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Accueil > Services bancaires > Virement instantané : le marché tâtonne avec de nouveaux cas d’usage

Virement instantané : le marché tâtonne avec de nouveaux cas d’usage

Le virement instantané, proposé depuis fin 2018 par les grandes banques françaises, se développe rapidement. Progressivement, de nouveaux cas d’usage apparaissent. Société Générale, La Banque Postale, Arkéa, le Crédit Agricole, BNP Paribas et BPCE dressent un état des lieux pour mind Fintech.

Par Aude Fredouelle. Publié le 20 mai 2021 à 7h00 - Mis à jour le 06 janvier 2022 à 16h11
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Le virement instantané (SCT Inst) a été lancé par la plupart des banques françaises depuis la fin de l’année 2018, au terme de chantiers techniques qui leur ont coûté plusieurs millions d’euros. À la suite des déploiements pour les particuliers, les établissements bancaires ont aussi élaboré des offres pour les entreprises.

Instant Payment s’installe dans le paysage bancaire (août 2019)

Progressivement, les volumes des virements instantanés progressent et de nouveaux cas d’usage émergent, notamment grâce à la possibilité, pour des acteurs non bancaires, d’initier des virements dans le cadre de la DSP2.

80% des virements émis par les particuliers sont des IP chez Arkéa

Le virement instantané (instant payment ou IP) gagne du terrain en remplaçant progressivement une partie des virements classiques. La banque centrale européenne indique qu’en décembre 2020, dans l’Union européenne, 7,8 % des virements SCT étaient des virements instantanés SCT Inst (contre 5,7 % en décembre 2019). 

La tendance se confirme en France. Par exemple, à La Banque Postale, où il est disponible en émission depuis 2019, l’IP représente désormais environ 10 % des volumes de virements, alors même qu’il est facturé 70 centimes d’euro pour les particuliers et 80 centimes d’euro pour les entreprises et les professionnels. “La volumétrie augmente tous les mois, sans que l’on n’en fasse la publicité”, commente Laurence Félix-Makatcheff, directrice adjointe à la direction des paiements. La Banque Postale gère actuellement environ 15 000 IP par jour en émission et 400 000 par mois. 

La proportion est la même pour le groupe Société Générale : les IP représentent environ 10 % des virements du groupe (en dehors des virements de compte à compte d’un client), qui a traité plus de 1,8 million d’IP en émission en mars 2021, et 1,3 million d’IP en réception. Les volumes d’IP émis ont progressé de 15 % entre mars 2020 et février 2021 et ceux en réception de 14 %, malgré le contexte de crise sanitaire. “C’est le seul moyen de paiement qui n’a pas baissé pendant la crise, hormis un léger infléchissement en avril, rapporte Christian Gnanou, responsable offres et lutte contre la fraude sur les paiements. Par exemple, les règlements fournisseurs réalisés en virements classiques ont baissé mais ceux réalisés en IP ont continué de progresser.” 

Chez Arkéa, la part des IP sur l’ensemble des virements émis par les particuliers avoisine même les 80 %, détaille Claire Gautier, en charge du produit IP au sein du département moyens de paiement. Le groupe, qui ne facture pas les virements instantanés à ses clients, comptabilise 1,1 million d’IP émis et reçus en décembre 2020 (fédérations, banque privée, Aumax, Fortuneo). “Au premier trimestre 2021, nous avons géré une douzaine de pourcents de parts de marché sur l’IP, ce qui est significativement au-dessus de notre part de marché naturelle dans la banque de détail”, commente Hervé Denis, en charge du département moyens de paiements au sein du pôle innovation et opérations du groupe.

Le Crédit Agricole, de son côté, émet 800 000 IP par mois environ et en reçoit 1,4 million. “Nous en recevons davantage notamment parce que nous ne proposons pas encore l’IP dans l’application mobile, mais aussi parce qu’il n’est pas encore largement diffusé auprès de notre clientèle d’entreprises. Nous ne leur proposons pas encore l’offre IP de masse”, indique Olivier Scherschel, directeur des filières flux, échanges et projets transverses chez Crédit Agricole Payment Services. Les virements instantanés représentent moins de 1 % des virements traités par le groupe.

Dans le groupe BNP Paribas (banque de détail BNP Paribas, Hello Bank!), “le nombre de virements instantanés a aussi été multiplié par quatre entre 2019 et 2020”, signale Catherine Boidin, responsable des moyens de paiement des particuliers. En France, 10 % des virements exécutés par les clients particuliers sont des virements instantanés. Alors que l’IP n’a été lancé pour les corporates qu’en juin 2020, la moitié des IP émis le sont maintenant par des entreprises.  

Virement instantané par défaut et gratuit chez Arkéa

Les banques traditionnelles et les banques en ligne qui proposent l’IP l’ont intégré en option de virement sur les espaces bancaires en ligne. Chez Société Générale, 80 % des IP sont ainsi émis sur les applications mobiles, précise Christian Gnanou. Le groupe travaille aussi sur une nouvelle fonctionnalité : l’IP programmé. “Ce n’est pas prioritaire car l’intérêt principal du virement instantané est l’immédiateté, mais nous souhaitons quand même le proposer.” Arkéa souhaite également le proposer.

La plupart des banques ont choisi de facturer l’émission de virements instantanés à leurs clients, à hauteur de 70 centimes d’euro l’unité (La Banque Postale), 80 centimes (Société Générale) et 1 euro (BNP Paribas, Banque Populaire et Caisse d’Épargne, CIC). Au Crédit Agricole, 9 caisses sur 39 le proposent gratuitement, et les autres le facturent jusqu’à un euro. Et la Caisse d’Épargne ne facture les IP à hauteur de 1 euro qu’au-delà de 300 euros. “Cette tarification devrait cependant évoluer, annonce César Lengellé, directeur des produits BtoC du groupe BPCE. Nous constatons que le virement instantané participe pleinement à cannibaliser le chèque de banque et que c’est un vrai service à valeur ajoutée.” Chez BPCE, l’IP n’est pour l’instant proposé que dans l’application mobile, via l’authentification forte Secur’ Pass. Il sera déployé sur l’espace web au second semestre 2021.

Arkéa a fait un choix radicalement différent des autres acteurs traditionnels en proposant dès 2018 l’IP 100 % gratuit. “Pour nous, l’IP est essentiel, arguait alors Jean-Luc Dubois, directeur des flux. Comment faire comprendre à un utilisateur qui utilise WhatsApp en instantané que son virement va mettre jusqu’à 3 jours à parvenir à son destinataire ?”. Autre particularité : Arkéa propose l’IP par défaut dans l’espace de virements. Sa banque en ligne Fortuneo s’est alignée sur la même politique de gratuité. 

Chez la banque en ligne Boursorama, filiale de Société Générale, l’émission d’IP est également gratuite (mais limitée à 2 000 euros de virements instantanés par jour). Les autres banques en ligne et les challengers et néobanques ne proposent pas encore le virement instantané – ce qui en fait un avantage concurrentiel pour les acteurs traditionnels.

“La transformation du paiement pour les commerçants”

Les particuliers tirent la croissance de l’IP

Les banques membres de Paylib ont par ailleurs intégré le virement instantané pour les paiements entre particuliers au cours de l’année 2019. Dans ce cadre, les IP sont gratuits, mais limités à un plafond de 500 euros. Le projet s’est accompagné de la création d’un fichier centralisé permettant aux utilisateurs de passer par les numéros de téléphone plutôt que par les IBAN pour envoyer de l’argent à un autre utilisateur de Paylib. Résultat : le P2P est désormais au cœur de la stratégie de Paylib : il représente un peu moins de 40 % des transactions (contre 60 % pour le paiement en magasin) et affiche une forte croissance. 

Paylib veut prendre son envol avec le P2P (janvier 2021)

Chez Société Générale et au Crédit Agricole, 20 % des IP émis le sont via Paylib. Mais le montant moyen est moins élevé que pour les IP émis sur les espaces de banques à distance. “80 % des IP sont émis sur la banque en ligne et 20 % sur Paylib, mais la banque en ligne représente 98 % des montants”, souligne ainsi Olivier Scherschel, du Crédit Agricole, qui évoque un montant moyen de l’IP de 688 euros en émission et de 490 euros en réception.

Les particuliers sont en tout cas pour l’instant les principaux émetteurs de virements instantanés. “Ils tirent la croissance de l’IP”, confirme ainsi Christian Gnanou, de Société Générale. Plus de 80 % des volumes des IP émis par des clients du groupe le sont par des particuliers, contre 15 % par les professionnels et 5 % par des entreprises. 

Virements de salaires et paiements fournisseurs

Progressivement, les banques ont également déployé la possibilité d’émettre des virements instantanés pour leurs clients entreprises. BNP Paribas propose ainsi l’IP à ses clients corporates en émission depuis 2018 et en réception depuis juin 2020 et facture 1 euro par virement instantané (puis contractualise à des prix négociés pour les volumes les plus importants). “Nous observons beaucoup d’utilisations BtoC, pour le versement de dédommagements dans l’assurance ou le paiement des salaires”, détaille Catherine Boidin.

Chez Société Générale, le virement instantané est facturé 60 centimes aux entreprises, moins cher que pour les particuliers (80 centimes). “Un particulier ne fait pas plus de 10 virements par mois en dehors du compte à compte, en général, alors que les entreprises peuvent en émettre des centaines voire des milliers”, explique Christian Gnanou. Arkéa, au contraire, facture 1 euro l’IP à ses clients entreprises alors qu’il est gratuit pour les particuliers. BPCE, enfin, est en train de déployer l’IP dans les espaces bancaires des entreprises clientes des réseaux Caisses d’Épargne et Banque Populaire. Il sera facturé 1, 3 ou 10 euros selon le montant. 

IP de masse

Les banques ont intégré l’IP aux portails de banque en ligne, mais plusieurs ont aussi lancé des services permettant aux entreprises de télétransmettre en un seul fichier des “virements de masse” en instantané. Société Générale le propose ainsi depuis fin 2020. “C’est particulièrement intéressant pour certains cas d’usages. Par exemple, dans le secteur de l’intérim, pour verser les salaires, dans le secteur de l’assurance, pour indemniser les clients qui doivent payer un artisan, ou encore dans le domaine de l’énergie, pour demander aux clients de régler rapidement les factures, énumère Christian Gnanou. Quatre clients sont déjà en production et une dizaine sont en cours de réflexion pour le déployer. Dans ce cas, ils doivent faire évoluer leur ERP pour intégrer cette évolution dans leur environnement SI et cela peut représenter un coût.” Dans ce cas de figure, le coût de l’IP est négocié selon le volume avec l’entreprise. D’ici l’été 2021, les clients entreprises pourront aussi télécharger un fichier directement dans l’espace bancaire. 

BNP Paribas proposera le fichier de masse à partir de l’été 2021 en Espagne, car “l’IP y est extrêmement développé et représente 30 % des virements”, indique Catherine Boidin, puis mi-2022 en France. “Nous donnerons la possibilité de vérifier si la banque bénéficiaire est compatible.” De même, la Banque Postale et le Crédit Agricole devraient le proposer en 2022 à ses clients. “Nous avons réalisé un PoC fin 2020”, explique Olivier Scherschel. Arkéa et BPCE y travaillent aussi, sans toutefois préciser de calendrier.

APIs privatives

Les banques commencent aussi à fournir des APIs privatives, mises à disposition des corporates souhaitant émettre des virements instantanés en BtoC ou BtoB en intégrant l’API à leurs propres espaces. BNP Paribas le propose déjà depuis juin 2020. “Le client est libre d’intégrer l’API en mode automatique, dans différentes interfaces comme son ERP par exemple, pour se connecter à notre serveur afin d’initier ses ordres de virements instantanés, décrit Catherine Boidin. C’est en cours de maturité chez nos clients entreprises, avec des cas d’usage allant des virements fournisseurs au paiement des salaires en passant par les remboursements de frais de santé et les versements d’indemnités à la suite d’un sinistre…” Ociane Matmut permet ainsi depuis mi-2020 le remboursement instantané des séances d’ostéopathie.

Arkéa a aussi lancé une API similaire fin 2020. “Nous l’avons d’abord déployée en interne, pour permettre à des entités du groupe comme Mangopay et Suravenir d’émettre des IP via API”, détaille Hervé Denis. Mangopay a en effet annoncé en octobre 2020 le déploiement du virement instantané, qui peut être utilisé par les marketplaces clientes afin de créditer instantanément le compte bancaire de leurs vendeurs en France et dans la zone SEPA. “Des travaux d’intégration sont désormais en cours avec des clients externes, mais ce sont des modèles encore très nouveaux pour les grands corporates”, commente le directeur.

Chez Société Générale, la sortie de l’API est prévue pour la rentrée 2021. “Les entreprises clientes pourront alors déposer leurs opérations sur un portail API, explique Christian Gnanou. Par exemple, pour les assureurs qui remboursent les sinistrés, passer par une API apporte une meilleure interactivité avec la banque.” 

À la Banque Postale, des PoCs sont en cours avec des entités du groupe, pour des attributions de crédit revolving  (avec LBPCF Business Solution) et pour le règlement des assurances. Quant à une commercialisation de l’offre APIsée en externe, elle est prévue pour 2022. Le Crédit Agricole étudie également des intégrations en interne, avec les activités d’assurance et de crédit à la consommation. “Cela nécessite des travaux dans leurs SI”, précise Olivier Scherschel. 

Le plafond de l’IP, fixé par la réglementation à 15 000 euros lors du lancement, a été remonté à 100 000 euros en 2020. “Pour régler un fournisseur, ce plafond peut être trop bas. Mais des discussions sont en cours au sein des instances européennes pour le relever”, note Christian Gnanou, du groupe Société Générale. Chaque banque fixe par ailleurs ses propres plafonds de virement instantané – souvent les mêmes que pour le virement classique. Mais à La Banque Postale, par exemple, les plafonds d’IP sont plus bas : 1 000 euros pour les particuliers et 7 500 euros pour les personnes morales, contre 3 000 euros pour les particuliers et 15 000 pour les personnes morales pour les virements classiques. “Ce sont des choix guidés par des problématiques de fraude et nous travaillons pour les aligner sur les plafonds standards de virements d’ici la fin de l’année”, dévoile Laurence Félix-Makatcheff. 

L’IP n’a pas séduit les e-commerçants 

Outre le remplacement progressif des virements classiques par des virements instantanés, l’instant payment doit donner lieu à de nouveaux cas d’usage du virement. L’e-commerce a ainsi été présenté comme l’un des grands bénéficiaires potentiels de l’IP. Objectif : court-circuiter les schemes Mastercard et Visa et éviter leurs commissions aux e-commerçants. “La carte se prête très bien à des paiements e-commerce mais le virement instantané est intéressant sur les montants plus élevés, pour contourner le plafond carte”, assure Christian Gnanou, de Société Générale.

Mais le raz-de-marée annoncé n’a pas eu lieu et très peu de déploiements ont déjà vu le jour. BPCE, par exemple, avait annoncé dès 2018 un PoC avec Air France, qui consistait à proposer à ses clients de payer par virement instantané. Mais l’expérimentation a cessé fin 2018. Un autre PoC a cependant mené à un déploiement : Generali s’appuie sur Natixis Payments pour proposer depuis février 2021 à ses assurés un parcours de paiement des cotisations basé sur le virement instantané. Generali assure que cela lui permettra “de lutter activement contre la fraude aux chèques”. Des initiatives qui permettent au groupe “de monter en compétences”, explique César Lengellé.

“L’IP dans l’e-commerce, ce n’est peut être pas pour tout de suite, résume Hervé Denis. Cela nécessite de redévelopper des parcours de paiement alors que le paiement par carte bancaire fonctionne déjà très bien sur Internet.” Arkéa a donc plutôt choisi de “se concentrer sur des sujets où le chèque ou le virement classique sont utilisés mais ne donnent pas entière satisfaction, comme le paiement de professionnels ou d‘associations.” Le groupe a ainsi annoncé en juillet 2020 le lancement à titre expérimental du paiement mobile par QR code via initiation de virement destiné à ses clients professionnels, et plus particulièrement aux petites entreprises et indépendants. Concrètement, le commerçant génère un QR code puis le client le scanne et choisit le compte bancaire qu’il souhaite utiliser pour le virement, initié par Budget Insight dans le cadre de la DSP2. L’expérimentation durera jusqu’à l’été 2021. “Les retours des commerçants sont bons, mais du côté des payeurs, il y a des besoins de pédagogie et de réassurance”, reconnaît Hervé Denis.

Dans le domaine de l’e-commerce, certains attendent une initiative d’EPI, société constituée par des banques européennes et qui vise à faire émerger une solution de paiement paneuropéenne unifiée et concurrencer Visa et Mastercard. “Pour nous, le sujet du virement instantané dans l’e-commerce passera par l’EPI, car ces sujets nous coûteraient trop cher en R&D”, explique ainsi Laurence Félix-Makatcheff de La Banque Postale.

EPI crée une société provisoire dotée de 25 millions d’euros

Même stratégie chez BPCE, où César Lengellé assure que le groupe “sait qu’il est inutile de vouloir imposer seul un nouveau moyen de paiement, comme nous l’avons vu sur le sujet des wallets”, ainsi qu’au Crédit Agricole. “Aujourd’hui, proposer un service de paiement e-commerce basé sur l’IP sans attendre EPI serait compliqué car installer une nouvelle marque est un défi, assure Olivier Scherscher. L’IP va se développer dans l’e-commerce lorsque nous aurons des offres européennes.” La Commission européenne aurait par ailleurs validé le principe d’une mise en place d’un équivalent à l’interchange dans le cadre d’EPI, qui permettrait aux banques de se rémunérer sur ce moyen de paiement. 

Certaines banques tentent toutefois l’expérience. BNP Paribas a ainsi annoncé le 9 mars le lancement d’Instanea, solution de paiements instantanés pour les e-commerçants en Europe. La banque passe par la plateforme américaine d’open banking Token et la solution déclenche des virements instantanés SCT Inst dans le cadre de la DSP2 (Payment Initiation Service). Parmi les premiers clients d’Instanea, des pure player e-commerce, mais également des retailers qui proposent cette solution en magasin, indique la banque à mind Fintech.

Société Générale, de son côté, “a signé un partenariat avec Fintecture pour proposer à ses clients une solution de paiement en ligne via le virement instantané ou SCT”, révèle Christian Gnanou. La solution passera par l’initiation de virements, dans le cadre de la DSP2, et permettra donc d’initier le virement instantané quelle que soit la banque du payeur. Des pilotes sont en cours avec des e-commerçants.

Grâce à la DSP2, le développement des virements instantanés dans l’e-commerce pourra en effet passer par des fintech. La start-up française Fintecture, qui propose aux e-commerçants une solution de paiement basée sur l’initiation de virements instantanés (SCT Inst), dans le cadre de la DSP2, a ainsi levé 7,5 millions de dollars en mai pour accélérer et vise 10 000 marchands clients d’ici deux ans.

Mais pour généraliser le virement instantané dans le commerce, les banques devront sans doute y intégrer des assurances similaires à celles des cartes bancaires. Ainsi, au Crédit Agricole, révèle Olivier Scherschel, “nous réfléchissons à ce que, dans nos offres de banque au quotidien, peu importe le moyen de paiement, le client bénéficie des assurances classiques des cartes bancaires. Il faut intégrer le virement comme la carte dans les services d’assurance des moyens de paiement.” Arkéa a déjà franchi le pas : en octobre 2019, le groupe a étendu les services d’assistance et d’assurance associés aux cartes bancaires aux paiements réalisés par virements classiques ou instantanés.

Le format Request To Pay dynamisera-t-il la croissance de l’IP ?

L’introduction du nouveau standard de messagerie “Request to Pay”, qui permettra à un bénéficiaire d’une créance d’envoyer une demande de virement au payeur, pourrait aussi dynamiser l’utilisation de l’IP car de nombreux cas d’usage trouveront leur intérêt avec le déclenchement d’un virement instantané : paiement des factures, règlement de fournisseurs, paiement de proximité et e-commerce… 

Request to Pay : quels cas d’usage et business model ?

Mais si l’EPC a dévoilé les détails techniques du scheme, il n’est pas encore prêt à être déployé. Les grandes banques françaises misent, là encore, sur les travaux réalisés par EPI sur le sujet. “Le RTP ne se généralisera que lorsqu’un nombre important de PSP proposeront cette solution”, commente Christian Gnanou, qui assure que Société Générale travaille activement sur ce projet européen. Le premier cas d’usage, qui devrait sortir fin 2022 en France, portera sur des solutions pour les entreprises, pour la gestion de factures avant l’acte de paiement. 

À quand le “tout IP” ?

Et si le virement classique venait à disparaître au profit du virement instantané ? À la Banque Postale, cette hypothèse sera bientôt réalité : “notre objectif est de basculer tous les transferts de fonds SEPA en IP d’ici la fin 2022”, dévoile Laurence Félix-Makatcheff. “Nous ne souhaitons pas conserver deux plateformes en parallèle, qui nécessitent des coûts de maintenance et de run. Et nous faisons le pari que d’ici peu, toutes les transactions seront instantanées.” Et puisque La Banque Postale ne proposera plus de passer par un virement classique gratuit, dès 2022, les IP deviendront gratuits pour tous les clients du groupe.

La bascule, intégrée à un projet de rénovation des UX de virements et de transferts de fonds, concernera tous les virements du groupe. “Par exemple, il faudra aussi faire des IP lorsqu’on fera un virement en bureau de poste et en back office, mais aussi pour les corporates”, explique Laurence Félix-Makatcheff. 

Certaines banques ne sont cependant pas encore “atteignables” et n’acceptent pas les virements instantanés en réception. “La Commission européenne a pour volonté de le promouvoir et consulte les banques pour connaître les freins rencontrés dans le déploiement. Elle envisage de le rendre obligatoire, note cependant Claire Gautier, d’Arkéa. En parallèle, l’EPC multiplie les communications auprès des adhérents SCT pour leur recommander, s’ils ne sont pas adhérents à l’IP, d’être au moins en capacité d’en recevoir.” 

Pour autant, Arkéa, où l’IP est pourtant déjà gratuit et proposé par défaut, une bascule en “tout IP” comme celle prévue par la Banque Postale n’est pas au programme. “Nous avons la conviction forte que l’IP va devenir un nouveau standard, mais nous ne pensons pas pour autant abandonner le SCT à court terme, détaille Hervé Denis. Il nous semble peu probable qu’un moyen de paiement disparaisse aussi rapidement.”

Olivier Scherschel, du Crédit Agricole, confirme : “il y a une volonté des autorités de régulation pour faire de l’IP le nouveau standard des opérations de virements, d’autant que passer sur la chaîne de virements IP permettrait de démonter les anciennes chaînes de virements classiques à terme. Mais il faudra pour cela relever encore les plafonds interbancaires.” Selon lui, la bascule vers un système unique et le passage de l’IP en gratuité nécessitera encore 5 à 10 ans. “Aujourd’hui, les deux systèmes apportent une valeur différente qui justifie la prime à l’instantanéité.” À terme, pour contrebalancer le tout gratuit, la monétisation se trouvera selon lui dans la création “de solutions de paiement à valeur ajoutée”, comme les divers sujets qui seront traités par EPI.

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