Brut confirme sa rentabilité en 2024 et diversifie sa monétisation

Brut a annoncé jeudi 5 septembre, lors d’un événement dédié aux annonceurs, vouloir accélérer le rythme de sa production d’études et sondages auprès des moins de 35 ans, à partir d’un panel lancé il y a un an et demi, constitué de 2 000 internautes non rémunérés, recrutés sur Instagram et TikTok, et qui était jusqu’à présent surtout utilisé en interne et par quelques partenaires. L’objectif est d’en publier au moins cinq par an, et davantage si des partenaires souhaitent s’y associer. La première, sur la “marque corporate vue par les jeunes”, sortira en octobre. L’objectif d’Adrien Torres, directeur de la stratégie de Brut, est que “cela devienne une sorte de baromètre de la jeunesse française, qui donne une visibilité au média”.

Valoriser les innovations

Brut a également annoncé structurer son laboratoire d’innovation, baptisé désormais Brut R&D et employant une “petite dizaine de personnes”, afin de le mettre à disposition des marques pour des opérations spéciales, à l’instar de l’opération lancée pour le Festival de Cannes sur Fortnite en 2022. Parmi les pistes à explorer avec des partenaires, Adrien Torres cite des projets liés à l’IA générative, à l’UX ou à l’UI. 

En interne, Brut R&D travaille notamment sur les cas d’usage de l’IA générative pour la rédaction. La cellule a par exemple adapté et combiné plusieurs technologies afin de traduire ses vidéos tournées en français dans plusieurs langues, et a intégré ce module dans le back office des rédactions. Il clone la voix du journaliste et réalise le lipsync, donnant l’impression que le script est prononcé dans une autre langue. Les internautes sont informés de l’usage de l’IA dans ce cas de figure.  

Chiffre d’affaires en forte croissance grâce à la publicité

2024 est “l’année de la confirmation de la rentabilité”, a déclaré le CEO de Brut Guillaume Lacroix, après un premier trimestre de rentabilité fin 2023. Le média prévoit un chiffre d’affaires en croissance de 50 à 60 % sur un an, porté par la croissance de Brut.pub, le format lancé par sa régie exclusive FranceTV Publicité en octobre 2023. “C’est une part significative de nos revenus”, a-t-il indiqué. “Un peu plus de 50 annonceurs” (Peugeot, Samsung, Visa, Lancôme, Audi, Christian Dior…) l’ont exploité, a précisé Marianne Siproudhis, DG de FranceTV Publicité, pour qui ce format, “conçu en extension d’une campagne TV, a vocation à devenir naturel dans les plans médias”. Selon Médiamétrie, il apporte une couverture incrémentale moyenne de 4,4 points sur les 25-64 ans en complément d’une campagne TV. Les annonceurs peuvent néanmoins y avoir recours même sans mener de campagne sur France Télévisions. 

Le format Brut.pub reprend les assets créatifs TV de l’annonceur, que Brut transforme pour les adapter aux réseaux sociaux : format vertical, sous-titres, voix-off ajoutant des éléments d’information, rythme, ton. Une équipe de 42 personnes travaille sur les créations publicitaires au sein du média en ligne. 

Le brand content, toujours la principale source de revenus

Brut continue par ailleurs d’exploiter la monétisation de ses contenus par le brand content, sa source initiale de revenus. Le média a récemment réalisé une opération avec EDF sur les secrets de fabrication de la flamme olympique, dont la vidéo a enregistré 14 millions de vues et touché environ 10 millions d’internautes, affirme Guillaume Lacroix. 

Mais la diversification des sources de revenus est un axe stratégique de développement pour le média vidéo des 15-35 ans qui, avant d’atteindre la rentabilité, a vécu des périodes difficiles, et notamment l’échec du lancement de sa plateforme de streaming payante BrutX, fermée au bout de 18 mois en 2022. Plusieurs levées de fonds ont été nécessaires pour maintenir les finances à flot. Rodolphe Saadé et Xavier Niel sont notamment entrés au capital lors du dernier tour de table de près de 40 millions d’euros en 2023. 140 millions ont été réunis au total en quatre levées de fonds depuis le lancement de Brut en 2016.