Arago, site d’actualités basé sur l’IA générative, voit le jour en France

L’entrepreneur Pierre-Étienne Pommier, qui a notamment été chef de projet de l’application Tous anti Covid lancée par le gouvernement, a annoncé jeudi 21 mars la mise en ligne d’Arago. C’est l’un des premiers sites d’actualités lancés en France qui s’appuient sur l’intelligence artificielle générative. “L’IA générative va tout changer. Il faut inventer un nouveau modèle de production et de distribution de l’information”, estime-t-il.

Le média, hébergé à l’adresse arago.app, est alimenté depuis quelques semaines. Il s’adresse aux jeunes audiences et veut traiter l’actualité à partir de verticales. La première porte sur les élections européennes du 9 juin, avant une deuxième prévue sur les Jeux olympiques de Paris, puis une troisième sur les élections américaines. 

L’utilisation de sources ouvertes

“Concrètement, nous avons constitué un corpus de sources publiques fiables, qui sont interrogées par nos bots, des assistants intelligents que nous avons mis en place et entraînés à partir des modèles proposés par ChatGPT-4, Claude et Mistral. Nous utilisons ensuite des bots éditoriaux que nous avons là aussi entraînés à opérer un traitement de l’information avec nos angles, notre style d’édition et nos formats. Tous les articles sont relus, vérifiés et éventuellement ajustés avant publication, c’est indispensable”, explique Pierre-Étienne Pommier auprès de mind Media. 

Au lancement, deux à trois articles sont publiés chaque jour. Ils sont courts et le style est très factuel. Les sources utilisées ne proviennent pas des médias d’informations mais de sources ouvertes. Pour la verticale sur les élections européennes, il s’agit notamment de rapports parlementaires, de textes programmatiques des partis et de documents institutionnels. Ces sources sont complétées par “le droit à la citation” des médias, en particulier des citations d’acteurs politiques qui servent d’accroche aux articles. Les médias sont alors cités. Les premiers articles publiés ne comportaient en revanche pas de lien URL vers les sources d’où proviennent les citations. “Certains médias changent parfois le lien URL de leurs articles après publication, ce qui peut rendre le clic décevant pour nos lecteurs, se justifie Pierre-Étienne Pommier. Mais nous allons réfléchir à le faire malgré tout. Nous voulons respecter le droit d’auteur et tenons à la déontologie journalistique.” Le premier article publié après notre entretien vendredi 22 mars comportait cette fois un lien URL.

Au lancement, les moyens sont modestes. La société, autofinancée, n’a pas encore de salarié. Pierre-Étienne Pommier s’appuie sur quelques prestataires techniques. Il travaille à la professionnalisation du projet avec la perspective d’accueillir au capital d’autres contributeurs aux profils complémentaires et/ou des investisseurs. L’obtention d’un numéro CPPAP n’est “pas une priorité”, mais elle “pourra être étudiée”.

Un modèle économique basé sur des prestations ?

L’entrepreneur se donne deux à trois mois pour définir le modèle économique. Il ne reposera a priori pas sur la publicité, ou très peu, plutôt sur la vente de prestations de conseil, de formations, voire sur la vente des solutions de veille reposant sur l’IA générative conçues par le site. En cela, le modèle se rapproche de celui d’une agence, même si son fondateur tient à faire de l’offre média le cœur de son projet. Une offre d’abonnement pour les professionnels va être testée, par exemple pour la veille documentaire. Une réflexion est engagée pour une monétisation auprès des marques, dans une optique complémentaire 

La distribution de l’offre média sera clé pour émerger auprès des audiences, alors même que Google a annoncé plus tôt en mars dégrader dans le référencement au sein de son moteur de recherche les sites dont le contenu repose en grande partie sur l’IA générative. 

Pour autant, et même sans budget marketing conséquent, Pierre-Étienne Pommier se veut confiant : “Je ne crois pas à l’utilité d’un bon référencement sur Google pour un tel projet. L’IA va changer les interfaces et l’utilisation du web pour s’informer. L’accès aux médias en ligne ne passera plus principalement par les moteurs de recherche tels que nous les connaissons aujourd’hui, ni par les réseaux sociaux. L’enjeu est de créer une communauté de lecteurs engagés et fidèles.” Il mise pour cela sur une application mobile, qui est envisagée dans un deuxième temps.