Accueil > Marques & Agences > AI search : quels changements dans les stratégies de référencement ? AI search : quels changements dans les stratégies de référencement ? mind Media a sollicité des professionnels du référencement pour analyser l'impact de l'AI search sur les marques et les éditeurs, en termes de stratégie de visibilité sur les nouveaux moteurs de réponses générées par l'IA, et savoir comment appréhender ce nouvel écosystème. Par Raphaële Karayan. Publié le 09 septembre 2025 à 17h49 - Mis à jour le 15 septembre 2025 à 18h34 Ressources Les points clés Le référencement sur les moteurs de réponses assistés par l’IA devient un enjeu clé de visibilité pour les annonceurs et les médias, alors que les clics dans les moteurs de recherche se raréfient. Les bonnes pratiques du GEO sont en grande partie les mêmes que celles du SEO, mais une attention particulière doit être portée à la rédaction des contenus et à leurs formats, ainsi qu’à la “crawlabilité” technique des sites. Le secteur du retail est l’un des plus avancés dans sa réflexion sur le sujet, parmi les annonceurs, même si le marché n’en est qu’à ses prémices. Les médias semblent être les grands perdants de la bataille pour la visibilité et les clics dans la recherche assistée par IA, alors que leurs contenus ont amplement servi à entraîner les LLM. L’IA générative transforme le search. Dans cette nouvelle ère de la recherche en ligne, les techniques de SEO classiques restent valables, mais la visibilité n’est plus aussi mécanique et les promesses de retour sur investissement sont plus hasardeuses. Pour les marques, et pour les médias dont la distribution sur les moteurs de recherche est une partie intégrante de leur monétisation (publicitaire, mais aussi pour l’acquisition de nouveaux abonnés), il va falloir s’adapter. Les mutations du search à l’ère de l’IA générative Qu’est-ce que le GEO ? A quoi sert-il ? Le GEO (pour “generative engine optimization”) est le pendant du SEO sur les moteurs de réponse assistés par l’IA générative. Selon Maxime Guernion, head of SEO d’Havas Market, qui donnait une masterclass sur le sujet en février 2025, “il consiste à comprendre comment optimiser le contenu d’un site web pour augmenter sa visibilité et celle de la marque dans ChatGPT, Gemini, Copilot, Perplexity, etc.”. On trouve des traces du terme dès juin 2024 dans un article de recherche sur cette pratique, publié par des chercheurs des universités de Princeton et de l’Indian Institute of Technology de Delhi, qui montre qu’il est effectivement possible d’optimiser la visibilité dans les moteurs d’IA, et que l’usage de citations, de sources externes et de statistiques augmente significativement la visibilité d’un contenu. La visibilité en question ne se mesure pas par un classement dans les résultats de recherche, mais par la capacité à apparaître dans les réponses, et à y apparaître correctement. Cela revient notamment à comprendre comment les réponses sont générées, à analyser comment la marque est représentée, s’il y a des liens vers ses contenus, et si l’information donnée est vraie. Dans un certain sens, le GEO tend plus vers le branding que vers la performance, par rapport au SEO. C’est un changement de paradigme. Les KPI ne sont pas non plus les mêmes. On parlera davantage d’impressions que de taux de clic et d’apport de trafic. Vers qui se tourner pour faire du GEO ? Après les initiatives des pionniers tels que Jellyfish et Profound, la plupart les grands spécialistes du référencement naturel et payant, ainsi que les réseaux d’agences médias, ont lancé des offres permettant d’analyser les conversations qui touchent les marques dans les assistants IA, d’auditer leur visibilité sur les moteurs de réponses, de la comparer à la concurrence sur les requêtes stratégiques, et de l’optimiser via des recommandations. En avril, Dentsu a par exemple lancé LLMInsights, et Havas Market, AI Brand Tracker. En juillet, l’agence de SEO et de SEA Eskimoz a lancé LLM Ranking. mind Media s’est également fait l’écho des offres lancées par Biggie et Getfluence. Les outils traditionnels du SEO, tels que Semrush et Sistrix, se sont également adaptés pour intégrer des analyses GEO. Du côté d’Alliance Digitale, on travaille depuis peu sur des bonnes pratiques pour le secteur, par le biais d’un groupe de travail dont l’objectif est d’analyser les mutations actuelles du search et leur impact, et “d’optimiser la visibilité et la performance du SEO de demain”. Il devrait aborder le sujet des “standards pour un search multi-plateformes”, et celui des nouveaux KPI “adaptés à l’ère des LLM”. Le premier livrable est attendu mi-octobre, nous confie Arthur Millet, directeur général d’Alliance Digitale. Quelles sont les recettes du GEO ? Le principe : une extension du SEO Si l’on suit les conseils de Microsoft, qui a publié un guide pour les professionnels du marketing dédié aux agents IA, il convient de combiner une technique de SEO classique (intégrant des éléments d’accessibilité, d’architecture de site, etc.) avec des actions spécifiques dédiées à la recherche conversationnelle : réponses à des questions reflétant les intentions des internautes tout au long de leur parcours, facilitation du crawling des sites web (vitesse de chargement, score “cumulative layout shift” bas – mesure d’UX liée à la fréquence de changement de mise en page inattendu -, barres de navigation donnant une idée du contexte, accessibilité…). “Les principes de base sont les mêmes que ceux du SEO. C’est la même bataille, mais avec moins de gagnants et moins de podiums à la fin”, résume Maxime Guernion (Havas Market). “Si on a déjà des difficultés avec le SEO, on risque de rencontrer des difficultés similaires avec le GEO”. Concernant les actions spécifiques au GEO, il conseille notamment de travailler sur des requêtes de longue traîne. “80 % de ce qu’on fait en SEO sert au GEO, abonde Jérémy Lacoste, DG d’Eskimoz France. On a commencé à identifier une trentaine de patterns efficaces, avec les dix personnes qui font de la R&D chez nous.” Ses conseils : travailler les backlinks (médias, Wikipedia…), la présence sur les sites UGC (Reddit…), les contenus contextuels (relatifs à l’usage d’un produit, par exemple) et comparatifs, les métadonnées du site, bâtir une architecture qui facilite le crawl par les moteurs d’IA, et créer du contenu multimodal. Adrien Menard, cofondateur et CEO de Botify, société spécialisée en SEO, recommande par ailleurs de “travailler en équipes pluridisciplinaires (tech, marketing, data, IA), car sans vision horizontale, c’est compliqué de prendre les bonnes décisions”. Les limites : le manque de transparence La recette fournie n’est cependant pas précise au gramme près, pour une bonne raison : il faudrait avoir une compréhension parfaite du fonctionnement de ces IA, or aucune ne donne les clés adéquates dans sa documentation. “Nous sommes un peu aveugles”, reconnaît auprès de Digiday la responsable SEO de l’agence spécialisée Hookflash, citant l’absence de données de performances de la part de Google et ChatGPT, contrairement à Microsoft qui en fournit quelques-unes. Frédérique Goubert, head of search chez iProspect en France, estime cependant avec optimisme que “plus les modèles publicitaires vont se développer, plus on aura des solutions de mesure”. Démultiplier les contenus Ce sur quoi tous les professionnels du référencement s’entendent, c’est l’importance de la création de contenu dans la visibilité sur les outils de search IA. L’objectif est de mâcher au maximum le travail pour les IA génératives, dans le but de leur fournir des réponses clés en main, et ainsi de maîtriser le narratif. Qu’est-ce qu’un contenu favorable à une citation dans un moteur assisté par l’IA ? Microsoft livre plusieurs préconisations : formats questions-réponses, liste à puces, contenus en plusieurs versions adaptées à différents niveaux de connaissance, création d’unités de contenu pouvant s’insérer dans des modules plus larges, constitution de différents parcours permettant de personnaliser les réponses, écriture en langage parlé, comparatifs, anticipation de renseignements complémentaires, sans oublier images, audio et vidéo. “Le search passe d’un modèle unique pour tous à un dialogue personnalisé, contextuel et prédictif. Pour suivre, les marketeurs doivent évoluer, en passant d’un contenu statique à un contenu dynamique, adaptatif et personnalisé, en permettant aux systèmes d’IA de comprendre, représenter leur marque avec précision lors de chaque interaction”, explique Microsoft dans un livre blanc intitulé “The new search advertising landscape”. L’idéal est donc de développer un contenu modulaire et flexible, qui peut s’adapter dynamiquement aux intentions des utilisateurs et aux différents parcours, segmentés et scénarisés grâce à la first party data des marques. Cela va demander d’investir fortement dans les contenus, et rapprocher encore plus le SEO du content marketing. À chaque besoin, son contenu, décliné en différents formats (courts, longs, visuels, etc.). Décloisonner le SEO Un point important, dans les nouvelles stratégies de référencement, tient au caractère multimodal des moteurs de réponse, qui vont chercher les contenus à synthétiser dans tous les formats et sur différents supports, y compris les plateformes audio, vidéo et les réseaux sociaux (Reddit, LinkedIn…). Frédérique Goubert (iProspect) recommande ainsi d’adopter une approche unifiée, à la fois du SEO et du paid search, ainsi que du contenu. Google tient bien sûr une place à part, avec ses nouveaux produits AI Overviews et AI Mode, disponibles sur une grande partie du globe. “40 % des liens poussés dans AI Overviews (AIO) appartiennent à l’écosystème Google, donc il faut travailler sa présence sur YouTube, etc.”, recommande Jérémy Lacoste (Eskimoz). Pour autant, le décloisonnement vaut aussi pour les différents moteurs de recherche. “Bing devient plus important à travailler car il sert à la recherche sur ChatGPT”, rappelle Christian Desert (Getfluence), tandis que Jérémy Lacoste reconnaît que “le moteur de Microsoft retrouve de l’intérêt et remonte dans nos routines depuis six mois”, même si “il y a un faisceau d’indices montrant que GPTSearch utilise aussi Google, au moins pour la recherche de produits”. “80 % des règles applicables sur Google sont aussi valables dans Bing, et c’est vrai qu’on commence à faire un peu plus attention à cet écosystème”, nous indique iProspect, et Havas Market tient le même discours. À ne pas oublier non plus, le rôle du référencement local, pour être visible sur des requêtes géolocalisées. Outre Google Maps, utilisé par Gemini, il convient de structurer la donnée sur les sites e-commerce, notamment, pour permettre aux robots d’indexation des moteurs d’IA d’accéder facilement aux localisations des magasins, comme l’a expliqué la plateforme de marketing local Partoo à nos consoeurs de mind Retail. “Les réseaux d’enseignes commencent vraiment à se dire que le store locator est une source d’informations utilisées par les moteurs de recherche IA et qu’il y a besoin de l’optimiser”, déclare Thibault Renouf, son CEO. Les KPI En termes de KPI, le taux de conversion, les mentions et la part de voix par plateforme sont plus pertinents, sur les moteurs de réponses, que le taux et le nombre de clics. Christian Desert, de l’agence de référencement Getfluence, travaille “avec une dizaine de technologies pour tracer ces métriques”, dont Jellyfish, “pour déterminer une position moyenne, l’expression du sentiment contenu dans les prompts, ce qui est dit de la marque, etc.”. “Toutes sont en train d’essayer de développer le nouveau Semrush”, ajoute-t-il. Il convient également de ne pas oublier de mesurer le sentiment associé à la visibilité (est-ce que ce qui est dit de la marque est positif ou négatif ?). Comment Jellyfish aide les annonceurs à améliorer la perception de leur marque par les LLM Quel est le degré de maturité des annonceurs sur le sujet ? En pratique, très peu de marques ont commencé un tel travail. Il faut dire que, même si le trafic en provenance des IA a été multiplié par près de 10 en un an, selon une étude de Ahrefs datant du mois de juin (périmètre : 82 000 sites), il ne représente toujours, en moyenne, que 0,25 % du trafic d’après la même source. Christian Desert, CEO de Getfluence, reconnaît l’ampleur de la tâche. “Contrairement aux mots-clés, avec les conversations et les prompts, les chemins sont différents selon les personnes, et pour comprendre la position d’une marque, c’est compliqué car il faut analyser plusieurs centaines de prompts.” Parmi les clients de Getfluence, sur certaines marques, le trafic venant des IA peut atteindre 5 %. “C’est un sujet que les marques ont en tête, mais très peu ont lancé des projets pour tracker ce que l’IA représente dans leur trafic, et peu ont l’intention d’investir aujourd’hui sur leur ranking dans ChatGPT. On le fait pour 5 % de nos clients, déclare Jérémy Lacoste (Eskimoz), dont l’agence revendique 850 clients dans le monde. Elles sont en revanche preneuses d’études et ont besoin d’être rassurées.” Le sujet fait néanmoins son chemin. En confirmant son agence CoSpirit, en début d’année, le Cned l’a par exemple missionnée sur sa visibilité dans les outils des LLM. Aux États-Unis, les marques ont déjà un peu plus de recul. “On est dans la phase où les annonceurs veulent comprendre les causes et les conséquences de ce qui est en train de se passer. D’où l’importance prise actuellement par les outils de mesure”, déclare Adrien Menard, de Botify, à mind Media. La société indique réaliser 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 85 % hors de France. Elle compte près de 400 clients dans le monde, dont le New York Times qui lui a confié sa stratégie de référencement et d’indexation, et en France TF1, Fnac Darty, Kering, Accor et LVMH. Certains secteurs sont aussi plus en avance que d’autres. Dans l’e-commerce, les retailers ont commencé à s’adapter. “Aujourd’hui, il faut donner beaucoup plus de contexte d’utilisation du produit. Là où avant, on se serait contentés d’une description et de caractéristiques techniques, nous ajoutons des éléments de contexte. Comme par exemple : ce fauteuil va bien dans une petite pièce, dans une ambiance ‘lounge’, on peut l’utiliser pour regarder la télévision, etc. Auparavant, on aurait dit : il mesure 60 cm de longueur et il est en cuir”, déclarait ainsi à mind Retail le CMO d’une marque de puériculture. Back Market confiait également au Wall Street Journal, en mai dernier, comment il avait mis à jour ses pages produits pour les LLM, et modifié leur ton et leur style. “Dans le retail, toujours en avance sur les sujets d’acquisition, aux États-Unis, on voit des budgets passer de plusieurs centaines de milliers d’euros à plusieurs millions”, indique Adrien Menard (Botify). Plus largement, sous l’effet conjoint de l’augmentation des volumes de search global, et de la montée en puissance des moteurs assistés par l’IA, “le marché est en train d’exploser”, déclare-t-il. Quelle place pour le paid search dans les moteurs IA ? Les possibilités publicitaires sont assez minces, à l’heure actuelle, dans les moteurs de réponses alimentées par l’IA. Des résultats sponsorisés sont disponibles sur Perplexity, et des publicités sont présentes dans Copilot de Microsoft, qui ne fournit toutefois pas de données de performance distinctes. Microsoft avance que les utilisateurs sont 1,5 fois plus enclins à interagir avec une publicité dans le contexte de son agent IA. ChatGPT prévoit d’introduire la publicité en 2026. Quant à Google, des publicités s’affichent dans AI Overviews dans une poignée de pays seulement, et sont en test dans AI Mode aux États-Unis. La véritable bascule, pour le marché, se fera quand les publicités seront généralisées dans AI Mode et AIO, ce qui devrait intervenir d’ici la fin de l’année. D’après AdAge, le ciblage se fera en fonction de la requête, mais aussi du contexte de celle-ci. La promesse est celle d’un meilleur taux de conversion, notamment pour le e-commerce. Les internautes venant d’un assistant IA tel que ChatGPT convertiraient 4,4 fois plus que les internautes sur Google Search, d’après Semrush. À court terme, le SEA sur Google pourrait s’avérer être un moyen de compenser une baisse des clics organiques, pour les e-commerçants, malgré une hausse du CPC liée à une plus grande concurrence pour moins de clics, en attendant l’offre publicitaire des assistants IA. In fine, cela reviendra sans doute à payer plus cher des clics plus qualifiés. Les médias, grands perdants ? Dans ce nouveau paysage du search marketing, les éditeurs médias ont une position à part. D’un côté, ils peuvent théoriquement bénéficier de leur qualité de “sources fiables” pour les LLM (un rapport de News Media Alliance revendique que le contenu journalistique fait partie des sources les plus utilisées par les LLM), même si dans l’immédiat ce rôle n’est que très peu respecté par les fournisseurs d’IA qui concluent des accords de licence au cas par cas. De l’autre, ils risquent de perdre énormément en trafic envoyé par les moteurs de recherche, tout en les alimentant. Cette chute de trafic était déjà bien entamée dans les pays anglo-saxons. Mais lien de cause à effet ou simple corrélation, le trafic renvoyé par Google aux sites médias est en nette baisse pour certains d’entre eux depuis la mise en œuvre de AI Overviews. D’après la société d’études Enders Analytics, pour le Sun et le Mirror par exemple, un tiers des mots-clés sur lesquels les tabloïds sont positionnés dans les trois premiers résultats sur Google, donnent lieu à présent à l’affichage d’AI Overviews. Un danger pour ces quotidiens dont la stratégie repose sur le volume et un positionnement sur les mots clés les plus recherchés. “60 % des requêtes sur Google sont déjà ‘zéro clic’, et cela va s’accentuer avec AIO, et parce que la qualité des résultats a tendance à diminuer, en partie car les annonceurs contournent les règles pour être mieux référencés”, analyse Jérémy Lacoste (Eskimoz). “Sur des requêtes de type conversationnel, il y a quatre ou cinq positions maximum” pour les citations de sources, précise Julien Bismuth, consultant SEO-GEO chez Getfluence. Traduction concrète : pour le Daily Mail, même en apparaissant en première position des résultats de recherche classiques, plus de la moitié des clics disparaissent quand AIO est déclenché, rapporte Press Gazette. Au mieux, lorsque le quotidien britannique est cité dans AIO, le taux de clic baisse de 44 % sur desktop et de 32 % sur mobile… Quelle stratégie adopter pour les médias ? Tom Critchlow, EVP of audience growth chez Raptive, société spécialisée dans la monétisation publicitaire des contenus, répond ainsi à Digiday : “Pour beaucoup d’éditeurs indépendants et de créateurs de contenus, les clics venant de ces plateformes sont en train de s’évaporer. Donc la vraie question n’est pas tant de savoir comment optimiser pour ces plateformes d’IA, mais est-ce que cela vaut le coup de prendre la peine de le faire ?” Pour Virginie Clève, fondatrice du cabinet de conseil en marketing Largow, la réponse est non. “De toute façon, il y aura une perte sèche de trafic, c’est certain. Pourquoi en faire une priorité alors que les mécanismes sont les mêmes que pour le référencement sur Google Search, et que l’on sait désormais que ChatGPT utilise Google pour ses recherches en ligne ? Pour être bien référencé sur ChatGPT, il faut avoir optimisé son référencement sur Google. Mieux vaut investir dans les contenus sur YouTube, notamment les vidéos courtes, car une partie des utilisateurs cherchera toujours des résultats en images, surtout les moins de 25 ans ; et dans sa stratégie de fidélisation et de CRM”, indique la consultante en stratégie. Cinq éditeurs interrogés par Digiday en août demeurent effectivement sceptiques quant aux promesses du GEO, et préfèrent concentrer leurs efforts ailleurs, sur Google Discover notamment. Bien que AIO arrive aussi sur Discover et soit testé sur Google Actualités… “Je reste circonspecte quant au potentiel de baisse violente du trafic venant de Discover. Sur cet outil, le spam des sites générés par l’IA, qui exploitent les failles de l’algorithme et propagent parfois de pures fake news, est beaucoup plus inquiétant à court terme”, estime Virginie Clève. Google Discover : un puissant apporteur de trafic toujours aussi opaque pour les éditeurs Pour les médias, si les risques sont réels et bien identifiés, les opportunités, elles, sont hypothétiques. Certes, Jérémy Lacoste (Eskimoz) estime que l’IA générative “redonne un pouvoir attractif aux médias, car ChatGPT aime beaucoup les sources médias”. Une position à laquelle souscrit aussi Julien Bismuth, de Getfluence, qui a démarré il y a un an ses travaux sur l’impact des moteurs d’IA sur les médias et les marques, et lancé un nouveau format d’article “IA first” en juin. Getfluence aide ses clients à développer leur notoriété et leur autorité en créant des backlinks sur les sites de médias, par le biais de l’achat d’espaces de publications sponsorisées. “En moyenne, 6 à 8 sources sur 10 reviennent régulièrement par sujet, selon nos observations, car elles sont jugées dignes de confiance. Plus de 60 % d’entre elles font partie de notre catalogue.” 45 000 titres sont présents sur sa marketplace, utilisée par les agences médias et les marques. Cependant, le premier baromètre AI Brand Tracker d’Havas Market, publié le 17 juillet 2025, remet en cause cette reprise de pouvoir. Il montre en effet que les médias sont peu nombreux dans les sources les plus citées dans Gemini, au deuxième trimestre 2025, en France. On y trouve notamment Marie Claire sur les recherches “beauté”, “alimentaire” et “mode” ou encore Clubic, Frandroid et Les Numériques sur les recherches “technologie”. Plusieurs études américaines publiées en juin témoignent également d’une présence très secondaire des médias dans les sources citées par ChatGPT, AI Overviews et Perplexity. Entre la nécessité de visibilité sur les moteurs de réponses alimentés par l’IA générative, et celle de se protéger contre le pillage de contenus sans contrepartie, les médias marchent sur une ligne de crête. “Il y a beaucoup d’aspects stratégiques relatifs au SEO à gérer actuellement, malheureusement c’est un sujet délaissé par les directeurs marketing des médias”, regrette Virginie Clève (Largow). Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” La question des paywalls en fait partie. “La majorité des médias français ont un paywall poreux, à part L’Équipe et Le Monde qui sont totalement fermés, poursuit-elle. D’ailleurs, je pense que ce n’est pas un hasard si OpenAI a signé avec Le Monde, dont il n’aurait pas pu accéder aux contenus payants autrement. Pour garder un bon référencement, certains ont laissé l’accès payant à Google. Doivent-ils changer de stratégie ? Cela dépend des titres. De manière générale, je pense que le web va se refermer. Reste que les internautes rendent une partie de ce contenu disponible en le partageant.” Quel impact ont les IA génératives sur le trafic des médias ? Digital Content Next (DCN), une association professionnelles d’éditeurs de contenus numériques comptant notamment le New York Times, Condé Nast, NBCUniversal et The Guardian parmi sa quarantaine de membres, a publié en août un sondage auprès de 19 d’entre eux (dont 12 éditeurs d’information) entre mai et juin 2025, au sujet du trafic renvoyé par Google sur leurs sites. Le résultat : sur une période de deux mois, les clics organiques ont baissé de 1 à 25 % par rapport à l’apport de trafic observé un an plus tôt, et de 10 % en moyenne (7 % pour les sites d’information). De quoi contrebalancer les déclarations de Liz Reid, vice-présidente et responsable de la recherche de Google, qui affirme dans un post de blog publié le 6 août que “le volume total de clics organiques de la recherche Google vers les sites web est resté relativement stable d’une année sur l’autre”, contrairement à ce que suggèrent les “compte-rendus de tiers qui évoquent des déclins spectaculaires”, “souvent basés sur des méthodologies biaisées et des exemples isolés”. Elle ajoute que “de plus, la qualité moyenne des clics a augmenté et nous envoyons légèrement plus de clics de qualité vers les sites web qu’il y a un an” (clics non suivis d’un retour en arrière rapide, ndlr). Elle n’avance aucun chiffre à l’appui de sa démonstration. Ce dernier point se vérifie néanmoins au Monde en ce qui concerne OpenAI, ainsi que Louis Dreyfus l’indiquait aux Echos le 10 juillet : “ce que l’on constate avec OpenAI, c’est que le taux des lecteurs qui arrivent par ChatGPT et qui s’abonnent est bien plus important qu’avec les sources d’audience traditionnelle”. La situation est cependant différente, dans la mesure où Le Monde a signé un partenariat avec OpenAI, avant qu’il ait ajouté des fonctionnalités de search web. ChatGPT représente actuellement 78,5 % du trafic des IA génératives selon Similarweb, contre 8,7 % pour Gemini, mais cela ne comptabilise pas AI Overviews et AI Mode. La consultante Virginie Clève, par ailleurs animatrice du groupe de travail SEO du Geste, tient cependant à relativiser la menace. “À court terme, pas de panique. D’une part, AIO et AI Mode ne sont pas encore déployés en France. D’autre part, on ne peut pas transposer les chiffres américains dans l’Hexagone : les parts d’audience moyennes en provenance de Discover ne dépassent pas les 40 à 50 % aux États-Unis, alors qu’en France, en PQR par exemple, on est à 70-75 %. En outre, en France les audiences de Google Actualités ne diminuent pas, contrairement aux États-Unis où c’est le cas depuis 2023. Google Actualités + Discover représentent toujours 85-90 % du trafic pour les médias d’actualité français. Par conséquent, tant que AIO et AI Mode sont cantonnés à Google Search, le danger ne concerne que 5 à 10 % de l’audience des médias d’information. 35 % de perte sur 5 à 10 % de trafic, c’est peu. Par ailleurs, en me basant sur le pourcentage de trafic des médias venant du mobile, je m’attends à 15-20 % d’audience additionnelle sur Discover lorsque le service sera déployé sur desktop. Et à mon avis, Google retient ce déploiement comme monnaie d’échange à la perte d’audience dans Search, qu’il conteste mais personne n’est dupe.” Raphaële Karayan Brand contentGoogleIA générativeOpenAISEASearchSEOSites d'actualitéStratégies annonceursTransparence Besoin d’informations complémentaires ? 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