Showhere applique les principes de la géostatistique à l’optimisation des plans médias locaux

Le concept

Showhere est née d’une intuition originale : appliquer à l’analyse des données d’enquête consommateurs des algorithmes de géostatistique initialement développés pour cartographier les gisements pétroliers. “Comme pour les sondages pétroliers, nous partons d’une information parcellaire – les sondages consommateurs – pour la projeter sur l’ensemble du territoire jusqu’au niveau des quartiers”, explique Cédric Magneron, le fondateur de Showhere, à mind Media.

La société modélise ainsi des indicateurs locaux (intentions d’achat, comportements consommateurs, habitudes médias) en s’appuyant sur des données d’enquêtes propriétaires (15 000 Français sont interrogés chaque année pour le compte de Showhere) et sur les statistiques INSEE. Une de ses particularités est de pouvoir analyser la propension à l’attention publicitaire sur 14 canaux différents (réseaux sociaux, affichage, TV, radio…) à une maille très fine, afin de permettre aux annonceurs d’optimiser ensuite le ciblage géographique de leurs campagnes.

C’est ainsi par exemple que DirectAssurance, accompagnée par son agence média Initiative, a pu optimiser ses campagnes sur Meta : les croisements cible / points de contact effectués avec la solution de Showhere ont permis à l’annonceur d’identifier les zones géographiques où la cible était plus réceptive aux publicités Facebook. De même pour une enseigne de bricolage, qui a pu optimiser son plan média en privilégiant dans chaque zone de chalandise les points de contact générant le plus d’attention localement.

L’équipe

Showhere a été créée par Cédric Magneron, géophysicien de formation, qui avait précédemment fondé Estimage, une société de services en géostatistique pour l’industrie pétrolière. L’entreprise compte aujourd’hui cinq personnes.

La technologie

La startup s’appuie sur des algorithmes géostatistiques propriétaires, développés initialement pour Estimage puis adaptés aux problématiques publicitaires, et enrichis d’algorithmes de machine learning. Ces outils permettent de modéliser des données d’enquêtes à l’échelle des IRIS (découpage statistique infra-communal de l’INSEE) en les croisant avec des données sociodémographiques INSEE. La modélisation exploite les relations entre les réponses des sondés, leurs caractéristiques sociodémographiques et leur localisation.

Une plateforme web permet aux utilisateurs de visualiser et d’explorer les données via des cartographies interactives. “Notre force est de pouvoir croiser instantanément différents indicateurs au niveau IRIS, par exemple les intentionnistes d’un secteur avec leur appétence pour différents médias”, précise Cédric Magneron.

Le positionnement

Showhere s’adresse principalement aux régies publicitaires et aux agences médias. La startup a d’abord convaincu la régie 366, qui utilise ses outils depuis 2018 pour modéliser les audiences locales de la presse quotidienne régionale. Au sein de la régie et chez les éditeurs de PQR, “70 personnes utilisent notre plateforme et nos données régulièrement”, souligne Cédric Magneron. 

Plus récemment, France Télévisions Publicité a adopté la solution dans le cadre du déploiement de son offre de télévision segmentée : plus de 30 campagnes s’appuyant sur les données Showhere ont été menées en un an.

Le modèle économique

L’entreprise commercialise ses données sous forme d’indicateurs unitaires, auxquels s’ajoutent des croisements complémentaires. La plateforme de visualisation est pour l’instant mise à disposition gratuitement. Ce modèle a vocation à évoluer vers plus de prestations ad hoc, afin de répondre aux besoins spécifiques des agences.

Le marché

En France, la société travaille avec une dizaine d’agences médias de taille moyenne (Values.Media, Initiative, Dekuple, Paragon…), en plus des régies 366 et France Télévisions Publicité. Showhere commence son expansion internationale par la Grande-Bretagne, où elle a noué un partenariat avec Kantar : elle y applique ses algorithmes aux données TGI (Target Group Index) de l’institut d’études. Cette collaboration a permis de toucher des agences comme GroupM. En outre, dans le cadre de ce partenariat, des déploiements en Espagne et en Allemagne sont en cours.

Liens avec l’écosystème

La société a développé une partie de ses algorithmes en partenariat avec l’Institut Mines ParisTech. Elle est soutenue par Bpifrance et maintient des liens étroits avec le monde académique. Ses innovations ont été distinguées à plusieurs reprises au cours des dernières années, notamment au Grand Prix de la Data 2024, à la Nuit des Rois 2024, dans les Trophées Études et Innovations 2023, et au Grand Prix Syntec Conseil 2023.

Les perspectives

Showhere cherche à renforcer sa présence auprès des agences médias tout en poursuivant son développement international grâce aux liens établis avec Kantar. La start-up, jusqu’ici autofinancée, n’exclut pas une possible levée de fonds pour accélérer sa croissance, notamment sur le plan commercial.