Accueil > Investissement > Structures d'investissement > Didier Valet : “Varsity va investir dans une fintech qui démocratise le private equity” Didier Valet : “Varsity va investir dans une fintech qui démocratise le private equity” Didier Valet, ancien directeur général délégué du groupe Société Générale, a cofondé en 2023 la société de capital-risque Varsity. Positionnée sur l’amorçage, elle a notamment soutenu la wealthtech RockFi ainsi que le spécialiste de l’informatique quantique C12. Un autre investissement dans la fintech sera bientôt annoncé, dévoile le general partner à mind Fintech. Par Aude Fredouelle. Publié le 02 avril 2025 à 14h09 - Mis à jour le 04 avril 2025 à 14h59 Ressources Quel est le montant cumulé des actifs gérés par Varsity ? Varsity a été fondée en 2023 par Kamel Zeroual, Florent Thomas et moi-même et a réalisé un premier closing de 75 millions d’euros en février 2024. Nous avons depuis dépassé les 100 millions d’euros et ciblons les 150 millions d’euros, avec un closing prévu en milieu d’année. Nos LPs sont à 85 % des institutionnels (Bpifrance, MACSF, MAIF, Crédit Agricole Assurances, BNP Paribas…), et le reste est abondé par des family offices et high net worth friends and family. Nous avons aussi mis en place un feeder [fonds nourricier, dont la vocation exclusive est d’être investi dans un autre fonds, Ndlr] pour des investisseurs privés, qui est géré par Elevation Capital Partners – ce qui nous évite de gérer les formalités comme l’onboarding des investisseurs. À quel stade investissez-vous ? Nous investissons plutôt en amorçage, des tickets allant de 1,5 à 2,5 millions d’euros, mais nous pouvons aussi monter sur des pré-Séries A, comme cela a été le cas pour C12, spécialisée dans l’informatique quantique, dans laquelle nous avons injecté six millions d’euros à l’occasion d’une levée de 18 millions d’euros en juin 2024. Les neuf autres sociétés dans lesquelles nous avons investi à date sont dans la fourchette précédemment indiquée. Nous voulons prendre au moins 15 % du capital et nous investissons toujours en lead, démontrant ainsi notre conviction profonde dans les projets sélectionnés. Nous demandons systématiquement un siège au conseil d’administration, qui sera occupé soit par Kamel Zeroual [general partner de Varsity, ex-Serena et 50 Partners, Ndlr], par Jennifer Auvray (arrivée en septembre 2024 au sein de la société en tant que partner) [passée par Bain & Company et Salesforce, Ndlr], par Eloi Verspieren, investment manager [ex-Clipperton, Ndlr] ou encore par moi-même [general partner, Ndlr]. Pourquoi avoir choisi de se positionner en amorçage ? Nous sommes convaincus que l’amorçage, bien qu’il puisse paraître plus risqué, présente des caractéristiques similaires à la Série A. Grâce à nos parcours d’opérateurs – des parcours de croissance ou de création -, nous pouvons accompagner les sociétés dans leur phase de go-to-market et transformer une technologie en produit et un produit en marché, et ainsi “dérisquer” en grande partie le projet. En outre, l’investissement en amorçage est entre 2,5 et 4 fois moins cher qu’en Série A. Ce segment est par ailleurs déjà bien couvert par des fonds établis alors qu’une offre paneuropéenne en amorçage telle que nous souhaitons la créer est plus rare en France. Quelle sera la répartition géographique des investissements ? Varsity est un fonds paneuropéen. Deux tiers du fonds seront investis en France, car c’est le minimum demandé par Bpifrance. À ce jour, une seule entreprise de notre portefeuille est basée à l’étranger : Mizou, spécialisée dans l’éducation et la formation. La société est enregistrée en France, mais toute l’équipe est basée à Barcelone. Et 50 % du prochain fonds sera investi à l’étranger. Quel sera votre rythme d’investissement ? L’objectif est d’investir dans une trentaine de sociétés, à raison de 8 à 10 opérations par an, et de conserver une moitié du fonds pour suivre en Série A sans se faire diluer. Mais nous n’avons pas vocation à investir systématiquement en Série B – nous laisserons des fonds plus importants prendre la main. Quels sont vos segments privilégiés ? Et quelle place prend la fintech, un secteur que vous connaissez bien ? Nous sommes agnostiques même si nous avons un penchant pour le software et le BtoB. Nous apprécions en effet le segment fintech – nous en avons déjà une en portefeuille, RockFi, et nous sommes en train de finaliser l’investissement dans une seconde. Nous regardons aussi la santé, sur le segment de la prévention et du bien-être, mais nous n’avons pas encore réalisé d’investissement. Enfin, ce qui a trait au climat et au pilotage de l’énergie nous intéresse aussi. Gestion privée : RockFi lève 18 millions d’euros en Série A C12, spécialisée dans l’informatique quantique, est la seule deeptech dans laquelle le fonds investira. L’horizon du fonds qui vient d’être lancé étant de 10 ans, nous pourrons accompagner la société sur toute cette durée et nous sommes entrés un peu tard puisque 360 Capital avait déjà investi en seed. C12 fait partie des cinq ou six entreprises à la pointe de cette technologie en France. La société mise sur des solutions à faible tolérance d’erreur, donc plus stables que d’autres sur le marché. Pourquoi avoir investi dans RockFi en particulier ? En tant que business angel, j’ai beaucoup investi dans les fintech et j’ai vu passer beaucoup de concepts, notamment dans le wealth management. J’avais investi à titre personnel dans Epsor, sur le segment de l’épargne salariale, et dans le néocourtier Shares, qui a depuis pivoté. RockFi propose une hybridation entre des partenaires physiques et une couche tech qui leur permet d’être beaucoup plus efficaces et de libérer du temps pour le commercial, tout en proposant des produits de qualité. Le deuxième investissement fintech, en cours de closing et basé en dehors de la France, est un positionné sur un segment proche puisqu’il permet de démocratiser l’accès au private equity pour le grand public. Là encore, l’objectif est de révolutionner l’accès à l’investissement. Le néocourtier Shares ouvre sa plateforme technologique aux CGP Quels autres segments de la fintech vous semblent prometteurs ? Nous nous sommes penchés sur des softwares côté back-end, car la partie front a déjà été très couverte par des néobanques BtoC et BtoB et par des insurtech, même si tout le monde n’a pas gagné. Les acteurs traditionnels se sont en partie adaptés, notamment sur l’UX mobile, mais il reste compliqué de proposer une très bonne UX avec des outils bancaires lourds. Les fintech s’attaquent à ce problème en proposant des outils SaaS aux acteurs traditionnels et nous observons ces propositions. Quel est votre objectif de performance ? L’ambition est d’atteindre un multiple net de 3 en termes de retour sur investissement. Comment percevez-vous les valorisations actuelles ? Du point de vue des investisseurs, la période est favorable : nous ne sommes plus du tout dans des excès de valorisation. Nous nous retrouvons d’ailleurs parfois en compétition avec des fonds de seed ou Série A plus âgés, qui ont du legacy avec des investissements réalisés à des valorisations élevées et qui se retrouvent aujourd’hui en difficulté. Alors que nous sommes principalement concentrés sur la chasse de bons projets, eux doivent accompagner les start-up du portefeuille qui rencontrent des problèmes, et c’est chronophage. Par contre, sur le volet de la levée de fonds, le marché est moins porteur puisque les VC ont rendu moins de cash aux investisseurs institutionnels ces derniers temps. Il a donc fallu se battre pour lever les 100 millions d’euros et nous en sommes très contents. Pensez-vous que certaines échéances réglementaires pourraient créer à court terme des opportunités dans la fintech ? La dématérialisation des factures va changer les process entre clients et fournisseurs, donnant un rôle clé aux ERP finance et comptabilité et sans doute aussi potentiellement aux établissements de financement. Cela peut changer la manière dont les entreprises utilisent l’affacturage, les produits de financement et gèrent leur BFR. Il y aura peut-être une façon de financer les créances de manière plus simple, plus transparente et moins chère pour les entreprises. Les plateformes de gestion financière se préparent à l’avènement de la facture électronique Ensuite, même si cela semble être reporté avec l’omnibus de simplification européenne, le sujet de l’ouverture des données pour l’assurance avec Fida pourrait faire émerger des nouveaux services en termes de prix et de transparence, comme ce que l’on a vu avec la DSP2. Enfin, de nombreuses entreprises aident à mieux appréhender la complexité réglementaire en recourant à l’intelligence artificielle pour comparer des corpus réglementaires, par exemple. Les législations extra-financières, une aubaine pour les regtech françaises Combien de collaborateurs compte Varsity ? L’équipe d’investisseurs est composée de trois partners [Didier Valet, Kamel Zeroual et Jennifer Auvray, Ndlr] ainsi que, depuis l’automne, d’un investment manager. Le troisième fondateur [Florent Thomas, ex-central operations manager de Serena, Ndlr] couvre les opérations, la finance et le recrutement des talents en appui aux sociétés du portefeuille. Deux recrutements sont prévus côté investissement et ESG (diagnostic, suivi des sociétés…). Aude Fredouelle banque privéefonds d'investissementlevée de fonds Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind