Accueil > Services bancaires > Paiements > [Info mind Fintech] Lyf, le wallet de BNP Paribas et du Crédit Mutuel, a encore perdu 17,7 millions d’euros en 2023 [Info mind Fintech] Lyf, le wallet de BNP Paribas et du Crédit Mutuel, a encore perdu 17,7 millions d’euros en 2023 Lyf vient de déposer ses comptes pour l’année 2023. L’application de paiement du Crédit Mutuel et de BNP Paribas, a enregistré une perte nette de 17,7 millions d’euros, en légère baisse par rapport à l’année précédente, tandis que le chiffre d’affaires, en stagnation, s’établit à 1,8 million d’euros. Par Aude Fredouelle. Publié le 14 octobre 2024 à 17h47 - Mis à jour le 16 octobre 2024 à 17h04 Ressources L’application de paiement Lyf (ex-Lyf Pay), contrôlée par BNP Paribas et Crédit Mutuel, ne parvient pas à trouver son modèle. Elle a enregistré une nouvelle perte de plus de 17 millions d’euros en 2023, selon les comptes consultés par mind Fintech. En cumulé, depuis 2017, les pertes dépassent les 162 millions d’euros. Contactée, la société n’a pas souhaité donner suite à nos demandes d’interviews. Le chiffre d’affaires, lui, atteint 1,8 million d’euros en 2023, comme l’année précédente (+1,2 %). Le président Christophe Dolique évoque dans le rapport “un contexte conjoncturel compliqué impactant les résultats commerciaux”, mais “un résultat prévisionnel en ligne avec le budget”, et “une bonne maîtrise des coûts”. Le projet de budget 2024 prévoit une réduction de la perte nette à 14,9 millions d’euros, grâce à une contraction des coûts de 5,4 % (sous-location d’une partie des locaux et diminution de 6 % des dépenses de R&D, déjà baissés de 10 % en 2023) ainsi qu’une augmentation de 82 % des revenus (soit un objectif de 3,3 millions d’euros). Les fintech BtoC des banques, gouffres financiers Auchan, Oney, Mastercard et Casino ont quitté le navire En juin 2018, Lyf était détenue à 45,7 % par BNP Paribas et à 45,7 % par le Crédit Mutuel (via sa filiale Euro-Information), à 3 % par Auchan, à 2 % par Oney Bank (alors détenue par Auchan), à 2,5 % par Mastercard et à 1 % par Casino. Fin 2023, BNP Paribas et Crédit Mutuel étaient quasiment devenus les seuls maîtres à bord : les deux groupes, qui continuent d’investir dans la société, détiennent désormais 49,99 % du capital chacun, tandis que les autres acteurs (Auchan, Mastercard, Oney Bank, Casino) n’ont plus que quelques actions. Les actionnaires ont dû refinancer régulièrement la société pour poursuivre son activité. Deux opérations ont eu lieu en 2023 pour un total de plus de 115 millions d’euros sans que cela ne soit suffisant : “compte tenu du résultat de l’exercice, les capitaux propres sont redevenus inférieurs à la moitié du capital social” et “le conseil d'administration du 10 novembre 2023 a pris acte que les besoins de financement qui sont estimés pour l'année 2024 à 15 millions d’euros, seront assurés par les deux actionnaires majoritaires en l'occurrence BNP Paribas et Euro-Information sous la forme d'avances en compte courant d'associés”. Pour rappel, Lyf Pay a été créée en mai 2017 suite à la fusion de Fivory (lancé en 2014 par Crédit Mutuel puis ralliée par Auchan, Total, Mastercard et Oney) et de Wa ! (soutenu par BNP Paribas et Carrefour mais jamais sorti de la phase de test). Carrefour est sorti du capital en 2018, suite au changement de gouvernance à la tête du groupe Carrefour. La restauration comme levier de croissance Lyf cible notamment le secteur de la restauration (paiement à table, commande à table, click & collect…) et assure que le potentiel de ce marché “se confirme”. En 2023, un partenariat a notamment été signé avec les réseaux Crédit Mutuel et CIC pour distribuer des packages “restauration” afin de toucher les restaurateurs indépendants, indique la société. En fin d’année 2023, Lyf comptait 620 établissements clients. En estimant que 15 % des additions seront traitées par les solutions digitales, Lyf prévoit que ces clients représenteront environ 2 millions de transactions et 600 000 euros de revenus par an - mais en décembre 2023, elle n’enregistrait encore que 32 000 transactions (soit moins de 400 000 en volume annualisé). Dans sa feuille de route, Lyf indique souhaiter à la fois viser les indépendants via ces réseaux et les grands comptes de la restauration, en s’appuyant sur un réseau de partenaires (les solutions de menus en ligne Tastycloud, de commande et de paiement SmileIn et Skeat, d’encaissement CarréPOS, de logiciel de caisse Apitic, etc.). Pour augmenter de 82 % ses revenus en 2024, la société mise sur la hausse des revenus associés à la restauration de 60 000 à 600 000 euros. Autre cible en vue : les grands comptes du retail. En 2023, la société reconnaît “des résultats décevants” sur ce segment, liés selon elle à la conjoncture, avec toutefois une dynamique en amélioration au second semestre. En 2024, elle mise notamment sur la reprise des volumes Alipay au Printemps. Concurrence des solutions SoftPos pour les indépendants Enfin, sur le segment des pros et des indépendants, le développement est “en ligne avec les objectifs”, mais “l’arrivée des nombreuses solutions SoftPos sur le marché, venant en concurrence partielle avec la solution Lyf Pro, va venir impacter l’activité de Lyf en 2024”, prévoit le président. La société dévoile qu’une réflexion est en cours sur les aspects fonctionnels et de distribution - Lyf Pro étant à fin 2023 majoritairement commercialisée via les réseaux Crédit Mutuel, CIC et BNP Paribas. Facturation des contributions aux cagnottes En 2024, pour accroître ses revenus, Lyf mise aussi sur des revenus additionnels d’environ 400 000 euros sur de nouvelles activités comme le scan & go (pourtant déployée en 2020) et Lyf Up (suite de solutions publicitaires pour les annonceurs lancée en juin 2021). La société, dont les cagnottes étaient jusqu’ici gratuites -les seules sur le marché-, a également mis en place une facturation des contributions externes “pouvant générer environ 400 000 euros de revenus en 2024, et 600 000 euros en année pleine”. Baisse des utilisateurs actifs L’application de paiement commerçants peine aussi à gagner des utilisateurs finaux. Elle a connu une activité stable en 2023, mais une baisse du nombre d’utilisateurs actifs mensuels en fin d’année, dont la proportion n'est pas précisée. En cause, selon les comptes annuels : le lancement des applications Crédit Mutuel Pay et CIC Pay. “Cela se traduit par une baisse de l’acquisition de nouveaux utilisateurs Lyf provenant des applications Crédit Mutuel et CIC.” La société affiche toutefois des volumes de paiement entre particuliers (P2P) en hausse de 42 % en 2023, du service cagnotte de 35 % et des volumes de paiement de 53 %. Pour faciliter les cas d’usage en restauration, Lyf a par ailleurs lancé en 2023 une web app permettant aux marchands d’adresser des clients ne possédant pas l’application. À date, “nous avons atteint les 9 millions de téléchargements et les 4,3 millions de comptes créés”, indique à mind Fintech Aude Schapiro, chief marketing officer (contre plus de 8 millions de téléchargements et 4 millions de comptes créés fin 2023, selon le site internet de Lyf). L’application obtient une note de 4 sur 5 sur Android et de 4,6 sur l’App store. Lyf se heurte à la concurrence de multiples acteurs du paiement bien plus développés sur chacun de ses segments : Lydia, Apple Pay et Google Pay pour le paiement en magasin, Sunday, sur le segment de la restauration... Ses deux actionnaires sont par ailleurs des soutiens du wallet paneuropéen wero, qui vient de remplacer Paylib en France pour le paiement P2P et qui affiche sur sa feuille de route de nombreuses fonctionnalités similaires à celles de Lyf telles que P2P, P2Pro, en ligne, en magasin, ainsi que des services à valeur ajoutée : BNPL, intégration des programmes de fidélité des retailers, partage des dépenses, scan & go (paiement sans TPE), etc. Reste à savoir comment BNP Paribas et le Crédit Mutuel voient le futur pour ces deux services concurrents. Aude Fredouelle application mobilepaiement en lignepaiement en magasinpaiement entre particulierswallet Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire 6 Français sur 10 ont déjà effectué un paiement mobile en magasin Thomas Zink prend les commandes des fintech de BNP Paribas Paylib affiche un bilan positif à l’aube de sa disparition au profit d’EPI