Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Comment Indy concurrence les néobanques pour les pros Comment Indy concurrence les néobanques pour les pros La plateforme d’automatisation de la comptabilité pour les indépendants Indy propose, depuis janvier 2024, un compte pro gratuit grâce à la plateforme de Banking-as-a-Service Swan. De quoi concurrencer sérieusement les néobanques sur ce segment. Par Aude Fredouelle. Publié le 20 mai 2025 à 17h30 - Mis à jour le 20 mai 2025 à 17h41 Ressources Indy, initialement baptisée Georges.tech, a été créée en 2016 avec pour objectif “d’automatiser et de simplifier la comptabilité des indépendants, en allant jusqu’aux déclarations sociales et fiscales”, leur permettant ainsi de se passer d’un expert-comptable, souligne Adrien Le Roy, VP marketing (ex-Yomoni et Nickel). La société commence par s’attaquer aux professions libérales, en statut BNC (bénéfices non commerciaux). “Les indépendants exercent sous plusieurs statuts et, en fonction de ce statut, sont soumis à des obligations fiscales différentes”, observe le VP marketing. Progressivement, pour croître, la société s’ouvre à de nouveaux statuts comme les sociétés SASU et EURL, en 2021, puis les auto-entrepreneurs, en 2024. “Cela nous permet de couvrir désormais la très grande majorité des indépendants”, ajoute-t-il. Il reste toutefois quelques trous dans la raquette : “nous intégrons petit à petit toutes les spécificités liées à chaque statut et activité, raconte Adrien Le Roy. Nous venons par exemple d’ouvrir aux organismes de formation, et nous allons bientôt aussi proposer le service aux sociétés détenues par des holdings et aux holdings.” Pivot vers le freemium fin 2022 Indy opte d’abord pour une offre payante avant de basculer vers le freemium. Il faut dire qu’entre janvier 2021 et octobre 2022, sa base clients reste stable, à environ 40 000 utilisateurs. En octobre 2022, la société lance une offre de base gratuite avec de premières briques fonctionnelles, tandis que l’offre premium permet, notamment, d’automatiser les déclarations (Urssaf, TVA, impôts…) et de bénéficier d’une assistance prioritaire. Objectif : capter les indépendants dès leurs débuts, “pour partir avec une base propre, ne pas faire ses comptes à la main ou avoir de transactions sur son compte personnel”, développe Adrien Le Roy. “Beaucoup n’ont pas d’obligations déclaratives au début. Quand leur activité se développe et que leurs besoins évoluent, ils peuvent faire appel à nous pour cette partie déclarative. Nous avons une très forte traction sur l’offre gratuite”, note-t-il. Selon lui, les utilisateurs gratuits finissent par “passer majoritairement sur l’offre premium”, facturée 12 euros HT par mois. Par ailleurs, “puisque nous étions historiquement payants, une part très importante de nos utilisateurs sont encore aujourd’hui sur cette offre”. Selon le VP marketing, l’offre gratuite n’est pas un centre de coûts : “elle est à l’équilibre et permet de nous faire connaître avant d’attirer sur l’offre payante. C’est un modèle économique très sain.” Module de facturation et compte pro En parallèle de l’élargissement de la cible, Indy travaille à l’approfondissement de son offre. “L’objectif est d’aller au-delà de la comptabilité et d’ajouter des services annexes présentant des synergies, afin que les clients retrouvent tout au même endroit”, explique Adrien Le Roy. Une stratégie de “tout-en-un” abordée en sens inverse par les néobanques pour les pros, comme Qonto ou Shine, qui ont commencé par proposer un compte avant d’élargir leur offre à des services de gestion des dépenses, de facturation et de comptabilité. Néobanques pour les pros : la tentation du “tout-en-un” Indy lance d’abord, en 2022, une offre de création d’entreprise – déjà proposée par ces néobanques. Une partie des formalités est proposée par Sedomicilier. Puis la start-up complète en 2023 avec des outils de facturation : création de devis et factures, et suivi des paiements. “Avec la généralisation de la facture électronique, nos clients seront automatiquement conformes”, projette le VP marketing. Le compte professionnel voit finalement le jour en janvier 2024, grâce à la plateforme de Banking-as-a-Service Swan. Accompagné d’un IBAN et d’une carte de paiement physique et/ou virtuelle, il permet aux clients de payer et d’être payés. Indy prévoit de lancer une fonctionnalité d’encaissement via des liens de paiement dans les mois à venir, révèle Adrien Le Roy. Le compte pro gratuit bouscule les néobanques Surtout, ce compte est “entièrement gratuit, avec virements entrants et sortants illimités”. Contrairement à ceux des principales néobanques pour les pros : l’offre pour les indépendants de Qonto coûte 11 euros par mois (ou 9 euros pour un abonnement annuel), celle de Blank 6 euros HT par mois et, jusqu’à récemment, l’offre de base de Shine démarrait à 9 euros HT par mois (Finom, Vivid, Hello Bank! Pro et N26, dont les outils de gestion sont moins développés, proposent toutefois des offres gratuites). Un peu plus d’un an après le lancement du compte pro Indy – et peut-être en réaction – Shine a introduit en mars 2025 une offre de base gratuite. Selon Adrien Le Roy, “même quand l’utilisateur utilise le compte et l’offre gratuite d’Indy, nous percevons des revenus d’interchange et les dépôts sont rémunérés, donc, comme notre offre de base gratuite, cette offre est à l’équilibre. Ce n’est pas un nouveau centre de coûts et cela nous permet d’acquérir de nouveaux utilisateurs”. Indy revendique, sur la brique du compte pro, un NPS supérieur à 70. “C’est un gros vecteur d’acquisition. Nous l’avons aussi proposé à notre base existante mais cela nous permet avant tout d’acquérir de nouveaux utilisateurs, qui ouvrent un seul compte pro pour lancer leur activité d’indépendant. Les comptes sont souvent utilisés, avec des transactions tous les mois.” Indy a dépassé les 10 000 comptes pros ouverts en juillet 2024 mais n’a pas communiqué depuis sur un nouveau palier franchi. Un compte au service de la comptabilité… et au-delà ? Le compte sert avant tout à simplifier la comptabilité basée sur les mouvements bancaires. “Pour les clients n’ayant pas de comptes Indy, nous utilisons l’open banking avec Bridge ou, pour certains comptes, en direct sur les API”, précise Adrien Le Roy. Indy va donc moins loin dans l’offre bancaire que les néobanques – contrairement à la plupart d’entre elles, elle ne propose pas de dépôt d’espèces ou de chèques, de terminaux de paiement, d’offres de financement ou d’assurance professionnelle. “Nous prévoyons de continuer à enrichir notre offre mais ne communiquons pas encore sur les détails et le calendrier”, glisse le VP marketing. À l’inverse, les outils de catégorisation comptable, de gestion de la TVA ou de déclaration fiscale d’Indy ne sont pas disponibles chez les néobanques. “Nous ne nous arrêtons pas à la pré-comptabilité et à la catégorisation des transactions. Nous permettons de remplacer l’expert-comptable grâce à la brique déclarative, alors que les clients de Shine ou Blank n’en disposent pas”, fait remarquer Adrien Le Roy. Indy se revendique “trois à cinq fois moins cher qu’un expert comptable”. Les comptatech Tiime et Pennylane, elles, ciblent des entreprises plus importantes et travaillent de concert avec les experts-comptables. Comment Pennylane veut devenir l’outil de gestion financière tout-en-un pour les PME 150 000 utilisateurs Indy franchit le cap des 100 000 utilisateurs à l’été 2024, puis atteint les 150 000 en avril 2025. Soit une part de marché d’un peu plus de 3 % – fin 2023, l’URSSAF dénombrait 4,6 millions d’indépendants en France. Les professions libérales, cible historique, ont le taux de pénétration le plus élevé, “mais le mélange est désormais assez équilibré avec de nombreux métiers freelances”, relève Adrien Le Roy. “Notre croissance est portée par la stratégie d’élargissement de la cible : nous recrutons des utilisateurs qu’on ne pouvait pas accueillir avant, dont des auto-entrepreneurs.” Indy affirme s’appuyer sur “un modèle d’acquisition très sain et vertueux où le recrutement organique est très important”, notamment grâce à de bons avis sur les plateformes de notation (4,8 sur 5 sur Trustpilot, avec près de 7 500 avis, par exemple). La société collabore aussi avec des partenaires, comme la marketplace dédiée aux freelances Malt, ainsi qu’avec des “influenceurs, blogs ou comparateurs qui s’adressent à leur communauté”, dévoile le VP marketing. “Nous avons aussi une stratégie de contenus très développée sur les problématiques comptables, financières et administratives.” La société, qui compte 300 collaborateurs, ne communique pas sur ses résultats financiers ni sur son horizon d’atteinte de l’équilibre. Les lancements internationaux avortés Plusieurs fois, la société a exprimé son intention de se lancer à l’international. En 2019, lors de sa Série B de 10 millions d’euros, elle assurait vouloir se lancer en Allemagne et en Angleterre, mais l’expansion n’a jamais eu lieu. En janvier 2021, à l’occasion d’un nouveau financement de 35 millions d’euros, dont une partie non communiquée en dette, elle indiquait cibler les États-Unis avec un objectif de lancement pour fin 2021. “Ce n’est pas un sujet à court terme, admet aujourd’hui Adrien Le Roy. Nous avons la chance d’être positionnés sur un marché très profond et ce n’est donc pas un objectif pour l’instant. Nous avons testé le marché américain pour voir s’il y avait de la traction et si nous voulions investir dessus. Nous avons reçu certains signaux positifs, d’autres moins bons, et avons finalement décidé de stopper cette initiative.” Aude Fredouelle automatisation comptablebanking-as-a-servicefinance embarquéenéobanque pour entrepriseopen banking Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Pennylane lève 75 millions d’euros et double sa valorisation Dossier Néobanques pour les pros : la tentation du “tout-en-un”