Accueil > Financement > Gestion des risques : comment les banques analysent leurs données grâce à Opensee Gestion des risques : comment les banques analysent leurs données grâce à Opensee Opensee (ex-ICA) est une plateforme d’analyse de données pour la gestion des risques (de marché, de liquidité, opérationnels…) des institutions financières. Start-up membre de la première promotion de l’incubateur de Société Générale GMI, Opensee travaille notamment avec les BFI de Société Générale et Crédit Agricole, ainsi que Kepler Cheuvreux. Par Caroline Soutarson. Publié le 13 décembre 2023 à 14h03 - Mis à jour le 29 mars 2024 à 12h13 Ressources Les points clés Fondée en 2015, Opensee est une plateforme d’analyse de données de risques pour les BFI, gérants d’actifs, fonds alternatifs et plateformes de trading. Opensee a réalisé une levée de fonds de 11 millions d’euros en 2022 pour étendre sa présence géographique. D’ici quelques années, l’entreprise veut réaliser 50 % de son chiffre d’affaires outre-Atlantique. Société Générale a très tôt cru en la solution. Opensee a intégré son incubateur en 2019, puis la division risque est devenue cliente de la solution avant d’investir en equity dans la start-up. La plateforme d’analyse de données pour la gestion des risques financiers Opensee (ex-ICA) a révélé le 5 décembre l’utilisation de sa solution par la banque de financement et d’investissement du groupe Crédit Agricole. La collaboration entre la BFI et la fintech a débuté en 2020 et le service en découlant est en production depuis un an. L’objectif pour la BFI : “améliorer la rapidité, l’efficacité et la gouvernance de la gestion des risques pour les activités de marché”, assure Régis Benichou, head of business risk advisory chez Crédit Agricole CIB. Comment s’y prend Opensee pour optimiser la gestion des risques des acteurs financiers ? Décryptage. Pivot stratégique Créée en 2015, Opensee se positionne d’abord comme une solution de modélisation pour la gestion des risques via des bases de données in-app. Mais la fintech ne convainc pas les banques. La société opère donc un pivot stratégique et attaque le problème autrement. Opensee devient une réponse à l’enjeu du Big Data dans le domaine de la gestion des risques. Elle abandonne à cette occasion ses jeux de données de risques afin de permettre aux banques, fonds alternatifs ou gérants d’actifs d’intégrer “leurs données de risque, structurées ou non et venant de multiples sources, dans notre infrastructure pour les rendre exploitables facilement, de manière interactive, en temps réel, quelle que soit leur quantité”, décrit Stéphane Rio, fondateur et président de la société (ex-Kepler Cheuvreux, Depfa Bank, Commerzbank). Une avancée, selon le dirigeant, pour des entités financières “qui avaient beaucoup investi sur le stockage de l’information, le cloud, et des Data Lakes Hadoop et plus tard Spark… Mais ces solutions de stockage n’étaient pas spécialisées pour réaliser des analytics”. Opensee propose quant à elle une architecture qui autorise le maniement rapide des données, avec des calculateurs de ratios réglementaires codés en Python “tels que la Value at Risk (VAR) ou le Liquidity Coverage Ratio (LCR)”. Les Big Tech, fournisseurs de cloud et de services de calcul associés, proposent eux aussi des alternatives. Mais Opensee s’en différencie à la fois en étant spécialisée sur le segment financier et en termes de tarification. La plateforme permet en effet l’analyse de données pour les risques de marché, de crédit, de liquidité, de lutte contre le blanchiment et climatiques. Elle aide aussi à la décision dans les opérations de trading, les reportings réglementaires ou encore l’analyse ESG. “Les solutions cloud d’Amazon, Google ou Microsoft, qui proposent des capacités brutes d’analytiques similaires, ne sont pas dédiées à l’industrie financière et offrent un système de paiement à la requête, qui pose problème pour passer à l’échelle”, assure le fondateur d’Opensee. La start-up mise, elle, sur une licence tarifaire. Opensee a en outre investi le low-code et le no-code “afin de simplifier l’accès à notre solution aux équipes métiers , en particulier pour les gestionnaires de risques, mais aussi les équipes de suivi des risques qui ont besoin de faire de l’agrégation dans le cadre de la FRTB (Fundamental Review of the Trading Book) par exemple”, explique Stéphane Rio. Le low-code/no-code ou la promesse d’une accélération de la digitalisation Société Générale : incubateur, client et investisseur La seconde version d’Opensee trouve cette fois-ci une résonance chez les acteurs financiers. Société Générale est notamment intéressée. La banque intègre la start-up dans la première promotion de son Global Markets Incubator (GMI), son incubateur dédié aux activités de marché, en 2019. Deux ans plus tard, la division risque de Société Générale indique utiliser au quotidien Opensee pour la gestion du risque de taux d’intérêt du portefeuille bancaire (IRRBB, Interest Rate Risk in the Banking Book) et pour la gestion des exigences de fonds propres dans le cadre du dispositif réglementaire pour le suivi du risque de marché (FRTB). Société Générale prévoit alors aussi de déployer la solution d’Opensee pour ses calculs de liquidités et de RWA (risk-weighted assets), selon un article de The Trade. La solution attire plusieurs banques – dont Crédit Agricole CIB -, au point qu’Opensee “arrête un temps de vendre sa solution”, le temps de l’installer chez ses clients, révèle le fondateur. “L’implémentation de la solution chez une banque, pour un cas d’usage, nécessite typiquement entre trois et six mois”, précise Stéphane Rio. “Une fois la solution mise en route chez tous nos clients, nous avons cherché à réaliser une levée de fonds qui nous permettrait d’investir dans la vente”, se souvient Stéphane Rio. Après un tour en “amorçage de 2,5 millions d’euros auprès d’ICA Partners SA, la holding du dirigeant, et Kepler-Cheuvreux qui [a apporté] environ 870 000 euros”, selon CFNews, Opensee a annoncé un financement en Série A de 11 millions d’euros en décembre 2022. Omnes Capital a mené l’opération, avec la participation de Laurion Capital et Société Générale Ventures. Notre baromètre des levées de fonds des fintech et insurtech françaises Développer la base de clients Avec cette levée de fonds, Opensee a élargi sa clientèle cible, ainsi que ses zones géographiques de présence. “Nous avons créé une plateforme SaaS pour des clients plus petits comme certains asset managers et hedge funds”, indique Stéphane Rio. En termes d’expansion à l’international, Opensee, qui était déjà présente au Royaume-Uni, a ouvert “des bureaux à Singapour, pour le support client d’abord, et à New York, à la fois pour le support et la vente. Nous sommes désormais 90 collaborateurs, dont 70 basés à Paris, une dizaine à Londres, cinq à New York et trois à Singapour”, dénombre le dirigeant. Ses ambitions se concentrent outre-Atlantique. “Les États-Unis représenteront 50 % de notre activité dans quelques années.” Selon CFNews, Opensee a réalisé un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros en 2021. Stéphane Rio n’a pas souhaité communiquer à mind Fintech les revenus générés en 2022 mais affirme que la société était rentable avant sa dernière levée de fonds annoncée en décembre 2022 et espère l’être de nouveau d’ici la fin 2024. “Pour l’instant, les revenus générés via nos grands clients – les banques -, priment sur ceux engendrés par les gérants d’actifs et hedge funds. À terme, nous aimerions arriver à du 50 %-50 %”, confie le dirigeant à mind Fintech. Parmi ses utilisateurs, Opensee compte “trois des trente plus grandes banques mondiales, affirme Stéphane Rio. Nous avons des discussions bien avancées avec des banques, hedge funds, asset managers et plateformes de trading en Europe, aux États-Unis et au Canada.” À moyen terme, l’extension de la plateforme aux assureurs est étudiée. Caroline Soutarson BFIbig datacloudgestion du risque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Entretien Didier Lallemand : “La mobilité, la RBF et le BNPL sont au coeur des priorités de Société Générale Ventures” Entretien Antoine Connault - Albert Loo : “Société Générale cherche des fintech pour améliorer l’efficacité de ses activités de marché” Entretien Claire Calmejane : “Société Générale travaille sur les modèles économiques de BaaS et de BaaP”