Accueil > Parcours de soins > Les initiatives françaises pour améliorer l’interopérabilité des données de santé Les initiatives françaises pour améliorer l’interopérabilité des données de santé Dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE), le Health Data Hub (HDH) a organisé le 6 avril 2022 un colloque intitulé “L’interopérabilité des données de santé pour la recherche : un défi européen”. Mélissa Mary, Experte interopérabilité & gestion de données et Tayeb Merabti, chef de projet à l’Agence du numérique en santé, ont présenté à cette occasion différentes initiatives françaises visant à améliorer l’interopérabilité des données de santé. Ils sont notamment revenus sur la mise en place du référentiel d’interopérabilité du médicament et du serveur multi-terminologique français. Par Camille Boivigny. Publié le 04 mai 2022 à 17h33 - Mis à jour le 04 mai 2022 à 17h58 Ressources L’Agence du numérique en santé (ANS), en tant que régulateur et opérateur, intervient sur de multiples facettes de l’interopérabilité. Notamment la problématique majeure des terminologies standard et de leurs correspondances, dont le nombre ne cesse de croître. De même que l’hétérogénéité de leurs formats, canaux de publication et support. Dans ce contexte, l’ANS a mis en place un serveur multi-terminologies (SMT) visant à garantir un service unifié, public et gratuit de publication des terminologies utilisées en France. Les enjeux sont multiples : standardisation et diffusion de ces dernières, centralisation de leur hébergement et amélioration des processus de leur gestion. L’exemple du référentiel d’interopérabilité du médicament Actuellement, il n’existe pas de référentiel unique qui permettrait de répondre aux besoins de l’ensemble des acteurs concernés par la dématérialisation des prescriptions ou des dispensations médicamenteuses pour les patients, par exemple. Dans le cadre du Ségur, l’ANS mène des travaux à ce sujet. “L’interopérabilité peut faciliter la recherche en fournissant des terminologies. Les données médicamenteuses sont largement utilisées au sein de la chaîne de santé, notamment pour favoriser la coordination entre professionnels, pour la conciliation des médicaments ou la recommandation d’antibiotiques en fonction du contexte”, a décrit Mélissa Mary. Ces données se retrouvent dans de nombreux documents présentant chacun sa spécificité pour parler de soin : produits commercialisables, unités coûteuses en principe actif, etc. Elles sont tout aussi “exploitables” que les données cliniques qui aident à la recherche pharmaceutique . Mais à condition de répondre à certaines normes… Les normes pharmaceutiques, défis et solutions D’après l’experte interopérabilité & gestion de données, “en France, peu de normes sont actuellement utilisées pour parler des médicaments. Mais elles sont entretenues et organisées par des ressources différentes (MedicaBase, ANSM, HAS etc.), ce qui pose trois défis : technique : les données sont issues de sources multiples par exemple (la BDPM, base de données publique des médicaments) et localisées dans différents terminaux hétérogènes qu’il faut intégrer dans un système lui-même confronté à un format hétérogène ; l’évolution asynchrone : les connaissances comme les normes évoluent, ce qui implique une gestion régulière ; l’absence de passerelle entre les normes pharmaceutiques, or nous voulons penser ces données de manière large, notamment pour pouvoir les réutiliser”, a détaillé Mélissa Mary, qui œuvre avec Tayeb Merabti au sein du Centre de Gestion des Terminologies de Santé (CGTS) pour créer et intégrer des nouveaux standards de normes pharmaceutiques dans le SMT et élaborer une norme nationale d’interopérabilité du médicament. Le catalogue des terminologies est déjà accessible en ligne, tandis que la nouvelle norme devrait voir le jour à la fin de l’année 2022. Comment construire un standard d’interopérabilité national du médicament Le serveur multi-terminologies “Le CGTS est devenu un centre collaborateur de l’OMS en 2021. Nous y avons défini les processus d’intégration de toute terminologie santé car nous faisons face à de multiples terminologies issues de différentes unités de production, qui impliquent des formats et organisations différents”, a rappelé le chef de projet de l’ANS, Tayeb Merabti. Les principaux services du CGTS sont de déployer lesdites terminologies afin de promouvoir l’interopérabilité. “Pour le SMT, nous disposons désormais d’un méta-modèle multi-terminologique basé sur le langage sémantique Web -OWL [pour Web Ontology Language, un langage de représentation des connaissances, ndlr], ancien langage ‘supérieur’ utilisé pour décrire des ontologies et SKOS [pour Simple Knowledge Organization System, ndlr]. Ce réseau sémantique basé sur des correspondances entre terminologies permet d’intégrer et publier des référentiels terminologiques dans le SMT”, a poursuivi le chef de projet. Quatre étapes permettent de passer de la source au SMT : Analyser le modèle original, L’extraire et le transformer, Contrôler sa qualité puis l’exporter, Publier. Les étapes de transformation, de la source au SMT “Pour intégrer la BDPM dans le SMT, nous avons d’abord analyser les données pour en avoir une vision claire et comprendre les liens entre ses multiples tables pour en extraire les contenus. Ensuite nous avons extrait des modèles sémantiques et les avons traduit ou avons utilisé les standards sémantiques web utilisés dans le SMT. Enfin, nous avons contrôlé l’ontologie obtenue et l’avons exportée dans le SMT pour publication”, a illustré Tayeb Merabti. Le SMT compte onze terminologies disponibles en OWL et plus de 1 500 téléchargement depuis avril 2021. À partir de ces terminologies, il est possible de retrouver les principales terminologies de l’OMS, disponibles en français et en anglais grâce à l’outil de traduction automatique développé par l’équipe du chef de projet. Le SMT est régulièrement mis à jour, tenant notamment compte de la nomenclature européenne des dispositifs médicaux (EMDN), utilisée par les fabricants pour enregistrer leurs dispositifs médicaux dans la base de données EUDAMED (European database on medical device). Depuis novembre 2020, l’équipe de Tayeb Merabti construit ce serveur doué d’un réseau sémantique dans l’idée de centraliser la diffusion de chaque terminologie via un point institutionnel. Nombre d’améliorations et de fonctionnalités ont été apportées depuis : le serveur dispose d’un catalogue de terminologies de métadonnées, de concepts, de sets d’API [interface de programmation d’application, ndlr] ainsi que de “smart data endpoints” récemment intégrés visant à créer des ontologies. Pour le chef de projet, “l’objectif des deux prochaines années est de disposer de cartographies des liens entre les terminologies publiées dans le SMT, comme cela a été fait récemment entre l’UCB et la BDPM, l’ICD-10 [International Classification of Diseases] et la CCAM [classification commune des actes médicaux, ndlr], les trois principales terminologies médicales et médicamenteuses récemment intégrées”, a-t-il conclu. Le Centre de gestion des terminologies de santé Ce centre est chargé de publier les différentes ressources sémantiques – terminologies, jeux de valeurs, alignements – afin de structurer les données lors de la production des soins, selon différents formats utilisés par les industriels pour les intégrer dans les logiciels de professionnels de santé. Il répond à des besoins en informations médicales structurées et codées pour rationaliser et centraliser l’usage des terminologies de santé en France. C’est un guichet unique visant à améliorer la compétitivité des systèmes d’information de santé français et à réduire les risques d’intégrer des terminologies de manière isolée et non uniformisée. Il s’adresse tant aux industriels qu’aux éditeurs, en passant par les professionnels de santé et du médico-social et les maîtrises d’ouvrages en e-santé. Camille Boivigny base de donnéesDispositif médicalDonnées de santéEuropeHealth data hubInteropérabilitéMédicamentRèglementaire Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le réseau EHDEN, parfait exemple d’utilisation du modèle commun de données OMOP Pourquoi un modèle commun européen de la donnée de santé ? Le Health Data Hub publie sa roadmap 2022 L'EMA et EUnetHTA 21 définissent leur plan de travail