Accueil > Marques & Agences > Rachel (Sleeping Giants) : “La disparition des cookies tiers pourrait contribuer à réduire le financement des médias haineux” Rachel (Sleeping Giants) : “La disparition des cookies tiers pourrait contribuer à réduire le financement des médias haineux” La cofondatrice de la branche française du collectif anonyme Sleeping Giants, association qui lutte contre le financement par la publicité des discours de haine en ligne, explique ses objectifs et méthodes de travail et s'exprime sur les enjeux de régulation des contenus en ligne. Par . Publié le 05 novembre 2021 à 14h07 - Mis à jour le 08 novembre 2021 à 10h25 Ressources Quelle est la méthode de Sleeping Giants pour lutter contre la diffusion des discours de haine ? L’objectif de Sleeping Giants est de lutter contre le financement des messages haineux (racistes, xénophobes, négationnistes…) – mais aussi des fake news car ces catégories vont souvent ensemble sur des sites peu regardants – par la publicité afin de protéger les citoyens de ces contenus. Selon une étude de Newsguard et Comscore publiée cet été, ils captent 1,68 % des dépenses publicitaires mondiales, soit 2,6 milliards de dollars annuels. La branche française de Sleeping Giants a été ouverte en 2017 alors que le média d’extrême droite américain Breitbart s’apprêtait à lancer une version française avec l’objectif d’influencer les élections présidentielles. Pour cela, nous interpellons les annonceurs via Twitter ou en direct lorsque nous les connaissons. Le but n’est pas de faire du bruit sur les réseaux sociaux autour de ces interpellations, car lorsque les annonceurs cèdent sous la pression, cela n’induit aucun changement durable. On alerte sur des risques de brand safety dans l’intérêt et pas contre les annonceurs, nous n’avons aucun intérêt économique à y gagner. Comment NewsGuard se positionne sur la brand safety des marques Les réactions des annonceurs à ces interpellations ont-elles évolué ces dernières années ? Quand nous avons débuté l’activité de Sleeping Giants en France, nous contactions les community managers des marques sur Twitter qui se contentaient alors de répondre qu’ils avaient transmis notre message au service concerné ou à l’agence. Aujourd’hui, ces profils sont plus au fait de la problématique de la brand safety, ce qui permet aux marques de réagir plus vite. Par la suite, des relations durables s’établissent avec ces dernières, nous sommes invités à parler avec les équipes marketing, à participer à des colloques, à échanger avec les agences pour lutter efficacement contre ce problème. En effet, les annonceurs ne peuvent pas d’un côté investir dans la responsabilité sociale et de l’autre financer involontairement un écosystème qui va à l’encontre de leurs engagements et des attentes de leurs clients. Par ailleurs, des analyses américaines ont montré que ces emplacements publicitaires, en plus d’être toxiques, ne sont pas rentables : ils génèrent moins de clics, moins d’achats, donc les marques ont tout intérêt à investir ailleurs. Les emplacements publicitaires sur des sites haineux sont moins rentables Rachel (Sleeping Giants France) Sleeping Giants cible également les sites médias qui diffusent des discours de haine. Comment expliquer qu’ils puissent continuer à diffuser ce type de contenus malgré la législation en vigueur ? En France, la réglementation concerne plus le contenu des messages publicitaires que la qualité des supports publicitaires. Pourtant, la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), l’organisme d’État dont l’agrément permet aux titres de presse de bénéficier du régime économique associé, exclut de ses critères “les contenus contraires à l’ordre public”, dont “les publications négationnistes, incitant à la haine raciale, à la xénophobie et celles portant atteinte à la dignité de la personne humaine”. Les règles existent donc mais elles ne sont pas appliquées, puisqu’un média comme Rivarol, condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale ou contestation de crime contre l’humanité, est toujours enregistré auprès de la CPPAP. En bénéficiant des différentes aides à la presse, ces médias sont directement financés par les contribuables. Valeurs Actuelles porte plainte contre Sleeping Giants Les grandes plateformes (Facebook, Google) sont aussi régulièrement accusées de ne pas tout mettre en œuvre pour empêcher la diffusion de ces contenus et leur monétisation publicitaire. Les réseaux sociaux ont effectivement eux aussi des règles qu’ils n’appliquent pas, pour la simple raison que ces contenus leur rapportent de l’argent via la publicité. Sleeping Giants les interpelle régulièrement, en particulier aux États-Unis, mais nous n’avons pas de contacts directs avec eux, et cela n’a aucun effet. Ils ne permettent même pas à leurs utilisateurs de signaler correctement des contenus censés être interdits par leurs conditions générales d’utilisation, comme la désinformation sur la pandémie de Covid-19. Pareil pour Google dont la régie publicitaire Google AdSense diffuse des annonces sur la plupart des sites incriminés, alors que sa DSP DV360 permet aux annonceurs d’empêcher la diffusion de leurs annonces sur des catégories de sites telles que politiques ou diffusant du “contenu qui peut être interprété comme biaisé contre des individus, des groupes ou des organisations sur la base de critères tels que la race, la religion, le handicap, le sexe, l’âge, le statut d’ancien combattant, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’affiliation politique”. Que valent, selon vous, les outils de brand safety pour empêcher que les annonces publicitaires apparaissent dans des contextes risqués pour les marques ? Si Google faisait correctement son travail, les annonceurs n’auraient pas besoin de ces outils qui, par ailleurs, connaissent beaucoup de ratés en raison de l’utilisation de mots-clés pour bloquer des contextes médias. On l’a vu pendant le pic de la pandémie de Covid-19, où des médias qualitatifs ont été déréférencés des outils publicitaires car leurs articles employaient des mots-clés génériques qui étaient bloqués, c’est dommageable pour le travail journalistique. C’est beaucoup plus intéressant d’entretenir un système de listes blanches et noires pour autoriser ou bloquer des médias en particulier. Les outils de brand safety essaient d’évoluer pour répondre aux critiques Nous constatons d’ailleurs que ces derniers ne sont jamais ciblés en tant que médias mais parce qu’on y retrouve des cookies tiers ciblés. Cela signifie que la publicité ciblée via le programmatique leur permet de profiter de revenus publicitaires d’annonces qui n’auraient jamais été affichées sur leurs sites en-dehors de ce modèle. La disparition des cookies tiers pourrait donc contribuer à diminuer ce phénomène. Une intervention réglementaire pourrait-elle aider à lutter contre la diffusion et le financement de ces contenus ? Le Digital Services Act (DSA), actuellement étudié par la Commission européenne, prévoit en effet d’obliger les plateformes à être responsables des contenus publiés et à les modérer. Cependant cette mesure est menacée par des lobby européens de la presse qui veulent instaurer une exception pour les contenus issus de médias. Achat programmatiqueAgencesBrand safetyCookiesPublicité programmatiqueRéglementationStratégies annonceurs Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Liens sponsorisés : Valeurs Actuelles a choisi un nouveau partenaire Valeurs Actuelles porte plainte contre Sleeping Giants La campagne de boycott publicitaire contre Facebook s'étend en Allemagne Sleeping Giants France appelle les marques à suivre le boycott de Facebook Unilever, Coca-Cola, Verizon et Honda rejoignent la campagne de boycott publicitaire de Facebook Aux Etats-Unis, Verizon rejoint la campagne de boycott de Facebook Aux Etats-Unis, la marque The North Face adhère au boycott de Facebook, une agence de Dentsu l’encourage Brand safety : comment les annonceurs peuvent éviter les sites de fake news Tribunes gratuit "Le ciblage contextuel permet aux acteurs de la publicité d’éviter les blocages excessifs de sites par les mots-clés" Comment NewsGuard se positionne sur la brand safety des marques Dossiers Fake news : comment des start-up veulent aider les médias en ligne à mieux crédibiliser leurs contenus Brand safety : Integral Ad Science veut mieux identifier les contenus de désinformation grâce à un partenariat Dossiers Les outils de brand safety essaient d'évoluer pour répondre aux critiques Dossiers gratuit Publicité en ligne : un rapport remis au gouvernement français propose différentes mesures très coercitives contre les plateformes Entretiens Stephan Loerke (WFA) : "Les pertes des éditeurs liées à la brand safety ont été surestimées" Brand safety : Facebook, YouTube et Twitter s'engagent auprès de la WFA à améliorer leurs contextes publicitaires Advérification : DoubleVerify acquiert Meetrics Observatoire e-pub S1 2021 : après la crise, les recettes publicitaires numériques progressent de 42 % essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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