Près d’une dizaine de néobanques et banques en ligne comptaient plus de 500 000 clients en France fin 2021

Plus d’une vingtaine de banques en ligne et néobanques espèrent convaincre les consommateurs français d’ouvrir un compte chez elles. Pour se faire une idée des forces en présence et de leurs stratégies d’acquisition, mind Fintech les a interrogées, pour la quatrième année consécutive, sur leurs chiffres au 31 décembre 2021 (voir la méthodologie en fin d’article).

Il est à noter, au moment de comparer les chiffres de notre panel, que plusieurs sociétés – Fintch, Bunq, Vaultia (ex-Moneyway) – ne se sont lancées en France qu’en 2018 ou plus récemment encore, à l’instar des néobanques pour mineurs Vybe, Xaalys et Pixpay, des néobanques vertes Helios, OnlyOne, canB et Green-Got, ainsi que de Ma French Bank (2019) et Vivid Money (2020). A contrario, les banques en ligne sont arrivées dans les années 2000 sur le marché, et représentent donc les acteurs les plus anciens de ce panel.

En outre, toutes n’ont pas partagé avec nous le nombre de leurs clients en France et à l’étranger. C’est notamment le cas des banques en ligne Fortuneo (filiale du Crédit Mutuel Arkéa, qui comptait 880 000 clients en Europe fin 2020), Monabanq (groupe Crédit Mutuel – CIC), qui ne communique plus ses chiffres depuis 2015, ainsi que plusieurs nouveaux acteurs, comme Monese (250 000 clients en France en juillet 2020), Pixpay (50 000 utilisateurs payants en octobre 2020), Curve, Xaalys, Lydia (5,5 millions d’utilisateurs inscrits fin 2021, essentiellement en France) et Bunq. Revolut et Vivid Money n’ont communiqué que sur le nombre de leurs clients à l’international.

Boursorama Banque reste en tête

Parmi les acteurs qui ont répondu à mind Fintech, Boursorama Banque reste celui qui compte le plus de clients en France, puisqu’il a atteint 3,3 millions fin 2021, soit 700 000 de plus qu’en 2020. La banque en ligne devrait encore beaucoup croître en 2022, puisque la filiale de la Société Générale est entrée “en discussions exclusives” pour reprendre le portefeuille de clients de la néerlandaise ING, qui a annoncé en décembre 2021 la cessation de ses activités en France.

Elle devance N26 (1 500 collaborateurs, dont 250 dédiés au marché français), qui a gagné 600 000 clients l’an dernier et vise 5 millions de clients d’ici 2024. Le challenger allemand a ainsi légèrement dépassé Nickel, qui n’a conquis “que” 500 000 nouveaux clients dans l’Hexagone l’année dernière. Au troisième trimestre 2021, 40 % de ses clients étaient au chômage ou n’avaient pas de revenus réguliers. Début 2021, Nickel indiquait vouloir se déployer au Portugal et en Belgique en 2022.

Notre estimation du nombre de clients d’ING en France fin 2021 se fonde sur l’annonce de l’association de consommateurs France Conso Banque, début janvier, selon laquelle la banque en ligne aurait clôturé d’office 300 000 comptes depuis l’été dernier. “Dans le contexte actuel de taux bas, ING procède à la clôture des Livrets épargne orange détenus par des clients qui n’ont pas d’autres produits. Cette initiative a été lancée dès l’été 2021. Avec un taux d’intérêt de 0,01 %, ces livrets sont très faiblement rémunérateurs pour eux”, a expliqué ING France au Parisien. 

Hello Bank! a conquis environ 70 000 nouveaux clients en 2021. “Nous sommes un peu en avance de phase sur nos objectifs, car les années 2020 et 2021 ont été très bonnes commercialement. Notre NPS est élevé, parmi les meilleurs du marché, avec des notes de +30 à +40 sur particuliers”, indiquait à mind Fintech Caroline Lehericey, directrice de la banque en ligne du groupe BNP Paribas, en janvier 2022.

Orange Bank, de son côté, a atteint les 600 000 clients fin 2021, comprenant ceux qui détiennent aussi un crédit à la consommation. Son propriétaire Orange a réinjecté 230 millions d’euros dans la banque mobile en septembre 2021, et a racheté les 21,7 % de parts qui appartenaient toujours à Groupama. Ses pertes opérationnelles ont totalisé 195 millions d’euros en 2020, malgré une baisse de 25 % de ses pertes en France en deux ans. Orange Bank vise un Ebitda (résultat brut d’exploitation) ajusté à l’équilibre en 2023 en France, 5 millions de clients et 400 millions d’euros de produit net bancaire (PNB), contre 40 millions en 2019 et 69 millions en 2020.
Ma French Bank a franchi la barre des 400 000 clients en septembre 2021, deux ans après son lancement et a confirmé son objectif d’un million de clients d’ici fin 2025. Elle a enregistré un PNB de 1,46 million d’euros en 2020 (contre -3,4 millions en 2019), pour 66,5 millions d’euros de perte nette (contre -46,3 millions en 2019).

Revolut creuse l'écart à l'international

Parmi les acteurs présents en France, Revolut est de loin celui qui compte le plus grand nombre de clients à l’international : 18 millions, soit 4 millions de plus que fin 2020, malgré l'annonce, en mars 2021, de l’arrêt de ses activités au Canada. Forte de sa licence bancaire obtenue fin 2018 en Lituanie, Revolut est devenue Revolut Bank dans dix pays européens en mars 2021 : Bulgarie, Croatie, Chypre, Estonie, Grèce, Lettonie, Malte, Roumanie, Slovaquie et Slovénie. D’autres ont suivi depuis, dont la France en décembre 2021. 

Outre l’Europe, la société s’est aussi lancée à Singapour, aux États-Unis et en Australie. Le challenger britannique a également annoncé à l’été 2021 vouloir décrocher une licence bancaire en Australie, où il comptait plus de 100 000 clients. 
La société compte 2 400 employés dans le monde et a levé 800 millions de dollars en juillet 2021, pour une valorisation de 33 milliards de dollars. Elle a essuyé 201 millions de livres de pertes en 2020, soit 235 millions d'euros.

Son principal concurrent, N26, n’a pas connu le même succès dans sa conquête l’année dernière. Il rassemble toujours 7 millions de clients dans le monde, notamment parce qu’il a annoncé en novembre dernier son retrait des États-Unis, où il comptait 500 000 clients, après avoir déjà abandonné le marché britannique en février 2020. Le challenger allemand compte huit bureaux dans le monde : Berlin, Barcelone, Madrid, Milan, Paris, Vienne, New York et São Paulo. Il a levé plus de 900 millions de dollars en octobre 2021, portant sa valorisation à 9 milliards de dollars. 

Le nombre de clients de Hello Bank! en Europe est revenu au niveau qui était le sien en 2018, après avoir connu des difficultés dans certains pays et renoncé à plusieurs lancements.