Accueil > Industrie > Le nouveau panorama des HealthTech de France Biotech confirme une année 2023 “compliquée” Le nouveau panorama des HealthTech de France Biotech confirme une année 2023 “compliquée” France Biotech a dévoilé mardi l’édition 2023 du panorama des HealthTech françaises, réalisé avec Bpifrance, EY et Citeline. Sans surprise, les chiffres soulignent la tension observée sur les financements des entreprises, l’année passée. Toutefois, plusieurs indicateurs témoignent de la vitalité de cette filière. Les principaux points à retenir. Par Sandrine Cochard. Publié le 27 février 2024 à 12h42 - Mis à jour le 29 février 2024 à 16h37 Ressources Un nombre d’entreprises en faible croissance La filière HealthTech compte 2660 entreprises en 2023 : 820 biotech (+20 vs 2022), 1393 medtech (- 50 vs 2022 selon les chiffres du Snitem sur lesquels se base le panorama) et 450 entreprises spécialisées dans le numérique en santé et en intelligence artificielle en santé. Soit une progression globale de +20 entreprises de l’innovation en santé entre 2022 et 2023. Toutefois, si l’on compare à 2019, le nombre d’entreprises dans le numérique en santé a doublé en l’espace de quatre ans. “Malgré une année 2023 compliquée en termes de financement, la filière des Healthtech françaises reste très dynamique. Elle a atteint un nouveau niveau de maturité, avec plus en plus de produits arrivés sur le marché et une part de plus en plus importante de sociétés présentes sur les marchés internationaux, y compris sur la santé numérique où les sociétés visent en priorité le marché européen, notamment le marché allemand, en plus du marché domestique, explique à mind Health Chloé Evans, adjointe au directeur général, en charge des études sectorielles et des relations internationales. “Les effectifs de la filière sont également en croissance (+20% d’emplois directs en deux ans) témoignant du dynamisme et de la vitalité du secteur.” La R&D et l’emploi, indicateurs de maturité Les investissements en R&D ont également progressé pour s’établir à 1,3 Mds€ en 2022 (+ 8% vs 2023). “Le segment ayant le plus progressé depuis 2020 est celui des medtech (x 3) tandis que les entreprises de santé numérique ont investi en moyenne près de deux fois plus qu’en 2021. La R&D constitue le premier poste de dépenses, le premier domaine d’activité en termes d’emplois. La réussite R&D et clinique représente la deuxième plus grande préoccupation des entreprises de biotechnologie après le financement. La valeur et les capacités des entreprises à se financer dépendent en grande partie de l’atteinte de jalons dans le développement des sociétés”, explique France Biotech dans son panorama. Enfin, la filière reste créatrice d’emplois : la filière recense ainsi 15 032 emplois directs en 2023 (+19% vs 2021) et totalise 60 000 emplois (directs et indirects). Quelles pistes pour accélérer la recherche clinique ? Une amélioration côté CA et trésorerie Du côté des bonnes nouvelles, le panorama des Healthtechs note une amélioration significative du chiffre d’affaires des entreprises de la filière : 1,4 Md€ en 2023 vs 794 M€ en 2022 (+33%). De même, le niveau de trésorerie s’améliore : 38 % des entreprises rencontraient des difficultés fin 2023 vs. 52 % fin 2022. Le financement, point noir de l’année 2023 Sans surprise, le panorama des Healthtechs pointe les difficultés en matière de financement. “Nous avons fait face, comme partout dans le monde, à une vague de refroidissement assez forte des investissements depuis mi-2022”, explique Franck Mouthon, président de France Biotech. Résultat : les financeurs ont tendance à privilégier les projets les plus matures. “Les financeurs ont des exigences plus élevées sur la qualité des dossiers et le niveau de risque, y compris en phase d’amorçage et les tours A et B”, poursuit Franck Mouthon. Signe de ces difficultés pour se financer, il y a eu davantage de liquidations de biotech en 2023 (cf. tableau ci-dessous). Autre conséquence : “compte tenu de la situation financière, les entreprises se sont recentrées sur leur actif principal pour le faire avancer dans les phases de développement. En revanche, elles ont moins diversifié leurs portefeuilles”, relève Franck Mouthon. “Toutefois, la France a fait preuve d’une belle résilience, notamment grâce au soutien de Bpifrance et du dispositif TIBI”, relativise Franck Mouthon. Un contexte synonyme de coup de froid mondial. Ainsi, EY estime à 23,7 Mds€ le montant global des levées en capital-risque et en IPO par des sociétés européennes et américaines de la HealthTech en 2023 (- 19 % vs 2022). Si les levées européennes sont également en repli (-19% de montants levés en capital-risque vs 2022), la France reste le 2e pays européen en montants levés en capital-risque et en nombre d’opérations, derrière le Royaume-Uni. L’oncologie, aire thérapeutique privilégiée des biotech La moitié des produits du pipeline des biotech françaises se concentre sur trois aires thérapeutiques principales : l’oncologie (25 %), les maladies infectieuses (13%) et le système nerveux central (13%). Cette tendance varie peu d’année en année et est également reflétée au niveau européen. 1/5 des entreprises sont positionnées sur les maladies rares (21 %). “En 2023, la majorité de ces produits (59 %) demeurent en phase précoce de développement (recherche, POC et pré- clinique), 20 % en phase clinique précoce (phase I à IIa) et 11 % en phase clinique avancée (phase IIb et III). Bien que le pipeline s’enrichisse de nouveaux projets d’année en année, la part de produits en phase avancée progresse relativement peu. Néanmoins, environ une quarantaine de produits sont commercialisés, l’essentiel étant des produits matures (nutrition, diabète, ophtalmologie et vaccins)”, note France Biotech. Le MDR, principale préoccupation des medtech La filière compte 1393 entreprises de dispositifs médicaux. Celles-ci développent en moyenne trois produits, dont 15% concernent la chirurgie. Autre indicateur clé : 52% des produits développés sont en phase de commercialisation ou d’enregistrement. En revanche, la nouvelle mouture de la Medical Device Regulation (MDR), la réglementation européenne encadrant les dispositifs médicaux, a un impact significatif. “Les exigences et délais de certification peuvent engendrer des retards pour la mise sur le marché de leurs dispositifs”, note sobrement France Biotech dans son panorama. Dans les faits, près de 63% des entreprises de medtech déclarent ne pas voir obtenu la certification de leurs produits. Quel modèle économique pour les solutions numériques ? Un modèle majoritairement BtoB Selon les chiffres du panorama, les entreprises de numérique en santé développent en moyenne deux produits et la grande majorité d’entre elles (85%) opèrent en B2B. “Le secteur du numérique en santé bénéficie d’une forte croissance avec des applications multiples et variées permettant, entre autres, d’améliorer la prise en charge des patients, d’optimiser le parcours de soins ou encore d’accélérer la R&D pour les entreprises et le monde académique. Face à un tel essor, plusieurs interrogations se posent : comment financer ces solutions ? Quels modèles économiques pour les start-up ?”, s’interroge France Biotech dans son panorama. Une question centrale pour l’écosystème, alors que certaines voix s’élèvent pour affirmer qu’il n’existe pas de modèle économique pour les entreprises ayant opté pour un modèle BtoC. Un modèle d’affaire reposant à 63% sur l’achat hospitalier Les entreprises du secteur adoptent des modèles d’affaires diversifiés, parfois hybrides. “Compte tenu de la typologie des solutions développées, les deux tiers des entreprises ciblent le système hospitalier (professionnels de santé, directions des systèmes informatiques…), l’achat direct étant privilégié. Les entreprises axées sur le développement de solutions améliorant la prise en charge, la télésurveillance ou les dispositifs médicaux connectés cherchent, quant à elles, à obtenir un remboursement de la part de l’assurance maladie et/ou à être pris en charge par des complémentaires santé.” Dans le détail, 63% des entreprises ont un modèle d’affaires reposant sur l’achat hospitalier, 39% cherchent le remboursement par l’Assurance maladie, 34% privilégient l’achat industriel, 34% optent pour la prise en charge par une mutuelle, 25% visent l’achat professionnel libéral, 20% ciblent un achat direct du patient et 17% ont un modèle “autre” non détaillé dans le panorama. Vanina Paoli-Gagin (Sénat) : “Utiliser la commande publique comme un levier de soutien à l’innovation” Trois tendances à suivre en 2024 Réindustrialisation et décarbonation Le panorama France Biotech propose également un éclairage sur la géographie des healthtech françaises. Outre l’épicentre francilien toujours dominant, un axe Bordeaux-Besançon-Strasbourg se détache ainsi qu’un pôle en plein boom à Montpellier. “On observe une vraie volonté de réindustrialisation, notamment dans les DM et les biotech, souligne Franck Mouthon. Il y a vraiment un effet France 2030 : les financements publics ont donné à ces usines l’accompagnement nécessaire pour réindustrialiser les sites, mais aussi pour développer leur capacité à décarboner. On commence à adresser le sujet environnemental.” Maladies Rares Les entreprises françaises détiennent le plus grand portefeuille de médicaments approuvés pour les maladies rares en Europe, ainsi qu’un vaste “pipeline” où plus de 200 médicaments sont en cours de développement. La grande majorité de ces médicaments (84%) ont été découverts localement, alors qu’ailleurs en Europe, c’est l’acquisition de licences via des partenaires extérieurs qui est favorisée. Par ailleurs, les biotech représentent plus de 70% des projets développés avec une influence dominante au stade pré-clinique. “La France est très bien positionnée sur ce secteur grâce aux différents plans gouvernementaux mis en place ces dernières années (le premier PNRM a été lancé en 2004, ndlr), souligne Franck Mouthon. Cela signifie bien que lorsque les différentes filières sont soutenues et structurées, elles se développent très bien.” Le PNMR 4, qui doit être lancé ces prochains jours, devrait permettre de poursuivre cet effort en intégrant de nouvelles mesures, notamment sur le volet du diagnostic, mais aussi pour renforcer l’accès aux traitements pour les patients. Transformation des pratiques médicales Enfin, la transformation se poursuit au niveau des différentes pratiques médicales (chirurgie, imagerie…), notamment portée par la diffusion de l’intelligence artificielle. Sandrine Cochard BiotechsEuropeFinancementsMaladies raresMarchéParcours de soinsRèglementaire Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire La feuille de route ministérielle sur la pénurie de médicaments est lancée Les données synthétiques sont-elles l'avenir des essais cliniques ? Premier bilan de la stratégie d’accélération “Biothérapies et Bioproduction de Thérapies innovantes”