[Info mind Fintech] Moins de 20 % des téléchargements de Lyf Pay avaient abouti à son utilisation fin 2019

mind Fintech publiait le 3 février un article sur le wallet commerçant Lyf Pay, indiquant notamment des chiffres de croissance relayés par la société. Entre-temps, nous avons eu accès aux documents comptables du groupe portant sur son exercice 2019, qui nous permettent de rectifier certaines des informations. 

Chiffre d’affaires : 1,3 million d’euros en 2019

D’abord, pour réviser à la hausse son chiffre d’affaires 2019. Les 722 078 euros évoqués dans notre précédent article concernaient uniquement Lyf SAS, et non le groupe au global. En 2019, le groupe Lyf Pay a ainsi enregistré un chiffre d’affaires clientèle de 1,3 million d’euros et essuyé une perte nette de 27,3 millions d’euros.

Nombre d’utilisateurs

Ensuite, pour réviser à la baisse le nombre de ses utilisateurs. Interrogé par mind Fintech, le CEO de Lyf Pay, Christophe Dolique, assure en effet compter 1,7 million d’utilisateurs (définis comme ceux ayant téléchargé l’application et réalisé au moins une transaction) à la fin 2020, et indique que ce chiffre a augmenté de 30 % en un an. Cela signifierait que la start-up comptait 1,3 million d’utilisateurs fin 2019 et qu’elle en a recruté 400 000 supplémentaires en un an. Cela impliquerait également que Lyf Pay aurait réussi à recruter 1,3 million d’utilisateurs entre mi-2017 et fin 2019, soit une moyenne de 500 000 nouveaux clients par an, dans une période de lancement où la société ne pouvait s’appuyer que sur un nombre encore limité de commerçants partenaires et de points d’acceptation et où elle n’était pas encore promue dans les applications de ses actionnaires BNP Paribas et le Crédit Mutuel.

Pourtant, les documents comptables portant sur l’année 2019, consultés par mind Fintech, font état de chiffres plus modestes. Ils indiquent en effet que “la communauté d’utilisateurs est en croissance mais reste insuffisamment active. Nous avons dépassé le nombre de 2,5 millions de téléchargements de l’application Lyf, soit un quasi-doublement du nombre atteint en fin 2018, tandis que seulement 20 % environ de ces téléchargements aboutissent à une première utilisation””. Selon ces documents, Lyf Pay comptait donc 500 000 utilisateurs à fin 2019, au lieu des 1,3 million annoncés, soit 800 000 de moins. Le rapport indique par ailleurs que “le volume de transactions de paiements s’accroît, pour atteindre 3 000 000 en 2019, mais reste très inférieur à nos objectifs”. 

La société assure en outre que Lyf Pay a été téléchargée 3,6 millions de fois à fin 2020. Si elle comptait 1,7 million d’utilisateurs à cette date, comme le dit son CEO, les calculs situent son taux de transformation à 47 %. Un chiffre bien supérieur aux 20 % évoqués dans son rapport un an plus tôt. 

Interrogée à ce sujet, la direction de Lyf Pay explique seulement qu’elle confirme le nombre de 1,7 million d’utilisateurs, sans commenter les informations données par son rapport comptable 2019.

Nombre de points d’acceptation 

Lyf Pay assurait également en juin 2018 à mind Fintech compter 10 000 points d’acceptation, dont 30 % de grandes enseignes. Mais nous remarquions alors, déjà, que “le site de la société ne référence encore qu’un millier de points de vente, dont une écrasante majorité d’associations et bureaux étudiants, qui utilisent la solution pour recueillir les dons et cotisations.” Son rapport annuel 2019 semble confirmer que le réseau n’était pas aussi développé que ce qu’indiquait la direction de la société : “le réseau d’acceptation Lyf s’est fortement agrandi, passant de 800 points d’acceptation en 2018 à 6 000 points en fin d’année 2019”. 

Interrogée à ce sujet, la société explique que “le chiffre de 6 000 points en fin d’année 2019 ne prend pas en compte l’ensemble du réseau d’acceptation”, sans autre précision, et assure en compter actuellement 35 000.

Dans le paiement mobile, des chiffres de croissance souvent opaques

Lydia, concurrent direct de Lyf Pay, assure qu’elle comptait 4,4 millions d’utilisateurs (ayant créé un compte Lydia) à fin 2020 (principalement en France, mais sans donner la part exacte), contre 2,9 millions d’utilisateurs fin 2019, sans toutefois en préciser la part d’actifs. Lydia, qui a levé près de 140 millions d’euros depuis sa création en 2013 pour financer sa croissance, ne communique pas non plus sur ses volumes ni son chiffre d’affaires. Cyril Chiche, son CEO, avait simplement expliqué en septembre 2020 à Sifted viser le seuil de rentabilité d’ici 2021 en dégageant en moyenne 15 euros de revenus annuels par utilisateur actif, soit 1,2 euro par mois. “La rentabilité reste un sujet central et nous la visons toujours pour l’activité française d’ici fin 2021, mais pas au global puisque nous allons croître à l’étranger”, commentait Cyril Chiche auprès de mind Fintech en décembre 2020.

De son côté, l’application de paiement entre particuliers Pumpkin rachetée par Arkéa, assure compter 1,3 million d’utilisateurs (contre 250 000 en juillet 2017, lors du rachat), c’est-à-dire “des personnes qui se sont créé un compte Pumpkin” (sans forcément réaliser de transaction). En septembre 2020, lors du lancement par Pumpkin de sa néobanque, 250 millions d’euros avaient été échangés sur sa plateforme. En trois mois, plus de 30 000 personnes ont lancé le processus de commande de la carte bancaire Pumpkin, indique par ailleurs la société.

Des utilisateurs ayant ouvert un compte n’auront pas forcément réalisé des transactions par la suite. La preuve : Paylib, application de paiement des grandes banques françaises (dont le Crédit Mutuel et BNP Paribas), et d’ailleurs proposée comme moyen de paiement pour alimenter le wallet Lyf Pay, communique sur 15 millions d’inscrits… mais seulement 4,5 millions d’utilisateurs, qui ont réalisé au moins une opération, soit un taux de transformation de 30 %. La solution à la fois disponible en propre et intégrée aux applications de ses banques membres est promue par ses actionnaires. Paylib ne précise pas le degré d’activité des utilisateurs ni les volumes de transactions.

Le géant Paypal, de son côté, annonçait en septembre 2019 avoir franchi le cap des 10 millions d’utilisateurs actifs dans l’Hexagone et qu’en moyenne, un utilisateur PayPal réalise 39 transactions par an. Mais ces chiffres regroupent à la fois le paiement en ligne (service le plus utilisé en France), le paiement entre particuliers, les cagnottes… 

Du côté des applications de paiement des géants américains, les X Pay, la communication est inexistante. Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay ne communiquent pas sur le nombre d’utilisateurs français ou leurs volumes de transactions.