplePoint Capital qui a consenti un venture loan de 25 millions d’euros, et BNP Paribas. Au total, Luko a levé plus de 70 millions d’euros en l’espace de cinq ans et compte 450 000 assurés pour 220 000 contrats.

Ornikar et Uniqa sur les rangs

La banque d’affaires Lazard s’est donc mise en quête d’un repreneur. Selon nos informations, l’assureur Groupama a notamment regardé le dossier. Sur LinkedIn, le CEO d’Ornikar confie quant à lui avoir “formulé une offre très compétitive [de 15 millions d’euros, Ndlr]” qui n’a pas convaincu les dirigeants de Luko. L’assureur autrichien Uniqa était aussi sur les rangs, selon Les Echos. 

C’est finalement le britannique Admiral qui remporte la mise. Un actionnaire d’Unkle qui s’est exprimé publiquement, évoque un prix de cession de 14 millions d’euros, dont 3 millions sous forme d’earn out. Des chiffres que mind Fintech a pu recouper auprès de plusieurs sources concordantes. C’est TriplePoint Capital, créancier de premier rang, qui en bénéficiera, alors que les fonds (Accel, EQT Ventures, Evolem, Speed Invest, Orange Ventures…) ont pris 30 % du capital. Ce dernier était majoritairement contrôlé (à 55 %) par les fondateurs et le management, selon Capital Finance.

Luko dément ces éléments, d’après Les Echos, dans la mesure où il “ne représente pas la totalité du prix, non-public, mais seulement la partie dédiée aux créanciers”. Reste désormais à trouver des acquéreurs pour Coya, rebaptisée Luko Insurance AG, et Unkle. Les deux actifs sont respectivement estimés à 17 et 9 millions d’euros, d’après Capital Finance. 

“Nous avons bénéficié au départ d’un environnement de marché très favorable qui nous a permis d’accélérer et de prendre rapidement la première place des vendeurs de contrats MRH directs en France, avec des très bons résultats techniques, de développer une tech unique et puis… l’horizon s’est obscurci. Même si tout n’a pas été géré parfaitement, c’est un fait : les investisseurs ne souhaitent (presque) plus financer les insurtech BtoC”, se remémore sur LinkedIn Julien Gigoi, chief insurance de Luko. 

L’insurtech, qui revendique plus de 450 000 clients, représente une belle prise pour L’Olivier assurance. L’assureur en ligne la voit notamment comme une opportunité pour se développer sur de nouveaux territoires, à l’image de l’emprunteur et du chien/chat. “Rejoindre le groupe Admiral nous permet d’accélérer notre développement et de capitaliser sur l’expertise de la filiale française du groupe, L’olivier Assurance : nous envisageons notamment de lancer prochainement l’assurance auto Luko”, assure de son côté Raphaël Vullierme, CEO de Luko.