Accueil > Industrie > Vincent Bouvier (VIDAL) : “L’internationalisation est une priorité pour VIDAL” Vincent Bouvier (VIDAL) : “L’internationalisation est une priorité pour VIDAL” Marque plus que centenaire, VIDAL a entamé depuis trente ans une transformation de son modèle pour devenir un outil numérique de prescription médicamenteuse qui, aujourd’hui, intègre des algorithmes d’aide à la décision. Pour mind Health, Vincent Bouvier, Président de VIDAL, revient sur les grandes étapes de cette évolution qui s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification et d’expansion internationale du groupe. Par Sandrine Cochard. Publié le 12 février 2024 à 9h00 - Mis à jour le 13 février 2024 à 16h33 Ressources Le groupe VIDAL a entamé une transformation de son modèle, passant d’une “bible” physique de l’information médicamenteuse à une base de données en ligne intégrant notamment des algorithmes d’intelligence artificielle. Quelles ont été les grandes étapes de cette transformation ? Depuis le début du XXe siècle, la mission de l’entreprise est d’assister les professionnels dans le bon usage des produits de santé. Le “livre rouge” a été créé en 1914 et visait à construire un dictionnaire d’information médicamenteuse. Ce modèle a continué jusque dans les années 1995 et s’est progressivement étoffé, à mesure que la pharmacopée grandissait elle-même et que les produits devenaient plus complexes. Nous avons progressivement intégré le numérique : le premier CD-Rom fait à partir de la base VIDAL date de 1995. Cela coïncide avec l’arrivée d’internet et de la première base de données en ligne de VIDAL. Notre mission n’a jamais changé, c’est notre façon de le faire qui a évolué. Quel est le positionnement de VIDAL ? Les professionnels sont confrontés à une difficulté : la connaissance médicale sur les produits et les stratégies thérapeutiques ne fait qu’augmenter. Deux-tiers des produits actuellement disponibles sur le marché français présentent des interactions avec d’autres produits. Il existe ainsi, dans pratiquement toutes les prescriptions, un risque de devoir gérer un problème d’interaction. Autre exemple : les produits les plus complexes, notamment en cancérologie, ont parfois plus de dix modifications de données sur leur sécurité par an, notamment au moment de leur mise sur le marché.. Donc comment se tenir à jour de tout ça ? D’autant que ces produits, même s’ils sont prescrits à l’hôpital, sont gérés de plus en plus par les médecins généralistes parce que les patients sont suivis en ambulatoire. Un système expert pour assister le professionnel est devenu indispensable pour maintenir cette chaîne de connaissance tout au long des parcours de soin. Deuxième enjeu : les données des patients qui sont de plus en plus nombreuses et qui peuvent varier dans le temps. Le professionnel de santé a donc deux complexités à gérer en même temps. C’est là que VIDAL vient se positionner, avec ses algorithmes décisionnels, pour assister le professionnel à faire les bons choix et à éclairer sa décision thérapeutique. Iatrogénie et conciliation médicamenteuse, une course de fond pour l’innovation Comment VIDAL a-t-il opéré son virage numérique ? Les données des patients sont de plus en plus digitales et de plus en plus exploitables par les algorithmes pour personnaliser l’aide à la décision. VIDAL a opéré plusieurs mutations : la digitalisation de sa base de connaissance mais aussi son intégration dans les outils de production de soins au lit du patient pour la prescription, la délivrance ou l’administration des produits. C’est un exercice difficile de rendre la bonne information disponible au bon endroit et au bon moment. Et cela nécessite une intégration fine dans les logiciels métier que ce soir à l’hôpital, à l’officine ou en cabinet médical. Un travail commun avec les éditeurs de logiciels est nécessaire pour bien exécuter cette intégration. Notre service est délivré sous forme d’API qui sont en ligne et sont mises à jour en permanence. Comment fonctionne votre algorithme d’aide à la décision ? Ces algorithmes permettent par exemple de vérifier les contre-indications d’un traitement. Concrètement, le professionnel se connecte à notre base de connaissance sur les produits et accède aux informations de type “tels produits sont contre-indiqués dans tel ou tel cas” et s’il existe dans le dossier du patient une pathologie qui serait une contre-indication, l’algorithme le signale au professionnel. Là où on a beaucoup progressé et où on va continuer à progresser grâce à l’intelligence artificielle, c’est dans la capacité à détecter ces pathologies qui peuvent être des contre-indications dans les dossiers patients. C’est ce qui va nous permettre de personnaliser davantage le conseil aux professionnels. Nos premiers algorithmes ont été déployés dans les années 2008-2009, et nous les améliorons en permanence depuis, notamment pour avoir des alertes plus spécifiques. La stratégie de VIDAL porte également sur une diversification de ses activités. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Notre cœur de métier est l’activité “décisionnel médical”, donc les outils d’aide à la décision. Le groupe se diversifie et a investi d’autres champs de services aux professionnels : le logiciel lui-même, avec maintenant plusieurs logiciels qui sont au sein du groupe, comme Dr Santé par exemple (le groupe VIDAL a annoncé le 11 septembre 2023 avoir fait l’acquisition de la société Calimaps, éditeur du logiciel de gestion médicale DrSanté, NDLR). Nous investissons également dans la formation professionnelle. Étant spécialiste de la thérapeutique, nous pensons que nous avons beaucoup à apporter dans la formation également, complémentaire de nos activités actuelles. Insuffisance rénale : GPR et VIDAL partenaires pour mieux prescrire Quelle est votre vision de l’évolution du marché de la conciliation médicamenteuse, où de nouveaux acteurs sont arrivés en 2023 ? (cf en septembre dernier, Posos a créé sa propre base de données médicamenteuses, Medical Data Base) La problématique de la conciliation est importante car c’est l’un des moments du parcours de soins où le risque lié à l’utilisation du médicament est élevé. D’autant qu’un traitement suivi à l’hôpital ne sera pas toujours disponible en ville (et vice-versa). Il faut donc pouvoir assister les professionnels avec des outils pour gérer les alternatives thérapeutiques lorsque c’est nécessaire. Les acteurs comme nous, spécialisés sur le bon usage des médicaments, devront avoir une couverture de ces différents moments de fragilité pour pouvoir être le plus efficace possible. VIDAL – Chiffres clés Effectif : 500 personnes monde dont 350 en France (les autres sont basés dans les filiales en Allemagne et en Espagne) 70 experts (médecin, pharmacien, pharmacologues, datascientists) concentrés sur l’information et les données des produits de santé et la thérapeutique. 80 M€ de CA en 2023 170 000 médecins utilisateurs en France, +500 000 en Europe Quel est le business model de VIDAL aujourd’hui ? Il est basé sur les abonnements au service décisionnel et les fournitures de données aux hôpitaux, aux officines et aux professionnels de santé libéraux, principalement les médecins, et demain l’ensemble de ceux qui prescrivent. La e-prescription, qui va se généraliser, va aussi rendre nécessaire à tous ceux qui prescrivent d’avoir ce type de services. Quel est l’ampleur de votre déploiement en France ? On travaille avec plus des deux-tiers des éditeurs français en médecine libérale. Aujourd’hui, nos bases sont intégrées dans environ 400 solutions de production de soin, à l’échelle européenne, et nous sommes présents en tant qu’outils de consultation dans quasiment tous les hôpitaux français. Au total 9 plus de 350 000 professionnels de santé sont inscrits à nos services et plus de 9 médecins sur 10 les utilisent régulièrement. Quelle est la feuille de route de VIDAL pour l’année 2024 ? L’arrivée assez massive de données patient sous forme digitale et actionnable constitue un vrai tournant, impulsé notamment par le programme Ségur. Cela se traduit concrètement par l’arrivée de données dans Mon Espace Santé pour chacun d’entre nous. Ces données vont pouvoir être mobilisées dès 2024 par les éditeurs de solutions métier et elles vont venir enrichir et améliorer le service décisionnel pour les professionnels. Pour nous, c’est une étape essentielle. On n’a pas toujours conscience des efforts fournis par les autorités ces dernières années, mais la France est en avance dans la capacité à échanger de façon sécurisée de la donnée patient interopérable pour alimenter les professionnels et leur permettre de mieux soigner. C’est quelque chose que l’on voit encore assez peu ailleurs, dans le reste de l’Europe. Donc nous sommes en train de construire cette industrie, et ceci nous permettra de pouvoir exporter notre savoir-faire et notre expertise. L’internationalisation est une priorité pour Vidal. Nous sommes implantés en France et nous avons des filiales en Allemagne et en Espagne qui se développent très bien. On a également une base localisée pour 5 pays d’Amérique latine. Nous envisageons d’étendre nos positions vers l’Est de l’Europe et de renforcer nos positions au Moyen-Orient. Nous avons beaucoup investi pour que notre base de connaissances réponde aux standards internationaux. Les éditeurs de logiciels, de plus en plus globalisés et opérant dans plusieurs pays, nous demandent en effet d’avoir des solutions les plus unifiées possibles d’un pays à l’autre. Nous allons déployer ce nouveau modèle en Allemagne et en Autriche dès cette année. Vincent Bouvier en 5 dates1992 : Docteur en médecine (spécialiste en hépato-gastroentérologie)1994 : HEC Executive MBA et DEA en Economie de Santé2002 : Rejoint VIDAL2008 : VIDAL produit sa première base de données internationale2019 : VIDAL est une entreprise 100% digital Sandrine Cochard Données cliniquesdossier patient informatiséIntelligence ArtificielleMédicamentOutils numériques Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire analyses SantExpo 2023 : la conciliation médicamenteuse en guest star Dossier Le jumeau numérique, prochaine révolution de la R&D ? analyses gratuit Un rapport sur la régulation et le financement des produits de santé appelle à un "New Deal" L’ANSM lance la plateforme data.ansm sur la gestion des médicaments