Accueil > Investissement > Laurynas Spangevičius (Robinhood Europe) : “Notre priorité est d’obtenir un agrément MiCA” Laurynas Spangevičius (Robinhood Europe) : “Notre priorité est d’obtenir un agrément MiCA” Le néocourtier américain Robinhood a entamé son expansion en Europe fin 2023. Dans l’Union européenne, la fintech, qui s’est lancée avec une offre de trading de cryptoactifs, se fait discrète, en attendant de décrocher un agrément de prestataire de services sur cryptoactifs. Point d’étape avec son responsable Europe, Laurynas Spangevičius. Par Caroline Soutarson. Publié le 14 avril 2025 à 17h03 - Mis à jour le 14 avril 2025 à 15h04 Ressources Robinhood est entré dans l’Union européenne (UE) en 2023, via une entité basée en Lituanie, Robinhood Europe UAB. Un an plus tard, vous en êtes devenu le dirigeant, après quatre ans chez Revolut. Quelle est votre mission ? Bien que nous constations une traction et une croissance satisfaisantes en Europe, notre priorité, avant d’accélérer davantage, est d’abord d’y obtenir un agrément MiCA [de prestataire de services sur cryptoactifs dans le cadre du règlement européen Markets in crypto-assets, Ndlr] afin de cibler les clients de tous les pays de la zone, en toute conformité [en 2024, Robinhood a obtenu des enregistrements crypto en Italie, en Espagne et en Pologne. Ses produits étaient toutefois disponibles sur les autres marchés via la sollicitation inversée, Ndlr]. Nous intensifierons ensuite notre développement, tant en termes d’acquisition de nouveaux clients que de produits proposés. La palette de produits financiers que vous proposez dans l’UE est en effet restreinte, cantonnée aux cryptoactifs. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? D’autres classes d’actifs sont-elles prévues en Europe continentale, sachant que vous avez obtenu un agrément d’entreprise d’investissement début avril 2025 ? Nous nous concentrons uniquement sur les cryptoactifs pour l’instant, car c’est un domaine dans lequel l’UE a une longueur d’avance, avec des règles bien définies. C’est donc un bon terrain de jeu pour les entreprises comme la nôtre, qui proposent des services crypto de manière conforme et sécurisée. Opérer dans un environnement hautement réglementé n’est pas nouveau pour Robinhood, qui est régulée aux États-Unis et y est cotée en bourse [sur le Nasdaq, depuis juillet 2021, Ndlr]. En effet, la Banque de Lituanie a accordé à Robinhood Europe un agrément d’entreprise d’investissement en vertu de la directive MiFID II. Nous communiquerons sur ce qu’il implique dans les prochains mois. Pouvez-vous détailler les services que vous offrez dans l’UE ? Nous proposons actuellement d’investir dans une quarantaine de cryptoactifs en Europe. Ce nombre a vocation à augmenter, car nos clients en demandent d’autres. Nous travaillons également sur des fonctionnalités plus avancées, afin que les utilisateurs puissent mieux gérer leur portefeuille d’investissement et accéder à davantage d’offres de staking. Actuellement, le staking ne concerne que deux jetons [ether et solana, Ndlr]. Enfin, il y a quelques mois, nous avons ajouté une fonctionnalité de transfert de cryptoactifs [qui permet notamment leur retrait vers un portefeuille auto-hébergé, Ndlr]. Vous indiquez que Robinhood propose plus de 40 cryptoactifs dans l’UE, contre une vingtaine aux États-Unis. Pourquoi ne pas offrir une offre similaire, toutes géographies confondues ? Les offres sont différentes car les législations ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, chaque région dispose de son propre comité de sélection de cryptoactifs. Dans l’UE, chaque nouvel actif potentiel est analysé sous différents aspects (niveau de sécurité, liquidité, légalité, etc.) par notre équipe avant d’être ajouté à l’application. Comment choisissez-vous les actifs étudiés ? Nous prenons en considération tous les actifs pour lesquels nos clients manifestent de l’intérêt. Néanmoins, nous ne nous contentons pas de les ajouter aveuglément à notre produit. Si, lors de notre processus d’analyse, nous estimons qu’un cryptoactif ne convient pas à nos clients, nous ne l’intégrons pas. Avec une quarantaine de cryptoactifs “seulement”, on peut considérer que nous sommes lents à ajouter de nouveaux actifs par rapport à d’autres plateformes crypto. Mais nous avons véritablement à cœur de proposer des actifs sûrs à nos clients. Quand l’acquisition de la plateforme d’échange crypto européenne Bitstamp sera-t-elle finalisée ? Bien que nous ayons conclu un accord pour acquérir la société [en juin 2024, Ndlr], nous attendons toujours que toutes les conditions finales soient remplies et que les approbations réglementaires soient obtenues pour finaliser l’opération. [Par le passé, Robinhood a déjà vu un projet de rachat ne pas aboutir, après plusieurs trimestres de négociations. Il s’agissait de celui du wallet crypto britannique Ziglu (voir encadré), Ndlr.] Bitstamp dispose d’une cinquantaine d’agréments et d’autorisations réglementaires à travers le monde, et ce sont autant de régulateurs qui doivent approuver l’opération. Toutefois, nous pensons que l’acquisition devrait être finalisée au cours du premier semestre 2025. Le rachat de Ziglu par Robinhood annulé Afin d’entamer son expansion à l’international – reportée une première fois à cause du Covid-19 -, Robinhood avait annoncé en 2022 son intention d’acquérir le wallet crypto britannique Ziglu, régulé en tant qu’institution de monnaie électronique et société de cryptoactifs auprès de la FCA. Mais l’opération n’a pas été menée à son terme. Dans un contexte de durcissement des conditions de marché, Robinhood a souhaité renégocier l’accord avec Ziglu et a baissé de près de 100 millions de dollars son offre de rachat avant de, plusieurs mois plus tard, finalement clore les discussions, écrivait la société dans son rapport financier du premier trimestre 2023. Robinhood a finalement déployé sa solution au Royaume-Uni en parallèle de son expansion dans l’UE, fin 2023. Différence notable : si l’entreprise a opté pour une offre 100 % cryptoactifs en Europe continentale, ce sont les actions qui ont été choisies outre-Manche. Au second semestre 2024, un service de prêt de titres a été ajouté pour les utilisateurs britanniques. Au Royaume-Uni, Robinhood a misé sur Jordan Sinclair, ancien managing director Europe du néocourtier Freetrade, pour gérer l’activité. Dans l’hypothèse où l’acquisition de Bitstamp aboutirait, que changerait-elle pour Robinhood ? Il n’y aura pas de changement immédiat. Nous observerons d’abord comment l’entreprise fonctionne, afin de trouver des synergies. Bitstamp doit nous permettre d’élargir notre clientèle, composée uniquement de particuliers, aux institutionnels. L’expérience de Bitstamp, ainsi que l’importance accordée à la conformité par la société, devraient également nous aider à étendre nos services auprès de notre clientèle de détail. Combien de collaborateurs de Robinhood sont dédiés à l’UE ? Et combien de clients y comptez-vous ? Nous ne communiquons pas ces informations. [Fin février 2025, Robinhood comptait 25,6 millions d’inscrits dans le monde, c’est-à-dire des personnes détentrices d’au moins un compte, qui, durant les 45 derniers jours, ont fait état d’un solde positif ou ont réalisé au moins une transaction, Ndlr] Des recrutements, par exemple de responsables pays, sont-ils à l’ordre du jour ? Nous ne suivons pas de plan de recrutement précis. Lorsque nous en avons besoin, nous embauchons. Quant au recrutement de responsables locaux, cela pourrait être nécessaire plus tard, mais à ce stade, l’équipe basée en Europe est suffisante pour couvrir tous les besoins européens. En arrivant fin 2023 en Europe, Robinhood entre sur un marché crypto déjà très concurrentiel. Comment espérez-vous vous différencier par rapport à vos concurrents ? Nous cherchons à offrir une plateforme conviviale et fiable pour nos clients, avec une approche tarifaire compétitive. Nous voulons qu’à chaque fois qu’ils investissent sur une autre plateforme, ils réalisent qu’ils auraient économisé des frais en passant par Robinhood. En attendant Robinhood, les néocourtiers européens affinent leurs stratégies À l’occasion de la publication des résultats annuels de Robinhood, le cofondateur et CEO de la fintech, Vlad Tenev, a indiqué que Robinhood organiserait un événement en France en 2025. Pouvez-vous nous en dire plus ? Nous organiserons un événement privé à Cannes, en France, le 30 juin, qui réunira des cadres de l’industrie, des dirigeants de Robinhood, nos clients les plus fidèles et des décideurs gouvernementaux. Nous y présenterons nos ambitions en Europe, ainsi que plusieurs nouveaux produits. Caroline Soutarson cryptoactiftrading Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Robinhood se prépare à lancer une offre de banque privée Dossier Comment les plateformes d’Investment-as-a-Service diffusent les nouvelles normes du trading Ziglu prépare le lancement de son jeton Confidentiel [Info mind Fintech] Webull se lancera dans l’UE avant septembre 2025 Bitpanda rouvre ses portes au Royaume-Uni Dossier MiCA, deuxième acte : comment les PSAN se conforment au règlement européen crypto