Accueil > Marques & Agences > Le marketing mix modeling au défi de la mesure de l’empreinte carbone Le marketing mix modeling au défi de la mesure de l’empreinte carbone Les acteurs du marketing mix modeling intègrent peu à peu la mesure de l’impact carbone des campagnes à leurs plateformes. L’enjeu sera ensuite d’aller plus loin, notamment en prenant en compte les indicateurs de responsabilité sociétale et en mesurant l’impact indirect des campagnes publicitaires. Par Paul Roy. Publié le 07 avril 2023 à 18h29 - Mis à jour le 17 janvier 2025 à 10h34 Ressources Avec la fin annoncée du tracking utilisateur tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, la modélisation économétrique et le marketing mix modeling (MMM) sont redevenus centraux pour les annonceurs dans l’arbitrage des investissements publicitaires selon les différents leviers. Dans le même temps, depuis trois ans, les acteurs du marché, des régies aux agences, ont développé leur méthodologie pour mesurer l’impact carbone des campagnes publicitaires. Les nouveaux enjeux du marketing mix modeling C’est dans ce contexte qu’Havas, via son entité dédiée CSA data consulting, et Ekimetrics, ont progressivement intégré des indicateurs d’impact carbone à leurs modèles. “Ces dernières années, le MMM est passé de la modélisation prédictive sur des KPI business (chiffre d’affaires, trafic, commandes, etc.) à l’intégration d’indicateurs de marques (engagement, effet moyen et long terme de l’image de marque), jusqu’à la partie impact carbone aujourd’hui”, résume Thierry Fontaine Kessar, directeur général de CSA data consulting, l’entité d’Havas dédiée au marketing mix modeling. Intégrer les indicateurs de mesure de l’empreinte carbone Au sein du groupe Havas, la nouvelle solution de marketing mix modeling élaborée par son entité CSA data consulting et baptisée M4 (Meaningful marketing mix modeling), est utilisée depuis fin 2022 par plusieurs de ses clients, dont Décathlon. Elle s’appuie sur la calculette carbone développée depuis trois ans en interne, Havas Impact Carbone. “Pour nourrir le modèle, nous avons établi des normes à partir des plusieurs centaines de campagnes mesurées, en fonction des médias et typologies de campagne”, explique Marion Haan, co-CEO d’Havas Media France. Elle souligne que ces normes sont régulièrement actualisées en fonction des mises à jour et la création de standards de mesure sur certains leviers. De son côté, Ekimetrics, qui a intégré cet indicateur il y a six mois, propose aux annonceurs de recourir à certains des indicateurs qu’elle calcule notamment via le standard mis en place par le SRI en lien avec Alliance Digitale pour le numérique, ou d’utiliser leur propre calculette carbone – voire celle de leur agence – dans ses modèles. “Il faut surtout un référentiel unique pour une entreprise afin de calculer une courbe d’évolution. Et pas une calculette pour l’activité business et une autre pour l’impact de la publicité en ligne”, explique Thibault Labarre, partner chez Ekimetrics. Optimiser sous contrainte carbone L’objectif de ces modèle est de prendre en compte l’impact carbone des leviers médias pour optimiser les investissements “sous contrainte carbone”. “Nous étions auparavant sur une optimisation purement business. Le but est de proposer une mesure prenant en compte carbone et résultats business, pour aller vers des indicateurs comme la quantité de CO2 dégagée par vente additionnelle”, observe Thierry Fontaine Kessar, directeur général de CSA data consulting. Concrètement sur M4, cela permet à un annonceur de fixer un objectif de réduction carbone et de redéfinir sa distribution de ses leviers médias sur le court ou moyen terme pour garder un niveau de performance équivalent, ou inversement. Comment objectiver la performance de la création publicitaire Ekimetrics indique proposer cet indicateur sans surcoût dans ses modèles selon les demandes. Côté CSA Consulting, l’outil M4 fait l’objet d’une plateforme distincte, qui peut entraîner un surcoût de 10 à 15 % du prix d’un dispositif MMM classique. Havas envisage la possibilité d’intégrer des indicateurs RSE à plus long terme, notamment sur l’impact sociétal de certains médias. “L’impact carbone seul peut amener à tirer des conclusions hâtives sur le choix d’un levier média. La presse papier peut potentiellement avoir un impact carbone plus fort, mais soutient une information de qualité, et l’affichage permet de financer les collectivités locale”, illustre Marion Haan (Havas Media), qui insiste cependant sur la complexité de l’intégration de ce type d’indicateurs. Aller plus loin dans l’analyse de l’impact indirect des ventes Mais l’enjeu pourrait également être d’influer directement sur le modèle même de la société cliente, en prenant en compte l’”impact indirect” des ventes. Ekimetrics ajoute ainsi à ses modèles des indicateurs d’impact carbone des produits vendus par les sociétés. “Concrètement, par exemple pour un acteur du secteur des cosmétiques, dont 90 % de l’impact carbone est concentré sur la production, cela permettrait d’optimiser le mix marketing et produit, en particulier lorsque certains produits ayant à la fois un fort ROI et un fort impact carbone, illustre Thibaut Labarre (Ekimetrics). Nous voulons nous positionner comme un outil de redirection vers des modèles économiques plus durables.” Comment GroupM a développé son propre modèle d’attribution post-tracking utilisateur Pour cela, la société s’appuie sur des ratios sectoriels et les analyses du cycle de vie des produits vendus lorsque les annonceurs les possèdent. Cela demande davantage d’investissements à ces derniers lorsqu’ils ont peu d’historique de données. “Nous pouvons développer une calculatrice pour estimer les émissions des produits et travailler sur des modèles de redirection, mais nous sommes aussi amenés à recommander des sociétés spécialisées comme Ecoact, Greenly, Quantis ou Evea si cela s’inscrit dans une démarche plus large”, indique Thibault Labarre (Ekimetrics). Ces modèles sont d’ores et déjà paramétrables dans la plateforme et Ekimetrics est en discussion avec plusieurs acteurs sur le sujet. Sur la mesure de l’impact indirect des ventes, Havas se veut plus prudent. “On entre sur une dimension de conseil sur le produit en question, et c’est du domaine du client. Havas a réussi à transformer son business model, et nos revenus sont moins dépendants des volumes investis par les annonceurs. Nous souhaitons surtout qu’ils investissent mieux”, conclut Marion Haan (Havas Media). Paul Roy Mesure carbonemind Media DayModèles économiquesTransformation marketingTransition écologique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Comment intégrer la transition écologique dans les activités médias et marketing : ce qu'il faut retenir de notre conférence mind Media Day du 4 avril 2023 Havas lance une offre d’achat média modélisée sur l’efficacité et l’impact carbone Conférence - 18 octobre - Distribution, data, mesure : les nouveaux enjeux de la vidéo Marketing mix modeling : un think tank français créé pour standardiser les méthodes Analyses Entretiens Olivier Baconnet (GroupM France) : "L'offre publicitaire de Netflix est déconnectée de la réalité du marché" Dossiers Martech : comment les marques peuvent accélérer sur la collecte et l'usage de données propriétaires Les acheteurs face au défi de la modélisation de l'attribution sur les plateformes Analyses Dossiers Les nouveaux enjeux du marketing mix modeling essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? Le New York Times affiche toujours une croissance très robuste portée par le numérique data Les baromètres, panoramas et chiffres sur l'évolution du marché Le classement des éditeurs français qui ont le plus d'abonnés purs numériques Les données récoltées par les acteurs de la publicité en ligne La liste des sociétés présentes dans les fichiers ads.txt des éditeurs français Les gains de budget des agences médias Opt-out : quels éditeurs français interdisent les robots crawlers de l'IA générative ? Le panorama des sociétés spécialisées dans les technologies de l’e-retail media La liste des outils utilisés par les équipes éditoriales, marketing et techniques des éditeurs français Le détail des aides à la presse, année par année La liste des CMP choisies par les principaux médias en France Digital Ad Trust : quels sites ont été labellisés, pour quelles vagues et sur quel périmètre ?