Abonnements numériques : la PQR tarde à franchir le cap

Début 2023, dans le cadre de notre étude annuelle sur les abonnés purs numériques des éditeurs français, nous avons sollicité 11 éditeurs de PQR afin qu’ils partagent avec nous leurs chiffres pour 55 de leurs titres, au 31 décembre 2022. Cinq d’entre eux ont accepté, pour 19 titres. Ils réunissent au total 350 000 abonnés purs numériques (un abonné peut l’être à plusieurs titres). 

Une dynamique freinée sur les deux dernières années

Pour les 17 titres de PQR dont nous disposons des données en 2020, 2021 et 2022, le ralentissement est marqué puisque leur croissance est de 12,5 % cette année contre 16,5 % en 2021. En comparaison l’ensemble des titres que nous avons analysés en 2022 enregistrait une croissance 8 % en 2022, contre 11,6 % en 2021. 

Si Ouest France (191 000 abonnés, +20 %) et Le Parisien (77 000 abonnés, +48 %) se distinguent particulièrement, seulement six titres dépassent 10 000 abonnés en ligne : La Voix du Nord (21 200 pour 177 762 de diffusion France payée ACPM), La Dépêche du Midi (15 900 et 114 232), Nice Matin et La Provence (10 600 et 68 800) et Midi Libre (10 100 abonnés). Le Télégramme comptait quant à lui 15 000 abonnés fin 2021. Les groupes Sud Ouest, Télégramme, Nice Matin, Centre France, EBRA et Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO) n’ont pas répondu à notre demande cette année. 

La transformation numérique peine à se concrétiser

Malgré d’importants efforts consentis depuis la fin des années 2010, – avec le renforcement des équipes marketing et numérique, le développement de nouveaux formats, notamment – les éditeurs de presse quotidienne régionale n’ont pas concrétisé la dynamique positive engendrée par la crise sanitaire et restent très dépendants du papier.

Comme Jean-Louis Pelé, le PDG du groupe Nice-Matin l’indique, seulement 20 % des revenus de son média – dont le rapport nombre d’abonnés numérique / diffusion France payée est l’un des plus élevés – sont concentrés sur le numérique, quand cette part est de 40 % pour un groupe plus avancé comme Le Monde. 

Développement des audiences et diversification 

L’enjeu est dorénavant de limiter la baisse des revenus issus du papier – ainsi que les charges associées – tout en améliorant l’offre numérique.

En témoignent le nouveau projet de la Provence – qui veut augmenter ses audiences numériques de 30 % dans un horizon proche – et la stratégie affichée par Nice Matin (SEO, développement de nouvelles applications, etc.), l’objectif central pour la PQR sera d’amener toujours plus d’audiences vers leurs supports en ligne. Et ainsi augmenter les chances de conversion en revenus lecteurs. Cela passe également par la distribution de nouveaux formats : beaucoup ont développé des offres podcasts, de vidéo, etc. 
Au-delà de l’accentuation des efforts sur le numérique, les éditeurs de PQR ont largement diversifié leurs modèles pour moins dépendre du papier, avec le lancement d’agences d’influence et de communication, la prestation de services de production audiovisuelle, ou encore le développement de portails d’offres d’emploi, à l’image du Télégramme.