Accueil > Médias & Audiovisuel > Julien Vin-Ramarony (VOD Factory) : “Nous comptons plusieurs dizaines de milliers d’abonnés à chacun de nos services” Julien Vin-Ramarony (VOD Factory) : “Nous comptons plusieurs dizaines de milliers d’abonnés à chacun de nos services” Créée en 2013, VOD Factory développe une plateforme de SVOD clé en main - qui est notamment le socle technologique de BrutX et de la dizaine d’offres lancées par Orange en début d’année - et édite aussi ses propres services. mind Media a demandé à Julien Vin-Ramarony, président de la société, de présenter l’activité de la société, son modèle économique, et de donner sa vision du marché de la vidéo. Par Paul Roy. Publié le 10 septembre 2021 à 8h24 - Mis à jour le 07 avril 2022 à 14h09 Ressources Quels sont les différents services proposés par la société ? Qui sont vos clients ? D’abord, il y a les services BtoC que nous éditons nous-mêmes : la plateforme de documentaires Spicee (une société distincte dans laquelle nous avons 53 % du capital), QueerScreen (contenus LGBT), créé en 2019, et Shadowz (films d’horreurs, de genre et thrillers), lancé en mars 2021. Nous comptons plusieurs dizaines de milliers d’abonnés à chacun de ces services. D’autres services sont en cours d’élaboration : The Pit sur la musique métal, Cyrano, une plateforme autour du théâtre, et Sailorz, une offre de contenus sur la voile de compétition. En parallèle, nous avons une activité BtoB. Il s’agit soit de développer la plateforme de A à Z, comme nous l’avons fait pour BrutX, dont l’offre repose entièrement sur notre technologie ; ou de distribuer des services existants dans les offres des opérateurs. À titre d’exemple, nous avons un contrat avec Orange pour la distribution d’une quinzaine de services – formatés dans notre plateforme – dans sa box. Nous travaillons avec d’autres acteurs variés : le club de yoga le Tigre pour la plateforme YogaPlay, le service de SVOD pour enfants Benshi ou encore le festival Séries séries. Les services vidéo associent les modèles économiques pour répondre aux différents modes de consommation Quel est le modèle économique de VOD Factory ? Pour l’offre BtoB, il s’agit d’un modèle SaaS. Pour un site internet, notre prix de base est situé entre 1000 et 1500 euros par mois, ce qui est relativement accessible. L’idée est de baisser les barrières à l’entrée pour les gens qui n’ont pas nécessairement les connaissances et équipes techniques. Il peut y avoir des frais annexes (bande passante, coûts de stockage) – ce qui est rare. Le prix peut également varier en fonction des terminaux compatibles (Apple TV, Android, Playstation, etc.). Lorsque l’on s’associe à des détenteurs de droits, un système de partage de revenus peut être mis en place (c’est le cas pour Queerscreen). VOD Factory, spin-off de l’offre VOD de SFR Dans le cadre d’un plan social, en 2013, l’opérateur télécom SFR a annoncé l’arrêt de la production en interne de son offre de vidéo à la demande, lancée en 2007. À cette époque, un contrat de fourniture de service est alors signé avec VOD Factory, une start-up créée en août 2013 par plusieurs anciens cadres de l’offre VOD d’SFR – et dans laquelle l’opérateur a des parts. Julien Vin-Ramarony, son président fondateur, est l’ancien directeur des contenus de SFR, et Aurélien Clerc, directeur général de la start-up, occupait le poste de responsable des acquisitions et des contenus chez l’opérateur. VOD Factory développe en parallèle son activité auprès d’autres éditeurs. En 2018, le contrat avec SFR prend fin et l’opérateur se retire du capital. “Nous avons alors pivoté de modèle vers la SVOD. VOD Factory était à l’époque opérateur d’une boutique VOD, un marché peu dynamique et capturé par les opérateurs. Le but était alors de créer une plateforme générique sur laquelle plusieurs services SVOD tournent”, raconte Julien Vin-Ramarony (VOD Factory). Quelle est la croissance de votre chiffre d’affaires et sa répartition ? La structure de votre capital ? Sur le premier semestre 2021, nous avons multiplié par cinq notre chiffre d’affaires par rapport à l’année dernière. Le SaaS représente les deux tiers de nos revenus, et le dernier tiers provient de l’édition de nos propres services SVOD. Les fondateurs sont actionnaires de la société. Nous avons fait une petite levée obligataire, à laquelle plusieurs investisseurs – dont Jacques Veyrat et Xavier Niel – ont participé. En avril 2020, une banque avait été mandatée pour trouver de nouveaux fonds. Une levée de fonds est-elle toujours envisagée ? Ce n’est pas urgent mais c’est quelque chose que nous envisageons, en fonction de l’évolution du marché et de nos performances financières. Nous sommes montés en puissance à un moment très particulier (crise sanitaire). Des contacts avec des investisseurs – à l’époque assez déboussolés – ont été pris à ce moment, et nous avons mis de côté l’idée d’une levée de fonds. On sort de cette période, on reste sur des sujets très porteurs (streaming, VOD, SVOD) sur lesquels peu d’acteurs français se positionnent, et avec un modèle spécifique (SaaS). Brut lance sa plateforme de SVOD BrutX en France Quelles sont les fonctionnalités de la plateforme ? Globalement, c’est une interface de gestion en back qui permet de gérer l’ensemble de son catalogue AVOD, SVOD ou TVOD. Il y a différentes fonctionnalités qui permettent notamment d’injecter des nouveaux contenus, créer des fiches par films, personnaliser les formats (synopsys, tagline, casting) ou encore gérer la classification CSA, le début et la fin de droit sur un contenu. La plateforme permet également de gérer la distribution sur d’autres services (Amazon Prime, par exemple), de choisir de passer un contenu en gratuit, en payant à l’acte, etc. “Les nouveaux enjeux du marché de la vidéo” Au-delà de la fourniture de la plateforme quels sont les autres enjeux sur lesquels vous assistez vos clients ? Nous avons différents modes de collaboration. Nous pouvons aider une société avec laquelle nous travaillons à monter en puissance sur l’acquisition de droits, comme c’est le cas avec BrutX. Il nous arrive également d’assister un client dans sa stratégie de distribution et lui donner une meilleure compréhension des environnements, comme ça a été le cas avec Orange. Enfin, si un détenteur de droits fait appel à nos services, nous pouvons l’aider à compléter son catalogue et à le monter, mais aussi à améliorer sa stratégie d’acquisition et de marketing digital. Sur un secteur aussi concurrentiel que celui de la SVOD, la stratégie d’acquisition apparaît effectivement centrale. Comment accompagnez-vous les acteurs dans les différentes étapes marketing du lancement d’un service ? Nos clients sont souvent des structures très centrées sur les contenus, qui n’ont pas forcément les bonnes pratiques marketing. Bien entendu, un acteur comme Brut n’a pas nécessairement besoin de nos recommandations en matière d’acquisition abonnés. Il y a trois phases dans lesquelles nous les assistons. D’abord, en amont du lancement : comme ce sont souvent des stratégies de niches, le but est d’adresser une communauté et donc de déterminer si elle est suffisamment engagée. Nous recommandons souvent un crowdfunding, comme nous l’avons fait pour notre service Shadowz (40 000 euros levés). Cela permet de prévendre des abonnements et de voir dans quelle mesure le discours porte. C’est un vrai pré-test du concept et des campagnes marketing, les contributeurs pouvant faire leurs commentaires et remarques sur la proposition de base. SVOD : Canal+ Séries et Salto n’utilisent pas la personnalisation pour la mise en avant des titres Ensuite, au moment du lancement, le vrai enjeu est de parler aux communautés qu’on a décidé de cibler. Les réseaux sociaux sont évidemment les plus efficaces pour les toucher. Nous aidons alors à mettre en place des campagnes et piloter les coûts d’acquisition sur les différents leviers (Facebook, Instagram, search, sponsoring d’influenceurs). On peut soit les conseiller, soit opérer directement les campagnes en facturant au jour/homme. Et au long cours, nous les aidons sur la mise en place une stratégie de marketing automation. Lorsqu’un utilisateur est exposé à une publicité pour un service de SVOD, il peut s’inscrire sans s’abonner. On envoie alors des relances automatiques avec une réassurance sur le contenu, sur le prix, etc. Et nous les conseillons aussi sur la stratégie de fidélisation. Globalement, nous nous basons sur l’expertise acquise via le lancement de nos propres services SVOD. Les services de SVOD permettent de collecter des données sur les habitudes de consommation du contenus, et d’utilisation de la plateforme. Quelle utilisation faites-vous de ces données ? Aujourd’hui cette donnée est gérée uniquement par nos clients. Potentiellement lorsqu’on fera de l’AVOD, ça pourra être un sujet. On a conscience de la valeur de cette data mais aujourd’hui elle n’est pas exploitée du tout, notamment parce que ce sont des services payants. Des services gratuits et financés par la publicité émergent aux États-Unis, mais en France, l’offre reste limitée à celle des grands diffuseurs. Quel est votre positionnement sur les offres AVOD ? Comment envisagez-vous le développement de ce marché en France ? Ce marché commence à évoluer en France. Historiquement, il est capturé par Youtube, Facebook, et en moindre mesure par les offres des grands diffuseurs avec le replay, mais beaucoup d’initiatives vont émerger. On assiste au développement d’offres verticalisées, à l’image de PlutoTV – qui débarque en France – ou de Peacock qui propose à la fois SVOD et AVOD. Nous gardons le même modèle SaaS pour l’AVOD. Pour le client, c’est très différent car tout est mis en œuvre autour de la monétisation publicitaire. De notre côté, il y a un gros enjeu d’intégration de toutes les fonctionnalités pour permettre au player de gérer les insertions publicitaires, remonter certaines données, et alimenter l’adserver. Notre produit est prêt pour l’AVOD, mais nous dépendons beaucoup du niveau de maturité du marché, le temps de réflexion est particulièrement long sur nos marchés. Ce sont des business models sur lesquels nous nous positionnons : nous travaillons actuellement à la construction d’une plateforme AVOD pour un client détenteur de droits actif dans le cinéma. Julien Vin-Ramarony 2013 – Président de VOD Factory 2008 – Directeur des contenus chez Neuf Cegetel puis SFR 2006 – Directeur de la programmation et du marketing de CANALSAT chez Canal + Paul Roy Abonnements numériquesStreaming vidéoSVODTransformation de l'audiovisuelTransformation marketing Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire SVOD : HBO Max sera lancé en Europe dès l'automne Etude : en juin 2021, 1 Français sur 2 est abonné à un service de SVOD SVOD : Canal+ Séries et Salto n’utilisent pas la personnalisation pour la mise en avant des titres SVOD : France Channels lance son offre aux Etats-Unis Baromètre CNC : le marché de la vidéo à la demande est en croissance de 35,1 % en France en 2020 Audiences et diffusion Médiamétrie//NetRatings : où toucher les abonnés à des services de SVOD ? essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction L'IA tient-elle ses promesses dans le marketing et l'achat média ? 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