Accueil > Investissement > Le néocourtier Shares ouvre sa plateforme technologique aux CGP Le néocourtier Shares ouvre sa plateforme technologique aux CGP Lancé en 2022 comme une application de social trading, le néocourtier Shares revoit sa copie. Fermeture du marché britannique, arrêt de l’offre d’épargne salariale, changement de clientèle cible chez les particuliers, ouverture aux conseillers en investissement… mind Fintech fait le point avec son dirigeant Benjamin Chemla. Par Caroline Soutarson. Publié le 05 novembre 2024 à 19h04 - Mis à jour le 07 novembre 2024 à 9h12 Ressources Le néocourtier français Shares a déployé le 5 novembre une offre à destination des conseillers en gestion de patrimoine (CGP), Shares Pro. Plus qu’un service, Shares Pro est désormais le fer de lance de la fintech. Un choix stratégique surprenant pour la fintech qui entendait à ses débuts responsabiliser les investisseurs individuels grâce à une brique de réseau social dédié à l’investissement (social trading) intégrée à l’application. Avec cet élargissement de l’activité, “nous gardons un enjeu commun : créer des solutions technologiques afin de démocratiser l’investissement”, assure à mind Fintech Benjamin Chemla, cofondateur et président de Shares. L’avantage du marché des CGP : “aucune fintech récente ne s’est intéressée à la distribution intermédiée”, estime le dirigeant. À l’inverse, les néocourtiers qui évoluent en BtoC sont nombreux en Europe (Trade Republic, Bitpanda, Scalable Capital, Bux…). Shares compte “22 CGP qui ont signé un contrat de distribution. Nous visons 300 CIF (conseillers en investissement financier) et/ou CGP d’ici fin de l’année, des indépendants aux grands cabinets”, précise le président de la start-up. D’après Benjamin Chemla, la France compte 5 800 CIF. En attendant Robinhood, les néocourtiers européens affinent leurs stratégies Deuxième avantage, les montants investis par les clientèles des CGP. “Arrivé à l’âge de 35-40 ans, en couple, le budget dédié à l’investissement peut atteindre 50 000 à 100 000 euros, et dans ce cadre, il peut être nécessaire de se faire accompagner. Les montants ne sont pas suffisamment élevés pour attirer les banques donc ce sont les conseillers en investissement indépendants et les CGP qui s’en occupent”, expose Benjamin Chemla. Une population qui, en définitive, se recoupe partiellement avec les clients en direct de la fintech. Alors que vous visions initialement une cible “18-25 ans, que nous souhaitions éduquer grâce à notre brique réseau social, plus de 90 % de notre clientèle en direct ont finalement un profil d’épargnants à long terme, plus âgés, associés à des montants supérieurs investis. Les 10 % restants ont des profils de traders”, constate le cofondateur. Enfin, Shares Pro doit permettre à Shares de reprendre sa stratégie d’expansion à l’international. Après avoir mis sur pause ses ambitions en la matière en 2024 afin de se concentrer sur les développements produits (plans programmés, ETF, robo-advisor, gestion de trésorerie…), la fintech veut se servir de son agrément de prestataire de services d’investissement (PSI), passeporté dans toute l’Union européenne, pour attirer les CGP du Vieux continent. Selon Benjamin Chemla, la zone compte “700 000 conseillers financiers qui gèrent 41 trillions d’euros”. 50 000 comptes titres ouverts Presque un an après son lancement en France, Shares dénombre “50 000 comptes titres ouverts [dans l’Union européenne, Ndlr], dont 85 % en France, et le reste réparti entre la Belgique et la Pologne [où la fintech s’était lancée au printemps 2023, Ndlr]”, selon le dirigeant. À titre de comparaison, la fintech avait recensé 100 000 ouvertures de comptes titres en 18 mois de présence au Royaume-Uni, premier marché ouvert par Shares début 2022 et également le premier fermé par la start-up. La fintech a en effet cessé les opérations outre-Manche à l’été 2024. “Nous opérions au Royaume-Uni sous le statut d’agent lié, ce qui restreignait beaucoup notre marge de manœuvre. Nous ne pouvions par exemple pas créer de compte ISA [l’équivalent britannique du PEA, Ndlr], ce qui est un véritable frein sur ce marché où, tant les legacy brokers que les neobrokers, y ont recours. Par ailleurs, bien que nous ayons ouvert beaucoup de comptes, nous avions peu d’encours sur la plateforme, révèle Benjamin Chemla à mind Fintech. Nous reviendrons peut-être sur ce marché dans quelques années, avec les bons agréments.” Sortie d’un PEA ETF fin novembre Pour ne pas répéter les mêmes erreurs en France, Shares prévoit de lancer son plan d’épargne en actions (PEA) à la fin du mois de novembre, via Shares Pro, puis dans son offre en BtoC. Le produit ne sera toutefois que partiellement opérationnel puisqu’il ne permettra que l’investissement en ETF dans un premier temps, les actions fractionnées n’y ayant légalement pas leur place. “Nous avons espéré que les actions fractionnées seraient éligibles après avoir eu une présence active auprès du régulateur et du ministère des Finances. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale a ralenti la mise en place d’un régime spécifique aux actions fractionnées”, explique le dirigeant. En plus du PEA, Shares Pro permettra d’investir dans des comptes titres pour les particuliers et les entreprises (Shares a lancé un service de gestion de trésorerie à l’été 2024). À terme, la fintech veut ajouter des “produits plus complexes, des fonds, des produits structurés…”, énumère Benjamin Chemla. Seul manquement au tableau : les cryptoactifs. “La plupart des intermédiaires que nous avons interrogés ne se sentent pas à l’aise avec la responsabilité d’investir dans cette classe d’actifs pour leurs clients”, selon le dirigeant. Les cryptoactifs resteront toutefois accessibles pour les investisseurs en direct. Mise en pause de l’épargne salariale Autre projet mis de côté : l’épargne salariale. Annoncée en même temps que le lancement de l’application en France, l’offre d’épargne salariale de Shares, proposée en partenariat avec Oddo BHF, devait permettre à la fintech d’explorer un autre pan de l’investissement. “Nous avons rencontré beaucoup d’entreprises mais le marché est compliqué à adresser en direct, donc nous avons mis cette offre en pause pour l’instant, nous ne la commercialisons plus”, avoue le dirigeant à mind Fintech. Compte tenu des modifications stratégiques, la start-up prévoit d’atteindre son seuil de rentabilité début 2026. Caroline Soutarson épargne salarialetrading Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire MiCA : la Commission européenne retoque l’obligation d’un audit de cybersécurité réalisé par un prestataire externe Entretien Eric Demuth (Bitpanda) : “Nous sortirons un assistant financier virtuel basé sur l’IA d’ici fin 2024” Dossier En attendant Robinhood, les néocourtiers européens affinent leurs stratégies Social trading : Shares fait le pari de l’épargne salariale Le copy trading augmente la prise de risque des investisseurs Robinhood lancera sa solution de trading crypto dans l’UE dans les prochaines semaines