Le modèle d’European Digital Group pour répondre aux besoins en transformation numérique des annonceurs

La segmentation du marché de la communication entre, d’un côté des grands groupes de communication généralistes, et de l’autre des petites agences très spécialisées, sans compter les cabinets de conseil qui étendent leur activité sur la partie opérationnelle, est depuis plusieurs années plus nuancée. La crise sanitaire et économique récente a renforcé la nécessité d’acteurs puissants mais souples. De nouvelles structures sont déjà apparues sur le marché, comme You & Mr Jones aux États-Unis en 2015 ou Media.Monks (anciennement S4 Capital) en 2018 au Royaume-Uni. 

Rapprocher marketing et technologie

Plus récemment, et sur le marché français, Vincent Klingbeil – ancien avocat et entrepreneur qui a notamment fondé Ametix, société de conseil en transformation numérique revendue au groupe La Poste (sa fiche LinkedIn) – s’est inspiré de ces modèles pour fonder en 2019 European Digital Group. Ce groupe s’est spécialisé dans la transformation numérique des entreprises, mais “en allant plus loin en englobant l’IT qu’il faut réconcilier avec le marketing”, explique son cofondateur. Et donnant en guise d’exemple : “Le fait qu’Accenture aille sur le terrain de Publicis et que Publicis aille sur le terrain d’Accenture est la preuve que la technologie est désormais au cœur de toutes les sociétés”.

European Digital Group organise son offre autour de trois grosses activités : marketing à la performance, stratégie de marque, et IT et cybersécurité. “Notre positionnement consiste à rassembler des sociétés ultra spécialisées dans ces trois domaines, plutôt que d’être une grosse entreprise généraliste”, précise Vincent Klingbeil. Pour cela, il construit son groupe en multipliant les acquisitions de sociétés de service “leaders ou challengers sur leur marché, rentables, et qui réalisent 1 à 5 millions d’euros d’EBITDA”. 

Multiplier les investissements dans des sociétés expertes

Ses investissements sont menés grâce à l’appui de son actionnaire majoritaire, le fonds de private equity français Montefiore Investment, qui gère plus de 2 milliards d’euros, dans des PME et ETI telles que l’agence événementielle GL Events ou le réseau de salles de sport Les Cercles de la forme. Les sociétés cibles sont quant à elles rachetées à hauteur de 60 %, leurs fondateurs conservant 40 % des parts et entrant au capital d’European Digital Group. “Le fait que tout le monde soit associé favorise les synergies entre les sociétés”, justifie Vincent Klingbeil. 

Actuellement, European Digital Group en compte déjà 8 : Digilinx, spécialisée dans la génération de leads BtoB à travers l’événementiel, avec notamment l’événement professionnel Les Big Boss ; Proximum 365, qui édite une solution d’événementiel en ligne ; le cabinet de conseil en stratégie numérique Ad’s Up Consulting ; l’agence créative Orès, qui possède également une filiale de production 141 Studio ; l’agence d’influence Follow ; l’agence e-commerce Axome ; le cabinet de conseil en transformation numérique Wold ; et la société de cybersécurité Metsys.

 “Au moins deux autres acquisitions devraient être annoncées d’ici le mois prochain”, indique Vincent Klingbeil. Une nouvelle activité devrait également être créée au sein du groupe par les dirigeants de ses sociétés. European Digital Group estime avoir utilisé pour l’instant “environ un tiers de l’enveloppe d’investissement fournie par Montefiore Investment” et espère doubler de taille d’ici 2023.

Le groupe revendique 140 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, en croissance organique de 50 % – là où les Big Six affichaient une ambition de croissance organique de 10 % pour 2021 – et un taux de rentabilité supérieur à 20 % – contre 12,6 % en 2020 pour les principaux groupes de communication mondiaux.