BNPL : La Banque Postale a racheté la technologie de Joe

À l’occasion de l’annonce de ses résultats annuels, La Banque Postale a évoqué sa filiale Django, dédiée au paiement fractionné et lancée en mars 2022. Le service a été déployé effectivement en juillet 2022, en recourant à la technologie de Pledg en marque blanche. “Django a déjà signé 150 partenaires [commerçants, Ndlr], et même si la production est encore loin de celle de LBPCF, qui dépasse les 5 milliards d’euros par an, elle monte en puissance”, a dévoilé Philippe Heim, président du directoire, sans toutefois communiquer de montants d’origination.

Il a aussi révélé que Django a racheté la technologie de Joe, start-up passée par le Y Combinator et hébergée chez platform58, incubateur de La Banque Postale. Joe proposait une application permettant de fractionner a posteriori un paiement. Elle passait par Floa (groupe BNP Paribas) pour le financement. Son site et son application sont désormais indisponibles (l’application renvoie même vers la plateforme coup de pouce de Floa). “Nous avons été approchés en 2022 par Django, qui souhaitait mettre en place une solution de paiement fractionné à destination des consommateurs, explique Kevin Ohana, fondateur de Joe, à mind Fintech. Nous nous rendions compte que l’écosystème était compliqué, qu’il y avait un risque de régulation et qu’avec la hausse des taux d’intérêt, un acteur bancaire ayant accès aux taux interbancaires était en meilleure place pour gagner.” Django a racheté le fonds de commerce, avec l’application, les 15 salariés et les clients (Joe en revendiquait 200 000), mais pas la marque. Kevin Ohana prend en charge les produits BtoC de Django tandis que le CTO de Joe, Alexandre Leclercq, devient CTO de Django.

Django va lancer une application BtoC

“Cela nous permet de proposer un nouveau produit”, indique Philippe Heim. En plus de sa solution BtoBtoC de paiement fractionné, Django va en effet lancer une application BtoC permettant, dans un premier temps, de faire du paiement fractionné a posteriori sur une dépense grâce à la technologie de Joe. “D’autres fonctionnalités verront ensuite le jour”, prévoit Kevin Ohana.

Joe avait levé 2,5 millions d’euros auprès de Y Combinator et de business angels, parmi lesquels les fondateurs d’eFounders, puis avait levé 10 millions d’euros de dette en juin 2022 auprès d’un fonds basé au Royaume-Uni. Le montant du rachat par Django, finalisé en novembre 2022, n’est pas communiqué, mais “c’est une très belle sortie pour nos investisseurs”, assure le fondateur de Joe.

Les projets de déploiement à l’international de Django – un lancement en Italie et en Espagne avait été annoncés pour 2023 – semblent par contre repoussés. “Nous souhaitons déjà bien stabiliser le lancement en France”, commente Philippe Heim. Il ajoute que “le BNPL est un terrain mouvant actuellement, avec la nouvelle directive européenne [sur le crédit à la consommation, Ndlr] et l’impact de la conjoncture”. 

Dans un contexte dans lequel le BNPL est accusé de favoriser le surendettement (Klarna vient ainsi d’introduire des frais de pénalité au Royaume-Uni pour se prémunir d’une vague de défauts), Django se targue d’utiliser l’open banking pour scorer avec précision ses clients et de prôner un BNPL responsable, en faisant appel à l’association de lutte contre le surendettement Cresus et à l’outil de calcul de l’empreinte carbone Carbo.

Ma French Bank, grande absente des résultats annuels

Pour la première fois depuis 2018, aucune mention à Ma French Bank, la banque mobile du groupe, n’est faite dans les résultats annuels. Interrogé à ce sujet, Philippe Heim assure que la banque mobile est “un succès en termes de conquête, avec une marque installée et un NPS aux alentours de 40”, même si la société “en croissance est toujours en phase d’investissement” et “pas dans une phase d’équilibre”. Alors qu’Orange tente de se défaire de sa banque mobile, qui enregistre elle aussi de lourdes pertes chaque année, Philippe Heim assure que le groupe est “confiant dans la mise en œuvre de la trajectoire” de Ma French Bank. 

L’objectif d’atteinte de l’équilibre, initialement fixé à 2025, pourrait cependant être repoussé : “à ce stade, je ne dispose pas d’objectifs, répond Philippe Heim. Cela dépendra des paramètres de marché, comme le taux d’intérêt et la collecte de dépôts.” En 2021, Ma French Bank a enregistré un PNB de 8,8 millions d’euros pour une perte nette de 69,4 millions d’euros. La banque en ligne comptait 600 000 clients fin 2022, dévoile le président du directoire, contre 425 000 clients fin 2021.

Au global, en 2022, le résultat net part du groupe est en hausse de 66,6 %, à 1 milliard d’euros, tandis que le produit net bancaire, de 8,3 milliards d’euros, progresse de 3,7 %.