L’AP-HP pose les premiers jalons de sa stratégie sur l’IA

L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), composée de 38 hôpitaux et près de 100 000 employés, recense quelque 300 initiatives ou projets qui incluent de près ou de loin des briques d’intelligence artificielle (IA). Le 18 septembre dernier, à l’occasion de l’Agora du soin digital organisé à Hôtel-Dieu, Ayden Tajahmady, directeur de la stratégie et de la transformation de l’AP-HP, a présenté “les prémices de la réflexion” à l’œuvre au niveau du groupe sur une intégration harmonisée de l’IA.

Si “l’IA est une révolution industrielle”, constate Ayden Tajahmady, “c’est aussi une variante de la révolution numérique qui a déjà fortement impactée les organisations hospitalières” nuance-t-il. La particularité de l’IA est “sa portée générale”, note-t-il. La totalité des services sont donc concernés, du secrétariat au bloc opératoire, en atteste l’IA vocale qui a fait l’objet d’expérimentations cette année dans six services différents de l’AP-HP, auprès de différents corps de métiers.

Faire barrage au Shadow IT

Les professionnels deviennent de plus en plus familiers des LLM (Large Language Models) et des outils grands publics basés sur les Transformers qui ont fortement évolué depuis deux ans, tels que ChatGPT, Midjourney ou encore DeepL. En créant un cadre commun à la fois juridique, éthique et économique, la direction espère minimiser les initiatives personnelles qui “s’intègrent de façon sauvage dans le fonctionnement de l’organisation” regrette Ayden Tajahmady. 

Ayden Tajahmady propose de “prendre du recul” et de réfléchir aux conséquences à long terme de tels outils : “Les effets de court terme sont souvent surestimés par rapport à ce qu’ils vont être en réalité, alors que les effets de long terme sont souvent sous-estimés et assez peu anticipés”.

Les investissements, le nerf de la guerre

À long terme, les investissements vont peser lourdement dans la balance. Acheter sur étagère ou investir dans les infrastructures ? Cette question devra être tranchée, indique Ayden Tajahmady. “Le triptyque composé des données, du modèle mathématique et de l’infrastructure, c’est cela qui fait l’IA” constate-t-il. Or, certains domaines comme la pathologie numérique demandent beaucoup de ressources pour générer, scanner et analyser les images d’une part, et faire évoluer le système d’information de l’autre.

Ayden Tajahmady pose le problème en ces termes : “Si nous achetons systématiquement tous nos services d’IA, nous allons être dépendants des offreurs. À l’inverse, si nous voulons être indépendant, nous devenons développeur de logiciel. La stratégie doit être un mélange de cela.” Jusqu’alors, l’AP-HP “était beaucoup tournée vers des projets, souvent de recherche, portés par des professionnels”. Maintenant, il s’agit de se demander “comment ces projets vont s’intégrer dans la vision stratégique de l’AP-HP” pour créer de la valeur et définir un modèle économique viable, évoque le directeur.