Accueil > Médias & Audiovisuel > Dmitry Shevelenko (Perplexity) : “Nous encourageons les éditeurs français à rejoindre notre programme de partenariats médias” Dmitry Shevelenko (Perplexity) : “Nous encourageons les éditeurs français à rejoindre notre programme de partenariats médias” La société américaine Perplexity, qui propose un moteur de recherche reposant sur l’IA générative, revendique 250 millions de requêtes par mois sur son service. Elle a récemment été accusée par des médias aux Etats-Unis d’utiliser leurs contenus sans leur accord, avant d’annoncer fin juillet le lancement d’un programme de partenariats pour les éditeurs de contenus, avec qui elle veut partager des revenus publicitaires. mind Media a interrogé Dmitry Shevelenko, chief business officer de Perplexity, sur le bien fondé de ces accusations, les modalités de ces partenariats, notamment leurs enjeux publicitaires, et plus largement sur les relations que l’entreprise veut construire avec les éditeurs, y compris français. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 11 septembre 2024 à 14h48 - Mis à jour le 11 septembre 2024 à 14h48 Ressources Les éditeurs de médias européens et américains critiquent l’exploitation non autorisée de leurs contenus par les plateformes et les fournisseurs d’IA générative. Ils craignent également de perdre encore davantage la relation qu’ils ont avec les lecteurs et d’avoir moins d’audience en ligne, et donc moins de revenus. Comprenez-vous ces critiques ? Pendant la majeure partie de ma carrière, j’ai travaillé dans des entreprises technologiques dont les produits interagissent avec les médias d’informations. J’ai précédemment travaillé chez Facebook et Pulse News, l’un des premiers agrégateurs d’informations sur mobile qui a été finalement acquis par LinkedIn. Je suis aussi un lecteur assidu d’actualités. Je suis probablement abonné à une vingtaine de publications différentes. Je ne suis ni journaliste, ni rédacteur, mais c’est un secteur que je suis de près. Et je pense que les éditeurs ont des raisons légitimes d’être inquiets. Vous avez raison de dire que des technologies comme les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et l’IA ont modifié les structures financières des entreprises de médias. Et pour répondre totalement à votre question, c’est cette prise de conscience qui nous a amenés à la conclusion que nous devions développer notre programme pour les éditeurs. Lors du développement du programme que venons d’annoncer, nous avons discuté avec de nombreux éditeurs pour obtenir leurs avis sur la manière de le structurer. Sur la base de ces retours, nous avons décidé que le partage des revenus et l’accès à notre technologie seraient la meilleure voie à suivre, car cela privilégie l’alignement des intérêts sur le long terme et la durabilité de la relation. Dmitry Shevelenko 2023 Chief business officer, Perplexity 2019 Cofondateur, Tortoise 2014 Director of business development, Uber2013 Product management, LinkedIn2012 Vice president and head of monetization, Pulse News Perplexity, comme d’autres acteurs de l’IA générative, a été accusé d’utiliser le contenu de certains médias sans leur accord. Est-ce exact ? Êtes-vous prêt à payer les éditeurs pour cela ? Nous avons constaté une certaine confusion à ce sujet. Nous voulons donc être clairs : Perplexity n’utilise pas de contenu pour entraîner des modèles d’IA. Lorsque vous posez une question sur Perplexity, nous ne nous appuyons pas sur les connaissances stockées d’un modèle d’IA pour répondre à une question. Au lieu de cela, nous effectuons une recherche en temps réel sur internet pour identifier les pages les plus pertinentes en fonction de la requête de l’utilisateur, puis nous utilisons l’IA pour générer une réponse concise avec les citations incluses. Par ailleurs, dans les faits, Perplexity a été le premier chatbot d’IA à inclure des sources dans son interface utilisateur. Comme tout moteur de recherche, Perplexity utilise des outils de première et de tierce partie pour construire son index de recherche. Mais Perplexity ne visite pas le texte complet ou partiel d’un éditeur d’informations qui nous l’a interdit via robots.txt. Certaines pages web d’actualités peuvent encore être indexées, même si une page est bloquée via robots.txt. Dans ce cas, seul le domaine du site web, le titre et un résumé factuel de la page sont ajoutés à notre index de recherche. Info mind Media – Cinq médias français interdisent le bot d’Apple AI d’accéder à leurs contenus Les éditeurs français qui bloquent les robots d’OpenAI et de Google Combien d’internautes utilisent votre outil ? Et en particulier en France ? Nous ne pouvons pas partager de données spécifiques par pays. Mais Perplexity compte des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde et nous observons une croissance rapide. Chaque mois, nous répondons à plus de 250 millions de questions. C’est une progression importante par rapport à 2023, où notre service avait répondu à 500 millions de questions pour l’ensemble de l’année. Fin juillet, vous avez annoncé un programme de partenariats avec des éditeurs de médias, Perplexity Publishers. Pourquoi prendre cette initiative maintenant ? Quand entrera-t-elle en vigueur et dans quels pays ? Plus tôt cette année, nous nous sommes demandé : “Dans cinq ans, pour que Perplexity soit utile et viable, quelles sont les conditions nécessaires dans le monde ?” Un point auquel nous revenions constamment était l’importance d’un écosystème médiatique florissant. Si nous perdons des éditeurs produisant de nouveaux faits et des informations, nous perdons aussi des contenus frais auxquels nos utilisateurs peuvent accéder. Notre programme comprend plusieurs éléments clés : un partage de revenus, grâce auquel les éditeurs gagneront une part des revenus publicitaires lorsque Perplexity en générera ; l’accès à nos API ; et un abonnement gratuit d’un an à notre produit. Le partage des revenus entrera en vigueur une fois que nous introduirons la publicité sur notre plateforme, en septembre. Nos API et abonnements Enterprise Pro sont déjà disponibles pour nos premiers partenaires éditeurs. Info mind Media – Premiers accords technologiques entre Microsoft et des médias français autour de l’IA générative “Nous signons avec les médias des accords pluriannuels. L’objectif est d’aligner profondément les intérêts à long terme” Quels sont les médias éligibles à ce programme et quels critères utilisez-vous pour les sélectionner ? Nous voulons travailler avec des éditeurs de grande qualité dont le contenu est utile pour répondre aux questions de nos utilisateurs. Les premiers partenaires que nous avons annoncés fin juillet sont Time, Der Spiegel, Fortune, Entrepreneur, The Texas Tribune et WordPress.com. Les organes d’informations représentent une partie cruciale de ce programme, mais nous ne le limitons pas uniquement à ce type d’acteurs. L’un de nos premiers partenaires déjà signés est d’ailleurs WordPress.com, l’une des plus grandes plateformes de contenus générés par les utilisateurs. Combien de partenaires souhaitez-vous avoir d’ici la fin 2024 ? Et d’ici la fin 2025 ? Notre objectif est d’intégrer 30 à 40 éditeurs à ce programme avant fin 2024. Nous ne sommes pas encore en mesure de fournir une estimation pour 2025, mais sur la base des réponses initiales que nous avons reçues de la part des éditeurs, nous sommes optimistes sur la poursuite de la croissance de ce programme. Comment Prisma Media teste un chatbot alimenté par l’IA générative sur son site Ça m’intéresse Comment L’Est Républicain a expérimenté ChatGPT pour améliorer les articles de ses correspondants locaux Avez-vous l’intention d’étendre ce partenariat rapidement en dehors des États-Unis et notamment en France ? Quelle est la durée de vos partenariats ? En tant que produit mondial, nous accueillons tout éditeur dont le contenu apporte de la valeur à notre base d’utilisateurs. L’un de nos premiers partenaires éditeurs est d’ailleurs le média allemand Der Spiegel. L’Europe est un marché prioritaire pour nous. Nous encourageons donc les éditeurs français à rejoindre notre programme de partenariats médias. Nous ne pouvons pas commenter les termes spécifiques de nos contrats avec chaque partenaire, mais nous signons des accords pluriannuels. L’objectif est d’aligner profondément les intérêts à long terme, comme je le disais précédemment. “Nous avons eu quelques conversations préliminaires avec les médias français et nous sommes impatients de les poursuivre” Ce programme avec les éditeurs de contenus s’inscrit plus largement dans le développement de la publicité dans votre moteur de recherche. Quels sont les formats publicitaires que vous proposerez aux marques ? Pour commencer, nous intégrerons la publicité avec deux formats différents. Le premier est les “questions connexes” sponsorisées. Si vous utilisez notre produit, lorsque vous faites une requête, vous pouvez voir une réponse générée par l’IA et une liste de questions de suivi en dessous. Une fois que nous introduirons la publicité, les marques auront la possibilité de sponsoriser cette question connexe. Par exemple, si un utilisateur veut acheter une nouvelle paire de tennis ou fait une requête s’y rapportant, une marque de vêtements de sport pourra choisir de sponsoriser une question de suivi sur les raisons pour lesquelles ses baskets sont populaires parmi les athlètes. L’autre mécanisme publicitaire consistera en des vidéos sponsorisées activées à côté d’une réponse générée par l’IA. IA générative : comment les rédactions françaises amorcent les premiers usages éditoriaux Vos publicités seront-elles commercialisées directement auprès des marques ou via les agences ? Au CPM ou au CPC ? Les publicités seront commercialisées au CPM. Un utilisateur n’aura donc pas à cliquer sur une vidéo ou une question connexe pour que Perplexity, et donc les éditeurs, génèrent des revenus. Nous commercialiserons nos publicités à la fois directement auprès des marques et via les agences. Notre équipe de vente publicitaire est dirigée en interne, par moi-même et notre responsable du développement commercial stratégique. Le point le plus important de votre programme est l’annonce du partage des revenus publicitaires avec les médias partenaires. Proposez-vous le même contrat commercial et des relations similaires à chacun d’eux, ou les contrats peuvent-ils être adaptés ? Quelle part des revenus publicitaires ira-t-elle aux médias ? Je ne peux pas partager les détails de chaque contrat, mais il existe une certaine variabilité dans leur structure. Par exemple, pour notre partenaire WordPress.com, les revenus seront partagés avec le créateur de la page web, tandis que pour les organes de presse, les revenus iront à l’éditeur. À chaque fois, il s’agit d’un pourcentage à deux chiffres, d’un niveau significatif, qui est reversé pour l’ensemble de nos partenaires. Dans vos prévisions, quel est le montant des revenus que vous espérez générer en 2025 avec ce programme ? Nous ne pouvons pas répondre à cet aspect-là. Avez-vous déjà eu des contacts et des discussions avec les médias français ? Oui, nous avons eu quelques conversations préliminaires avec les médias français et nous sommes impatients de les poursuivre. Cette annonce récente n’est que le début du programme. Nous sommes impatients qu’il se développe. Jean-Michel De Marchi IA générativeModèles économiquesplateformesSearchTransformation des médias Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire INFO MIND MEDIA - Cinq médias français interdisent le bot d’Apple AI d'accéder à leurs contenus Analyses Confidentiels [Info mind Media] IA générative : premiers accords technologiques entre Microsoft et des médias français Analyses Dossiers IA générative : comment les rédactions françaises amorcent les premiers usages éditoriaux Etudes de cas Comment le média allemand Express.de utilise l’IA pour automatiser la rédaction de ses articles Analyses Etudes de cas Comment L'Est Républicain a expérimenté ChatGPT pour améliorer les articles de ses correspondants locaux Etudes de cas Comment Prisma Media teste un chatbot alimenté par l’IA générative sur son site Ça m’intéresse Analyses IA générative : Schibsted va multiplier les outils intégrés au CMS Perplexity veut développer et partager des revenus publicitaires avec certains médias Analyses Etudes de cas Comment le média danois Zetland utilise les articles audio pour fidéliser ses abonnés Monopole de Google dans le search : pas de sanctions avant l'été 2025 Condé Nast signe avec Open AI IA générative : CMA Médias s’associe à Google IA générative : le Geste veut s‘appuyer sur les expertises du PEReN et de l’Inria Entretiens Mathias Chaillou (Groupe L'Oréal) : "Grâce à l'IA, nous allons pouvoir devenir encore plus fort en stratégie média et en créativité" IA générative : les premières chartes émergent Le Figaro réglemente son usage de l’IA générative Le Washington Post lance à son tour un chatbot reposant sur l’IA générative essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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