[Info mind Fintech] SG-Forge a enregistré un PNB en baisse en 2024

SG-Forge, la filiale crypto du groupe Société Générale, a enregistré un produit net bancaire (PNB) de près de 1,9 million d’euros au titre de l’année 2024, selon ses comptes annuels consultés par mind Fintech. Après avoir bouclé deux exercices avec un PNB supérieur à 2 millions d’euros, la société accuse une baisse d’un demi-million d’euros par rapport à 2023 (-21 %). Dans le même temps, SG-Forge creuse ses pertes. Avec une perte nette comptable de 8,6 millions d’euros en 2024, le report à nouveau de la filiale s’établit à -16,7 millions d’euros.

SG-Forge a obtenu l’agrément d’EME en 2024

Contactée, la société n’a pas souhaité commenter ces résultats. Dans son rapport, SG-Forge souligne que l’année 2024 – le premier semestre essentiellement – a notamment été consacrée à l’obtention d’un agrément d’établissement de monnaie électronique (EME). Grâce à ce jalon réglementaire, la filiale de Société Générale a pu inaugurer la liste blanche des stablecoins conformes au règlement sur les marchés de cryptoactifs (MiCA) avec son EUR CoinVertible (EURCV) en même temps que l’Américain Circle (USDC et EURC).

L’EURCV a aussi fait l’objet de multiples développements cette année-là. Lancé en 2023 sur Ethereum, le stablecoin a rejoint deux autres blockchains publiques en 2024 : Solana et XRP Ledger. SG-Forge a aussi noué un partenariat avec le néocourtier autrichien Bitpanda pour développer son usage au-delà des institutionnels et capter un public de particuliers. Plus globalement, “pour soutenir la liquidité de l’EURCV, Société Générale-Forge a établi plusieurs partenariats stratégiques avec des market makers et des brokers, renforçant ainsi son réseau et sa capacité à répondre aux besoins du marché”, écrit la société dans ses comptes annuels. À la date où nous publions cet article, le 7 juillet, près de 47 millions d’EURCV sont en circulation, indique l’entreprise sur son site web. 

SG-Forge rappelle aussi ses participations à plusieurs expérimentations, telles que la structuration d’une “émission de security token, avec un règlement et une livraison en monnaie digitale de banque centrale”, dans un projet mené par la Banque centrale européenne (BCE), ou encore la réalisation d’un “premier repo de security token natif en collaboration avec la Banque de France”.

Lancement de l’USDCV

En parallèle, SG-Forge a également travaillé sur un deuxième projet de stablecoin, adossé au dollar cette fois, dont le lancement est prévu en juillet 2025. Dénommé USD CoinVertible (USDCV), il s’appuie sur les caractéristiques de l’EURCV : des débuts sur Ethereum avant d’être déployé sur Solana et listé sur des plateformes d’échange de cryptoactifs et courtiers, accessible à la fois aux investisseurs institutionnels, aux entreprises et aux particuliers et, enfin, conforme à MiCA, selon un communiqué de SG-Forge. Différence notable : les réserves en dollars seront conservées chez la banque dépositaire BNY Mellon. Les réserves en euros pour l’EURCV sont, elles, chez Société Générale.

Les deux jetons de monnaie électronique (JME) peuvent notamment “être utilisés par les clients de SG-Forge dans leurs différentes activités : trading de crypto, paiements transfrontaliers, règlement sur la blockchain, opérations de change, gestion de trésorerie et de collatéral”, indique la société.

SG-Forge muscle ses équipes

Dans son rapport annuel, SG-Forge pointe également le poste ressources humaines, en augmentation, pour expliquer l’évolution de ses résultats. “Dans le cadre de son développement commercial, Société Générale-Forge a procédé à des recrutements stratégiques, visant à renforcer ses équipes et à soutenir la croissance de son stablecoin EURCV.” Les frais de personnel grimpent ainsi à près de 4,8 millions d’euros en 2024, contre 3,2 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 49 %. L’effectif moyen augmente moins vite, passant de 14,85 personnes en 2023 à 19,55 en 2024 (+32 %). À la fin de l’exercice, SG-Forge comptait 21 salariés cadres. “Société Générale-Forge fait également appel à des salariés détachés provenant de Société Générale France et Société Générale US”, précise la société dans ses documents.

Parmi les recrutements notables en 2024, celui de Stéphanie Cabossioras, ancienne co-DG France de Binance et ex-directrice adjointe des affaires juridiques de l’AMF, au poste de secrétaire générale, en remplacement de Stéphane Blemus. SG-Forge a aussi mis la main sur Guillaume Chatain, ancien responsable des ventes aux institutionnels de Coinbase pour les régions EMEA et APAC, afin de diriger le développement commercial de l’entreprise. Devenu chief revenue officer de la société en septembre 2024, Guillaume Chatain a finalement mis les voiles vers le market maker belge spécialisé dans les actifs numériques Keyrock en juin 2025, selon son profil LinkedIn. Une entreprise bien connue de SG-Forge, qui y a recours depuis fin 2024 pour stimuler la liquidité de son EURCV, aux côtés de Flowdesk et Wintermute.

D’après LinkedIn, SG-Forge a aussi fait appel à Alexandre Tortochot en 2024. Cet ancien de la Banque de France, spécialisé dans les sujets de blockchain et de monnaies numériques de banque centrale (MNBC), est devenu product owner blockchain de la filiale en juillet 2024. Quatre mois auparavant, c’est Catherine Le Barillec qui rejoignait les effectifs de Société Générale-Forge en tant que customer success manager. Elle exerçait auparavant en tant que directrice des opérations au sein d’IZNES, la plateforme d’investissement de parts d’OPC basée sur une technologie de registre distribué (Hyperledger Fabric), dans laquelle Société Générale est actionnaire minoritaire.

Augmentation de capital en 2024

Durant l’exercice, SG-Forge a réalisé une augmentation de capital de près de 7,8 millions d’euros auprès de Société Générale Ventures, la filiale de corporate venture du groupe bancaire. Société Générale Ventures est le principal actionnaire de SG-Forge, avec 91,18 % du capital fin 2024, contre 90,90 % fin 2023. Au 31 décembre 2023, le directeur général de SG-Forge, Jean-Marc Stenger, était le deuxième actionnaire de la société (avec 2,81 % des actions souscrites en son nom propre et 4,15 % via la société par actions simplifiée qu’il préside, Digital Capital Group). 

Des actions gratuites ont également été attribuées au cours de l’exercice, de sorte que le capital social de la société s’élève à 28,1 millions d’euros en fin d’exercice (et encore à ce jour), contre 19,6 millions d’euros fin 2023.