Accueil > Services bancaires > Comment les calculateurs d’empreinte carbone s’introduisent dans les offres bancaires Comment les calculateurs d’empreinte carbone s’introduisent dans les offres bancaires Au sein de la myriade de nouveaux acteurs verts arrivés sur le secteur bancaire (néobanques, robo-advisors, plateformes de crowdfunding…), les calculateurs d’empreinte carbone basés sur les dépenses se démarquent par leur stratégie de développement. Au lieu de se positionner en adversaires des banques traditionnelles, ils en font des alliées et s’adressent aussi bien aux mastodontes qu’aux banques en ligne et néobanques. Encore à ses débuts, le mouvement semble prendre progressivement… avant de devenir un must-have ? Par Caroline Soutarson. Publié le 23 février 2022 à 16h00 - Mis à jour le 24 février 2022 à 11h40 Ressources Au printemps 2021, le cofondateur et directeur général du calculateur d’empreinte carbone Greenly, Alexis Normand, prophétisait que l’outil de “climate scoring” serait “dans toutes les banques d’ici 5 ans”. Presqu’un an plus tard, l’idée ne semble plus saugrenue. BNP Paribas, Crédit Mutuel Arkéa, Crédit Agricole… Les plus grandes banques françaises adoptent tour à tour des solutions de calcul des émissions de CO2 associées aux dépenses de leurs clients. Et la tendance ne se limite ni à l’Hexagone ni aux groupes bancaires : les réseaux Visa et Mastercard, la société de paiement Worldline, mais aussi les banques en ligne et néobanques (Hello Bank!, Aumax pour moi, Pixpay, OnlyOne, Tomorrow) se sont emparés des solutions de responsabilisation des agents économiques aux enjeux climatiques. Fondée en 2018, la start-up nordique Doconomy (basée en Suède mais sous régulation finlandaise) est le calculateur européen dont le développement est le plus avancé. Comme son homologue allemande ecolytiq créée en 2020, elle a décidé de travailler en BtoBtoC en adressant sa technologie aux institutions financières et bancaires. Ce segment de clientèle est aussi plébiscité par le calculateur français Greenly, bien que la start-up privilégie avant tout une activité BtoB auprès des PME, tout comme Carbo, un autre acteur français. Méthodes de calcul de l’empreinte carbone Bien que les méthodologies diffèrent en fonction des acteurs présents sur le marché, le but des calculateurs d’empreinte carbone est de donner une vision globale des émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment associées aux transactions bancaires d’une personne physique ou morale. Doconomy s’appuie sur l’Åland Index, un référentiel co-créé par le calculateur et la banque Ålandsbanken sous la forme d’une joint-venture, qui utilise les données du fournisseur de données climat Trucost (racheté par S&P en 2016). “Nous avons répertorié 400 catégories de dépenses. Pour chacune, nous disposons de l’empreinte CO2 totale du secteur [au niveau mondial, ndlr], ainsi que de son revenu total. Nous connaissons donc la représentation d’une dépense dans ce revenu converti en empreinte carbone”, explique Mathias Wikström, CEO de Doconomy. Grâce à la méthodologie employée, Doconomy estime couvrir 99 % du marché mondial, une force pour se lancer à l’international. Pourtant, la méthode de calcul employée présente plusieurs écueils, parmi lesquels le manque de granularité concernant les produits achetés (voir encadré), l’absence de distinction entre les fournisseurs – une limite pointée par le directeur général de Greenly – ou encore le pays de consommation (acheter un produit local ou étranger n’est pas différencié). “Les données sont les mêmes pour tous les pays. Nous effectuons un ajustement au niveau local en fonction du pouvoir d’achat. Nous travaillons sur une sorte d’indice Big Mac, qui permet par exemple de pouvoir comparer combien un litre de lait coûte en France par rapport au même produit en Allemagne”, ajoute Mathias Wikström. Par ailleurs, il est aussi possible pour les particuliers de paramétrer leurs résultats en fonction de leur mode de vie (régime alimentaire végétarien, achat de produits locaux…), ajoute le dirigeant. De son côté, le calculateur français Greenly apporte de la granularité côté fournisseurs puisqu’au lieu de se baser sur les émissions totales d’un secteur donné, l’empreinte carbone d’un achat est analysée par rapport au bilan GES de l’entreprise (quand celui-ci est disponible, sinon Greenly utilise l’intensité carbone du secteur d’activité). La fintech travaille avec plusieurs fournisseurs de données dont l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), acteur de référence en France qui met à disposition de tous sa Base Carbone, “une base de données publiques de facteurs d’émissions nécessaires à la réalisation d’exercices de comptabilité carbone”. C’est aussi sur cette entité que s’appuient la néobanque verte OnlyOne (voir encadré), le calculateur français Carbo, et Keewe, une start-up française qui propose des bilans carbones aux PME qui souhaitent payer moins de frais de change sur le forex (voir encadré). La néobanque OnlyOne va plus loin dans le calcul de l’empreinte carbone La néobanque verte OnlyOne, qui s’appuie depuis ses débuts au printemps 2021 sur la fonctionnalité de calcul de l’empreinte carbone de Greenly, a décidé que les catégories de dépenses étaient trop larges et qu’il était nécessaire de remédier à cet écueil pour une meilleure information de ses clients. La catégorie “supermarché”, par exemple, ne permet pas de distinguer l’achat de viande ou de légumes, deux produits associés à des émissions de CO2 pourtant bien différentes. OnlyOne prévoit donc de sortir en mars 2022 un service de scan du ticket de caisse qui détectera les produits alimentaires dans un premier temps. “Grâce à de l’OCRisation [reconnaissance optique de caractères, ndlr], nous pouvons, à partir d’une photo du ticket, détecter […] la zone d’intérêt, le gros rectangle au centre, et recueillir le texte”, confiait à mind Fintech Benoît Ané, data scientist de la néobanque, en janvier. Seconde étape du processus, la catégorisation des produits. Le service est pour l’instant en phase de bêta-test. Côté Greenly, la start-up a un temps évalué la possibilité de développer une fonctionnalité similaire, a avoué Matthieu Vegreville, cofondateur et CTO, dans un épisode de La.Fresh.Tech qui date de mai 2021. Elle a toutefois renoncé à la mise en place d’un tel dispositif, ce dernier demandant trop d’efforts à l’utilisateur. Les acteurs reconnaissent que leurs méthodologies ne sont pas infaillibles. Les données sont d’ailleurs constamment mises à jour et les méthodes de calcul évolutives. Greenly met à contribution sa communauté lorsque des libellés ne sont pas reconnus par sa technologie de catégorisation, notamment dans le cadre de l’européanisation de sa technologie. Mais les calculateurs assurent que les imprécisions et le manque de granularité ne sont pas un frein. L’intérêt premier du calcul est de visualiser l’impact et d’identifier les plus gros postes d’émissions carbone pour agir dessus. L’ensemble des calculateurs prennent appui sur la typologie internationale des trois scopes dans leurs calculs – bien qu’en France, les obligations de bilan carbone pour les grandes entreprises soient limitées aux deux premiers seulement. Les applications BtoC, des vitrines marketing Les calculateurs proposent souvent une application BtoC gratuite. Mais celle-ci n’est bien souvent qu’une vitrine destinée à promouvoir l’offre BtoB(toC), immédiatement monétisable. Ainsi, si Greenly a démarré avec une application BtoC gratuite – “téléchargée par une centaine de milliers d’utilisateurs” selon Alexis Normand –, elle propose désormais une plateforme SaaS pour les entreprises (cible principale) et une API pour les banques (cible secondaire). La partie BtoC de Greenly n’a pas vocation à être davantage développée. Alexis Normand nous confiait au printemps 2021 que l’application “nous coûte de l’argent mais est une belle vitrine marketing”. Doconomy bénéficie également d’une application en BtoC, uniquement sur son marché domestique. “Au début, nous pensions que nous ne proposerions qu’un produit BtoC, avoue Mathias Wikström, CEO de Doconomy. Donc en Suède, nous avons notre propre carte bancaire et notre application mobile”. S’adresser aux banques a toutefois les avantages de toucher plus de personnes, plus rapidement et dans une multitude de pays, tout en étant rémunérateur. “Nous leur fournissons donc l’API pour les calculs, puis nous leur apportons différentes technologies pour les aider à se lancer vite sur le marché, une application en marque blanche et différents kits de développement logiciel qu’elles peuvent utiliser”. Les banques répondent présentes “Les banques ont besoin de montrer qu’elles agissent concrètement pour la transition écologique”, estime Alexis Normand. Aujourd’hui, grâce à ses clients bancaires, Mathias Wikström revendique un demi-milliard de clients finaux répartis sur 27 pays (sur tous les continents sauf l’Afrique et le Moyen-Orient). Et la fintech compte aller sur vingt nouveaux marchés en 2022. Parmi les banques clientes, Nordea (Suède), OLB (Allemagne), paybox Bank (Autriche), Commercial Bank of Ceylon (Sri Lanka), Crédit Agricole Payment Services (France) et une multitude de filiales de BNP Paribas, à commencer par Bank of the West (États-Unis), BNP Paribas Bank Polska (Pologne), Ukrsibbank (Ukraine) ou encore la société de crédit à la consommation Findomestic (Italie) rachetée par le groupe en 2009 à Intesa Sanpaolo. Greenly, de son côté, ne travaille pour l’instant qu’avec des banques françaises. BNP Paribas (dont Hello Bank!), le Crédit Mutuel Arkéa (via sa filiale Aumax pour moi) et LCL proposent, d’une manière ou d’une autre, la solution à leurs clients. BNP Paribas, qui a été plutôt précurseur dans l’adoption de la solution en septembre 2020, comptabilise aujourd’hui “850 000 clients particuliers qui ont estimé leur empreinte carbone. De mois en mois, nous observons une progression des visites sur la solution”, assure Raphaèle Leroy, directrice de l’engagement d’entreprise de la banque commerciale en France de BNP Paribas. La directrice précise qu’“il y a une forte appétence pour la fonctionnalité, que ce soit chez Hello Bank! ou BNP Paribas. C’est un sujet qui se démocratise et n’est plus le seul apanage des jeunes”. Actuellement, la fonctionnalité de calcul est proposée gratuitement sur l’application de la banque “dans un parcours de neutralité carbone en trois étapes : comprendre grâce à l’estimation, réduire ses émissions et compenser les émissions restantes”, précise Raphaèle Leroy. Après l’estimation, “nous poussons des réponses concrètes avec des éco-gestes recommandés par l’ADEME, comme prendre le vélo plutôt que la voiture, ainsi que des solutions bancaires tels que des crédits de rénovation énergétique et solutions d’épargne avec un impact écologique ou social”. La responsable évoque des augmentations de demande pour ces deux types de produits, mais indique ne pas pouvoir estimer la part provenant directement de la solution Greenly. “Enfin, pour réduire les émissions restantes, nous proposons à nos clients de soutenir, via des dons, des projets qui permettent d’absorber des émissions grâce à ClimateSeed”. Lancée en novembre 2018 par BNP Paribas Securities Services, la plateforme de compensation carbone volontaire ClimateSeed a été rachetée en juillet 2021 par AXA Investment Managers pour un montant non communiqué. En outre, jusque-là déployée sur le segment des particuliers, la solution de Greenly devrait être proposée “à nos clients entreprises au premier semestre 2022”, prévoit Raphaèle Leroy. BNP Paribas est actuellement le groupe bancaire le plus avancé sur la question en France, mais est loin d’être un cas isolé. D’ici quelques semaines, le Crédit Mutuel Arkéa fera également ses premiers pas dans le calcul de l’empreinte carbone, mais via sa néobanque Aumax pour moi. “La décision d’implémenter une telle solution a été prise à l’été 2021 pour un lancement en mars 2022. Nous ne voulions pas qu’il s’agisse simplement d’une fonctionnalité de plus, mais d’une offre à part entière qui s’inscrit dans notre roadmap stratégique d’entreprise”, indique son directeur général Hugues Mercier. En effet, alors que BNP Paribas met à disposition de ses clients le service gratuitement directement dans l’application, cela n’a pas été le choix de la néobanque. Aumax pour moi a intégré le service à sa nouvelle offre bancaire responsable “avec un prix fixé à 6,99 euros par mois et sans engagement”, soit un prix équivalent à son offre intermédiaire “Aumax Premium”. L’offre responsable contiendra d’ailleurs l’ensemble des avantages de cette offre (à savoir l’assurance premium, la possibilité d’agréger jusqu’à cinq cartes, du cashback…), auxquels seront ajoutés “la visualisation du bilan carbone de chaque dépense, du giveback (cashback transformé en don) reversé à l’association internationale Pure Ocean et abondé par notre fintech, des conseils personnalisés pour que chaque client puisse améliorer sa consommation, ainsi qu’une carte bancaire en PVC recyclé”, décrit Hugues Mercier. En plus d’être un nouvel enjeu business pour la néobanque, c’est aussi une manière pour le Crédit Mutuel Arkéa de tester le calcul de l’empreinte carbone sur un pan resserré de sa clientèle de détail. “Si nous prouvons que le marché a de l’appétence pour l’offre et que nous identifions la manière de restituer de la valeur”, la solution de Greenly pourrait à moyen terme être utilisée à grande échelle par le groupe, envisage le directeur général d’Aumax pour moi. Applis mobiles bancaires : le trading et les crypto gagnent du terrain Dernier acteur traditionnel français à tenter l’expérience du calcul de l’empreinte carbone : le Crédit Agricole, et plus particulièrement sa filiale Crédit Agricole Payment Services. Le Crédit Agricole est le premier acteur bancaire déclaré à proposer le calcul de l’empreinte carbone à ses clients français via la technologie suédoise Doconomy, selon nos recherches. La nationalité de Greenly lui a en effet permis d’obtenir les faveurs de plusieurs banques françaises. “Greenly est une solution française qui travaille avec les données de l’ADEME. Elle apporte une forme de proximité culturelle”, explique Hugues Mercier. Contacté par mind Fintech, le groupe Crédit Agricole n’a pas souhaité communiquer sur le projet “au stade actuel de l’expérimentation”. Le test se fait via “Mon impact carbone”, une application “réservée aux porteurs d’une carte éligible de la Caisse régionale Provence Côte d’Azur”, lit-on dans la description sur Google Play Store. Comme pour les autres acteurs bancaires, un processus de compensation des émissions a été intégré via Doconomy. Pour la fintech suédoise qui, contrairement au Crédit Agricole, a communiqué sur le sujet, le test est un premier pas pour “intégrer le marché français”, s’est félicité Mathias Wikström. Au-delà des banques, les calculateurs intéressent beaucoup d’acteurs qui gravitent dans l’écosystème financier, et notamment les fintech. Doconomy a ainsi attiré le géant du BNPL Klarna, la plateforme d’open banking italienne Fabrick, la société de gestion des dépenses professionnelles norvégienne Sonya, le fournisseur de cartes japonais Credit Saison et les néobanques Banx (Belgique), Flowe (Italie) et Kapital (Mexique). Du côté de Greenly, on retrouve notamment les néobanques OnlyOne et Pixpay. Cibler les entreprises Les particuliers ne sont pas les seuls clients auxquels les banques souhaitent proposer le calcul de l’empreinte carbone. Si BNP Paribas annonce un élargissement aux entreprises pour 2022, LCL a de son côté déjà annoncé un partenariat en ce sens avec Greenly en décembre 2021. Sa particularité : la banque adresse le service “au marché des pros, à savoir les indépendants, professions libérales et PME allant jusqu’à 7 millions d’euros de chiffre d’affaires”. Pour l’instant toutefois, il n’y a pas eu d’intégration à proprement parler de la solution. La solution de calcul du bilan carbone “est présente sur “LCL Smart Business Pro”, notre plateforme d’open banking qui regroupe des partenaires proposant des services extra-bancaires” (communication, visibilité, fournisseur d’électricité verte…), décrit Cédric Hurault, directeur du marché des professionnels et des petites entreprises. Ce service entre dans la stratégie de diversification de la banque au-delà des produits financiers. “Nos pros n’ont pas de département dédié à la RSE et n’ont pas beaucoup de temps. En tant que tiers de confiance, nous leur adressons une solution simplifiée, digitale et industrialisée. Notre rôle ne se limite pas aux services financiers mais se dirige de plus en plus vers le conseil, l’expertise et l’accompagnement”, juge le directeur. Les calculateurs français se vendent aussi en direct aux PME Les calculateurs d’empreinte carbone sont parvenus au même constat : l’outil intéresse bel et bien les entreprises. Et si le calculateur d’Alexis Normand ne convainc pas autant de banques que le Suédois Doconomy, Greenly se rattrape sur son segment de clientèle principal : les PME. Ces dernières font appel à la solution en direct pour réaliser un bilan carbone basé en partie sur l’analyse de leurs transactions bancaires et avoir accès au quotidien à l’impact de leurs dépenses sur leur empreinte. “En synchronisant les comptes bancaires à la plateforme, notre méthode permet d’automatiser la collecte de certaines données et donc le calcul. Cela nous permet de vendre des bilans carbone moins chers que les cabinets de conseil comme Carbon 4 et d’industrialiser la vente. Nous pouvons ainsi réaliser le bilan carbone d’une entreprise en 4 heures, contre 80 heures dans un cabinet traditionnel”, selon Alexis Normand. Outre le bilan carbone et l’accès à la plateforme durant un an, Greenly donne accès à un module pour les salariés des PME concernées au sein de son application (avec des défis d’équipe, quiz…), uniquement accessible pour les entreprises clientes de la solution. Comment Carbon 4 Finance calcule les impacts environnementaux des portefeuilles d’investissement Dans le secteur financier, ont notamment réalisé leur bilan carbone auprès de Greenly : RCI Bank and Services, le robo-advisor Nalo, les acteurs du paiement différé Alma et Oney, l’éditeur de solutions de gestion RH et de paie Payfit, la super-app pour les employés Swile, la néobanque pour ados Kard… Tous secteurs confondus, Greenly estime “faire le bilan carbone d’une quinzaine d’entreprises par semaine”, selon Alexis Normand (sur un an, cela représenterait 780 entreprises). À partir de 900 euros par an, l’activité rémunère plus que le segment BtoC chez Greenly. Chez son concurrent Carbo, arrivé un an après, les prix démarrent à 80 euros par mois hors taxe (soit 880 euros par an). La fintech revendique plus de 200 entreprises clientes. Le pivot “en BtoB leur permet d’avoir des unit economics plus solides, notamment avec des paniers moyens plus gros et un CAC mieux maîtrisé. Alors qu’en BtoC un outil de calcul de l’empreinte carbone est un nice to have, côté entreprise, cela peut être un must have dans certains secteurs, notamment pour gagner des appels d’offres ou pour attirer les meilleurs collaborateurs”, écrivait l’analyste d’investissement chez BlackFin Tech Solène Brébant dans une tribune publiée chez mind Fintech en novembre 2021. Ce constat rejoint celui d’Alexis Normand selon lequel, peu importe le canal d’acquisition (BtoB ou BtoBtoB), les PME réalisent leur bilan carbone pour deux raisons : bien souvent, à la demande des grandes entreprises avec qui elles travaillent et qui doivent rendre des comptes en termes d’émissions de GES, et plus rarement, par conscience écologique. Un bilan carbone contre une réduction des frais de change avec Keewe Dans sa tribune publiée sur mind Fintech, l’analyste de BlackFin Solène Brébant distingue les calculateurs évoqués – qu’elle considère comme des fintech – des acteurs qui réalisent des bilans carbone sans se baser sur les transactions bancaires mais plutôt sur des mesures (nombre de kilomètres effectués en voiture, de kilowattheures consommés en électricité…) et sans actualisation des données au jour le jour. Toutefois, la société Keewe combine le bilan carbone traditionnel avec les opérations financières internationales des entreprises. Keewe s’adresse aux PME qui réalisent “des opérations d’achat et de vente de devises, que ce soit pour payer un fournisseur en Chine en dollars ou pour faire du commerce international”, présente Jean-Yves Rettel, cofondateur et CEO. “Les banques tirent profit de la situation des PME et génèrent une rente considérable sur leurs opérations sur le forex”, indique le cofondateur, qui a justement travaillé plusieurs années sur ce segment pour BNP Paribas. Grâce à un partenariat avec la solution de transfert d’argent à l’international Currencycloud, Keewe entend réduire ces frais pour les PME, et d’autant plus si les sociétés clientes font des efforts en matière de transition climatique. “Nous donnons la possibilité de mesurer gratuitement leur bilan carbone et réorientons une partie de nos revenus en faveur de leur transition énergétique. Nous pouvons reverser jusqu’à 25 % de notre marge sur un compte bloqué dédié à l’achat ou à la consommation de services green”, poursuit Jean-Yves Rettel. Lancé en avril 2021, Keewe compte une centaine de bilans réalisés. Business model En plus de vendre des bilans carbone aux entreprises, Greenly se rémunère donc sur la vente de son API aux acteurs bancaires, ainsi que sur des commissions issues du cashback proposé par sa marketplace de partenaires éco-responsables aux utilisateurs afin qu’ils financent des projets verts. Du côté de Doconomy, la société compte sur les frais de set-up et d’abonnement qui fluctuent en fonction “du nombre de clients et du nombre de marchés. Nous avons aussi des revenus qui viennent de la fourniture de notre application en marque blanche”, déclare Mathias Wikström. Ce dernier insiste par contre sur le fait que “nous ne gagnons pas d’argent sur la compensation carbone”, ces projets proposés via les calculateurs pour compenser les émissions de CO2 (comme le propose BNP Paribas mais avec un partenaire externe). Au total, le CEO de Doconomy indique un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros pour l’année 2021. Expansion géographique en ligne de mire Les calculateurs ne communiquent pas d’objectifs chiffrés à court terme mais l’expansion géographique est dans les feuilles de route. L’Allemand ecolytiq s’est ainsi allié à equensWorldline, une filiale du spécialiste des paiements Worldline. “Nous visons à travailler sur des solutions européennes, affirme à mind Fintech Mathieu Barthélémy, senior product manager de la plateforme d’open banking du groupe Worldine, qui “agrège les données de comptes de plus de 3 000 établissements bancaires en Europe”. Worldline, qui est impliqué dans les projets d’open payment (la transformation de la carte bancaire en ticket de transport), voit notamment de potentiels débouchés dans cette industrie. “Nous pourrions, dans le futur, imaginer ces solutions de paiement intégrées dans les transports publics, pour favoriser les logiques d’abonnement avec des politiques de discount, proposer des alternatives avec des abonnements multi-modal (train-trottinette par exemple) et faire entrer des acteurs de la mobilité dans ces initiatives”, évoque Mathieu Barthélémy. En s’alliant à ce nouvel entrant, Worldline entend “travailler avec un partenaire qui a envie de passer à l’échelle européenne rapidement tout en prenant en compte les particularités de chaque pays”, ajoute le responsable. À titre comparatif, Doconomy présente des ambitions mondiales et Greenly ne compte pour l’instant que des clients entreprises en France et au Royaume-Uni mais projette de mettre le cap sur les États-Unis dès 2022. DoconomyGreenlyEcolyticDate de création201820192020Pays d'origineSuèdeFranceAllemagneClients et/ou partenaires financiersMastercard, Nordea, Bank of the West (BNP Paribas), Crédit Agricole, KlarnaBNP Paribas, LCL, Aumax pour moi (Crédit Mutuel-Arkéa), OnlyOne, PixpayVisa, Worldline, Tomorrow (néobanque verte allemande)Financements19 M$ auprès de CommerzVentures, Mastercard, Ingka Investments, Ålandsbanken et Wiklöf Holding- 0,5 M€ auprès de Guillaume Amblard et Geoffroy Roux de Bezieux - 2,5 M€ auprès de Bpifrance, French Partners, Alexandre Prot...-Clientèle cibleInstitutions financièresEntreprises et institutions financièresInstitutions financièresRésultatsUn demi-milliard d'utilisateurs finaux et 3 millions d'euros de chiffre d'affaires (2021)15 bilans carbone/semaine et une centaine de milliers de téléchargements de l'application-Effectif7035- Caroline Soutarson datafinance durableopen bankingtransformation digitale Besoin d’informations complémentaires ? 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