Accueil > Marques & Agences > Pierre Calmard (Dentsu Aegis Network) : “Le marché a besoin d’un Grenelle de la relation agences-annonceurs” Pierre Calmard (Dentsu Aegis Network) : “Le marché a besoin d’un Grenelle de la relation agences-annonceurs” Au festival des Cannes Lions, la transparence dans l'achat média était un sujet récurrent. Pierre Calmard, directeur général du pôle média et performance de Dentsu Aegis Network France et CEO d'iProspect, rappelle que les annonceurs ont aussi un rôle à jouer dans sa mise en place et l'assainissement des pratiques. Par . Publié le 22 juin 2018 à 5h58 - Mis à jour le 07 juin 2022 à 10h42 Ressources Deux ans après la publication du rapport publié par l’ANA après un audit du cabinet K2 sur les pratiques opaques au sein des agences médias américaines, quel est l’impact sur le marché français ? Il faut avant tout rappeler que le marché français est actuellement l’un des plus transparents au monde en raison de la Loi Sapin, qui a obligé dès 1993 les agences médias à indiquer à leurs annonceurs la structure de coût des espaces médias offline achetés, avant de l’étendre à la publicité en ligne en février 2018. De fait, la loi hexagonale exclut les abus sur les commissions prélevées sur l’achat média, ce qui fait que cette étude de l’ANA n’a pas réellement concernée les agences médias françaises. Dans la moitié des cas, elles appliquent tout de même ce mode de rémunération. Chez iProspect nous avons atteint le niveau de 80 % de contrats conclus au temps passé complété par des incentives. Au passage, soulignons que du fait de cette régulation spécifique, les agences médias françaises, dans leur P&L, sont moins rentables que dans les autres pays du monde, en particulier aux États-Unis. Cette distorsion de concurrence est pénalisante pour un réseau international comme Dentsu, dont 50 % des contrats sont internationaux. Dans ce cas, les annonceurs négocient des baisses de frais dans tous les pays, ce qui fait que nous pouvons, en France, être amenés à travailler à perte sur certaines campagnes. Et s’enfermer dans un cercle vicieux dans lequel le peu de bénéfices dégagés ne permet pas de recruter des profils expérimentés, pour lesquels les annonceurs se disent prêts à payer plus cher. Comment amener plus de transparence dans les relations entre agences médias et annonceurs ? La connaissance est la première étape de la transparence ; il faut que les annonceurs soient en mesure de comprendre les métiers et les outils technologiques des agences médias. Cela passe donc d’abord par un travail de pédagogie auprès d’eux. Et cela doit concerner à la fois les équipes marketing et achats – ces dernières étant à l’origine de la signature des contrats alors qu’elles n’ont que peu voire pas de connaissance de nos métiers. De leur côté, les annonceurs doivent aussi faire l’effort de comprendre les pré-requis de l’achat média : les marques ne peuvent pas exiger par exemple que le tracking d’une campagne soit gratuit, car le contraire de la transparence c’est la gratuité. La relation entre AccorHotels et iProspect, qui a démarré en 2017 suite à un appel d’offres, en est un bon exemple, car il y existe une logique de compréhension mutuelle des métiers qui induit un système vertueux (lire sur notre site). Pour généraliser cette hypertransparence, le marché aurait bien besoin d’un Grenelle de la relation agences-annonceurs, pas uniquement centré sur la transparence, mais pour mettre aussi à plat et codifie ce type de problématiques. “Des annonceurs ont tendance à se défausser de leur responsabilité en matière de data sur nous, alors qu’une agence média n’est qu’un mandataire” L’internalisation de certaines compétences chez l’annonceur peut-elle être une réponse ? Parmi les mesures pour apporter plus de transparence dans l’achat média (audit, reporting), le mouvement d’internalisation a souvent un effet pervers. Dans certains cas, les annonceurs contractualisent en direct, s’équipent d’outils technologiques, mais se retrouvent rapidement confrontés à la complexité du métier et à l’absence de compétences en interne leur permettant d’exécuter l’achat média. D’autres encore font le choix de s’équiper, de la solution fullstack de Google par exemple, mais s’enferment dans une ou plusieurs plateformes. Cette situation se traduit par la situation hégémonique de Google et Facebook sur le marché de la publicité en ligne que l’on connaît, à savoir qu’ils captent environ 70 % des investissements (50 % si l’on regarde les clients du groupe Dentsu, de même à peu près que pour l’Udecam) numériques des annonceurs. En tant qu’agence média, c’est à nous de veiller à ce que les annonceurs soient attentifs à la répartition des leurs budget. Le RGPD peut-il permettre de mieux encadrer les pratiques sur le marché de la publicité en ligne ? La France est malade de l’hyper-régulation et la nouvelle réglementation européenne est une hérésie, car dès le premier jour elle a montré qu’elle provoquait l’inverse de l’effet attendu, c’est-à-dire de favoriser les GAFA sur le marché. Au nom de la protection des données des internautes, Google a ainsi limité l’accès à son inventaire via son adserver DoubleClick Bid Manager, ce qui a eu pour conséquence de faire chuter les volumes d’inventaires achetés par les SSP tiers (lire sur notre site). Le RGPD ressemble à une décision politicienne prise suite à la pression de lobbies qui interprètent la loi pour démontrer le bien fondé de leurs actions. Avec le RGPD, côté annonceurs, nos clients ont tendance à se défausser de leur responsabilité en matière de data sur nous, alors qu’une agence média n’est qu’un mandataire de la collecte et du traitement des données. D’autant que la mise en conformité du business avec la nouvelle réglementation implique des coûts, au sein du groupe Dentsu, deux personnes sont par exemple dédiées à la protection des données (lire sur notre site). Alors que dans le même temps, la publicité en ligne finance une grande partie des médias et donc la démocratie. En revanche, sur le mobile, le RGPD a tout de même permis d’améliorer les pratiques, notamment en redéfinissant les cas autorisés de collecte de la géolocalisation. Pierre calmard 2017 Directeur média et data de Dentsu Aegis Network France et CEO d’iProspect France 2012 Directeur général d’iProspect France (Aegis Media) 2007 Directeur général France, puis international de Netbooster 1999 Directeur général d’Isobar (Aegis Media) 1993 Créateur et directeur du département Nouveaux médias de Médiamétrie Achat médiaAchat programmatiqueAgencesBrand safetyCannes LionsInternalisationRelations agences-annonceursStratégies annonceursTransparence Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Dentsu Aegis Network France : Pierre Calmard nommé directeur général des activités médias, data et performance digitale Entretiens Pierre Calmard (Dentsu Aegis Network) : "Les annonceurs qui pensent pouvoir tout internaliser grâce aux GAFA commettent une erreur majeure" Entretiens Antoine Dubois (AccorHotels) : "Il nous a fallu plusieurs mois pour mettre en place une organisation média transparente" Entretiens Pierre Calmard (iProspect) : "Il faut que certains annonceurs arrêtent d'être schizophrènes" Budgets : les détails sur le gain de la compétition AccorHotels par iProspect essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? Le New York Times affiche toujours une croissance très robuste portée par le numérique data Les baromètres, panoramas et chiffres sur l'évolution du marché Le classement des éditeurs français qui ont le plus d'abonnés purs numériques Les données récoltées par les acteurs de la publicité en ligne La liste des sociétés présentes dans les fichiers ads.txt des éditeurs français Les gains de budget des agences médias Opt-out : quels éditeurs français interdisent les robots crawlers de l'IA générative ? Le panorama des sociétés spécialisées dans les technologies de l’e-retail media La liste des outils utilisés par les équipes éditoriales, marketing et techniques des éditeurs français Le détail des aides à la presse, année par année La liste des CMP choisies par les principaux médias en France Digital Ad Trust : quels sites ont été labellisés, pour quelles vagues et sur quel périmètre ?