Accueil > Adtechs & Martechs > Quelles sont les options des éditeurs et adtechs pour s’adapter à la politique d’Apple sur mobile ? Quelles sont les options des éditeurs et adtechs pour s’adapter à la politique d’Apple sur mobile ? Apple a confirmé l'entrée en application d'App Tracking Transparency, une suite de mesures pour protéger les données personnelles des utilisateurs de ses terminaux, au début du printemps. Différentes alternatives techniques sont envisagées par les acteurs du marché pour limiter les pertes de revenus. Par Paul Roy. Publié le 29 janvier 2021 à 9h45 - Mis à jour le 17 mars 2021 à 10h45 Ressources D’abord sur son navigateur Safari, et au sein de son système d’exploitation, Apple a ces dernières années multiplié les mesures pour limiter l’utilisation des données personnelles à des fins publicitaires. Apple a confirmé jeudi 28 janvier qu’il introduirait une fenêtre d’opt-in à son identifiant publicitaire mobile, l’IDFA, au printemps 2021 via l’application de son framework App Tracking Transparency (ATT) dans IOS 14. Pour le moment, il est difficile de déterminer les conséquences d’une telle décision sur les revenus publicitaires des éditeurs d’application. Facebook avait lui anticipé une baisse de 50 % du revenu des éditeurs sur Audience Network si ATT était appliqué. Une chose est certaine, le taux d’opt-in pourrait baisser substantiellement, avec des estimations des acteurs de l’industrie qui oscillent entre 10 et 50 %. Apple veut imposer SkAdNetwork pour l’attribution Comme nous l’expliquions en juillet dernier, pour l’attribution, Apple veut généraliser l’usage d’SkAdNetwork (lire la documentation Apple), une solution lancée en 2018 qui a toujours du mal à convaincre le marché, restant perçue comme une boîte noire. “Les données de performance sont beaucoup moins granulaires et très agrégées. On attribue des performances à une campagne, mais pas à une création, à un moment de la journée”, constate Sylvain Le Borgne head of media expertise & innovation du cabinet spécialisé dans le data marketing fifty-five. Ce type de solution est également beaucoup moins réactif et induit un différentiel de temps dans le pilotage d’une campagne sur applications mobiles. “Il ne faut pas que nous tombions dans les problématiques de mesure que nous avions il y a dix ans, pour le moment on ne sait même pas si les données seront données à 24h ou 48h”, ajoute Sylvain Le Borgne (fifty-five). Une solution qui fait craindre une dépendance encore plus forte à Apple, mais à laquelle toutes les sociétés spécialisées dans l’attribution mobile semblent se préparer. Singular et Adjust multiplient les guides d’accompagnement et workshop à destination des annonceurs, sans pour le moment proposer d’autres solutions. Google a également annoncé jeudi 28 janvier l’intégration de la solution dans son SDK Google Mobile Ads. De l’A/B testing pour optimiser le taux de consentement Avant d’envisager des solutions alternatives, certains acteurs préconisent d’optimiser la récolte du consentement sur l’IDFA. Notamment en évaluant les différentes possibilités d’affichage du pop-up d’Apple, ou en introduisant leur propre fenêtre explicative en amont. “La pop-up d’Apple est très limitée en termes d’usages et de personnalisation. Mais il y a la possibilité de travailler en A/B testing pour déterminer et optimiser l’affichage de la fenêtre de consentement et de la pop-up d’Apple. La grosse part des opportunités sera sur les utilisateurs avec IDFA”, explique Benoît Hucafol, le chief product officer de Smart, qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires in-app et dont le SDK est présent dans 56,1 % des applications des médias français de notre panel (voir la liste des SDK présents dans les applications des médias français). Dans une étude menée sur plusieurs milliers d’utilisateurs essentiellement américains, la société adtech spécialisée dans le mobile Adikteev affirme qu’en introduisant sa propre fenêtre expliquant à l’utilisateur qu’en acceptant de fournir des données publicitaires, il pourra continuer d’accéder gratuitement à des jeux (avec un bouton “allow tracking” ), un éditeur de jeux vidéos obtient 42 % de consentement. Sur ces utilisateurs consentant à la fenêtre de l’éditeur, 87% choisissent l’opt-in sur la pop-up d’Apple affichée dans un second temps – soit un total de 39 % du total des utilisateurs. Ces résultats sont à nuancer car les utilisateurs du groupe témoin, seulement confrontés à la pop-up Apple, consentaient à 73 %, soit 44 points de plus que les utilisateurs confrontés aux deux fenêtres. Cette logique d’A/B Testing peut d’ailleurs être répliquée pour piloter des campagnes, en extrapolant les données récoltées sur les utilisateurs ayant consenti sur des groupes plus larges. “On aura un groupe d’utilisateurs avec IDFA, et on verra quel type d’audience a mieux réagi à un message publicitaire, pour ensuite extrapoler. Le mobile avait apporté cette chimère du tracking de la personne, mais aujourd’hui on va vers plus de statistique et moins de déterminisme. On fait ça depuis très longtemps sur du panel”, rassure Christophe Collet, le CEO de S4M. Collecte et usage de la first party data Comme sur le web ouvert, la collecte et l’utilisation de first party data par les éditeurs peut être clé. Il faut toutefois rappeler que si un éditeur intègre App Tracking Transparency, il ne sera autorisé à utiliser des identifiants first party collectés (mail, numéro de téléphone etc.) pour suivre l’utilisateur sur d’autres applications seulement si ce dernier a choisi l’opt-in sur la fenêtre de consentement proposée par Apple. “Il y a une opportunité pour certains éditeurs de se rendre indépendant du framework d’Apple, en ne collectant pas l’IDFA et en développant leur propre relation avec l’utilisateur”, explique Romain Job, le chief strategy officer de Smart. Pour le moment, c’est un choix que seules les plateformes avec un gros volume d’audience loguée peuvent se permettre. Google a d’ailleurs expliqué, dans la foulée de l’annonce d’Apple, qu’il ne collecterait et n’utiliserait plus l’IDFA à des fins publicitaires pour ses applications IOS, dès qu’ATT rentrerait en application. Côté éditeurs, cela pourrait ouvrir la porte à des logiques d’alliance data, ou de login commun, comme c’est le cas sur le web ouvert, et donc logiquement découler sur un identifiant unique tiers. Une piste pour le moment difficile à envisager. “Est-ce-qu’ils ont le droit de priver un éditeur de sa relation avec le consommateur ? Il me paraît inconcevable qu’Apple interdise aux Echos d’utiliser son adresse e-mail. Pour le moment c’est très compliqué pour les développeurs de prendre position et d’avoir une démarche agressive de “go to market””, tempère Mathieu Roche, le CEO de la solution d’identification ID5. Aller plus loin dans l’analyse du contexte Sur desktop et web mobile, les éditeurs mettent énormément l’analyse sémantique du contexte de diffusion en avant pour s’adapter à la raréfaction des cookies tiers, en témoigne le nombre de solutions spécialisées (consulter notre panorama). Dans les environnements applicatifs, dans lesquels il n’y a pas d’URL, l’analyse contextuelle est pour le moment souvent limitée à la page descriptive de l’application dans l’App Store. Smart travaille actuellement sur des solutions d’analyse sémantique avec des algorithmes stockés dans l’application grâce à son SDK. “Si le contenu de l’application est le miroir de son site web, on revient dans le monde du web via l’analyse de pages URL. Si l’éditeur a des contenus spécifiques sur l’application, alors le but sera d’analyser directement ce contenu en temps réel via notre SDK, même si il est dynamique ou qu’il s’agit de commentaires d’utilisateurs, notamment dans des logiques de brand safety”, détaille Benoît Hucafol (Smart). Le défi est pour le moment technique, car dépendant de la capacité de processing du terminal afin de ne pas rendre l’application inutilisable. Ce qui pose moins problème avec les Iphones qu’avec les terminaux Android, aux performances beaucoup plus hétérogènes. D’autres alternatives moins “propres” comme le fingerprinting, la délégation de sous-domaine ou le local storage sont utilisées pour contourner l’usage de cookies tiers sur le web ouvert. Cela parait beaucoup plus périlleux sur les environnements applicatifs, Apple pouvant bannir de son Store les applications ne respectant pas ses conditions. Apple semble plus que jamais déterminé à introduire App Tracking Transparency. Les éditeurs et adtechs, qui semblent encore en phase de réflexion, devront rapidement trouver des alternatives sous peine d’accuser des pertes de revenus conséquentes, comme ce fut le cas après la mise en place d’ITP sur Safari. Le marché publicitaire attend la décision de l’Autorité de la concurrence Cet été, Apple annonçait la mise en place d’un opt-in pour son identifiant publicitaire dans IOS 14.4, alors que le marché publicitaire craignait une suppression. Plusieurs interprofessions de la publicité en ligne avaient alors rapidement enjoint la firme à notamment réaffirmer la neutralité de ses environnements ; s’assurer de la conformité de ses décisions avec le RGPD et le TCF et s’assurer que le pop-up de consentement soit customisable et interopérable avec les autres standards du marché. Dans un deuxième temps, fin octobre, Les quatre associations professionnelles françaises de la publicité en ligne, l’IAB France, la MMAF, le SRI et l’UDECAM ont saisi l’Autorité de la concurrence et ont réclamé des mesures conservatoires pour empêcher Apple de mettre en place sa nouvelle politique. Paul Roy GAFAMIdentifiant uniqueIDFAMobileMobile programmatiquePublicité mobilePublicité programmatique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Apple confirme qu’il introduira son App tracking transparency dès 2021 Un groupe d’activistes dépose plainte contre l’IDFA d'Apple en Allemagne et en Espagne Pourquoi les associations publicitaires françaises saisissent l'Autorité de la concurrence contre Apple IDFA : Facebook anticipe une baisse de 50 % du revenu des éditeurs sur Audience Network essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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