Accueil > Financement et politiques publiques > Financement de l'innovation > Comment Bpifrance finance et investit dans le numérique en santé ? Comment Bpifrance finance et investit dans le numérique en santé ? Que ce soit comme financeur, au titre d’opérateur de l’État, ou comme investisseur, Bpifrance compte parmi les premiers soutiens de l'écosystème de la santé numérique. L’année 2023 a été à ce titre exceptionnelle et la banque publique d’investissement continue cette année à adapter sa stratégie aux évolutions rapides du secteur. Par Romain Bonfillon. Publié le 22 mars 2024 à 14h43 - Mis à jour le 27 mars 2024 à 16h51 Ressources En tant qu’opérateur principal du plan France 2030, Bpifrance finance de nombreux projets en lien avec les dispositifs médicaux. À ce titre, l’année 2023 peut être qualifiée d’exceptionnelle puisque ce sont 328 M€ d’aide qui ont été attribués aux entreprises du dispositif médical (+50% par rapport au 2022). Ces financements représentaient deux tiers du financement total de la santé : un tiers pour le dispositif médical numérique (DMN) et un tiers pour le DM non numérique. “Bpifrance joue ici son rôle contracyclique. 70% de ces aides concernent la phase de R&D. Ce qui est nouveau est que 15% de ces financements sont attribués pour l’industrialisation et l’accès au marché”, précisait Peggy Rematier, responsable sectorielle dispositifs médicaux chez Bpifrance, lors de la présentation du Panorama de la filière industrielle du dispositif médical. Les DMN, axe fort de la stratégie de financement de Bpifrance S’agissant plus spécifiquement des dispositifs médicaux numériques (DMN), 152 projets ont été soutenus en 2023, dont : 81 en R&D ; 62 pour le diagnostic DM (appel à projets soutenant les développements réglementaires) ; 9 pour l’accès au marché. Fatima Heniche, responsable sectorielle “dispositifs médicaux numériques” à la Direction de l’innovation de Bpifrance. L’ensemble des financements de Bpifrance sur cet axe représente un montant de 184 M€, dont 80 M€ émanent de la Stratégie d’accélération Santé numérique (SASN). “Parmi les 216 entreprises bénéficiaires, on compte 127 PME et plus d’une cinquantaine d’établissements de santé qui se sont positionnés en 2023 sur l’une des actions fortes de la SASN : la construction et la consolidation d’entrepôts de données de santé hospitaliers”, ajoute Fatima Heniche, responsable sectorielle “dispositifs médicaux numériques” à la Direction de l’innovation de Bpifrance. Entrepôt de données de santé : quels sont les acteurs à en avoir constitué ? Si l’on s’intéresse à la nature des solutions financées (en excluant les projets financés dans le cadre de l’AAP Diagnostic dispositif médical), nous observons que les DM dits d’équipement sont ceux qui ont bénéficié du plus grand nombre de financements, devant les DM à usage individuel et les DM de diagnostic in vitro. S’agissant des indications thérapeutiques auxquelles s’appliquent ces DM, l’oncologie, la neurologie et la chirurgie trustent logiquement les trois premières places, compte tenu de la taille de ces marchés. Les tendances actuelles et à venir “Aujourd’hui, il y a des avancées majeures dans le développement des outils de mise en qualité des données, d’interopérabilité des systèmes d’information. Nous observons aussi le recours à des technologies qui s’appuient sur le jumeau numérique pour améliorer la pratique médicale, les soins. C’est dans ce contexte-là que nous avons choisi de financer le projet MEDITWIN“, rappelle Fatima Heniche. Trois autres tendances sont scrutées de très près par les équipes de Bpifrance : le développement de plateformes numériques offrant différents bouquets de services pour permettre le suivi longitudinal de parcours de soins, notamment en oncologie ; l’émergence de nouveaux segments de marché en imagerie (multimodale, hybride, etc.) qui a d’ailleurs motivé fin 2022 le lancement d’un AAP dédié. le recours à l’IA et en particulier à l’IA générative. À noter que sur les 16 sociétés françaises développant des DM intégrant de l’intelligence artificielle et qui ont obtenu une certification FDA, 15 ont été soutenues par Bpifrance. Nicolas Gremy (Bpifrance) : “La santé numérique est à la fin d’un cycle…et c’est une bonne chose ” Pour 2024, la banque publique d’investissement entend “soutenir les entreprises qui se positionnent de plus en plus sur de l’innovation organisationnelle et de nouveaux modèles d’affaires”, explique Fatima Heniche. À un horizon de plus long terme, Bpifrance espère pouvoir valoriser les données issues des entrepôts de données de santé qu’elle finance. La liste des principales levées de fonds de la e-santé année par année BPI, banque d’investissement “Il faut distinguer le périmètre d’activité dédié aux financements, dans lequel Bpifrance est opérateur de l’Etat, du périmètre d’activité de Bpifrance dédié à l’investissement en capital”, explique Chahra Louafi qui dirige le Fonds Patient Autonome. Ce fonds, dédié à la santé numérique, est intégré dans ce dernier périmètre. Chahra Louafi, directrice du fonds Patient Autonome de Bpifrance “Nous sommes dans une logique de diversification et de monitoring du portefeuille, confie-t-elle à mind Health. Nous recherchons de la valeur à plus court terme et nous sommes donc amenés à nous positionner comme un fonds classique. Nous nous intéressons aujourd’hui à des solutions qui ne touchent pas uniquement l’hôpital. Nous sommes toujours très présents sur l’hôpital puisque c’est le premier acteur qui a exprimé un fort besoin de transformation. Mais compte tenu de notre expérience, de notre analyse des risques qui est devenue plus précise, nous pouvons nous permettre d’aller prospecter d’autres modèles économiques et d’autres typologies d’acquéreurs que ceux explorés jusqu’à ce jour. Cette diversification est aussi une façon de réduire les risques”. De manière globale, relève Peggy Rematier, “l’investissement dans les dispositifs médicaux (numériques et non numériques), qu’il s’agisse des Fonds PIA (Programme d’investissements d’avenir), France 2030 ou des fonds propres Bpifrance (comme le fonds Patient Autonome, ndlr) représente 96 M€ qui ont été investis sur 3 ans (entre 2021 et 2023) pour 38 entreprises”. Le portefeuille de start-up investies compte aujourd’hui 20 DMN et 18 DM. Parmi celles-ci, citons Cairdac, UroMems, Callyope, teale, Poppins, Sonio, Wandercraft, LimFlow, etc. À noter que l’un des faits marquants de 2023 aura été le lancement de deux nouveaux fonds, encore en cours de construction : un fonds Prévention et un fonds Deep Tech 2030. La naissance de ces nouveaux véhicules d’investissement, dès lors qu’ils seront clôturés, pèsera sur la nature des start-up financées. Les trois vies du marché de la santé numérique “Comme le Fonds Patient Autonome est positionné à 100% sur la santé numérique et seulement sur le territoire français, c’est un poste d’observation intéressant pour suivre la tendance de marché”, note Chahra Louafi, la directrice de ce fonds, qui voit clairement trois étapes se dessiner. “Une première étape balbutiante, une seconde étape d’accélération pendant la crise du Covid. Les courbes d’apprentissage se sont accélérées de la part des clients (hôpitaux) qui avaient absolument besoin d’intégrer ces solutions numériques pour décharger les professionnels de santé. Le cycle Covid s’est clôt en 2022 avec une vision assez précise de la part clients (hôpitaux, industrie pharma, entre autres) de ce qu’ils recherchent. C’est la troisième étape : les solutions doivent aujourd’hui absolument apporter de la productivité de manière immédiate. Et pas en tant que promesse. Nous voyons aussi le besoin de ce type de solutions d’entamer leur scalabilité sur les marchés étrangers, parce que les autres marchés sont aussi sur ce même constat. Dans les marchés publics, nos entreprises/solutions françaises sont challengées par des entreprises européennes, danoises, suédoises… parce qu’aujourd’hui il faut absolument apporter de la productivité et de la transformation. Ces solutions étrangères répondant aussi aux exigences RGPD, les hôpitaux ne vont pas hésiter à prendre des solutions venues d’autres pays si elles sont meilleures que les françaises. Il faut donc que nos entreprises aillent titiller leurs compétiteurs sur leur marché domestique. L’un des principaux sujets aujourd’hui, pour les entreprises du secteur, consiste à prendre des positions stratégiques”, conclut-elle. Romain Bonfillon Dispositif médicalEntrepôt de données de santéFinancementsFonds d'investissementInnovationsanté numériquestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind