Accueil > Investissement > 8 % des Français ont déjà investi en cryptoactifs 8 % des Français ont déjà investi en cryptoactifs L’Adan et KPMG ont rendu à Bercy un état des lieux du secteur des cryptoactifs en France. Selon le rapport, les acteurs financiers traditionnels ont un rôle à jouer, aussi bien du côté des potentiels investisseurs, en tant que tiers de confiance, que de l’industrie, dont la majorité des entreprises ont des difficultés à souscrire des produits bancaires et assurantiels adaptés à leur activité. Par Caroline Soutarson. Publié le 14 février 2022 à 17h37 - Mis à jour le 16 février 2022 à 16h23 Ressources Selon l’étude La crypto en France : structuration du secteur et adoption par le grand public, présentée à Bercy ce 16 février par l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) avec le cabinet de conseil KPMG, 76 % des Français ont déjà entendu parler des cryptomonnaies. Ils sont moins nombreux à connaître les notions de monnaie numérique de banque centrale (24 %), de finance décentralisée (21 %), stablecoin (19 %) et NFT (15 %). 37 % des Français ont déjà ou voudraient investir dans les cryptoactifs Au-delà d’en avoir déjà entendu parlé, 8 % des Français ont déjà investi dans les cryptoactifs. Alexandre Stachtchenko, directeur blockchain et cryptoactifs chez KPMG France, compare ce taux aux 6,7 % de détenteurs d’actions en direct indiqués par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en juillet 2021 pour démontrer la popularité de cette nouvelle classe d’actifs. Au total, l’étude fait état de 37 % de la population française qui aurait déjà investi dans les cryptoactifs ou songerait à le faire. Parmi eux, beaucoup de jeunes. Alexandre Stachtchenko note une surreprésentation des 18-35 ans. “Sur cette tranche d’âge, 1 Français sur 8 possède de la crypto. […] Ils représentent 25% de la population française mais près d’un détenteur de crypto sur deux en France”. L’étude établit aussi que, “de manière contre-intuitive, les [personnes aux] revenus les plus faibles sont davantage à détenir des cryptos que [celles aux] revenus les plus élevés”. Les cryptoactifs : à l’agenda des élections présidentielles ? D’après le rapport, “près d’un Français sur cinq déclare que le sujet des crypto influencera sa décision lors des prochaines élections présidentielles. Plus précisément, ce sujet sera déterminant pour 4 % d’entre eux”. Ces chiffres constituent un argument fort pour l’Adan, qui a publié en janvier dernier un manifeste à l’attention des candidats à l’élection présidentielle de 2022. L’association soumet ainsi 20 propositions ayant pour objectif de favoriser le développement du secteur en France, avec trois axes principaux, souligne Jean-Michel Pailhon, chief of staff de Ledger, en tant que membre de l’Adan : “investir dans la formation et les talents du web3 et la cybersécurité, faciliter les investissements en cryptoactifs par les entreprises et individus, et accompagner, promouvoir et investir dans les infrastructures françaises de sécurité du web3”. En outre, le chef de file du secteur en France Ledger a “invité tous les candidats et candidates [à l’élection présidentielle à venir visiter ses locaux, ndlr]. Nous avons eu une réponse formelle avec un engagement d’agenda déjà pris de Gaspard Koenig, Eric Zemmour, Valérie Pécresse, Cédric O en tant que ministre et Jean-Luc Mélenchon. Et nous avons eu des échanges avec les équipes d’Anne Hidalgo”, a listé Jean-Michel Pailhon qui précise que d’autres candidats peuvent encore se manifester. La réglementation française des PSAN n’est que peu connue L’écart entre le nombre d’investisseurs en cryptoactifs (8 %) et ceux qui voudraient investir mais ne sont pas encore passés à l’acte (30 %) s’explique beaucoup par la méconnaissance des actifs et de leur fonctionnement (pour 48 % des Français n’ayant jamais investi en cryptoactifs), mais aussi par les risques associés (pour 30 %). La volatilité des cours est en cause, les escroqueries aussi. Fin 2021, l’AMF observait une reprise des arnaques au trading en 2020 et 2021, notamment sur les cryptoactifs. Et l’enregistrement PSAN (prestataire de services sur actifs financiers), qui est un “gage du sérieux des entreprises l’ayant obtenu, sur plusieurs dimensions, et en particulier le respect du dispositif européen en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT)”, rappelle l’étude, n’a pas la notoriété suffisante pour orienter les investisseurs vers les plateformes régulées. Parmi les non réfractaires à l’investissement (37 % des Français), seuls 9 % connaissent le dispositif PSAN. Et le taux baisse à 5 % chez ceux qui n’ont pas encore investi mais pourraient l’envisager. L’ignorance du statut se reflète dans le choix des investisseurs de se diriger, en majorité, vers des acteurs non agréés. “Cette situation est renforcée par le fait que, malgré les contraintes exigées par la loi pour opérer en France ou auprès de la clientèle française, certains acteurs non PSAN ne s’enregistrent pas et réalisent sans entrave de la publicité ou du démarchage actif auprès du marché français”, souligne l’étude. notre entretien avec M. Lucchesi et F. Guiader (Gide 255) : “Il faut trouver un équilibre entre attractivité et réglementation des activités liées aux cryptoactifs” Alors que les particuliers hésitent encore à investir, les banques pourraient influencer leur décision. “4 Français sur 10 seraient intéressés par des placements en crypto si leur banque les leur proposait”, dévoile l’enquête. En outre, “22% des Français envisagent de changer de banque pour une banque proposant des services cryptos”, et plus particulièrement pour les clients des néobanques et banques en ligne, explicite l’étude (voir graphique). Source : La crypto en France : structuration du secteur et adoption par le grand public (2022) Une industrie prometteuse qui manque de main d’œuvre et de partenaires institutionnels Du côté de l’offre, 29 entreprises ont été étudiées (perçues comme les plus en avance parmi les 600 projets crypto du secteur en France). Au total, ces entreprises ont récolté 1,2 milliard d’euros de fonds et emploie 1 129 salariés, dont 85 % sur le territoire français. Le nombre de travailleurs devrait plus que doubler d’ici un an (+120 %), avec une projection de “100 000 emplois directs dans le secteur” d’ici 2030, énonce Faustine Fleuret, présidente de l’Adan. Ces augmentations à venir des recrutements sont toutefois entravées par le nombre de travailleurs formés et qualifiés sur des postes techniques dans un secteur relativement nouveau. De plus, la guerre des talents se fait à l’échelle mondiale. L’étude fait état de difficultés pour les entreprises à la fois pour attirer, mais aussi pour garder leurs collaborateurs à moyen terme alors qu’il y a une homogénéisation globale des salaires. Comment évolue le financement des fintech en France ? Faustine Fleuret met aussi l’accent sur un autre obstacle : “la difficulté pour les entreprises crypto de pouvoir accéder à des services bancaires et financiers. L’enquête révèle que 70 % des entreprises ont rencontré de telles difficultés. Et 55 % pour trouver des produits d’assurance qui soient adaptés à leurs activités”. L’ouverture d’un compte bancaire est jugée particulièrement périlleuse et nécessite des subterfuges des acteurs pour cacher leur activité, révèle l’étude. “Contrairement à ce qui était attendu à la suite de la loi PACTE, l’enregistrement PSAN pour les entreprises ne facilite pas nécessairement les démarches auprès de ces partenaires. […] L’écosystème a de plus en plus l’impression d’une promesse non tenue […] dans la mesure où la justification de la loi PACTE était de pouvoir permettre aux banques de se projeter dans un cadre qui les sécuriserait, et leur permettrait de travailler avec les entreprises crypto”, peut-on lire dans le rapport. Les raisons, multiples, vont de l’image risquée liée aux cryptoactifs au manque de volonté d’investir dans des méthodes de contrôle adaptées, le marché n’étant a priori pas suffisamment mature pour garantir un ROI positif. Caroline Soutarson cryptoactifcryptomonnaieNFTrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Près de 30 milliards de dollars ont été investis en capital-risque dans des entreprises crypto en 2021 Les start-up françaises de la finance et de l'assurance ont levé 1,85 milliard d'euros en 2021 Coinhouse lève 15 millions d’euros et se lance dans la gestion pilotée Crypto-actifs : MoonPay lève plus d’un demi-milliard de dollars