Accueil > Services bancaires > Francesco Simoneschi : “La plateforme d’open banking TrueLayer sera présente dans dix pays d’ici fin 2020” Francesco Simoneschi : “La plateforme d’open banking TrueLayer sera présente dans dix pays d’ici fin 2020” La plateforme d’agrégation créée en 2016 au Royaume-Uni, qui compte Monzo, Revolut et Zopa parmi ses clients, accélère son internationalisation. À l’occasion du Paris Fintech Forum, son CEO Francesco Simoneschi a décrit à mind Fintech sa vision du marché et la stratégie de la start-up. Par Aude Fredouelle. Publié le 05 février 2020 à 12h11 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h55 Ressources Où en est votre développement en Europe ? Nous nous sommes lancés au Royaume-Uni en anticipant le développement de l’open banking dans le pays, qui est le plus avancé en la matière. Nous nous sommes ensuite déployés en Irlande en décembre 2019, où nous comptons déjà des clients en production. Et nous conduisons une bêta privée en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne. Nous voulons attendre d’avoir un produit mature avant de le proposer à nos clients et bien que la DSP2 soit entrée en application en septembre 2019, seules quelques banques sont parées à ce jour. Nous observons néanmoins des progrès et, même s’il y a encore des problèmes à régler, nous avons vécu la même situation au Royaume-Uni et nous sommes persuadés que le marché sera bientôt prêt. La question cruciale est désormais de savoir à quel moment nous considérons que notre plateforme peut être utilisée dans ces pays par une banque ou une fintech. Nous voulons ensuite couvrir un maximum de pays d’Europe le plus rapidement possible. Où allez-vous ensuite vous étendre ? Nous étudions tous les pays qui ont prévu de développer l’open banking au niveau national dans les deux ou trois années à venir. Nous avons par exemple prévu de nous lancer cette année en Australie, où nous avons déjà recruté une équipe. Des initiatives sont aussi en cours en Amérique latine, et nous venons également de rejoindre l’organisation américaine Financial Data Exchange, qui travaille sur des standards open banking. L’objectif est de devenir l’infrastructure unifiée que pourront utiliser les applications financières dans de nombreux pays. D’ici la fin de l’année, nous voulons être présents dans dix pays, principalement en Europe. Allez-vous utiliser le web scraping pour les banques qui ne sont pas prêtes ou bien les comptes qui ne sont pas couverts par le périmètre DSP2 ? Non, nous n’utiliserons pas le web scraping, sauf de manière très opportuniste dans certains cas. Concernant les comptes qui n’entrent pas dans le cadre DSP2, hors paiement donc, nous pensons qu’une fois les APIs DSP2 déployées, les banques auront intérêt à les ouvrir sur un périmètre croissant de produits et que de plus en plus de comptes seront accessibles par APIs. Par ailleurs, nous étudions de nombreux cas d’usage comme la validation et la vérification de comptes, le credit scoring, le KYC, pour lesquels l’accès aux comptes de paiement suffit. Au Royaume-Uni, plus personne ne parle de web scraping avec authentification forte du client (SCA), car cette méthode n’est pas assez sécurisée. Je pense qu’il en sera de même à l’avenir dans l’Union européenne. En mettant en place des APIs et une authentification forte recourant à la biométrie, avec Face ID par exemple, on obtient une expérience utilisateur satisfaisante et aussi plus sécurisée. Résister aux APIs ne pourra pas fonctionner sur le long terme. Nous devons par contre travailler avec les banques pour les pousser à mettre en place une bonne expérience utilisateur. Au Royaume-Uni, nous sommes parvenus à une expérience client de haute volée, nativement sur mobile. Par ailleurs, se connecter à des APIs est bien plus rentable que le web scraping, qui coûte cher en maintenance et se révèle très intense opérationnellement. Etes-vous satisfait du standard open banking britannique, et de celui en train d’émerger dans l’Union européenne ? Le standard open source a été déployé par les plus grandes banques britanniques et les autres peuvent choisir de l’utiliser aussi, mais nous observons des différences. De manière générale, il existe un standard “minimal” mais chaque banque l’a adapté un peu différemment. Mais pour nous, le plus important dans la standardisation des APIs n’est pas le protocole technique, auquel nous pouvons nous adapter. Le principal problème est plutôt que la DSP2 n’a pas été écrite en pensant à des cas d’usage, donc cela a dû être clarifié au fur et à mesure. Par exemple, l’un des cas d’usage extrêmement simples de l’accès aux données des comptes de paiement est de confirmer l’identité de son détenteur. Mais il n’était pas clair, dans la DSP2, que le nom du détenteur devait être l’une des informations incluses par les banques. Le Berlin Group [groupement paneuropéen pour des standards interbancaires, ndlr] n’a donc pas mis le nom du détenteur du compte dans ses “specs”. Il a fallu que l’Autorité bancaire européenne s’exprime à nouveau sur le sujet pour que cela soit ajouté. Tout cela aurait pu être réglé si le régulateur avait réfléchi au cas d’usage. Au lieu de ça, des éléments ont été oubliés ou mal définis. Outre l’agrégation, quels services proposez-vous ? La vérification d’identité (KYC), l’agrégation de comptes, la catégorisation et le PFM (gestion de budget) et le prêt. Dans le cas du prêt, hormis la vérification de l’identité du prêteur, proposez-vous des solutions de credit scoring ou de financement avec des partenaires ? Nous ne le faisons pas en propre ou via une solution packagée [comme le fait Bankin’ avec Experian ou comme veut le faire Budget Insight, ndlr] mais si des clients nous approchent avec un projet, nous pouvons l’orienter vers le partenaire adéquat. Il arrive aussi que des acteurs du prêt qui vendent une solution nécessitant l’agrégation de comptes se tournent vers nous. Depuis janvier 2019, vous proposez l’initiation de paiement à vos clients. Quels volumes enregistrez-vous ? Au Royaume-Uni, peu d’acteurs font de l’initiation de paiement et ils sont encore moins nombreux à réaliser du volume, comme nous. Nous sommes en train de croître rapidement sur ce segment – nous initions des dizaines de milliers de paiements par semaine pour nos clients actuels. Le principal cas d’usage est l’alimentation des wallets, avec une adoption rapide sur le marché. Demain, peut-être que cela concernera aussi l’e-commerce, mais cela prendra du temps. Combien comptez-vous de clients et qui sont-ils ? Nous en avons quelques centaines au Royaume-Uni. Plus de 50% sont des fintech qui développent des produits innovants et qui sont relativement early-stage, 30% des fintech de grande envergure et 20% de grandes sociétés technologiques hors secteur financier. Par exemple, nous travaillons avec des néobanques comme Monzo ou Revolut, des plateformes de prêt comme Zopa, des agences de crédit comme Credit Lender, des PFM comme Emma et Plum… Et même des banques traditionnelles comme HSBC. Au Royaume-Uni, nous sommes en train de gagner le segment des fintech et nous grossissons rapidement avec elles. Plusieurs opérations significatives ont récemment eu lieu sur le secteur : en France, Casino est entré au capital de Bankin’, Arkéa a racheté Budget Insight puis le Crédit Agricole s’est emparé de Linxo. Aux Etats-Unis, Plaid a été racheté par Visa pour 5,3 milliards de dollars. Comment voyez-vous cette tendance et souhaitez-vous une sortie similaire pour TrueLayer ? Nous observons en effet un mouvement de consolidation mais nous essayons pour l’instant de rester indépendant : notre objectif est de devenir aussi gros que Stripe dans le paiement et de devenir rentable à terme. Mais pour l’instant, nous sommes soutenus par des investisseurs [TrueLayer a levé 45,8 millions de dollars, ndlr] et nous ne visons pas la rentabilité à court terme. L’objectif est de devenir un acteur global le plus rapidement possible car les cas d’usage qui sont en train de se matérialiser vont créer une demande pour une infrastructure multipays et à grande échelle, par pour des acteurs locaux comme Linxo en France ou Figo [qui a fusionné avec Finreach, ndlr] en Allemagne. Quel chiffre d’affaires avez-vous enregistré en 2019 ? Nous ne communiquons pas notre chiffre d’affaires mais il a enregistré une croissance à deux chiffres en 2019. Nous comptons un peu moins d’une centaine de collaborateurs au Royaume-Uni, en Australie et Irlande et nous devrions doubler de taille cette année. Nous sommes aussi en train d’ouvrir un bureau en Italie. TrueLayer Plateforme d’open banking Siège : Londres Création : 2016 CEO : Francesco Simoneschi Pays : Royaume-Uni, Irlande. En bêta en France, Allemagne, Italie, Espagne. Clients : “plusieurs centaines” Fonds levés : 45,8 millions de dollars Investisseurs : Anthemis Group, Temasek Holdings, Tencent Holdings, Connect Ventures, Northzone Effectifs : une centaine de salariés Francesco Simoneschi Depuis 2016 : cofondateur et CEO de TrueLayer Depuis 2014 : cofondateur de Mission et Market 2015 – 2016 : VP stratégie chez FOVE 2013 – 2015 : tech lead puis chef de produit chez Upsight 2012 – 2013 : fondateur de Staq 2006 – 2012 : VP développement produit chez DomainsBot 2004 – 2008 : CEO de Phatsoft Formation 2013 : diplômé de la London School of Economics and Political Science Diplôme d’ingénieur à l’université de La Sapienza (Rome) Aude Fredouelle agrégateurDSP2open bankingPFM Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind