Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Les banques en ligne et néobanques ont doublé le nombre de leurs clients en France depuis 2018 Les banques en ligne et néobanques ont doublé le nombre de leurs clients en France depuis 2018 Comme chaque année, mind Fintech fait le point sur le développement des banques en ligne, challengers et néobanques en France. En 2022, plusieurs ont connu de très fortes croissances : Boursorama Banque a gagné 1,4 million de clients, notamment grâce au rachat d’ING, et Nickel et Revolut ont chacun recruté 500 000 clients supplémentaires. Par Aymeric Marolleau et Aude Fredouelle avec Antoine Duroyon et Caroline Soutarson. Publié le 15 mars 2023 à 16h11 - Mis à jour le 19 avril 2023 à 17h44 Ressources Cet article est le premier d’une série consacrée aux banques en ligne et néobanques, comparant le nombre de leurs clients en France et dans le monde, ainsi que leurs offres : Les banques en ligne et néobanques ont doublé le nombre de leurs clients en France depuis 2018 Tarifs, modes de facturation, type de carte… Quelles offres chez les banques en ligne et les néobanques en 2022 ? Plus d’une vingtaine de banques en ligne et néobanques espèrent convaincre les consommateurs français d’ouvrir un compte sur leurs services. Pour se faire une idée des forces en présence et de leurs stratégies d’acquisition, mind Fintech les a interrogées, pour la cinquième année consécutive, sur leurs chiffres au 31 décembre 2022 (voir la méthodologie en fin d’article). Le classement des banques en ligne et néobanques qui ont le plus de clients en France Des chiffres difficiles à obtenir Tous les acteurs sollicités n’ont pas partagé avec nous leurs chiffres les plus récents pour la France. C’est notamment le cas d’Orange Bank (421 000 clients fin 2021), puisqu’Orange ne publiera ses résultats qu’en mai, d’AXA Banque (600 000 clients fin 2021, mais dont certains ne détenaient que des produits d’épargne) – qui indique désormais être plutôt tourné vers les clients assurés chez AXA et ses salariés que vers le grand public – et de BforBank (240 000 clients fin 2021). Monabanq, la banque en ligne du groupe Crédit Mutuel – CIC, ne communique plus ses chiffres depuis 2015. Parmi les absents, citons aussi Curve, Pixpay, Fintch, Lydia (qui ne communique que sur le nombre de clients en Europe) et Vivid Money. Pixpay nous a fourni des chiffres à l’international qui incluent également ceux de Gohenry, qui l’a récemment racheté. Les néobanques vertes OnlyOne, Hélios et Green-Got n’ont pas non plus souhaité répondre. Depuis notre précédent baromètre, plusieurs néobanques ont fermé leurs portes, dont Pumpkin (93 000 clients fin 2021) et Aumax pour moi (185 000 clients fin 2021), du groupe Crédit Mutuel Arkéa. Boursorama Banque continue de croître rapidement Boursorama Banque continue de dominer le marché français, puisque la banque en ligne a atteint 4,7 millions de clients fin 2022, soit 1,4 million de plus qu’en 2021 (+42 %). Dont 315 000 à la suite de la reprise du portefeuille de clients d’ING, qui comptait 750 000 clients en France lorsqu’elle a annoncé la cessation de ses activités dans le pays, en décembre 2021. La filiale de la Société Générale investit massivement dans sa croissance depuis 2015, en ne lésinant pas sur les budgets marketing et d’acquisition, afin d’atteindre une taille critique. “Les coûts d’acquisition représentent plus de 40 % de l’ensemble des charges de la banque pendant cette phase de développement”, écrivait son directeur général, Benoît Grisoni, dans une tribune pour Revue Banque début 2022. La banque en ligne ne compte pas s’arrêter là, et vise 5,5 millions de clients fin 2023. Pour autant, elle commence à rationaliser ses coûts en vue de retrouver le chemin de la rentabilité, puisque Benoît Grisoni indique viser “une forte rentabilité” dès 2024. La banque en ligne a ainsi abaissé de 20 % son coût d’acquisition en 2022. “Boursorama a fait le choix de longue date d’investir pour grossir rapidement en cherchant à atteindre plusieurs millions de clients. D’autres misent sur une stratégie différente, comme Fortuneo qui possède un fonds de commerce moins fourni [600 000 en juillet 2022 en France, Ndlr], mais qui génère des revenus par client plus élevés par l’équipement”, analyse Nicolas Darbo, Partner au sein du cabinet Accuracy. Outre le nombre de clients, les autres voyants sont au vert : les encours de la banque s’élèvent à plus de 66 milliards d’euros fin 2022, en augmentation de plus de 15 milliards sur un an, notamment grâce à la collecte de dépôts (+43 % sur un an). De quoi embellir les futurs résultats 2023 de la banque en ligne, dans un contexte de hausse des taux de rémunération des dépôts. Boursorama en fait d’ailleurs profiter ses clients, puisque la société a annoncé le 9 mars le lancement d’un compte à terme avec un taux de 3 % sur 12 mois. Boursorama devance Nickel, qui a gagné 500 000 clients l’an dernier (+21 %), ce qui lui fait franchir les 2,9 millions de clients. Lors d’un webinaire organisé par Syrtals le 9 mars, intitulé “La saga des néobanques”, Marie Degrand-Guillaud, directrice générale déléguée de Nickel, a indiqué que la néobanque compte désormais 7 000 points de vente chez les buralistes, ce qui lui permet “d’avoir un coût d’acquisition légèrement inférieur à celui de ses concurrents et d’être rentable depuis fin 2018”. Nickel a ainsi probablement dépassé N26, qui n’a pas communiqué à mind Fintech de chiffre plus précis que “plus de 2,5 millions de clients fin 2022” (le challenger avait franchi le cap des 2 millions en juin 2021). Revolut s’en rapproche, fort d’une croissance de près de 40 % l’an dernier, avec 1,8 million de clients français. En mai 2022, le challenger britannique a annoncé le lancement des IBAN français, en remplacement des IBAN jusque-là lituaniens, et la nomination d’un nouveau responsable pour la France, Vincent Péron. La croissance de Ma French Bank a été de 41 % l’an dernier, avec 175 000 nouveaux clients, lui permettant d’atteindre 600 000 clients. Lors du séminaire Syrtals du 9 mars, Alexandre Giros, qui a succédé en février 2022 à Alice Holzman à la tête de la banque mobile, a indiqué que Ma French Bank acquiert désormais entre 25 000 et 30 000 nouveaux clients par mois. Pour autant, les résultats de la banque mobile sont bien loin de satisfaire sa maison-mère, La Banque Postale : Ma French Bank a enregistré un produit net bancaire (PNB) de 8,8 millions d’euros pour une perte nette de 69,4 millions d’euros en 2021 (les pertes 2020 s’élevaient déjà à 66,4 millions d’euros). Comme beaucoup de projets de néobanques ou challengers BtoC lancés par les acteurs traditionnels, Ma French Bank est encore bien loin d’atteindre la rentabilité. Lors de la présentation des résultats annuels 2022 de La Banque Postale, le 28 février 2023, aucune mention n’a été faite de Ma French Bank – une première depuis sa création en 2018. Interrogé à ce sujet, Philippe Heim, président du directoire, assure que la banque mobile est “un succès en termes de conquête, avec une marque installée et un NPS aux alentours de 40”, même si la société “en croissance est toujours en phase d’investissement” et “pas dans une phase d’équilibre”. L’objectif d’atteinte de l’équilibre, initialement fixé à 2025, pourrait cependant être repoussé : “à ce stade, je ne dispose pas d’objectifs, répond Philippe Heim. Cela dépendra des paramètres de marché, comme les taux d’intérêt et la collecte des dépôts.” Les fintech BtoC des banques, gouffres financiers La néobanque pour ados française Kard, de son côté, est passée de 120 000 clients fin 2021 à 200 000 fin 2022. Interrogé par mind Fintech en octobre 2022, son CEO, Scott Gordon, détaillait sa stratégie de croissance. “Nous grossissions à 80 % de manière organique jusqu’à juin 2022, dont 20 % via les parrainages. L’objectif est de ne pas dépasser 20 à 25 % de “paid”. Nous estimons désormais avoir réussi à construire une marque très affinitaire et nous allons accélérer. Nous avons recruté une équipe marketing et nous avons lancé un plan média et des campagnes de publicité métro et TV en juin 2022. Notre croissance a été multipliée par deux depuis. Globalement, depuis notre bascule en payant en octobre 2020, nous enregistrons une croissance de 25 % par mois”, détaillait le dirigeant. Objectif : dépasser les 400 000 membres d’ici fin 2023 et toucher entre 3 et 5 % du marché adressable en France d’ici fin 2024 (constitué de 8 millions d’adolescents). Le marché des néobanques pour ados a été chahuté en 2022. Il faut dire qu’elles s’adressent à un segment BtoC restreint, où les coûts d’acquisition sont élevés et les revenus maigres. Dans un contexte où les investisseurs remettent la rentabilité au premier plan, ces fintech séduisent moins et ont du mal à trouver des financements. Résultat : deux des quatres acteurs indépendants ont fermé en 2022, Vybe et Xaalys, tandis que Pixpay a été racheté par le Britannique Gohenry. Néobanques pour ados : le marché se resserre Enfin, si les néobanques vertes n’ont pas souhaité répondre à mind Fintech, plusieurs d’entre elles ont communiqué sur leur croissance sur leurs réseaux. Ainsi, Green Got a annoncé avoir franchi les 10 000 clients fin 2022, Hélios 14 000 clients, et Only One indiquait début décembre 2022 dans les colonnes de mind Fintech avoir eu “7 000 demandes d’ouvertures de comptes dont 3 000 sont allées jusqu’au bout du processus d’inscription (KYC et virement bancaire)”. Certains challengers et néobanques parviennent progressivement à dépasser la plupart des banques en ligne en termes de nombre de clients, mais leurs modèles économiques sont toujours bien plus instables. “Les néobanques et challengers sont encore loin d’atteindre des revenus par client équivalents à ceux des banques en ligne, car celles-ci ont fait un pas vers le bilan en proposant du crédit et de l’épargne, commente Nicolas Darbo. Les nouveaux entrants, eux, n’ont pour la plupart pas d’agrément bancaire et restent à la périphérie en ne proposant que des produits de paiements. Pour eux se pose un dilemme : doivent-ils passer du modèle actuel, où ils sont vus comme des acteurs agiles valorisés sur la base d’un multiple de leur nombre de clients, à un modèle de banque plus traditionnelle avec du crédit sur leur bilan, où la valorisation équivaut « environ » à la moitié des fonds propres ?” Revolut continue de creuser l’écart à l’international Parmi les acteurs présents en France, Revolut et N26 sont ceux qui comptent le plus grand nombre de clients à l’international, respectivement 27 millions – plus 9 millions en un an – et 8 millions fin 2022. Revolut a annoncé en juin 2022 se lancer dans cinq nouveaux pays : Sri Lanka, Chili, Equateur, Azerbaïdjan et Oman, avec une offre de services allégée, concentrée sur le transfert d’argent à l’international. Il a finalement publié début mars 2022 ses résultats financiers pour l’exercice 2021, confirmant qu’il a bien été rentable sur cet exercice, comme l’affirmait son CEO Nik Storonsky : le rapport atteste d’un résultat net de 26,3 millions de livres et un Ebitda ajusté de 100,3 millions de livres. Le chiffre d’affaires s’élève à 636 millions de livres. Les dépôts des clients totalisent 7,4 milliards de livres fin 2021, contre 4,6 milliards un an plus tôt, en hausse de 58 %. Mais le rapport annuel révèle aussi que si sa diffusion a été retardée si longtemps, c’est parce que BDO n’a pas pu vérifier indépendamment les trois quarts des revenus déclarés par Revolut. Le cabinet, qui a fini par signer les comptes après des mois de revue interne, indique en effet ne pas avoir pu contrôler 477 millions de livres de revenus. Revolut dévoile aussi quelques éléments sur ses résultats 2022 : un chiffre d’affaires de 850 millions de livres, en hausse de 30 %. La société ne dévoile cependant pas encore son résultat net 2022 et ne précise pas si elle a été bénéficiaire. Les bons résultats 2021 de Revolut contrariés par les doutes de son auditeur D’après ses déclarations auprès de mind Fintech, N26 (172,4 millions d’euros de perte en 2021) a environ le même nombre de clients à l’international fin 2022 que fin 2021. Lors du webinaire organisé par Syrtals le 9 mars, le general manager de N26 pour la France et la Belgique Jérémie Rosselli a assuré que le challenger “a dû volontairement freiner l’acquisition pendant une certaine période”. “Notre problème, c’est que nous attirons trop de clients et il faut pouvoir gérer cet afflux.” Présent sur 24 marchés européens, le challenger allemand s’est en effet vu limiter l’accueil de nouveaux clients par la BaFin depuis fin 2021 : estimant que N26 ne contrôle pas suffisamment ses clients pour éviter le blanchiment d’argent et la fraude en ligne, la BaFin oblige la société à limiter l’acquisition de nouveaux clients à 50 000 par mois sur ses 24 marchés, a rappelé Jérémie Rosselli lors du webinaire. En mars 2022, le challenger s’est aussi vu interdire par la banque centrale italienne d’accueillir de nouveaux clients. Sur ce sujet, “la situation n’a pas évolué. Les choses avancent bien et nous attendons les prochaines mises à jour du régulateur italien”, indique à mind Fintech un porte-parole. En outre, N26 a mis fin début 2022 à ses activités aux Etats-Unis. Sollicité par mind Fintech, Orange Bank indique avoir 2 millions de clients en Europe, et 1,1 million en Afrique pour ses services financiers. Mais au-delà des clients qui ont ouvert un compte, ces chiffres comprennent aussi ceux qui ont souscrit un crédit à la consommation ou une assurance smartphone. Ainsi, Orange Bank communiquait sur 600 000 clients en France à fin 2021, mais seuls 421 000 détenaient un compte bancaire. Orange a injecté près de 650 millions d’euros dans son activité de banque en ligne en trois ans et chercherait une porte de sortie, selon le magazine Challenges. Mais, selon Les Echos, alors que les pertes cumulées de la banque en ligne franchissent le milliard d’euros, le dossier n’intéresse pas les banques françaises. Aucune ne devrait déposer d’offre de rachat, et seul le fonds Cerberus, adepte de la reprise de sociétés en difficulté, serait intéressé. Pour réussir à se délester d’Orange Bank et ses 900 salariés, Orange devrait même offrir un chèque de plusieurs centaines de millions d’euros pour la reprise. En comptant les clients de la néobanque pour mineurs française Pixpay, qu’elle a acquise à l’été 2022, la britannique GoHenry (42 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2021) revendique 2 millions de clients dans le monde. Mais ce chiffre dénombre à la fois le parent, qui ne possède pas de compte, et son ou ses enfants. GoHenry s’est lancée aux Etats-Unis en 2018. Pixpay (50 000 clients en France fin 2021), de son côté, s’est lancé sur le marché espagnol fin 2021 et en Italie début 2023. Car c’est avec la marque Pixpay que le groupe opèrera son développement dans l’Union européenne – l’entité y vise d’ailleurs deux millions d’utilisateurs d’ici 2025 ou 2026. En octobre 2022, GoHenry a levé 55 millions de dollars pour financer la croissance du groupe. Fortuneo, de son côté, communique sur 1,1 million de clients à fin 2022 en Europe. La banque en ligne est présente en France, Suisse, Belgique et au Luxembourg. À sa fermeture en novembre 2022, les clients d’Aumax pour moi (185 000 fin 2021), la néobanque du Crédit Mutuel Arkéa, ont été redirigés vers Fortuneo, sa banque en ligne. Méthodologie Début 2023, nous avons interrogé 18 néobanques, challengers et banques en ligne actives en France afin, notamment, de connaître le nombre de clients à leurs offres de compte de paiement avec bancaire, physique ou virtuelle, au 31 décembre 2022. Retrouvez toutes les données dans notre espace Data. Tous les acteurs n’ont pas partagé avec nous le nombre de leurs clients en France et à l’étranger. Depuis 2020, Orange Bank ne communique que le nombre de ses clients détenant un produit bancaire (compte courant ou crédit à la consommation). Concernant Nickel, sa maison mère BNP Paribas ne communique que sur le nombre de comptes créés depuis la création de la néobanque. Les chiffres de Fortuneo ont été partagés par sa maison mère à l’été 2022. A partir des chiffres officiels dont nous disposons pour elle, nous avons réalisé une estimation pour les années 2019, 2020 et 2021, fondée sur un ratio comparant le nombre de ses clients en France et en Europe. Bien que nous leur ayons explicitement demandé le nombre de leurs clients à des offres de compte de paiement ou compte à vue avec carte bancaire, d’autres banques nous ont peut-être communiqué des chiffres incluant des clients n’ayant chez elles que des livrets d’épargne, de l’assurance vie ou du crédit à la consommation. Cela limite la comparabilité des chiffres. Pour rappel, nous utilisons le terme de néobanque pour qualifier des acteurs qui ne disposent pas d’une licence bancaire, et ceux de challenger et de banque en ligne pour désigner des nouveaux entrants et acteurs historiques pleinement régulés. Pour toute remarque ou question, contactez-nous : datalab@mind.eu.com Crédits Analyse data et dataviz : Aymeric Marolleau Rédaction : Aymeric Marolleau et Aude Fredouelle Récupération des données : Antoine Duroyon, Aude Fredouelle et Caroline Soutarson Aymeric Marolleau et Aude Fredouelle avec Antoine Duroyon et Caroline Soutarson banque de détailbanque en lignechallengernéobanque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le classement des néobanques et banques en ligne qui ont le plus de clients en France Les offres des acteurs de la banque numérique