Accueil > Industrie > Guillaume Gaud (Continuum+) : “Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un stade de maturité” Guillaume Gaud (Continuum+) : “Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un stade de maturité” Après Cureety en octobre 2023, Continuum+ a été le 15 juillet dernier la deuxième start-up à avoir obtenu la prise en charge anticipée numérique (PECAN) pour sa solution, dédiée elle aussi à la télésurveillance en oncologie. Guillaume Gaud, président et fondateur de Continuum+ détaille pour mind Health les conséquences de cette prise en charge, les défis qu’elle implique et les prochains jalons à atteindre pour sa société. Par Romain Bonfillon. Publié le 31 juillet 2024 à 15h02 - Mis à jour le 31 juillet 2024 à 15h02 Ressources Comment se positionne Continuum+ dans le domaine de la télésurveillance en oncologie ? Nous sommes à la fois un éditeur et un opérateur, car nous agissons au travers d’une cellule d’appui permettant d’embarquer des professionnels de santé dans le cadre d’une télésurveillance humaine, que nous appelons de nos vœux. Nous partons du principe que les patients n’ont pas seulement besoin d’un outil numérique, avec lequel certains peuvent ne pas être à l’aise, ils ont surtout besoin d’être accompagnés. Notre société existe depuis 2017 et compte une quinzaine de personnes. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un stade de maturité, avec le remboursement de notre dispositif médical, une présence dans une cinquantaine d’établissements et plus de 5000 patients suivis par nos solutions, qui intègrent du serviciel avec du logiciel. Télésurveillance en oncologie : le filtre du remboursement Comment avez-vous fait pour financer le suivi de ces 5000 patients ? Nous avons commencé par un financement propre, puis nous sommes allés chercher le financement des industriels du médicament. Nous nous sommes ensuite orientés vers un modèle, que l’on a imaginé pérenne, avec le financement par l’Assurance maladie. S’est alors proposé à nous l’expérimentation Article 51. Nous avons considéré que notre proposition était une innovation numérique, organisationnelle et également financière, puisque nous proposions de rémunérer l’ensemble des acteurs qui pourraient intervenir sur un parcours de soins. Dès le départ, notre approche a été de proposer des parcours coordonnées et pluri-professionnels entre l’hôpital, la ville et le domicile. L’article 51 se prêtait pour nous totalement à cette ambition. En quoi a consisté cette expérimentation ? Nous l’avons coconstruite avec un consortium d’acteurs dans la région Grand Est, composé d’établissements, d’URPS, du réseau régional de cancérologie, d’associations de patients. C’est ce qui a donné vie à AKO@dom-PICTO, notre expérimentation Article 51, qui nous a permis de passer d’un mode de financement privé à un financement public/privé. Nous avons en effet réussi à embarquer quatre laboratoires pharmaceutiques (Pfizer, Lilly, Novartis, Takeda) qui ont accepté de rentrer dans un cofinancement avec l’Assurance maladie. Cette dernière a accepté ce principe, ce qui est tout à fait exceptionnel. Nous sommes aujourd’hui le seul Article 51 avec un cofinancement des industriels du médicament. Avec la PECAN, le principal enjeu actuel est-il de faire connaître très largement votre solution ? C’est un enjeu mais nous avons déjà en partie relevé ce défi, avant la commercialisation de notre dispositif médical, par la mise à disposition de nos parcours dans le cadre de leur financement par les industriels. L’un des principaux enjeux, au-delà de celui de faire connaître, est de définir avec les établissements la bonne organisation, pour assurer cette télésurveillance et ensuite déployer l’outil. Dans le cadre de la PECAN, quel va être le niveau de rémunération des principaux acteurs impliqués ? Au niveau de l’équipe hospitalière, une rémunération de 28 euros par mois et par patient est prévue, pour l’acte de télésurveillance. Le forfait technique, celui que nous touchons en tant qu’éditeur, s’élève à 50 euros par an et par patient, versés par l’Assurance maladie. La PECAN remplace-t-elle le dispositif Article 51 dont vous bénéficiez ? Le dispositif Article 51 continue, c’est une innovation organisationnelle qui doit être poursuivie jusqu’à son terme prévu en décembre 2024. Elle devrait être prolongée jusqu’en mars 2025, à la demande de l’Assurance maladie. L’objectif de l’Article 51 est de transformer cette expérimentation en “parcours coordonné renforcé “, dans le cadre de la forfaitisation de ces parcours. Ce nouveau cadre d’atterrissage des Articles 51 est prévu par la LFSS 2024. L’État prévoit de financer des parcours coordonnés renforcés pluriprofessionnels qui se montent entre l’hôpital, la ville et le domicile. Nous sommes éligibles à ces parcours qui devraient voir le jour en 2025. D’un autre côté, nous gardons la possibilité d’utiliser la télésurveillance standard, dans laquelle le patient utilise son application et renseigne l’établissement sur son état de santé entre deux consultations ou entre deux injections d’anticancéreux en hôpital de jour. Nous permettons ainsi de traiter l’ensemble des patients qui nécessitent un suivi hors les murs, qu’ils soient ou pas à l’aise avec le numérique, avec ou sans professionnel de santé à leur côté. La suite logique de la PECAN est la prise en charge de droit commun. Quels défis vous reste-il à relever ? Pour le remboursement de droit commun, il nous faut confirmer les premiers éléments qui ont été transmis à la HAS, à savoir des données d’impact clinique et organisationnel qui confirment les présomptions d’innovation portées par notre solution. L’une d’entre elles est l’hétéro-évaluation des questionnaires par un professionnel de santé . Nous avons intégré la possibilité que l’établissement soit rémunéré si l’évaluation est faite par un tiers. Cette hétéro-évaluation va pouvoir être faite par une infirmière ou un pharmacien. Pour cela, l’établissement percevra le forfait prévu de 28 euros par mois et par patient. Continuum+ Connect est seulement la deuxième solution à avoir obtenu la PECAN. Qu’est-ce qui, selon vous, a joué en votre faveur pour l’obtenir ? L’Article 51 est aujourd’hui considéré par la HAS comme pouvant apporter des preuves de l’impact organisationnel de notre solution. Le fait que nous ayons mis en place une étude clinique comparative prospective randomisée (l’ étude FEGALA menée par l’Institut de cancérologie de Strasbourg dans une quinzaine d’établissements, en partenariat avec Unicancer, ndlr) pour démontrer le bénéfice de notre solution versus le soin conventionnel, a aussi sans doute été un élément important dans la décision de la HAS. D’autres start-up, comme Cureety et Resilience, sont également positionnées sur la télésurveillance en oncologie. Qu’est-ce qui distingue votre solution de la leur ? Nous adressons les mêmes types de cancer et les mêmes indications, mais nos modalités sont plus larges. Les autres solutions sont basées uniquement sur l’autoévaluation par le patient. Notre solution permet également une évaluation de l’état de santé du patient par un professionnel de santé de proximité (pharmacien d’officine, infirmier libéral, médecin traitant). En associant les professionnels de ville, nous avons fait en sorte que la prise en charge du patient ne soit pas réduite à un colloque singulier entre lui, à son domicile, et l’établissement. C’est une manière de rompre l’isolement et une approche totalement différente de celle de nos concurrents. Quel est désormais le futur jalon à atteindre pour Continuum ? Le grand jalon va être le passage dans le droit commun des parcours coordonnés renforcés en oncologie. Ces parcours nécessitent une rémunération des acteurs médicaux soignants, des pharmaciens. Le niveau de rémunération de ces acteurs va être décisif. C’est une nouvelle approche du parcours de soins, qui n’existe pas encore et nous serons probablement un des prochains acteurs de ce type de prise en charge. Où en sont ces parcours coordonnés renforcés d’un point de vue réglementaire ? Nous y verrons plus clair lors du PLFSS 2025. Le décret d’application des parcours coordonnés renforcés, qui fixe le cadre juridique, est actuellement examiné par le Conseil constitutionnel et doit faire l’objet d’une validation. Les décrets d’application définitifs sont attendus à l’automne. Il faudra ensuite définir, pathologie par pathologie, quels sont ces parcours, quelle est la rémunération pour quel acteur, sur quelle durée. Ces éléments seront définis sur la base des deux expérimentations Article 51 en cours, AKO@dom-PICTO, que nous portons et Onco’Link, portée par Unicancer. C’est la synthèse de ces deux expériences qui permettra de définir ce que seront les parcours coordonnés renforcés en oncologie. Romain Bonfillon Assurance MaladieDispositif médicaloncologieRèglementaireRemboursementTélésurveillance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire PECAN : quatre avis émis par la HAS Resilience lève 25 M$ et confirme son ambition de devenir un acteur multipathologie TENDANCES 2024 - PECAN et droit commun : le marché de la télésurveillance se consolide