Accueil > Services bancaires > La BaFin sonne la fin des restrictions pour N26 La BaFin sonne la fin des restrictions pour N26 Sous pression du régulateur financier allemand depuis plus de deux ans pour des manquements dans son dispositif de lutte anti-blanchiment, le challenger N26 a su montrer patte blanche. Prochain objectif : une rentabilité mensuelle d’ici fin 2024. Par Caroline Soutarson. Publié le 28 mai 2024 à 17h56 - Mis à jour le 29 mai 2024 à 15h22 Ressources “Je suis heureux d’annoncer que la BaFin a entièrement levé la restriction de croissance de N26 à compter du 1er juin 2024. Cette étape est le résultat d’un échange étroit avec le régulateur et à des investissements en matière de conformité, d’effectif et d’infrastructure au cours de ses derniers deux ans et demi”, se réjouit dans un post LinkedIn le cofondateur et CEO de N26 Valentin Stalf. Le dirigeant indique par ailleurs que l’entreprise continuera de travailler étroitement avec l’Autorité. Sous la surveillance de la Bafin depuis fin 2021 à cause de failles dans son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent en parallèle d’une forte croissance, le challenger allemand avait été limité à 50 000 nouveaux onboardings client par mois depuis, limite relevée à 60 000 en décembre 2023. Avant ces restrictions, la société assure qu’elle accueillait en moyenne 170 000 nouveaux utilisateurs par mois. Les mesures de la BaFin ont aussi donné lieu à des sanctions pécuniaires : une première amende de 4,25 millions d’euros en 2021, puis une autre de 9,2 millions d’euros la semaine dernière (mai 2024). Un coût d’opportunité de plusieurs milliards d’euros Pour se mettre en conformité et retrouver faveur auprès de la BaFin, N26 a récemment révélé avoir investi plus de 100 millions d’euros, amendes comprises. Mais pour Valentin Stalf, les coûts indirects sont bien plus importants. “L’impact [de cette limitation, Ndlr] sur N26 se chiffre certainement en milliards d’euros car elle a fait baisser la valorisation de l’entreprise puisque nous ne pouvions pas nous développer”, a-t-il déclaré au Financial Times. Après avoir bouclé un tour de table de plus de 900 millions de dollars en Série E en octobre 2021, la valorisation de N26 s’élevait à plus de 9 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros). Hormis cet impact sur la valorisation, N26 a aussi pris du retard dans la course à l’acquisition de nouveaux clients, mais aussi en notoriété. Alors que le challenger allemand dénombrait 8 millions de clients fin 2021 (au moment où tombent les premières sanctions), ce nombre n’a pas progressé les deux années suivantes, selon notre étude annuelle sur le nombre de clients des acteurs de la banque numérique. Cette stagnation s’explique d’une part par les restrictions de la BaFin (la limite de 50 000 onboardings mensuels impliquait de compter 600 000 nouveaux clients par an au maximum), mais aussi celles du régulateur italien qui interdit à N26 d’accueillir de nouveaux clients et de proposer de nouveaux produits sur son marché depuis 2022. D’autre part, par l’attrition naturelle et une mise à jour de la stratégie d’expansion à l’international du challenger, davantage centrée sur l’Union européenne. Durant ces deux ans et demi, N26 a ainsi annoncé la fermeture de ses activités au Brésil et au États-Unis, qui avait suivi un premier retrait du Royaume-Uni en 2020. De son côté, son concurrent direct Revolut n’a pas chômé. Sur la même période, l’acteur britannique est passé de 18 à 35 millions de clients (voir graphique), et plus de 40 millions depuis. Le challenger néerlandais bunq a également profité de cette phase basse de N26 pour le dépasser, avec 12,5 millions d’utilisateurs revendiqués en mai 2024 (11 millions en décembre 2023). Notre base de données des nombres de clients, en France et dans le monde, des principales banques en ligne, néobanques et challengers Rentabilité mensuelle en 2024 La course aux clients n’est toutefois plus au programme pour N26. Comme pour la plupart des fintech à présent, l’heure est davantage à prouver la solidité de son modèle économique qu’à dépenser des millions en acquisition de nouveaux clients. “Notre principale priorité ne sera pas la croissance, mais la rentabilité des clients et l'attractivité du marché”, confie ainsi Valentin Stalf au Financial Times. Dans ce cadre, la société espère “atteindre une rentabilité globale mensuelle au cours du second semestre 2024”. Au titre de l’exercice 2023, la société a enregistré plus de 300 millions d’euros de chiffres d’affaires, en hausse de 27 % par rapport à 2022 (236,3 millions euros) pour des pertes réduites de moitié à 100 millions d’euros (contre -213,4 millions d’euros en 2022). Valentin Stalf indique au média britannique vouloir augmenter ses revenus de 35 % en 2024. Caroline Soutarson challengerlutte anti-blanchimentrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire LCB : la BaFin inflige une nouvelle amende à N26 L’attrition bancaire a bénéficié aux acteurs traditionnels en 2023 Clients des banques en ligne et des néobanques : BoursoBank continue de creuser l’écart avec ses concurrentes Tarifs, modes de facturation, type de carte… Quelles offres les banques en ligne et les néobanques proposaient-elles fin 2023 ? N26 étend son offre d’épargne en Europe