12 % de rentabilité pour Mediapart en 2022

Mediapart (139 salariés ETP, dont 73 postes de journalistes) a annoncé mardi 14 mars, lors d’une conférence de presse, avoir réalisé un chiffre d’affaires de 21,2 millions d’euros pour 2022. Il est quasi-stable sur un an. Son résultat net s’est élevé à 2,6 millions d’euros (12 % de rentabilité), contre près de 4 millions en 2020 et en 2021, soit une baisse d’environ 35 % l’an passé.

La direction indique que la société vient de terminer le remboursement, sur ses résultats annuels, de l’emprunt de 5,5 millions d’euros souscrit en 2019 auprès du Crédit coopératif (initialement sur huit ans et demi à un taux de 1,18 %) pour permettre à la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (SPIM), structure à but non lucratif alors créée, d’acheter les parts des fondateurs, de la Société des amis, de la Société des salariés et des sociétés Doxa et Ecofinance. S’y ajoutaient 4,4 millions d’euros prélevés dans les réserves de l’entreprise. Ce mécanisme visait à “sanctuariser” le capital de la société et à garantir à la fois son indépendance et sa viabilité.

Désormais, les bénéfices de la société seront affectés pour partie aux investissements, que Mediapart veut poursuivre, et pour partie mis en réserves pour anticiper des périodes financières et économiques plus délicates. Parmi les investissements : un nouveau CMS est en cours de conception, avec un projet de deux ans mobilisant au moins 3 à 4 personnes à temps plein.

Le nombre d’abonnés ne progresse plus depuis deux ans

La lente érosion du volume d’abonnés de Mediapart se confirme : 210 000 fin décembre 2022, contre 213 000 en 2021 et 218 000 en 2020, selon la dernière étude des souscriptions numériques réalisée par mind Media. Le site avait même atteint 222 000 abonnés en mai 2020, au plus fort de la crise sanitaire, qui avait dopé les souscriptions des sites d’informations généralistes lors du premier semestre 2020.

Cela représente une diminution de 3,5 % entre fin 2020 et fin 2022. Cela n’inquiète pas la direction, celle-ci l’estimant logique après la forte progression des souscriptions observée en 2020, de l’ordre de 28 %.

Mediapart se situe ainsi, à fin 2022, au troisième rang des sites d’actualités généralistes français en volume d’abonnés numériques, derrière Le Monde qui totalisait 472 000 lecteurs payants, et Le Figaro 270 000.

Il faudra pourtant trouver une nouvelle dynamique. A l’image du marché, la société, qui indique avoir recruté l’an passé 50 000 nouveaux abonnés (après 47 000 en 2021) a davantage de difficultés à fidéliser ses lecteurs payants, même si elle peut s’appuyer sur une une audience qui progresse très légèrement, avec 4 millions de visiteurs mensuels fin 2022 pour 7,4 millions de visites (chiffres AWstats et AT Internet cités par l’entreprise).

Le panier moyen de ses abonnés est resté stable en 2022, autour de 100 euros en moyenne par an, soit autour de 8,4 euros par mois et par abonné.

Cécile Sourd devient directrice générale

Pour améliorer ce point, la direction se dit confiante pour 2023 et veut insister sur son développement éditorial (en particulier le traitement de l’extrême droite et de l’écologie) et les enquêtes, plutôt que sur la lutte contre le partage de comptes ou l’élargissement de sa ligne éditoriale et le suivi de nouvelles thématiques.

Par ailleurs, Marie-Hélène Smiéjan, cofondatrice de la société, est sur le point de prendre sa retraite. Elle est remplacée dans ses fonctions de directrice générale par Cécile Sourd, jusque-là directrice administrative et financière. Celle-ci devient également co-mandataire de la société, aux côtés de son président et directeur de la publication, Edwy Plenel. Ce dernier a pour sa part annoncé qu’il cédera ses fonctions opérationnelles dans un an, à la fin de son mandat.