Accueil > Médias & Audiovisuel > 11 000 abonnés en ligne pour l’édition du Monde en anglais 11 000 abonnés en ligne pour l’édition du Monde en anglais La pénétration de l’offre numérique anglophone du journal, lancée il y a deux ans et demi avec beaucoup d'ambitions, est plus lente que prévue. Elle totalisait en novembre 5 millions de visites mensuelles et représente environ 2 % des abonnés numériques au Monde. Le scénario semble identique en Afrique. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 13 décembre 2024 à 17h22 - Mis à jour le 13 décembre 2024 à 17h24 Ressources C’était l’un des développements éditoriaux en ligne les plus ambitieux lancés ces dernières années par un média français. Dans la lignée de ses résultats positifs sur le sol français, Le Monde a lancé en avril 2022 une édition anglophone de son offre numérique, pour viser le marché international ; essentiellement les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie. L’objectif : se positionner, avec son modèle freemium, sur l’immense marché de l’information en langue anglaise, en fournissant une vision européenne de l’actualité, comme nous le disait alors Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, au moment du lancement du projet. Le Monde investit 3 millions d’euros par an dans son site en anglais 5 millions de visites mensuelles Deux ans et demi plus tard, cette offre en langue anglaise génère 5 millions de visites par mois et totalise 11 000 abonnés numériques, dont la moitié aux États-Unis, selon des chiffres rapportés par Challenges dans son édition papier du jeudi 14 novembre. “Nous sommes satisfaits. Il y a un vrai engouement pour le produit : les audiences et les abonnés grandissent”, a indiqué à l’hebdomadaire Arnaud Aubron, directeur du développement du Monde. Sollicitées par mind Media pour commenter ces chiffres et dresser un bilan plus précis, ni la direction éditoriale, ni la direction générale du journal n’ont répondu favorablement. De façon globale, Le Monde a totalisé, sur le mois de novembre, 191 millions de visites sur son site internet et ses applications (ACPM). La progression des audiences anglophones est plus lente qu’espérée initialement, tout comme les souscriptions. Le projet a été amorcé au dernier trimestre 2021 et s’est concrétisé au printemps 2022 : le marché des abonnements numériques était plus dynamique qu’il ne l’est aujourd’hui ; la direction du Monde visait alors 250 000 abonnés numériques anglophones en 2025 et 1 million au total avec son offre française. L’offre anglaise devait servir de relais de croissance et représenter 25 % des abonnés en ligne. Ces objectifs devront être repoussés : Le Monde totalisait environ 550 000 abonnés numériques en juillet dernier, puis près de 560 000 fin novembre. Le journal devrait avoisiner 565 000 abonnés numériques fin 2024, soit plus ou moins 7 % de hausse en un an. Avec la même croissance tout au long de 2025, il dépasserait légèrement la barre des 600 000. La proportion des souscripteurs à la version anglophone du Monde représentera probablement autour de 2 % de ses abonnés numériques fin 2024. Si le journal demeure de loin le premier éditeur français en volume de souscripteurs en ligne, cela montre la difficulté désormais pour l’ensemble des médias français de trouver de nouveaux relais de croissance. Le Monde positionne son offre anglaise comme un complément de celles proposées par les grands médias anglophones. Pour soutenir son ambition, une newsletter quotidienne est proposée et un partenariat de promotion et de commercialisation croisée a été noué depuis le lancement avec le New York Times. Avec un prix agressif, variable selon les régions et les offres ; parfois autour de l’équivalent de 2,75 euros par mois les 12 premiers mois, comme c’était le cas au moment du lancement. Moins d’articles publiés et diversification des offres éditoriales Le journal veut multiplier ce type de partenariat, qui a également le mérite de lui donner une certaine visibilité sur un marché anglophone où il manque de surface médiatique face à des institutions comme le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post, CNN, BBC News, ou encore The Guardian, The Economist, The Globe and Mail ou News.com.au, pour ne citer que quelques uns des médias en anglais à vocation généraliste dont l’audience dépasse leurs territoires nationaux. Le budget annoncé pour le dispositif s’élevait initialement à trois millions d’euros par an. Les articles sont traduits par un logiciel (Deepl au lancement), puis relus par une agence spécialisée. Ils sont ensuite vérifiés, édités et publiés par un pôle de journalistes du Monde. Une équipe de huit personnes avait été constituée lors du lancement. En avril 2022, la direction évoquait une cinquantaine d’articles publiés en anglais chaque jour. Aujourd’hui, ce sont plutôt une trentaine de nouveaux contenus qui sont visibles quotidiennement, selon notre relevé effectué ces derniers jours. Ce qui suggère qu’une réduction des coûts a été réalisée sur la traduction. En 2023, 72 % des contenus publiés étaient des traductions d’articles de la rédaction du Monde et 28 % des traductions de dépêches d’agences. Le Monde veut progressivement élargir son offre en anglais. Fin septembre, sa direction a annoncé dans un communiqué le lancement de “M international”, déclinaison semestrielle en anglais de son hebdomadaire M le magazine du Monde, qui proposera “une sélection des meilleurs articles et des images les plus fortes de M”. Il sera distribué dans certaines capitales deux fois par an à l’occasion de la Fashion Week de Paris. En Afrique aussi Ces développements sur le marché anglophone s’inscrivent dans une tentative de déploiement plus large à l’international pour Le Monde. Un mouvement amorcé en 2015 par le lancement d’une rubrique en ligne dédiée à l’Afrique, dont une partie du financement est soutenue par des partenaires, notamment la Fondation Bill & Melinda Gates. Celle-ci a déjà accordé l’équivalent de 5,5 millions d’euros au journal depuis 2015. Comment Le Monde essaie de se positionner en Afrique Depuis trois ans, le journal tente de déployer ses abonnements en ligne sur une partie du continent. Il s’est associé à Orange en novembre 2021 pour distribuer son offre, à tarif réduit, dans certains pays africains francophones où l’opérateur télécom est présent, avec un paiement mobile via Orange Money, et sur facture Orange depuis ses sites d’e-commerce. Ce partenariat avec le groupe télécom est-il toujours d’actualité et quel bilan en tirer trois ans plus tard ? Interrogé sur cette initiative, Le Monde n’a, là aussi, pas souhaité commenter. Orange n’a pas répondu. Un ancien collaborateur de l’opérateur souligne cependant la grande difficulté pour les entreprises de développer l’abonnement et le paiement récurrent auprès des consommateurs africains, qui plus est pour l’information. Pour diversifier ses canaux de distribution, Le Monde a annoncé en juillet dernier un partenariat de distribution avec YouScribe, pour diffuser en Afrique son journal en version numérique (PDF) via sa plateforme de lecture en ligne. Ses tarifs d’abonnement varient selon les pays et les formules, de quelques centimes par jour jusqu’à quelques euros par mois Le Monde Afrique : un financement multiple Pour participer au financement du Monde Afrique, Le Monde s’appuie en particulier sur la Fondation Bill & Melinda Gates, qui a déjà apporté 6,1 millions de dollars sur onze années (de 2015 à 2025), soit 5,5 millions d’euros. Cela représente environ 500 000 euros par an en moyenne. Cela permet à la fondation de choisir conjointement avec la rédaction du journal les thèmes sur lesquels la rédaction écrira. “De 2022 à 2025, les quatre sous-thématiques sont la santé publique ; l’innovation économique et la lutte contre la pauvreté en Afrique ; les questions de genre ; l’agriculture et l’adaptation au changement climatique”, indique Le Monde sur son site. S’y ajoutent, dès 2015 et à différents niveaux, d’autres partenaires et financeurs : au lancement, Le Monde Afrique a aussi été soutenu, notamment, par le Fonds Google ; le Groupe de la Banque mondiale ; OSIWA (Organisation ouest-africaine du réseau des fondations Open Society, structures de philanthropie de l’investisseur George Soros) ; et par l’Agence française de développement (AFD) jusqu’en 2018, remplacée alors par le Fonds français Muskoka, une structure dont elle est à l’origine conjointement avec l’ONU. Des structures “partenaires” interviennent également ponctuellement pour financer certaines thématiques, par exemple Cartier Philanthropy en 2020 et la Fondation L’Oréal en 2023. À côté de la publicité, de la diffusion et abonnements, des subventions et aides à la presse, ce type de partenariats, de différentes natures, représentait environ 7 % du chiffre d’affaires total du Monde en 2022, selon le journal. Jean-Michel De Marchi Abonnements numériquesSites d'actualité Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Dossiers Comment les éditeurs valorisent-ils leurs données first-party ? Analyses Confidentiels ENQUÊTE - La régie publicitaire du Monde a réduit ses effectifs de 8 % Analyses gratuit Le Monde fait cavalier seul en signant un accord avec OpenAI Accord Le Monde-OpenAI : Louis Dreyfus explique son choix Les coûts éditoriaux absorbent 43 % des revenus du Monde Dossiers Etude mind Media - 366 (4/5) : Les bundles sont-ils l’avenir des abonnements numériques pour les médias ? 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