Le New York Times franchit la barre des 8 millions d’abonnés numériques en 2021 : tous les chiffres sur son modèle

Le New York Times a publié mercredi 2 février ses résultats au quatrième trimestre et sur l’ensemble de l’année 2021. Sur les trois derniers mois de l’année, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 594 millions de dollars, en progression 16,7 % en un an. Sur cette période, elle a acquis 375 000 abonnés numériques supplémentaires, dont 171 000 à son offre d’informations et le solde essentiellement sur ses offres Games (jeux en ligne) et Cooking (recettes de cuisine).

Pour l’ensemble de l’année 2021, les revenus du New York Times ont augmenté de 16,3 %. Ils atteignent 2,1 milliards de dollars. Dans le détail, 1,4 milliard sont tirés des abonnements (67 %), en hausse de 14 % en un an, et 497,5 millions de dollars sont tirés de la publicité, en hausse de 27 % par rapport à 2020. Ses revenus publicitaires demeurent en baisse de 6,2 % par rapport à 2019, avant la pandémie de Covid-19. Le bénéfice annuel du journal a été multiplié par deux en 2021, à 200 000 dollars.

Le titre parvient à accélérer le développement de ses activités en ligne et à stabiliser sa diffusion papier à 800 000 exemplaires. Fin 2021, le titre totalisait ainsi 8,8 millions d’abonnés, soit presque 1,3 million supplémentaires en un an (+ 17 %). 90 % d’entre eux sont des abonnés numériques, soit 8 millions, représentant 774 millions de dollars de revenus sur l’ensemble de l’année, en progression de 29,5 % en un an.

Le panier moyen de l’abonné numérique, un chiffre sur lequel les éditeurs de contenus payants en ligne sont très attentifs, s’élève en 2021 pour le New York Times à 97 dollars par an (86 euros), soit 8 dollars par mois (7 euros). C’était 89 dollars par an en 2020 (78 euros), soit 7,5 dollars par mois (6,5 euros). Le panier moyen de l’abonné en ligne a ainsi progressé de 10 % en 2021.

Cooking et Games représentent 10 % du chiffre d’affaires tiré des abonnements numériques

Parmi les 8 millions d’abonnés numériques au New York Times, 2,1 millions souscrivent uniquement à ses offres en ligne servicielles, dédiées à la cuisine (Cooking), aux jeux (Games) et plus marginalement à sa plateforme d’écoute audio Audm et sa nouvelle offre payante sur son comparateur de produits Wirecutter. “Il s’agit à chaque fois d’enrichir notre offre d’information pour donner des raisons supplémentaires aux lecteurs de s’abonner. Ainsi, lorsqu’un lecteur s’abonne, il a accès au New York Times mais aussi aux plateformes Games, Cooking et Wirecutter. L’offre est plus complète et beaucoup plus attractive, mais elle peut également être souscrite par produit”, détaillait il y a quelques jours dans notre interview Stephen Dunbar-Johnson, président des activités internationales du New York Times.

Selon les chiffres communiqués par le groupe, les utilisateurs exclusivement abonnés à l’un ou l’autre de ses produits numériques complémentaires à l’information représentent aujourd’hui 35 % du portefeuille total d’abonnés numériques et 10 % du chiffre d’affaires tiré des abonnements numériques, soit 80 millions de dollars (sur un total de 774 millions de dollars), une source de revenus en hausse de 46 % en un an.

La place des ces offres progresse dans les résultats du journal ; c’était 30 % du portefeuille d’abonnés numériques en 2020 et 9 % du chiffre d’affaires tiré des abonnements numériques, soit 55 millions d’euros.

Des acquisitions pour accélérer son développement en ligne

Le New York Times affiche un nouvel objectif : atteindre ‘”au moins” 15 millions d’abonnés d’ici à 2027, soit une hausse de 70 % en cinq ans. Il se développera pour cela de façon organique, notamment à l’international – où il veut rapidement doubler son portefeuille d’abonnés en ligne, pour atteindre les deux millions – et sur ses offres servicielles, mais s’appuiera aussi sur des acquisitions. Celles effectuées en janvier, qui seront désormais intégrées dans ses activités et résultats, et celles éventuellement à venir.

Au premier trimestre 2022, le groupe vise ainsi une augmentation de ses revenus issus des abonnements numériques comprise entre 18 et 21 % de façon organique, et de 23 à 28 % en incluant The Athletic, ce site d’informations sportives récemment acquis pour 550 millions de dollars en numéraire. Et des augmentations de 18 à 20 % de la publicité numérique en organique, ou de 20 à 24 % avec The Athletic.

Pour atteindre ses objectifs, le New York Times pourra également s’appuyer sur les jeux, un levier porteur pour le groupe. Le groupe a ainsi annoncé lundi 31 janvier l’acquisition de la société éditrice du jeu en ligne Wordle auprès de son fondateur, un ingénieur américain. Ce jeu gratuit – dans lequel il faut deviner un mot de cinq lettres en six propositions par jour – qui n’a été lancé qu’en octobre 2021, rencontre un succès très important. Le New York Times qui a évoqué un montant d’achat compris entre un et cinq millions de dollars, acquiert ici une communauté de joueurs importante, composée de “plusieurs millions d’utilisateurs par jour”, selon le groupe.

Il a également indiqué que le jeu restera “pour le moment” gratuit et sans publicité, ce qui interroge sur sa monétisation future. Son offre actuelle, “Games” ; composée de six jeux en ligne, est intégrée dans l’abonnement numérique global (aux informations) ou commercialisée de façon isolée à 25 dollars par an ou 0,75 dollar par semaine. Ses souscriptions isolées représentaient à elle seule plus d’1 million d’abonnés sur les 7,5 millions d’abonnés en ligne que comptait le titre fin septembre 2021 (et sans doute plus ou moins 1,1 à 1,2 million fin décembre) soit 13,5 %.

Le succès des offres servicielles sur abonnement du New York Times (recettes de cuisine et jeux) a été repris ces dernières années par des éditeurs de presse partout dans le monde, y compris en France (Le Monde, Le Figaro…).