Le fonds Ardian s’apprête à acquérir l’agence Artefact pour 329 millions d’euros

L’agence Artefact a annoncé lundi 26 juillet l’ouverture de discussions pour la prise de participation majoritaire de son capital par le fonds d’investissement Ardian Expansion. Le président du conseil d’administration de l’agence, François de la Villardière, les deux cofondateurs et co-dirigeants, Vincent Luciani et Guillaume de Roquemaurel, certains actionnaires de référence (les fonds Nobel, Financière Arbevel, Truffle Capital et Otus) ainsi que plusieurs managers et actionnaires minoritaires, sont ainsi entrés en négociations exclusives avec Ardian Expansion pour lui céder leurs parts.

Ce bloc de contrôle représente 52,09 % du capital et des droits de vote, au prix de 7,8 euros par action ordinaire. Dans le cadre de son transfert à Ardian, certains actionnaires vendeurs céderaient ou apporteraient également à Ardian Expansion 20 000 bons de souscription d’actions pour un prix de 1,19 euros par bon de souscription d’actions.

L’opération présentée valorise l’intégralité du capital et des droits de vote d’Artefact à 328,9 millions d’euros sur une base entièrement diluée, soit pour les actionnaires une prime de 42,34 % par rapport au dernier cours (Euronext Growth Paris) avant cette annonce, vendredi 23 juillet.

Les dirigeants et managers d’Artefact détiennent jusqu’ici 23,8 % du capital, Nobel 16,5 %, Financière Arbevel 5,3 %, Pure Invest 5,3 % et Truffle Capital 3,5 %. Le solde, 45,6 %, est flottant. Si les négociations exclusives aboutissent, l’opération sera suivie du dépôt d’une offre publique d’achat simplifiée au même prix par action (7,38 euros) sur les 45,6 % du capital flottant. Lundi 26 juillet, au soir de l’annonce de l’opération, l’action a logiquement clôturé en forte hausse (+ 34 %) passant en une séance de 5,48 euros à 7,38 euros, soit une capitalisation de 252 millions d’euros.

Une activité portée par une expertise autour des données

L’agence profite des besoins des entreprises pour optimiser l’usage des données pour optimiser leur marketing numérique et leur transformation, les deux axes de son activité. Le dynamisme de l’agence est réel depuis 12 mois. Elle a ainsi réalisé une marge brute de 70,3 millions d’euros en 2020, en croissance proforma de 10 % malgré la crise sanitaire et publicitaire. Sur le premier semestre 2021, elle ressortait à 40,3 millions d’euros, en croissance de 18 % à taux constants (+ 12 % au premier trimestre et + 25 % au deuxième). Cette accélération du résultat a conduit l’agence à revoir à la hausse ses prévisions de marge brute pour 2021 pour atteindre 85 millions d’euros, et une marge d’EBITDA comprise entre 22 % et 25 %.

Cela a convaincu Ardian d’offrir une prime d’achat de 86 % par rapport à la moyenne du cours de bourse pondérée par les volumes des six derniers mois.

Le développement d’Artefact a été lancé en 2015 par la fusion de deux sociétés de conseil en marketing numérique, Augusta Consulting et Little big data – toutes les deux avaient Guillaume de Roquemaurel pour cofondateur – avant de prendre une dimension supplémentaire en 2018 avec l’acquisition de l’agence média NetBooster pour pour compléter ses activités de marketing enrichir son portefeuille client de grands comptes et surtout bénéficier de sa présence déjà affirmée à l’international.

80 % des clients du groupe sont aujourd’hui des acteurs des CPG (biens de grande consommation) et des retailers : Carrefour, Samsung, Reckitt, Danone, L’Oréal, Unilever, etc., avec des problématiques liées à la DTC (“direct-to-consumer”), soit des marques dont l’objectif est de créer un lien direct avec le consommateur, ndlr), notamment via leurs données propriétaires et le e-commerce. Google et Orange sont figurent également parmi ses clients.

Dans l’univers des agences, Artefact se positionne sur la transformation des entreprises et le marketing numérique centrés sur l’usage des données. Ses activités portent sur la transformation par la data (conseil, conception et développement de projets, organisation, gouvernance…), le data marketing (technologies, outillage, formation) et le digital marketing (e-commerce, CRM et social CRM, achat et conseil média). Elle a des territoires de concurrence avec les grands réseaux d’agences de communication et les grands les cabinet de conseil, mais ses concurrents les plus directs sont Jellyfish (Fimalac) et S4 Capital (Martin Sorrell).

L’agence est actuellement composée d’environ 800 personnes, dont 250 sont en France, 150 en Chine, 100 en Allemagne, 100 au Royaume-Uni, 50 aux Emirats Arabes Unis (à Dubai), 50 aux Pays-Bas et enfin une centaine sont réparties en Espagne, au Brésil et quelques uns aux Etats-Unis.

Ardian soutiendra le développement international de l’agence

L’acquisition de l’agence par Ardian Expansion vise à lancer une nouvelle phase de croissance à l’international, à la fois en Europe, en Asie / Pacifique et aux Etats-Unis, en passant notamment par des acquisitions. Avec 34,6 millions d’euros en 2020, la marge brute en France, en hausse de 20 % en un an, représentait en effet à elle seule quasiment la moitié de la marge brute totale du groupe. Sur la même période, le reste de l’Europe affichait une décroissance proforma de 8 % à l’issue de l’exercice. “Les budgets médias au Royaume-Uni et en Allemagne ont en effet été impactés par la crise sanitaire dans la première partie de l’année”, indiquait la société au moment de la publication de ses résultats annuels.

Si les résultats pour cette zone ont été améliorés dès le deuxième semestre 2020 et une nouvelle fois au premier semestre 2021, d’après son dernier rapport financier, elle est identifiée comme un relai de croissance important. Les Etats-Unis également, où la société a ouvert en avril dernier un bureau à New York pour compléter l’antenne commerciale qui préexistait à Los Angeles. Dans un entretien pour mind Media publié en juin, Vincent Luciani nous indiquait viser une centaine de collaborateurs aux Etats-Unis en 2025 et 10 % des revenus du groupe.

Ardian, qui revendique “112 milliards de dollars gérés ou conseillés” pour 1 200 clients en Europe, en Amérique et en Asie, appuiera Artefact dans cette perspective. A la fois par un financement adéquat, son expérience dans le développement international des sociétés, et son réseau international. Ardian rassemble 750 salariés dans le monde répartis dans quinze bureaux : en Europe (Francfort, Jersey, Londres, Luxembourg, Madrid, Milan, Paris et Zurich), en Amérique du Nord (New York, San Francisco), ainsi qu’en Amérique du Sud (Santiago) et en Asie (Pékin, Singapour, Tokyo et Séoul).

Les deux principaux fondateurs d’Artefact, Guillaume de Roquemaurel Vincent Luciani, resteront à leur poste de directeurs généraux à travers une une organisation autonome.