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Accueil > Services bancaires > Néobanques pour les pros : la tentation du “tout-en-un”

Néobanques pour les pros : la tentation du “tout-en-un”

Pour la quatrième année consécutive, mind Fintech se penche sur le marché des néobanques pour les pros en France. La frontière entre ces acteurs et les services de comptabilité et de gestion continue de s’effacer - une tendance accélérée par la réglementation imminente sur la facturation électronique des entreprises. En parallèle, preuve d’une plus grande maturité du secteur, plusieurs acteurs s’internationalisent.

Par Aude Fredouelle. Publié le 07 novembre 2024 à 7h00 - Mis à jour le 27 novembre 2024 à 8h20
Panorama des néobanques pour les pros en France
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Les points clés
Le rachat de Shine par Ageras et l’acquisition de Regate par Qonto illustrent le mouvement des néobanques vers des outils de gestion “tout-en-un” pour les entreprises, en concurrence avec les spécialistes historiques de la comptatech comme Pennylane, Indy ou Tiime qui eux, s’équipent de comptes bancaires.
La phase d’internationalisation des néobanques pour les pros s’accélère. Shine emboîte le pas de Qonto grâce à Ageras, Blank se lance en Italie et Memo Bank entame les réflexions pour atteindre sa vision paneuropéenne.
Qonto s’est aussi lancé sur un nouveau segment concurrentiel : celui du Banking-as-a-Service. Avec Qonto Embed, la néobanque cible les outils de production comptable face à des concurrents comme Swan ou Solarisbank.

Malgré les signes de consolidation, le marché des néobanques pour les pros reste encombré, avec des acteurs comme Qonto, Shine, Anytime, et Memo Bank, auxquels s’ajoutent de nouveaux entrants tels que Finom, bunq, Revolut, N26, Noelse, ainsi que Blank du Crédit Agricole. Certaines banques en ligne proposent aussi des offres pour les indépendants – dernière en date à se lancer, BoursoBank, avec une offre de cartes pour l’instant simple. En 2023, Qonto a repris les clients du Français Paykrom.

Surtout, comme observé en mars 2023, les frontières s’estompent entre les néobanques pour les pros, qui ajoutent des services de gestion et de comptabilité, et les fintech spécialistes de ces domaines, qui intègrent des comptes et des cartes bancaires via le Banking-as-a-Service. “Les fintech créées il y a une quinzaine d’années sur une verticale pour casser la complexité de la banque avec une offre précise, pointue et “lean”, simple pour le client, sont désormais en train d’opérer un “rebundle” en s’appuyant sur la confiance de leurs clients, confirme Jean-Baptiste Sciandra, CEO de Shine. Mais il faudra faire attention à ne pas recréer la complexité des banques.” Une évolution comparable aux “super app” du secteur BtoC, où seul Revolut a pour l’instant réussi. Cette tentation du “tout-en-un” vise à la fois à répondre aux attentes des clients, en quête de plus de simplicité et d’un interlocuteur unique, et à diversifier les sources de revenus et augmenter le rendement par client.

La mise en œuvre de la facturation électronique obligatoire pour les entreprises renforce ces enjeux, avec un rôle finalement limité pour le portail public de facturation (PPF). Ce sont donc les plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) privées qui joueront un rôle prépondérant en assurant toutes les fonctionnalités liées à la facturation électronique. Plus de 70 PDP ont été immatriculées sous réserve à ce jour, dont… des néobanques pour les pros comme Qonto, et, de l’autre côté du spectre, des comptatech et outils de gestion et facturation comme Pennylane, Flowie, Kolecto, ou encore Tiime (voir encadré). “Avec la réforme, toute la chaîne de valeurs entre les flux bancaires et la chaîne de comptabilité va se transformer”, résume Philippine Rougevin-Baville, directrice générale France de Qonto. C’est donc un moment stratégique pour se positionner au carrefour de ces services. “En étant immatriculé sous réserve, nous serons dans toutes les phases de test en 2025 et tous nos clients seront conformes sans efforts à la réforme”. Le 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront pouvoir réceptionner des factures dématérialisées et les grandes entreprises et ETI devront pouvoir en émettre. Un an plus tard, l’obligation d’émission s’appliquera à l’ensemble des entreprises.

Une ambition européenne pour l’union de Shine à Ageras

Le rachat de Shine s’inscrit dans cette tendance de diversification produit. La néobanque avait été mise en vente par le groupe Société Générale début 2024, peu après la nomination de Slawomir Krupa à sa tête, qui a fait basculer la banque dans une nouvelle ère, mettant au pas les investissements dans le numérique. Les cofondateurs Nicolas Reboud (président) et Raphaël Simon (directeur général) ont quitté la société en avril, sept ans après sa création et quatre ans après le rachat par Société Générale. Ils ont été remplacés par Jean-Baptiste Sciandra et Fanta Coulibaly Duteïs. Finalement, en juin 2024, la plateforme danoise de gestion administrative et financière Ageras a annoncé vouloir reprendre la totalité des activités et des salariés de la néobanque. La transaction devrait être finalisée au premier semestre 2025, sous réserve de l’approbation de l’ACPR.

“L’objectif est d’unir deux spécialistes ciblant les entreprises de 1 à 10 personnes, détaille Jean-Baptiste Sciandra : un spécialiste européen de la comptabilité et de la facturation, présent au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne et avec de grandes ambitions pour la France, et un spécialiste du compte pro et de la banque, uniquement présent en France. Nous pourrons ainsi proposer l’offre la plus complète possible pour régler les problèmes des entrepreneurs sur ces quatre pays cibles. C’est un vrai projet industriel avec une ambition européenne.” Ce projet pourra s’appuyer sur l’agrément d’établissement de paiement de Shine, un atout convoité par Ageras, qui propose actuellement des comptes bancaires en partenariat avec Solaris en Allemagne et Swan en France.

Une autre néobanque devrait aussi changer de propriétaire. Dans le sillage de la reprise d’Orange Bank par Hello Bank!, Orange cherche un repreneur pour Anytime, acquise en 2021. Son fondateur Damien Dupouy a quitté le poste de CEO en mai 2023. Il a été remplacé par Bertrand Facq, ex-directeur de la stratégie chez Orange Bank. Mais la néobanque semble pour l’instant avoir bien du mal à trouver un repreneur.

Qonto rachète Regate

Chez Qonto, c’est à la fois une acquisition externe et un lancement produit qui viennent illustrer le rapprochement des néobanques pour les pros et des services de gestion pour les pros : le rachat de Regate et le lancement de Qonto Embed. L’acquisition de la solution d’automatisation comptable et financière Regate, qui revendique 10 000 clients TPE et PME et 500 clients experts-comptables, a été annoncée en mars 2024. Les 100 collaborateurs de la fintech intégreront “un nouveau département [de Qonto, Ndlr] dédié aux services financiers à destination des cabinets d’expertise-comptable”, géré par les cofondateurs et dirigeants de Regate Laura Pallier (DG) et Alexis Renard (président), a alors annoncé la société. “L’objectif de ce rachat est de renforcer notre collaboration avec les experts-comptables. Depuis 2017, nous leur avons offert un accès dédié à Qonto, et actuellement, 6 000 d’entre eux utilisent Qonto quotidiennement par ce biais. La prescription par les experts-comptables constitue une part importante de notre acquisition, explique Philippine Rougevin-Baville à mind Fintech. L’autre motivation était de se renforcer sur le segment des entreprises de 50 à 100 salariés en proposant un outil de gestion financière très bien développé sur la partie pré-comptabilité, qui est souvent un besoin pour elles.”

Qonto va maintenir l’interface Regate et “développe en parallèle une intégration très forte de l’offre dans Qonto”, dévoile la directrice générale. Les experts-comptables, dont les clients sont parfois déjà utilisateurs de Qonto, pourront décider de payer les fonctionnalités de Regate dont ils ont besoin. “L’intention derrière le rachat n’est donc pas une opportunité de marché, tempère la directrice générale. Elle poursuit un objectif de simplification pour nos clients en servant au mieux leurs partenaires experts-comptables.”

Qonto se défend de vouloir couvrir toute la chaîne de valeurs. “Regate se situe en amont de la comptabilité, avec de la récupération de factures et des outils de pré-comptabilité, précise Philippine Rougevin-Baville. Notre vision n’est pas de proposer des outils de comptabilité similaires à ceux d’acteurs, tels que Cegid ou Sage, qui ont 30 ou 40 ans de métier et proposent une profondeur fonctionnelle très fine, mais de nous intégrer de façon fluide à ces acteurs”.

Selon elle, le positionnement “tout-en-un” – porté par des acteurs comme Pennylane par exemple, voir encadré – est “très difficile à tenir car ceux qui le font recourent souvent à divers services en marque blanche, et cela dégrade lors du passage à l’échelle”. Qonto rejette l’idée du “tout-en-un” en excluant la production comptable pour ne pas compromettre son partenariat avec d’autres acteurs du marché. Cependant, la néobanque souhaite offrir de plus en plus de fonctionnalités à ses clients (gestion des dépenses, pré-comptabilité, etc.) pour devenir la principale solution pour les entreprises.

La finance embarquée favorise les acteurs du “tout-en-un”

En parallèle du mouvement des néobanques pour les pros vers la comptatech, les fintech initialement présentes sur le segment de la gestion financière et comptable se saisissent de la finance embarquée pour élargir leurs offres aux comptes bancaires et/ou au financement et devenir des acteurs “tout-en-un”. Ainsi, Pennylane s’appuie sur Swan depuis septembre 2022 pour les comptes bancaires (lire notre étude de cas : “Comment Pennylane veut devenir l’outil de gestion financière tout-en-un pour les PME“). En juin 2024, Pennylane comptait 12 500 comptes pros pour 160 000 entreprises utilisatrices, soit un ratio de 8 %, 21 mois après le lancement du service. La société a passé en octobre 2024 le cap des 200 000 entreprises utilisatrices de sa plateforme SaaS. Outre le compte pro, elle propose une API d’initiation de virement, la création de cartes pour les dépenses d’entreprise et prévoit le lancement de solutions d’encaissement SoftPOS pour début 2025 (contre 2024 annoncé initialement).

De même, née en 2015, Tiime se base sur le BaaS Treezor pour fournir des solutions de gestion à des professionnels et des experts-comptables, mais aussi un compte pro ainsi que des services juridiques. La société a annoncé en septembre une nouvelle grille tarifaire, destinée à convertir ses utilisateurs gratuits au compte pro. Jusque-là, 15 000 clients y avaient recours sur une base de 180 000 utilisateurs, après six ans de commercialisation.

Indy, ex-Georges.tech, qui éditait initialement une solution de gestion de la comptabilité utilisée actuellement par 70 000 utilisateurs, propose aussi depuis janvier 2024 un compte pro pour les indépendants. Celui-ci, basé également sur la plateforme de Swan, lui permet de se positionner face à Qonto, Shine ou Blank. Son site propose d’ailleurs de “comparer Indy vs Shine” et “comparer Indy vs Qonto”, en mettant en avant ses services de comptabilité et de déclaration.

En même temps que le rachat de Regate, Qonto a annoncé début 2024 le lancement d’une offre de Banking-as-a-Service baptisée Qonto Embed. Celle-ci cible précisément des acteurs de la production comptable, segment non couvert par la néobanque - le premier partenaire annoncé étant MyUnisoft. “Nous nous sommes développés avec des BaaS (Treezor en France et Solaris pour Penta en Allemagne), et nous avons bien vu que le passage à l’échelle effectué en marque blanche se heurtait à des limitations, raconte Philippine Rougevin-Baville. Notamment pour le service client, qui nécessite de multiples allers-retours entre le client, le BaaS et le compte professionnel, et altère l’expérience client. Mais aussi pour la maîtrise du coût des opérations et du développement produit. Grâce à notre agrément d'établissement de paiement, nous avons donc choisi de migrer sur notre core banking system et avons gagné entre 20 et 30 points de NPS [Net Promoter Score, Ndlr]. C’est pourquoi nous avons lancé Qonto Embed. Qonto garde le contrôle du service client, des opérations sensibles (onboarding, risque et compliance…) et le compte bancaire est intégré via API.”

La finance embarquée, un relais de croissance pour manager.one

manager.one, la néobanque s’appuyant sur la Banque Wormser, a annoncé dès 2021 le lancement d’une offre de Banking-as-a-Service. L’offre recouvre plusieurs produits et cas d’usage : “émission de cartes virtuelles en temps réel par API, plateforme de cartes de paiement en marque grise, web banking complet en marque blanche, ou encore utilisation d’API pour simplifier l’ouverture de comptes bancaires sur des volumes importants”. Une stratégie choisie comme alternative à une croissance “misant sur d’énormes dépenses marketing comme Qonto”, détaille Adrien Touati. 

manager.one cible notamment des corporates non financiers souhaitant créer des comptes bancaires, comme “un leader de l’univers de la santé qui lancera en avril un compte pour les professionnels de la santé”. manager.one fournit aussi des moyens de paiement pour des compensations, par exemple avec April International pour régler les dépenses de santé.

Si elle représente moins de 5 % des revenus de la société, “nous espérons qu’elle passera à environ la moitié du chiffre d’affaires d’ici trois ou quatre ans”, assure Adrien Touati. Une équipe de cinq commerciaux s’y attelle. La société, qui comptait déjà une dizaine de clients en 2021, comme La Nef en France ou la Banque Outarde au Sénégal, a signé des contrats avec cinq banques entre 2023 et 2024 pour gérer leurs cartes corporates, dont quatre acteurs français et une étrangère. “Une douzaine de contrats sont aussi en discussion avec des institutionnels comme des assureurs et des compagnies aériennes”. 

Qonto toujours leader

“Dans l’énorme bataille pour capter le segment des professionnels, les banques traditionnelles sont en train de perdre, commente un spécialiste du secteur. Les pros ne sont pas un segment très bien servi par les banques alors que les néobanques sont particulièrement pertinentes.” 

Qonto continue en tout cas de dominer le segment des néobanques pour les pros. La société revendique depuis juin 2024 500 000 clients sur ses quatre marchés historiques (France, Allemagne depuis 2020 via le rachat de Penta et ses 50 000 clients, Italie et Espagne depuis 2019), contre 350 000 début 2023, sans préciser la part dans l’Hexagone. Et la néobanque a annoncé fin septembre 2024 son lancement dans quatre nouveaux marchés, en Autriche, Belgique, aux Pays-Bas et au Portugal. Ambition : servir un million de clients d’ici à 2026. “Cela permet d’augmenter de quasi 30 % le marché de TPE/PME adressable, qui passe de 12,8 à 17 millions de TPE/PME”, note Philippine Rougevin-Baville. En Italie, la néobanque doit cependant faire face à des restrictions imposées par le régulateur depuis août 2024 et elle ne peut plus accueillir de nouveaux clients. “Nous sommes en train de développer les améliorations demandées par le régulateur. Les restrictions seront levées dès que ce sera fait : cela nécessite plusieurs mois de développement côté tech et produit.”

La comparaison est moins pertinente sur le segment des professionnels car les clients des néobanques pour les pros sont de tailles variées. Même ainsi, Qonto reste bien placé devant ses concurrents. Shine, avec 150 000 clients actifs en France et 150 nouveaux comptes ouverts par jour, va concurrencer Qonto en fusionnant avec les 300 000 entreprises clientes d’Ageras en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark, mais toutes ces entreprises ne possèdent pas un compte bancaire. 

Shine demeure concentrée sur les indépendants et les petites et moyennes entreprises, mais poursuit sa volonté d’évolution engagée il y a deux ans sur de nouveaux segments plus matures. La part des entreprises représente désormais 50 % de l’acquisition. “Ce sont plutôt des petites entreprises d'une dizaine de salariés ou moins (agences de communication, start-up), et de plus en plus de commerçants, de restaurateurs et d’artisans”, indique la société à mind Fintech. “De plus en plus souscrivent à l’offre Shine Pro ou Shine Business, les plus chères”. Environ la moitié des clients sont aujourd’hui sur l’offre Basic, et le reste en Plus (deux tiers) et Pro (un tiers). L’offre Business, lancée récemment, est encore marginale.

1 800 nouveaux clients par mois chez Revolut Business en France

Le Britannique Revolut ne communique pas son nombre d’entreprises clientes en France, mais en revendique “plusieurs centaines de milliers actives dans le monde”. La société qui opère dans 40 pays recrute 20 000 nouveaux clients chaque mois sur Revolut Business et produit plus de 100 000 cartes par mois. En France, Revolut Business traite plus de 860 millions d’euros de transactions par mois (95 % de plus qu’il y a un an) et recrute en moyenne près de 1 800 entreprises par mois (en hausse de 31 % en un an). Les clients français dépensent plus de 57 millions d’euros en cartes chaque mois (en hausse de 103 %). 

Blank, la néobanque pour les pros du Crédit Agricole, revendique quant à elle 40 000 comptes ouverts à la fois en propre, pour moitié, et par le groupe Crédit Agricole via ses marques Propulse et Essentiel, basées sur Blank en marque blanche. 2 000 nouveaux comptes seraient désormais ouverts chaque mois. En juin 2023, Blank en comptait 20 000. “Nous visons 250 000 comptes ouverts d’ici 2025 et, vu notre rythme d’acquisition, nous sommes en bonne voie pour y parvenir”, assurait alors Simon Parisot, CEO, à mind Fintech.

Memo Bank, qui cible les CA plus importants, revendique 450 clients

Avec ses 450 clients, Memo Bank fait pâle figure aux côtés des chiffres présentés par les néobanques pour les pros. Son positionnement est en fait bien loin de ces acteurs. Loin de miser sur les créations d’entreprises, l’établissement de crédit vise des sociétés enregistrant 1 à 250 millions d’euros de chiffre d’affaires et comptant de 15 à un millier de collaborateurs. Des chargés d’affaires (une quinzaine sur les 70 collaborateurs de la société) sont chargés de l’acquisition.

Et pas question pour Memo Bank de s’engager dans la stratégie du “tout-en-un” : “nous entrons dans des écosystèmes existants, auprès de clients déjà bancarisés et équipés de logiciels comme Sage pour la comptabilité, commente Jean-Daniel Guyot, CEO. En général, les clients nous choisissent car nous réglons un problème spécifique auquel les autres banques ne répondent pas, pour le paiement ou la réconciliation automatique par exemple. Puis nous grandissons et trouvons un équilibre au sein de leur écosystème.”

Memo Bank fait de la gestion des flux son atout, en proposant notamment les paiements instantanés, à l’international, les IBAN virtuels, les cartes à usage unique, l’interdiction des prélèvements sur un IBAN et une plateforme permettant d’automatiser et de réconcilier automatiquement les paiements.

La société a aussi récemment lancé des comptes d’affectation spéciale et comptes de fiducie et elle est le seul challenger pour les pros à financer des crédits sur son bilan. “Nous proposons les mêmes taux que les grandes banques de la place mais nous sommes bien plus rapides pour gérer la demande et décaisser l’argent. Par contre nous sommes limités à des tickets de 1,5 million d’euros maximum donc nous faisons souvent plutôt partie d’un pool bancaire”, note le CEO. 

Les stratégies paneuropéennes s’accélèrent

En parallèle du développement produit vers la comptatech, l’international devient un levier de croissance pour de plus en plus d’acteurs. Si Qonto avait jusqu’ici été le seul à s’y aventurer, Blank a suivi. La néobanque pour les pros du Crédit Agricole, créée au sein du start-up studio La Fabrique by CA, a levé 47 millions d’euros en 2023, notamment pour financer son lancement en Italie, qui a eu lieu en octobre 2023. La société y a recruté une petite équipe de dix personnes, pour le produit, marketing et support client. 

Le rachat de Shine par Ageras marque aussi ses débuts à l’international. Memo Bank, de son côté, a toujours affiché des ambitions paneuropéennes. “Nous souhaitions d’abord atteindre l’équilibre en France, mais nous commençons déjà à servir des entreprises hors de France, notamment au Luxembourg, et nous allons commencer à travailler sur les lancements sur d’autres marchés, comme l’Allemagne ou la Pologne, révèle Jean-Daniel Guyot. Il faudra recruter sur place, pour la partie réglementaire notamment. Nous fournirons des IBAN locaux, même si nous souhaitons aussi nous battre sur le sujet des IBAN européens.” 

Dans le même temps, de nouveaux acteurs internationaux accélèrent dans l’Hexagone, à l’image de Finom, basée aux Pays-Bas et lancée en France et en Allemagne fin 2020. Elle s’est depuis étendue à l'Espagne et en Italie avec des IBAN locaux. Elle passe par Treezor en France et Solaris à l'étranger et revendique 100 000 clients depuis début 2024. “Nous ciblons des entrepreneurs, qui travaillent seuls ou avec quelques salariés, et qui n’ont pas encore de CFO, explique Kos Stiskin, fondateur, à mind Fintech.

De son côté, N26 Business demeure pour l’instant, en France, réservé aux auto-entrepreneurs, et l’offre est très similaire à celle pour les particuliers - alors que son concurrent Revolut continue de développer son offre Business. 

Capter les créateurs d’entreprise

Alors que les néobanques pour les pros souhaitent de plus en plus toucher des catégories d’entreprises plus importantes, elles ne cessent pas pour autant de miser sur les créateurs d’entreprise. 

Shine, par exemple, a diversifié ses canaux d’acquisition en mettant en place depuis plus de deux ans de la publicité pour la notoriété grand public, dans le métro, en télévision ou sur les réseaux sociaux. “L’objectif est de capter les clients qui ont l’intention d’ouvrir un compte professionnel car ils sont en cours de création”, explique Jean-Baptiste Sciandra. Ils représentent environ 30 % des nouveaux clients, tandis qu’un autre tiers concerne des entreprises récemment créées. “Une partie des créations d’entreprises ont été internalisées avec une UX extrêmement simple”.

Même chose chez Qonto, qui passait par son partenaire Legalstart pour proposer d’ouvrir son entreprise, un outil de création a été développé en interne et lancé fin août 2024. “Nous voulions améliorer l’UX pour éviter de devoir jongler entre Qonto et son partenaire, avec un outil intégré de A à Z, explique Philippine Rougevin-Baville. Nous proposons un outil à destination des experts-comptables, pour leur permettre de créer les entreprises de leurs clients.”

Revolut Business n’a pas encore atteint cette étape, mais la société a annoncé en octobre un partenariat avec LegalPlace, notamment pour couvrir la création d’entreprise mais aussi pour accompagner les entrepreneurs avec des services de comptabilité et juridiques. Selon le communiqué annonçant l’alliance, un entrepreneur sur 10 en France fait appel à LegalPlace pour la création de son entreprise.

Du côté de Blank, même stratégie : “nous allons le plus en amont possible pour chercher de nouveaux clients lors de la création d’entreprise, expose un porte-parole de la société à mind Fintech. C’est un gros axe de développement cette année, tant au niveau produit que d’un point de vue de notre acquisition et marketing. Nous allons automatiser et industrialiser la création d’entreprise pour que cela nous coûte moins cher et que cela soit plus efficace. Et sur le plan marketing, pour se différencier d’acteurs comme Qonto qui dépensent énormément en marketing, nous misons plutôt sur les salons et la stratégie de contenus, pour détecter ceux qui souhaitent se lancer en indépendants.”

Côté groupe, l’équipe de “Je suis entrepreneur”, site d’information pour les pros axé sur l’accompagnement à la création d’entreprise, est passée de la Fabrique by CA au Crédit Agricole, pour devenir “le fer de lance de l’offre Propulse, basée sur Blank en marque blanche, indique un porte-parole de Blank. Cette équipe travaille en lien avec les caisses pour aider au développement de Propulse.”

Reste une grande inconnue : les résultats financiers. 

Si peu d’acteurs du marché révèlent leurs résultats, tous reconnaissent que la hausse des taux a marqué bien sûr une embellie dans leurs revenus. C’est un “changement de paradigme pour tout le marché, affirme Adrien Touati. Dans ce contexte de marché très favorable, la plupart des acteurs atteignent l’équilibre et ceux qui ne l’atteignent pas ne seront probablement jamais rentables.” Tous les acteurs indiquent cependant se concentrer sur leurs capacités à générer des revenus hors contexte de taux élevés. “Nous voulons un modèle opérationnel pérenne et durable”, assure ainsi Philippine Rougevin-Baville - qui rappelle que Qonto vise la rentabilité en 2025. Chez Memo Bank, “nous redistribuons une grande part des taux d’intérêt, par exemple via le compte rémunéré Booster lancé en mars 2024 et utilisé par la plupart de nos clients, rappelle Jean-Daniel Guyot. Nous nous sommes donc beaucoup désensibilisés aux taux.” Par ailleurs, les acteurs doivent maintenant composer avec une nouvelle baisse des taux.

Parmi les acteurs français, seuls les comptes annuels de Memo Bank sont disponibles. L’établissement a enregistré un produit net bancaire de 4 millions d’euros en 2023, contre 544 000 euros l’année précédente, soit une hausse de 642 %. “Près de 60 % de nos revenus proviennent des intérêts, liés aux crédits ou aux dépôts, et le reste des abonnements et frais divers”, révèle Jean-Daniel Guyot, CEO. La société accuse une perte nette de 6,5 millions d’euros, contre 8 millions d’euros en 2022 (en baisse de 19 %). La société a réalisé en 2023 une augmentation de capital de 1,4 million d’euros. “Nous visons l’équilibre financier en 2025”, assure le dirigeant.

Manager.one, de son côté, a géré 4,6 milliards d’euros de transactions entre mai 2023 et mai 2024. La société, rentable et qui compte une cinquantaine de salariés, revendique environ 20 000 comptes ouverts et plus de 400 000 cartes en circulation – dont des cartes virtuelles. Ses revenus sont partagés entre la société éditrice Saga Corp et la banque Wormser Frères. Le chiffre d’affaires global se serait élevé à “12 à 13 millions d’euros environ en 2023”, selon Adrien Touati, et “devrait être à peu près similaire en 2024 avec la baisse des taux compensée par la croissance”. manager.one gagne en moyenne une cinquantaine d’euros par mois par compte (ARFPU). Saga Corp est rentable depuis 2021. 

Chez Shine, les dirigeants indiquent seulement que “le chiffre d’affaires mensuel a été multiplié par 12 depuis le rachat par Société Générale, il y a quatre ans”. La rémunération moyenne par utilisateur a quant à elle augmenté de 60 % en un an. Shine a géré plus de 8 millions de transactions par carte bancaire en 2023. Les dépôts de ses clients ont augmenté de 32 % en 2023. La société, qui compte 300 collaborateurs, n’est pas rentable mais “nous allons entrer dans un groupe très attentif à ce sujet, et lui-même rentable”, glisse Jean-Baptiste Sciandra.

Comme Shine et Qonto, Blank ne dévoile pas ses résultats financiers. La société se contente d’indiquer que plus de 50 % des indépendants utilisent le compte comme compte principal. Par contre, cette cible représente bien moins de dépôts que de plus grosses entreprises. Les revenus de la société sont donc majoritairement représentés par les abonnements, puis par les frais d’interchange et la rémunération des dépôts. 

Si Revolut Business n’est pas la première néobanque pour les pros en France, le challenger britannique peut se targuer d’une grande force de frappe en Europe. L’activité enregistre en effet un chiffre d’affaires annuel de 450 millions d’euros dans le monde.

Nos précédentes éditions de ce benchmark

  • 2023 : Les néobanques pour les pros, à la veille d’une consolidation ?
  • 2022 : La concurrence fait flamber les coûts d’acquisition
  • 2021 : Les acteurs traditionnels s’introduisent sur le marché
  • 2020 : Les néobanques pour les pros ciblent les PME pour atteindre la rentabilité
Aude Fredouelle
  • néobanque pour entreprise

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